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WINDHAM, sir CHARLES ASH, officier, né le 10 octobre 1810 à Felbrigg, Norfolk, Angleterre, fils du vice-amiral William Windham et d’Ann Thellusson ; il épousa en premières noces en 1849 Marianne Catherine Emily Beresford et ils eurent cinq enfants, et, en secondes noces, en 1866, Charlotte Jane Des Vœux ; décédé le 2 février 1870 à Jacksonville, Floride.
Charles Ash Windham étudia au Royal Military College à Sandhurst et fut nommé enseigne dans les Coldstream Guards le 30 décembre 1826. Il fut promu lieutenant et capitaine, le 31 mai 1833, major en novembre 1846 et lieutenant-colonel le 29 décembre 1846, grades qu’il acheta tous sans exception ; en mai 1838 il fut envoyé à Québec avec le 2e bataillon des Coldstreams. En novembre, lorsque des forces rebelles envahirent le Haut-Canada à Prescott et que d’autres se rassemblèrent à Napierville au Bas-Canada, le bataillon se déplaça à Montréal et envoya, le mois suivant, un détachement à Laprairie, mais le bataillon lui-même ne participa pas au combat. Avant les troubles, la garnison britannique en Amérique du Nord n’était composée que de huit bataillons sans envergure mais, à la suite des insurrections, la milice fut renforcée, quelques unités furent placées sur une base semi-permanente et un régiment régulier des Royal Canadian Rifles fut autorisé par le gouvernement britannique à servir de façon permanente. Les Coldstreams regagnèrent Québec en avril 1840 et l’Angleterre en 1842.
Promu colonel le 20 juin 1854, Windham fut quartier-maître général adjoint de la 4e division en Crimée et fut présent, sans participer beaucoup au combat, aux batailles de l’Alma, de Balaklava et d’Inkerman. Il ne mâcha pas ses mots pour critiquer la lenteur des autorités militaires britanniques en Crimée. Alors qu’on lui avait donné le commandement de l’attaque du Grand Redan à Sébastopol le 8 septembre 1855, il s’en revint à cheval en personne pour demander des renforts après avoir essuyé de lourdes pertes, mais un ordre de battre en retraite avait été donné. Ses soldats critiquèrent sa conduite mais William Howard Russell, correspondant de guerre du Times, fit de lui un héros populaire en le louangeant pour avoir « sauvé l’honneur de l’armée ». « Redan Windham » devint chef d’état-major vers la fin de la guerre et fit beaucoup pour améliorer le bien-être des troupes. Le 6 avril 1857 il devint député libéral représentant la circonscription de Norfolk.
Windham reprit du service en 1857 pendant la révolte des Cipayes. En novembre, à Cawnpore (Kampur), alors qu’il était pour la première fois tout seul à commander ses troupes, il décida de passer à l’attaque en dépit des ordres qu’il avait reçus de jouer un rôle défensif pour aider les troupes de sir Colin Campbell à avancer afin de soulager Lucknow. Il fut forcé de se replier. Bien que le commandant en chef, le duc de Cambridge, l’ait disculpé à la chambre des Lords, l’acte de Windham resta un sujet de controverse pendant plusieurs années, et amena même quelqu’un à écrire un livre pour sa défense. On ne lui confia plus de commandement sur le champ de bataille.
Le 17 juin 1861, Windham fut nommé colonel du 46e régiment d’infanterie et, le 5 février 1866, il devint lieutenant général. Le 3 octobre 1867, il succéda à sir John Michel* pour commander les troupes britanniques au Canada et, du 14 au 30 novembre 1868, il fut administrateur du Canada. En tant que lieutenant général commandant en Amérique du Nord, Windham continua d’assumer la responsabilité de la défense du Canada après que sir George-Étienne Cartier*, ministre de la Milice, eut édicté une loi en 1868 pour doter le dominion de troupes volontaires. On mit en doute en Grande-Bretagne la sûreté de jugement de Cartier concernant la défense, du fait qu’il se montrait peu enclin à appliquer les termes de l’entente de 1865 concernant la défense, qui avait stipulé la garantie d’un prêt pour que le Canada construise des fortifications à Montréal et plus à l’ouest. Les relations de Windham avec le ministre se détériorèrent lorsque le gouvernement canadien essaya de se soustraire au paiement des dommages qu’avaient subis les fusils Enfield que le ministère de la Guerre avait prêtés au Canada durant la guerre de Sécession et lorsque Windham le contrecarra en écrivant un rapport comme quoi il y avait eu un oubli à ce sujet.
Bien qu’ils n’aient pas exploité leur victoire à Ridgeway, Haut-Canada, en juin 1866 [V. Alfred Booker* ; John O’Neill*], les Féniens continuèrent aux États-Unis de proférer des menaces contre le Canada. Les moyens dont disposait Windham pour faire face à des conflits éventuels étaient limités du fait que le gouvernement du dominion possédait les meilleures sources de renseignements et lui refusait la permission de faire appel à la milice. La guerre en Amérique du Nord sembla plus imminente lorsque, le 13 avril 1869, le sénateur Charles Sumner suggéra à mots couverts l’annexion du Canada pour compenser la perte de l’Alabama, et le bruit courut que les États-Unis réclamaient des sommes astronomiques pour réparer les dommages causés par les envahisseurs confédérés. Le gouverneur général sir John Young* avertit Windham que même si le dominion appelait la milice sous les armes, légalement cette dernière ne saurait être placée sous ses ordres avant qu’une invasion ne se produise effectivement.
Les difficultés de Windham augmentèrent lorsque le ministre des Colonies Granville informa Young, dans une dépêche en date du 14 avril, que la politique d’ Edward Cardwell de retirer ses troupes des colonies autonomes serait appliquée au Canada ; en fin de compte, les garnisons britanniques ne seraient maintenues en place que dans les forteresses impériales, et les garnisons du Québec et de l’Ontario seraient réduites à 4 000 hommes dans les plus brefs délais. Le public canadien était inquiet et le gouvernement tenta de faire annuler cette décision ou de reporter à plus tard son exécution. Bien que le gouvernement canadien ait constamment allégué l’importance de la présence des canonnières sur les Grands Lacs, lorsque lord Granville exigea que le Canada en paye la totalité du coût, il décida de mettre en rade les deux derniers navires sans équipage. Lorsque plus tard le gouvernement du Canada prit à contrecœur la décision de réarmer les navires, Windham ne l’apprit que par des articles de journaux.
À mesure que ses troupes diminuaient en nombre, Windham se souciait de plus en plus de leur sécurité. Lorsque, en 1869, on lui refusa une milice de 3 000 volontaires pour l’Ontario et le Québec, il fit savoir qu’il suivrait le conseil du ministre des Colonies de retirer immédiatement de Toronto les troupes régulières. Sir John Alexander Macdonald* lui affirma que si des renseignements « plus sérieux » lui parvenaient, des renforts de milice seraient envoyés. Windham persuada alors le ministre des Colonies de la nécessité politique de laisser temporairement les troupes à Toronto et fit valoir cette concession auprès du gouvernement canadien pour obtenir de ce dernier une promesse comme quoi il ne serait pas oublié lors de l’élaboration des futurs plans de défense.
À la fin de 1869, Windham qui souffrait d’une maladie de cœur alla en convalescence aux États-Unis. En février 1870, un incendie se déclara dans le sanatorium où il se reposait en Floride et on le transporta à l’extérieur, à la suite de quoi peut-être il mourut le lendemain. Son corps fut enseveli provisoirement à Montréal et enterré finalement au cimetière d’Hanwell, Middlesex, Angleterre. C’est le major général sir Charles Hastings Doyle* qui lui succéda au commandement des forces britanniques en Amérique du Nord, mais c’est le lieutenant général James Alexander Lindsay* qui fut chargé d’achever le retrait des troupes de l’Ontario et du Québec.
Sir John Alexander Macdonald écrivit de Windham que « son amabilité et sa bienveillance lui avaient attiré les bonnes grâces de tout le monde ». Selon la remarque de William Howard Russell, Windham était « débordant d’imagination, et d’enthousiasme mais [...] plutôt enclin à prendre le mors aux dents ». Windham eut la malchance d’arriver au Canada au milieu de querelles soulevées par la volonté du gouvernement britannique de retirer ses troupes et par le peu d’empressement de la part du gouvernement canadien à assumer le coût de la défense ou à coopérer en prenant des mesures pour faire face aux menaces courantes. Compte tenu des circonstances, il aurait fallu à cette époque au Canada plus qu’un bon vieux militaire d’expérience.
C. A. Windham, The Crimean diary and letters of Lieut.-General Sir C. A. Windham, K.C.B., with observations upon his services during the Indian mutiny, and an introduction by W. H. Russell, H. [W.] Pearse, édit. (Londres, 1897).
APC, MG 30, D62, 30, pp. 856–864 ; RG 8, I (C series), 39, pp. 127, 194, 201 ; 194, p.82.— Gazette (Montréal), 4 févr. 1870.— Illustrated London News (Londres), 19 févr. 1870.— Montreal Herald, 4 févr. 1870.— Boase, Modern English biog., III : 1 536s.— DNB.— J. M. Adye, The defence of Cawnpore by the troops under the orders of Major General Charles A. Windham, C.B., in Nov.1857 (Londres, 1858).— F. S. Roberts, Forty-one years in India, from subaltern to commander-in-chief (2 vol., Londres, 1897), I : 361–364, 369, 377–380.— C. P. Stacey, Canada and the British army, 1846–1871 ; a study in the practice of responsable government (2e éd., Toronto, 1963), 219–222 ; The garrison of Fort Wellington : a military dispute during the Fenian troubles, CHR, XIV (1933) : 161–176.
Richard A. Preston, « WINDHAM, sir CHARLES ASH », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 20 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/windham_charles_ash_9F.html.
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Auteur de l'article: | Richard A. Preston |
Titre de l'article: | WINDHAM, sir CHARLES ASH |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1977 |
Année de la révision: | 1977 |
Date de consultation: | 20 nov. 2024 |