George-Étienne Cartier entretient des relations serrées et généralement cordiales avec les autorités religieuses, notamment catholiques. Voici, selon son biographe, comment il conçoit ces rapports :
Au point de vue religieux, ce n’était pas un mystique mais c’était un catholique sincère […] Pour Cartier être Canadien français, c’était être catholique. Il était respectueux du clergé à qui, selon lui, les Canadiens français devaient une grande reconnaissance mais par ailleurs il gardait toute sa liberté de jugement et de décision dans les affaires temporelles si bien qu’on a pu le regarder comme gallican.
En effet, Cartier a parfois maille à partir avec les autorités religieuses catholiques. À l’occasion d’un conflit juridique entre Mgr Ignace Bourget et la congrégation des sulpiciens, conflit qui durera dix ans (1863–1873), par exemple, Cartier donne son appui à ses anciens professeurs qui s’opposent au projet de l’évêque de Montréal de démembrer la paroisse Notre-Dame et de faire reconnaître légalement les nouvelles paroisses ainsi constituées. L’extrait suivant de la biographie de Bourget rappelle que :
[vers 1866, c]’est le début, marquées de fréquents recours à Rome, de contestations interminables dans lesquelles l’autorité de Cartier se fait sentir, au point de porter à l’exaspération la patience pourtant légendaire de l’évêque de Montréal : « Quel est donc, écrit-il le 19 février 1871, le nœud de cette inextricable difficulté ? C’est Mr. Cartier, qui exerce son droit de pression ou plutôt d’oppression. »
L’extrait suivant de la biographie du vicaire général Charles-Félix Cazeau illustre comment les autorités politiques et religieuses peuvent cependant collaborer :
Depuis juin 1864 et particulièrement durant les débats constitutionnels de 1865 et de 1866, les pouvoirs politiques et religieux collaborent spontanément, malgré quelques divergences qui n’ébranlent jamais sérieusement leur confiance réciproque. Cette coopération est si étroite qu’à l’automne de 1865, à la demande de Cartier, Cazeau et l’évêque de Kingston, Mgr Horan, vont dans les Maritimes avec la mission de convaincre les catholiques du Nouveau-Brunswick et de la Nouvelle-Écosse d’accepter la confédération. Aux élections de mars 1865 au Nouveau-Brunswick, le gouvernement conservateur de Samuel Leonard Tilley* avait été défait sur la question même de la confédération. On attribue ce revers à la défection des catholiques, dont les Acadiens, et à celle du clergé opposé au projet, à l’instar des évêques de Saint-Jean et de Chatham. Ce sont les circonstances qui incitent Tilley et Cartier à solliciter l’intervention de Cazeau et de Horan : « Plus les événements se déroulent, écrit Cartier à Cazeau, plus nous devons sentir les besoins de la Confédération pour ne pas être absorbés dans l’horrible, le vulgaire et l’anti-catholique système démocratique de nos voisins. » C’était aussi la conviction de Cazeau. Sont-ce ces arguments qui emportent l’adhésion de l’évêque James Rogers* de Chatham et de l’ensemble de la hiérarchie catholique des Maritimes ? Curieusement, il semble que la reprise du pouvoir par Tilley en 1866 soit attribuable au retour d’une partie du vote catholique de la province.
Pour de plus amples renseignements sur les relations entre Cartier et les autorités religieuses, nous vous invitons à explorer les listes de biographies suivantes.