Comme plusieurs autres, George-Étienne Cartier passe de la parole aux actes :
Au cours de l’automne de 1837, lorsque la situation s’envenima dans le Bas-Canada et que la révolution gronda dans les assemblées [V. Papineau], Cartier prit part aux événements dans des circonstances qu’il n’a pas toujours été facile d’éclaircir, mais qui permettent de le ranger parmi ceux qu’on a appelés les Patriotes.
L’extrait suivant de la biographie de Charles Stephen Gore, officier de l’armée britannique, évoque la participation de Cartier à la bataille de Saint-Denis, le 23 novembre 1837 :
Bien qu’il n’eût pas plus de 300 hommes, Gore passa à l’attaque. À trois heures de l’après-midi, cependant, son infanterie se trouvait dans un état d’infériorité, son obusier s’était avéré inutile, les munitions commençaient à manquer dangereusement, le ravitaillement était inexistant et il avait quelque 22 morts et blessés. D’autre part, George-Étienne Cartier* venait juste de traverser le Richelieu avec des renforts de 100 hommes bien armés et [Wolfred] Nelson avait aussitôt donné l’ordre de contre-attaquer.
Après avoir perdu des batailles en 1837, les patriotes sont en déroute. Certains sont arrêtés, d’autres, tel Cartier, se cachent et s’enfuient :
Après la défaite des Patriotes à Saint-Charles [le 25 novembre 1837], Cartier, qui était demeuré à Saint-Denis, dut se cacher, avec son cousin Henry Cartier, à Verchères où il passa l’hiver chez un cultivateur. Sa mort fut annoncée dans les journaux mais, en réalité, sa cachette ayant été découverte, il dut fuir vers les États-Unis où il vécut à Plattsburgh et à Burlington (Vermont), de mai à octobre 1838.
Les rébellions n’étant pas encore terminées, Cartier, à l’automne de 1838, tente de prendre ses distances vis-à-vis du mouvement patriote, de remettre en contexte sa participation aux événements et de faire amende honorable auprès des autorités britanniques :
Sa participation aux troubles de 1837 ne lui semblait pas un geste contre l’Angleterre, même s’il prenait plaisir à rappeler avec un sourire qu’il avait été un « rebelle » ; il prétendait que c’était plutôt une aventure de jeunesse dans laquelle, comme il l’écrivait le 20 septembre 1838 au secrétaire de lord Durham [Lambton*], Charles Buller*, il n’avait point « forfait à son allégeance envers le gouvernement de Sa Majesté dans la Province du Bas-Canada » […]
La proclamation du 9 octobre 1838 annula l’ordonnance de Durham qui, le 28 juin précédent, avait mis Cartier au nombre de ceux qui étaient accusés de trahison. Il revint alors à Montréal et prit à témoin les autorités que sa conduite était « la plus paisible et la plus irréprochable ».
En 1844, de retour à Saint-Denis, Cartier s’expliquera sur sa participation aux rébellions :
C’est contre une minorité oppressive plutôt que contre la couronne qu’il disait avoir lutté […] : « Il n’y a plus à craindre le retour des événements de 1837, causés par les agissements d’une minorité qui voulait dominer et exploiter le gouvernement dans son intérêt. Les événements de 1837 ont été mal interprétés. Le peuple avait plutôt pour but de réduire au néant cette minorité oppressive que d’amener une séparation de la province d’avec la mère-patrie. »
Dans ce même discours, Cartier s’écriera:
« J’étais des vôtres et je crois n’avoir pas manqué de bravoure. »
Pour en savoir davantage sur le contexte politique des rébellions des patriotes de 1837–1838, sur les batailles et sur la réaction des autorités britanniques, nous vous invitons à explorer les listes de biographies suivantes.