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REID, JOHN DOWSLEY, médecin, homme d’affaires et homme politique, né le 1er janvier 1859 à Prescott, Haut-Canada, fils de John Reid, ébéniste, et de Jane Dowsley ; le 25 janvier 1899, il épousa à Hamilton, Ontario, Ephie Elizabeth Labatt, et ils eurent une fille et un fils ; décédé le 26 août 1929 non loin de Prescott.
La mère de John Dowsley Reid venait d’une famille de la région de Prescott. Son père, né à Belfast, entra au bureau des douanes de Prescott en 1865, travailla pour l’Edwardsburg Starch Company Limited [V. William Thomas Benson*] à Cardinal et devint, dans cette localité voisine de Prescott, percepteur des droits de péage du canal. John Dowsley Reid fit ses études dans des écoles locales et obtint en 1890 un diplôme de médecine de deux établissements, le Queen’s College de Kingston et le Trinity College de Toronto. Il exerça un moment à Cardinal. En 1906, il serait admis au College of Physicians and Surgeons of Ontario. Tout au long de sa vie, il investirait et participerait à des entreprises commerciales. Au début de sa carrière, il dirigea l’Edwardsburg Starch Company durant sept ans et l’Imperial Starch Company Limited durant quatre ans.
Toutefois, Reid s’intéressait surtout à la politique. Peu après l’obtention de ses diplômes de médecine, il se vit demander, par sir John Alexander Macdonald*, de se présenter sous la bannière conservatrice dans la circonscription de Grenville South, où se trouvaient Prescott et Cardinal. En 1891, il remporta ce siège, qui serait rebaptisé Grenville en 1903. Député d’arrière-ban de l’opposition, il acquit bien vite de l’importance au sein du parti. Grâce à ses qualités d’administrateur, il devint l’un des principaux organisateurs électoraux de l’Est ontarien. En 1910, après trois défaites consécutives des conservateurs – une sous la direction de sir Charles Tupper* en 1900 puis deux sous celle de Robert Laird Borden* en 1904 et en 1908 –, Doc Reid, comme on l'appelait, se joignit au petit groupe de mécontents qui contestaient le leadership de Borden. Certains d’entre eux n’aimaient pas l’attitude de Borden devant la dissension qui régnait entre députés canadiens-français et canadiens-anglais au sujet de la question navale. D’autres en avaient assez qu’il conçoive des politiques sans consulter les membres chevronnés du caucus. Borden mit un terme à leur fronde en menaçant de démissionner. En mars 1911, au moment même où les conservateurs étaient en train de consolider leur opposition à l’entente de réciprocité négociée par le gouvernement de sir Wilfrid Laurier*, les rebelles tentèrent à nouveau de se débarrasser de Borden. À la suite de leur échec, Reid eut « très peur », nota un journaliste tory.
Cependant, pour les élections générales de septembre, Borden avait besoin de Reid, qui accepta avec enthousiasme d’apporter son concours. Trois jours avant le scrutin, ce dernier signala à Borden : « quant à l’est de l’Ontario […] je crois sincèrement que tous ceux que nous avons maintenant sont sûrs ». Les conservateurs, qui en 1908 avaient remporté 48 sièges en Ontario, en gagnèrent alors 73, y compris 20 des 24 placés sous la responsabilité de Reid, et ils prirent le pouvoir. Sous la pression de Francis Cochrane*, qui avait remplacé Albert Edward Kemp au poste d’organisateur en chef de l’Ontario et qui était sur le point de devenir ministre des Chemins de fer et Canaux, Borden récompensa Reid en lui confiant le portefeuille des Douanes, non sans lui avoir fait d’abord tout un sermon sur la loyauté. Le ministère des Douanes avait beaucoup de faveurs à distribuer et il était le troisième de par sa taille, après les Chemins de fer et Canaux et les Postes. Mieux encore, en cette époque antérieure à l’imposition directe, il percevait la plus grande partie des revenus du gouvernement.
Au fil des ans, la loyauté de Reid alla de pair avec la reconnaissance que Borden accordait à ses qualités administratives. Reid, Cochrane et Robert Rogers*, le ministre des Travaux publics, s’occupaient des « questions pratiques » au parti gouvernemental. À compter de 1914, à mesure que les ministres succombaient à la maladie ou aux pressions du temps de guerre, Borden confia l’administration des portefeuilles vacants à Reid. Ce fut particulièrement le cas aux Chemins de fer et Canaux pendant le déclin physique de Cochrane. En 1914, Reid conçut l’entente en vertu de laquelle le gouvernement aida la Canadian Northern Railway Company en échange de 40 % des actions ordinaires, et il la négocia avec sir William Mackenzie et sir Donald Mann*. Deux ans plus tard, il fit modifier l’Acte des chemins de fer afin d’accélérer le transport du grain. En outre, c’est à lui que Borden, en abolissant en 1915 le Comité des obus créé par sir Samuel Hughes et en le remplaçant par l’Imperial Munitions Board, avait confié le soin de calmer le ministre de la Milice et de la Défense.
En octobre 1917, quand Reid succéda officiellement à Cochrane, il était devenu l’un des principaux hommes de confiance de Borden et soutenait la conscription avec ferveur. Convaincu que les conservateurs pouvaient remporter des élections sans le soutien des libéraux, il doutait de la nécessité d’un gouvernement de coalition. Toutefois, Borden tenait à en former un et il lui demanda de l’aider à convaincre des libéraux de l’Ouest – entre autres Arthur Lewis Watkins Sifton, James Alexander Calder* et Thomas Alexander Crerar* – de s’y joindre. Lorsque les élections sur la conscription eurent finalement lieu, en décembre, Reid se vit confier l’organisation de la campagne en Ontario. Non sans difficulté, il collabora avec Newton Wesley Rowell*, l’ancien chef libéral de l’Ontario entré au nouveau gouvernement de coalition, afin d’examiner les prétentions des conservateurs et libéraux favorables à la conscription qui souhaitaient briguer les suffrages. Le jour du scrutin, les électeurs de 74 des 82 circonscriptions de l’Ontario accordèrent leur préférence à des candidats de la coalition. Dans toutes les autres provinces aussi, sauf le Québec, les défenseurs de la conscription recueillirent une forte majorité, ce qui eut d’énormes répercussions sur la politique canadienne.
Reid conserva le portefeuille des Chemins de fer et Canaux, qui était exigeant. Il supervisa la poursuite des travaux du canal Trent et la reconstruction du canal Welland, négocia avec les provinces des programmes de peuplement pour l’après-guerre et fit adopter en 1919 le projet de loi sur les grandes routes du Canada, un des premiers programmes à frais partagés dans l’histoire des relations fédérales-provinciales. Sa principale mission consista à parachever la nationalisation de la Canadian Northern Railway Company, à mettre sur pied une nouvelle société, la Canadian National Railway Company, et à intégrer au réseau le Grand Tronc et le Grand Trunk Pacific. En juin 1919, Borden, à peine rentré de la conférence de paix de Paris, découvrit que Reid était « en piètre santé et souhaitait prendre sa retraite ». Pourtant, Reid demeura au poste et, pour le compte du premier ministre, il observa attentivement ce qui se passait aux réunions du caucus et à la Chambre des communes, car Borden, épuisé par les nombreuses initiatives qu’il avait prises durant le conflit, passa la majeure partie de l’année suivante à l’extérieur d’Ottawa. Souvent, les nouvelles communiquées par Reid n’étaient pas bonnes. Le gouvernement de coalition était sur le point de s’effondrer. En octobre 1919, Reid déclara : « Nous avons deux leaders, soit [sir George Eulas Foster*] de trois à six heures du soir et [Charles Joseph Doherty*] ensuite, et le moins que l’on puisse dire c’est qu’aucun des deux n’a assez d’influence sur les députés pour tenir la Chambre. »
Borden démissionna en juillet 1920. Reid resta en fonction sous le premier ministre Arthur Meighen* et s’occupa des négociations qui se poursuivaient avec le Grand Tronc. Il quitta son ministère le 20 septembre 1921. Il avait alors 62 ans, siégeait aux Communes depuis près de 30 ans et n’avait nul désir d’affronter un nouveau scrutin. Nommé au Sénat deux jours plus tard par Meighen, il y prôna résolument la formation de l’Église unie du Canada et s’opposa en 1926 au projet de loi sur les pensions de vieillesse présenté par le premier ministre libéral William Lyon Mackenzie King*. En 1928, il recommanda d’accueillir avec prudence les propositions sur l’amélioration du réseau de canaux et l’exploitation du potentiel hydroélectrique du Saint-Laurent entre Montréal et Kingston, car il craignait que des intérêts américains ne prennent le contrôle dans les deux cas.
Pendant les années où John Dowsley Reid siégea au Sénat, lui-même et sa femme habitaient sur River Road, non loin de Prescott. Amateur de chasse et de pêche, Reid était administrateur de l’église presbytérienne locale, franc-maçon et membre de la société des Oddfellows. En 1929, il occupait la présidence de la Canadian Pacific Car and Passenger Transfer Company Limited, qui transportait des trains par bac d’une rive à l’autre du fleuve. Il mourut en août 1929, deux jours après une crise d’apoplexie, laissant une succession d’une valeur de plus de 636 000 $. On l’inhuma au cimetière Blue Church, à l’ouest de Prescott. Un journaliste conservateur et ami du défunt, Thomas H. Blacklock, écrivit dans le Daily Mail and Empire de Toronto : « [il savait] jauger avec une prescience quasi surnaturelle le sentiment ontarien […] Il ne négligeait pas le moindre détail dans l’organisation conservatrice de l’Ontario ni rien de ce qui pourrait influer sur la population ontarienne. »
AN, MG 26, H : 3854–3856, 7241–7242, 40903–40904, 62875–62881, 70415–70417, 157719 ; Journal intime ; RG 31, C1, 1861, Prescott, [Ontario] ; 1871, Edwardsburg, Ontario.— AO, RG 22-179, nº 8735 ; RG 80-5-0-275, nº 16655.—Univ. of Toronto Arch., A73-0026/375(24).— Daily Mail and Empire, 27 août 1929.— Ottawa Citizen, 27 août 1929.— Prescott Journal (Prescott), 29 août 1929.— R. L. Borden, Robert Laird Borden : his memoirs, Henry Borden, édit. (2 vol., Toronto, 1938).— R. C. Brown, Robert Laird Borden, a biography (2 vol., Toronto, 1975–1980).— Canadian annual rev., 1902–1927/1928.— Canadian directory of parl. (Johnson).— Cardinal, Ontario, Council, A history of Cardinal ([Cardinal, 1967]).— A. W. Currie, The Grand Trunk Railway of Canada (Toronto, 1957).— John English, The decline of politics : the Conservatives and the party system, 1901–1920 (Toronto, 1977).— Roger Graham, Arthur Meighen : a biography (3 vol., Toronto, 1960–1965), 1 : The door of opportunity ; 2 : And fortune fled.— T. D. Regehr, The Canadian Northern Railway, pioneer road of the northern prairies, 1895–1918 (Toronto, 1976)
Robert Craig Brown, « REID, JOHN DOWSLEY », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 21 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/reid_john_dowsley_15F.html.
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Auteur de l'article: | Robert Craig Brown |
Titre de l'article: | REID, JOHN DOWSLEY |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 2005 |
Année de la révision: | 2005 |
Date de consultation: | 21 déc. 2024 |