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WILSON, sir ADAM, avocat, homme politique et juge, né le 22 septembre 1814 à Édimbourg, fils d’Andrew Wilson et de Jane Chalmers ; le 1er mai 1841, il épousa Emma Dalton, fille de Thomas Dalton*, et ils adoptèrent une fille ; décédé le 28 décembre 1891 à Toronto.
Adam Wilson immigra dans le Haut-Canada en 1830 et alla travailler pour son oncle, George Chalmers, qui possédait un moulin et un magasin dans le comté de Halton. Le jeune Wilson s’installa à Toronto en 1834 et étudia sous la direction de Robert Baldwin Sullivan*. Admis au barreau en 1839, il devint associé l’année suivante. Il partageait avec Robert Baldwin* un intérêt pour les réformes et, comme ce dernier se tournait de plus en plus vers la politique, il dut assumer une bonne partie du travail de la firme. Wilson devint un barrister de renom. En 1850, il fut élu membre du conseil de la Law Society of Upper Canada et obtint le titre de conseiller de la reine.
Le goût de Wilson pour les réformes l’amena vers la politique municipale. Il fut élu échevin du quartier St Patrick en 1855 ; au sein du conseil, il prit la tête d’un groupe qui s’opposait à l’influence excessive qu’exerçaient sur le gouvernement local les gens des chemins de fer, comme Casimir Stanislaus Gzowski. Wilson dirigea une commission d’enquête destinée à faire la lumière sur la façon dont Gzowski et ses associés avaient obtenu un contrat très favorable pour la construction d’une esplanade, qui entraînerait des travaux de remblai dans le port. La commission réussit à faire annuler le contrat mais, entre-temps, Wilson avait quitté temporairement la politique municipale pour remplir d’autres fonctions. Il y revint à la fin de 1858 en acceptant d’être candidat aux élections à la mairie, à la demande de la Municipal Reform Association dirigée par George Brown*. Le scrutin, qui eut lieu les 3 et 4 janvier 1859, marquait le premier recours au suffrage direct pour la mairie. Wilson, qui dénonça les conseils municipaux précédents pour s’être laissés abuser par ceux qui possédaient des intérêts dans les chemins de fer, l’emporta facilement sur John George Bowes* et William Henry Boulton*, deux anciens maires. Il gagna encore une fois en 1860, mais ne se présenta pas en 1861.
Même si Wilson s’opposait à l’octroi excessif de fonds publics aux compagnies ferroviaires, il n’avait rien contre les chemins de fer. Avec Allan Macdonell* et d’autres, il fonda la North-West Transportation, Navigation and Railway Company, société constituée juridiquement en 1858 pour assurer la construction d’une route ferroviaire et maritime à l’ouest du lac Supérieur. Cette tentative d’améliorer les communications avec la colonie de la Rivière-Rouge arrivait trop tôt ; en 1860, avant même que les travaux de construction ne soient entrepris, la charte de l’entreprise vint à expiration.
Wilson ne limitait pas son intérêt pour la politique à la scène municipale. En 1858, le double shuffle [V. sir George-Étienne Cartier*] du cabinet libéral-conservateur avait choqué les réformistes canadiens. Wilson intenta une poursuite contre John Alexander Macdonald et deux autres ministres pour avoir enfreint la loi en gardant leur siège, mais le juge en chef William Henry Draper* se prononça en faveur des défendeurs. En 1860, Wilson se présenta à une élection partielle et remporta le siège d’York North à l’Assemblée législative ; aux élections générales de 1861, il disputa en même temps ce siège et celui de Toronto West. Le dernier alla à John Beverley Robinson, mais Wilson réussit à garder celui d’York North. En mai 1862, avec William McDougall* et deux autres réformistes, il entra au gouvernement de John Sandfield Macdonald* et de Louis-Victor Sicotte*. À l’instar de ses trois collègues, il s’était fait l’ardent défenseur de la représentation basée sur la population mais, comme eux, il n’insista pas pour que le gouvernement s’y engage lorsqu’il entra au cabinet. Cette concession leur attira les foudres de George Brown. Wilson occupa le poste de solliciteur général pour le Haut-Canada ; toutefois, la réorientation que Brown imposa et la naissance du gouvernement dirigé par Sandfield Macdonald et Antoine-Aimé Dorion le firent évincer du cabinet.
Lorsqu’il donna sa démission en mai 1863, Wilson fut nommé juge à la Cour du banc de la reine, puis passa à la Cour des plaids communs au mois d’août. En 1868, il retourna à la Cour du banc de la reine ; il s’y trouvait encore en 1876 lorsqu’il s’engagea dans une querelle publique avec Brown en affirmant que la fameuse lettre que ce dernier avait écrite en 1872 pour appuyer la campagne électorale libérale avait été rédigée « à des fins malhonnêtes ». Le Globe trouva les paroles de Wilson « insolentes et diffamatoires ». Des poursuites s’ensuivirent, mais les deux juges ne s’entendirent pas et l’affaire ne fut pas résolue. En 1878, Wilson fut nommé juge en chef de la Cour des plaids communs et, en 1884, juge en chef à la Cour du banc de la reine ; il allait demeurer à ce poste jusqu’à sa retraite en 1887, année où il fut fait chevalier.
Wilson prônait une légère réforme du droit. En 1856, il avait été affecté par le gouvernement d’Étienne-Paschal Taché* et de John Alexander Macdonald à un groupe de travail constitué de cinq avocats, dont John Hillyard Cameron*, Oliver Mowat* et David Breakenridge Read* ; ce groupe avait la tâche de réviser et de refondre les lois qui allaient désormais régir la province du Canada. Il fut nommé à l’Ontario Law Reform Commission en 1871. Même s’il fut incapable de jouer un rôle politique actif, il faut noter que c’est pendant qu’il était juge en chef que le gouvernement d’Oliver Mowat adopta l’Ontario Judicature Act de 1881, loi qui révolutionna la structure des tribunaux de la province.
Wilson fut témoin d’importants litiges pendant les 24 années qu’il passa à la magistrature. Il vit défiler régulièrement devant lui des géants du droit, comme Robert Alexander Harrison*, D’Alton McCarthy, John Hillyard Cameron* et Zebulon Aiton Lash*. Une foule de questions furent débattues au cours de cette période, dont de nombreuses causes de nature commerciale. On était en train de libérer la loi de la preuve des contraintes de procédure rigides ; les règles du barreau faisaient l’objet d’une analyse minutieuse ; on examinait sous un nouveau jour la conduite des jurys ; les tribunaux commençaient à prendre en considération les droits des femmes mariées, sans toutefois les reconnaître pleinement ; la validité du mariage d’un esclave fut mise à l’épreuve. Il y eut également de nombreux litiges à propos d’actes de cession de terrains et de contestations d’élections.
La carrière judiciaire de sir Adam Wilson ne fut pas marquée par des jugements innovateurs. On se souvient probablement le mieux de lui comme juge d’appel dans le procès de Patrick James Whelan*, l’assassin de Thomas D’Arcy McGee*. Il rédigea un grand nombre de jugements. Son style était clair, mais il avait tendance à juxtaposer des précédents sans prendre le soin de faire une synthèse pour en étendre la portée. Par ailleurs, il était en dissidence plus souvent que d’autres juges, ne répugnait pas à citer le droit américain et manifestait à l’occasion son indépendance à l’égard de la domination qu’exerçait le droit anglais. À une époque où les juges n’étaient pas particulièrement reconnus pour leurs idées radicales ni pour l’expression franche de leurs opinions, Wilson, dès sa deuxième année au poste le plus élevé de la magistrature ontarienne, n’hésita pas à déclarer : « Les juges devraient être [assez] curieux et subtils pour inventer des raisons et des moyens de rendre les lois efficaces conformément à la juste intention des parties. »
Adam Wilson a écrit un livre intitulé The constable’s guide ; a sketch of the office of constable (Toronto, 1861). Ses jugements en qualité de juge de la Cour des plaids communs et de la Cour du banc de la Reine du Haut-Canada paraissent dans les rapports officiels de ces tribunaux. Des causes importantes des Upper Canada Common Pleas Reports (Toronto) comprennent Coulson v. O’Connell, 29 (1878) : 341–346, et Elliott v. Douglas, 30 (1879) : 398–409. Parmi les causes dignes de mention des Upper Canada Queen’s Bench Reports (Toronto), on trouve les suivantes : R. v. Jerrett and Myers, et Leslie v. Ball, 22 (1863) : 499–511 et 512–519 ; Campbell v. Linton, 27 (1868) : 563–580 ; Whelan v. R. (1868) et (1869), 28 (1868–1869) : 2–107 et 108–186 ; Wright v. Garden and Wife (1869), 28 : 609–625 ; Harris v. Cooper (1871), 31 (1871–1872) : 182–200 ; Re Judge of County Court of York (1872), 31 : 267–73 ; et Dougherty v. Williams, 32 (1872) : 215–221. Une description complète du procès Whelan et des appels se trouve dans T. P. Slattery, « They got to find mee guilty yet » (Toronto et Garden City, N.Y., 1972).
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Graham Parker, « WILSON, sir ADAM », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 21 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/wilson_adam_12F.html.
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Auteur de l'article: | Graham Parker |
Titre de l'article: | WILSON, sir ADAM |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1990 |
Année de la révision: | 1990 |
Date de consultation: | 21 nov. 2024 |