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BOUCHER DE LA BRUÈRE, PIERRE (baptisé Joseph-René-Pierre-Hypolite), avocat, journaliste, auteur, fonctionnaire et homme politique, né le 5 juillet 1837 à Saint-Hyacinthe, Bas-Canada, fils de Pierre-Claude Boucher* de La Bruère, médecin, et d’Hippolyte Boucher de Labroquerie ; le 8 janvier 1861, il épousa dans cette ville Victorine Leclère, et cinq filles et quatre fils lui survécurent ; décédé le 6 mars 1917 à Québec et inhumé le 10 à Saint-Hyacinthe.

Pierre Boucher de La Bruère appartient à la grande famille des Boucher de Boucherville ; il est un descendant de Pierre Boucher*, fondateur et seigneur de Boucherville, et le petit-fils de René Boucher de La Bruère, seigneur de Montarville. Fils unique, il n’est pas surprenant qu’il soit envoyé en 1846 au séminaire de Saint-Hyacinthe pour y faire ses études classiques ; en 1857–1858, il suit les cours de droit de l’université Laval et est admis au Barreau du Bas-Canada le 5 mars 1860. Son mariage l’année suivante avec la fille d’un notaire de Saint-Hyacinthe a de quoi étonner la société maskoutaine d’alors, car les jeunes époux semblent appartenir à des familles politiquement ennemies : le père du marié a fait partie du groupe restreint des patriotes de 1837–1838 les plus en vue de Saint-Hyacinthe, tandis que le père de la mariée, Pierre-Édouard Leclère*, qui était alors surintendant de la police à Montréal, a été l’un de leurs plus ardents adversaires. C’est lui qui a été à l’origine de l’arrestation et de l’emprisonnement du docteur Boucher de La Bruère en 1838. Depuis, il s’est établi à Saint-Hyacinthe avec sa famille. En fait, après 1840, le père de Pierre s’est rangé progressivement du côté de ceux qui acceptaient le nouvel ordre des choses et, en 1858, peut-être pour des raisons politiques ou de bon voisinage, il écrit à Leclère une lettre assez curieuse dans laquelle il déclare qu’il se souvient de ce dernier comme de l’homme qui lui a annoncé sa libération de prison en 1838. Quant à Pierre, on ne peut avoir de doute sur son orientation politique initiale quand on prend connaissance du texte manuscrit de la conférence qu’il a prononcée en 1859 devant le Cercle d’union de Saint-Hyacinthe, association de jeunes fondée pour faire contrepoids à l’influence de l’Institut canadien local. L’étudiant en droit y évoque l’histoire du séminaire de Saint-Hyacinthe tout en faisant ressortir les titres de gloire du clergé et son rôle dans la conservation de la nationalité. Dans ce contexte, le mariage de Pierre Boucher de La Bruère et de Victorine Leclère ne pose pas, malgré les apparences, les problèmes particuliers de familles en conflit.

Trois mois après son mariage, le 23 avril 1861, Boucher de La Bruère, à titre de nouveau rédacteur, et avec Moïse Demers comme nouveau propriétaire du Courrier de Saint-Hyacinthe, signe un feuillet publicitaire adressé aux membres du clergé dans lequel est mise de l’avant une nouvelle orientation du journal, propre « à dissiper les légitimes défiances conçus contre un journal qui avait mérité la censure des Supérieurs Ecclésiastiques ». De façon générale, de 1861 à 1866, le journal sera de fait écrit par un comité de rédaction, des amis, tous jeunes et adversaires des rouges de la ville, notamment par Honoré Mercier*, Paul de Cazes et Michel-Esdras Bernier en plus de Boucher de La Bruère lui-même. Oscar Dunn* prend le relais le 5 juin 1866. À partir de ce moment, le journal appuie sans réserve le Parti conservateur de George-Étienne Cartier*, son projet de Confédération et son alliance avec le clergé. Durant cette période, Boucher de La Bruère a publié à Saint-Hyacinthe une brochure intitulée le Canada sous la domination anglaise : analyse historique (1863) et c’est à lui qu’on attribue le tract paru dans le Courrier et publié sous le titre de Réponses aux censeurs de la Confédération (1867).

Boucher de La Bruère, qui pratique le droit à Saint-Hyacinthe depuis 1860, remplit aussi la tâche de protonotaire du district judiciaire de Saint-Hyacinthe de 1870 à 1875. Il revient pour une vingtaine d’années (1875–1895) à la rédaction du Courrier, dont il acquiert d’ailleurs la propriété le 17 septembre 1877, peu de temps avant sa nomination au Conseil législatif pour la division de Rougemont. À compter de 1878, il est un des associés du bureau maskoutain Tellier, de La Bruère et Beauchemin.

L’homme que le gouvernement conservateur de Charles Boucher de Boucherville a promu au rang de conseiller législatif, est avocat, journaliste et bon conservateur ; il est en outre connu comme promoteur de la culture et de l’industrie de la betterave à sucre, et comme fondateur, en 1874, de l’« École des Arts et Dessins industriels » de Saint-Hyacinthe, liée au Conseil des arts et manufactures de la province de Québec. Il encourage aussi l’industrie du beurre et du fromage, et joue un rôle de premier plan dans la formation, à la suite de réunions tenues à Saint-Hyacinthe, de la Société d’industrie laitière de la province de Québec, reconnue juridiquement le 1er mai 1882 et dont il est président de 1882 à 1889. Boucher de La Bruère joue également un rôle important, quoique moins considérable, dans la fondation de l’école de laiterie de Saint-Hyacinthe en 1892. Son attachement à sa région se voit aussi dans la publication de Saint-Hyacinthe illustré (1886) ; son intérêt pour l’éducation se manifeste par De l’éducation : conférence faite en février 1881 devant le Cercle catholique de Québec (1881) ; et ses conceptions plus philosophiques sont exprimées dans l’Existence de l’homme [...] (1884).

Le 4 mars 1882, arrivé à la mi-quarantaine, Boucher de La Bruère est nommé président du Conseil législatif et, à ce titre, il fait partie du ministère de Joseph-Adolphe Chapleau* ; quelques mois plus tard, toutefois, une modification apportée à l’Acte de l’Amérique du Nord britannique abolit cette pratique qui faisait du président du Conseil législatif un membre de droit du Conseil exécutif. Maintenu dans ses fonctions de président du Conseil législatif sous les gouvernements conservateurs de Joseph-Alfred Mousseau*, John Jones Ross* et Louis-Olivier Taillon*, il en est toutefois écarté, le 23 avril 1889, par le gouvernement national-libéral de Mercier et remplacé par le libéral Henry Starnes*. Vexé, le président démis écrit les Principes de l’Hon. MMercier, publié à Saint-Hyacinthe l’année suivante. Toutefois, quand les conservateurs reviennent au pouvoir en 1892, il retrouve la présidence du conseil, qu’il conserve jusqu’en avril 1895, moment où le gouvernement Taillon le fait passer au poste, en principe non politique, de surintendant de l’Instruction publique ; il succède à Gédéon Ouimet*, qui le remplace au Conseil législatif comme représentant de Rougemont.

Boucher de La Bruère, alors assez près de la soixantaine, s’installe à Québec, et demeurera surintendant jusqu’au 10 mai 1916. La province aura donc de 1897 à 1916 un surintendant conservateur, alors qu’avec les gouvernements de Félix-Gabriel Marchand*, Simon-Napoléon Parent et sir Lomer Gouin* les libéraux seront au pouvoir. Boucher de La Bruère ne fait pas partie des principaux protagonistes du débat que suscite en 1897 et 1898 le projet de loi du gouvernement Marchand, parrainé par le secrétaire provincial Joseph-Emery Robidoux, qui vise à redonner à un ministre de l’Éducation, comme dans les années 1867 à 1875, l’autorité sur le système scolaire. Ce débat oppose partisans de la responsabilité devant le peuple et défenseurs d’une « séparation parfaite entre la politique et l’instruction publique », comme l’écrira à ce propos, mais seulement beaucoup plus tard, Boucher de La Bruère, dans le Conseil de l’instruction publique et le Comité catholique (publication posthume à Montréal en 1918). Cet ouvrage considérable est à la fois l’histoire d’une institution et une défense, fortement teintée de conservatisme social et idéologique, des orientations et des accomplissements du surintendant. Mais, discret, l’auteur ne s’y donne pas la vedette, ni tous les mérites.

Durant une vingtaine d’années, Boucher de La Bruère préside donc le Conseil de l’instruction publique, organisme général aux activités assez restreintes rattaché au secrétariat de la province, ainsi que le comité catholique du conseil, plus actif. C’est de lui que relève l’administration courante du conseil mais, malheureusement, il est assez difficile, sans une étude plus approfondie, de distinguer ce qu’il faut lui attribuer personnellement dans les progrès et les inerties du système d’éducation provincial d’alors. Boucher de La Bruère semble s’être particulièrement intéressé au rôle des commissaires d’écoles, à l’enseignement technique et à l’enseignement dit ménager, et à la création d’écoles normales pour les jeunes filles. Il estimait très important que les hauts fonctionnaires s’informent bien, par la lecture mais aussi par des visites sur place, des systèmes d’éducation et des pratiques en vigueur en Europe et aux États-Unis. Sa brochure Éducation et Constitution, publiée à Montréal en 1904, plaide pour le respect des prérogatives provinciales dans le domaine scolaire.

Pierre Boucher de La Bruère ne démissionne de son poste qu’en 1916, parce que la maladie ne lui laisse plus le choix, et peu avant sa mort à près de 80 ans, le 6 mars 1917. Selon les témoignages de l’époque, il aurait toujours inspiré le respect. On lui aurait reconnu, semble-t-il, de la culture, de la « dignité de vie et d’allure », selon Robert Rumilly*, et malgré ses allégeances conservatrices, une bonne dose d’indépendance d’esprit. Boucher de La Bruère a légué par testament, le 5 juillet 1916, les papiers de la famille des Boucher de La Bruère, non pas à l’aîné, Pierre-Édouard, cultivateur établi à Coaticook, mais plutôt à Montarville*, qui, après avoir été journaliste et, entre autres, « chef des nouvelles » ou directeur de l’information au Devoir, est devenu en 1914 directeur des Archives publiques du Canada à Montréal.

Jean-Paul Bernard

ANQ-M, CE2-5, 7 juin. 1837, 8 janv. 1861.— Arch. du séminaire de Saint-Hyacinthe, Québec, AFG3 (fonds J.-S. Raymond) ; 4 (fonds P-É. Leclère) ; 7 (fonds J.-A. Chicoyne) ; 8 (fonds Pierre Boucher de La Bruère) ; 41 (fonds P.-A. Saint-Pierre) ; ASE3 (Relations avec les autorités civiles) ; 6 (Administration générale) ; 13 (Administration financière) ; 14 (Assoc. des élèves) ; 18 (Imprimés) ; BSE10 (Assoc.) ; 11 (Journaux) ; 19 (Arch. administratives de la Soc. d’hist. régionale de Saint-Hyacinthe).— Arch. du séminaire de Trois-Rivières, Québec, 0032 (coll. Montarville Boucher de La Bruère).— Le Canadien, 22 mai 1871.— Le Courrier de Saint-Hyacinthe, 1er mars 1866, 10 juin. 1974.— Le Devoir, 8 mars 1917.— La Minerve, 25 juin 1832.— Le Pionnier de Sherbrooke (Sherbrooke, Québec), 9 mars 1882.— L.-P. Audet, Histoire du Conseil de l’instruction publique de la province de Québec, 1856–1964 (Montréal, 1964).— Jean de Bonville, la Presse québécoise de 1884 à 1914 ; genèse d’un média de masse (Québec, 1988).— Canadian men and women of the time (Morgan ; 1898 et 1912).— Ivanhoë Caron, « Inventaire des documents relatifs aux événements de 1837 et 1838, conservés aux Archives de la province de Québec », ANQ, Rapport (Québec), 1925–1926 : 217s.— C.-P. Choquette, Histoire de la ville de Saint-Hyacinthe (Saint-Hyacinthe, 1930).— J.-N. Dion et al., Saint-Hyacinthe ; des vies, des siècles, une histoire ; notices biographiques (texte polycopié, Saint-Hyacinthe, 1984 ; exemplaire conservé aux Arch. du séminaire de Saint-Hyacinthe).— Jean Hamelin et al., la Presse québécoise. [Charlotte Leclerc Bonenfant], Saint-Hyacinthe-de-Montarville ; fragments d’histoire (Saint-Bruno-de-Montarville, Québec, [1992]).— RPQ. Rumilly, Hist. de la prov de Québec, 6. Soc. d’industrie laitière de la prov. de Québec, Rapport (Québec), 1884.— Soc. d’industrie laitière et École de laiterie de la prov. de Québec, Rapport (Québec), 1902.— Wallace, Macmillan dict.

Bibliographie générale

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Jean-Paul Bernard, « BOUCHER DE LA BRUÈRE, PIERRE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 19 mars 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/boucher_de_la_bruere_pierre_14F.html.

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Auteur de l'article:    Jean-Paul Bernard
Titre de l'article:    BOUCHER DE LA BRUÈRE, PIERRE
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1998
Année de la révision:    1998
Date de consultation:    19 mars 2024