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McCAUL, JOHN, prêtre de l’Église d’Irlande, professeur, administrateur scolaire et auteur, né le 7 mars 1807 à Dublin ; en octobre 1839, il épousa Emily Jones, et ils eurent sept enfants ; décédé le 16 avril 1887 à Toronto.
Né dans une famille d’érudits, John McCaul reçut une solide formation de base à la White’s School de Dublin et à la Moravian School d’Antrim (Irlande du Nord) avant d’entrer au Trinity College de Dublin en 1820. Pendant huit années, il étudia les mathématiques, puis les humanités, recevant de nombreux prix et médailles pour la qualité de ses connaissances, notamment en grec. Il obtint une maîtrise ès arts en 1828. Demeurant au Trinity College durant une autre décennie en qualité d’étudiant et de tutor (directeur des études d’un groupe d’étudiants), McCaul exerça également les fonctions d’examinateur universitaire dans le domaine des humanités. Ordonné diacre de l’Église d’Irlande en 1831, il accéda à la prêtrise en 1833. Deux ans plus tard, l’université lui décerna un baccalauréat et un doctorat en droit. Au cours de ces années, McCaul fit paraître un certain nombre de manuels, de traités et d’ouvrages portant sur des sujets et des auteurs classiques.
En 1838, l’Upper Canada College de Toronto, étant à la recherche d’un nouveau directeur pour remplacer Joseph Hemington Harris, pria l’archevêque de Cantorbéry de trouver un candidat apte à occuper ce poste. Le choix se porta sur McCaul, qui accepta immédiatement. Il arriva à Toronto le 25 janvier 1839 et entra en fonctions quatre jours plus tard. Il se rendit populaire à son nouveau poste, qu’il remplit avec succès, et il consolida son rang social dans la province en épousant, la même année, l’une des filles du juge Jonas Jones*, lequel jouissait d’une grande considération au sein du vieux Family Compact. À cette époque où il n’existait pas encore d’université dans la province, l’Upper Canada College constituait la principale maison d’enseignement, et McCaul pouvait donner libre cours à son talent, aussi bien sur le plan administratif que scolaire. Il s’intéressa particulièrement à la classe de septième qui assurait la formation se rapprochant le plus du niveau universitaire dans la province.
En 1842, sous la conduite du gouverneur général, sir Charles Bagot*, et de l’évêque John Strachan*, on mit finalement la dernière main aux préparatifs de l’ouverture à Toronto du King’s College, qui avait obtenu sa charte en 1827. Strachan en était le président ; on nomma le personnel, et la direction en revint à McCaul en qualité de vice-président et de professeur d’humanités, de logique, de rhétorique et de belles-lettres. Quand les cours débutèrent en juin 1843, il résigna ses fonctions de directeur de l’Upper Canada College et, parce que Strachan devait se consacrer à sa tâche d’évêque, il se révéla en pratique l’âme dirigeante du King’s College. Il en devint le président lorsque Strachan abandonna ce poste en 1848. Durant ces années, McCaul prit une certaine part au débat de plus en plus acerbe dont le King’s College fut l’objet ; en 1845, notamment, il fit paraître sous le pseudonyme A Graduate une brochure intitulée The university question considered, qui défendait l’institution contre l’accusation de favoriser exclusivement l’anglicanisme.
On pouvait s’attendre à ce que McCaul se joigne à la lutte acharnée menée par Strachan contre le projet de loi présenté en 1849 par Robert Baldwin* et visant à transformer le King’s College en la séculière University of Toronto. En fait, McCaul signa la pétition que firent circuler une minorité de protestataires (la majorité des membres du conseil d’administration du collège appuyèrent le projet) mais, quand la loi fut adoptée, il demeura à l’université à titre de président et de professeur d’humanités. En 1853, à la suite de l’adoption d’une loi par la législature provinciale, on réorganisa l’University of Toronto qui devint alors une institution se limitant à faire subir des examens et à décerner des diplômes ; l’enseignement des arts et des sciences relevait de l’University College nouvellement mis sur pied. McCaul fut nommé président de l’University College et conserva ce poste jusqu’à sa retraite en 1880. En 1853, il fut également élu vice-chancelier de l’université, mais John Langton* le battit à une nouvelle élection en 1855.
Durant une carrière universitaire qui couvrit quelque 40 ans, McCaul chercha consciencieusement à introduire et à maintenir dans le milieu provincial que constituait le Canada les normes de qualité les plus élevées des universités britanniques. Il avait le souci des conventions et des formalités ; un nouveau venu en 1853, Daniel Wilson*, le décrivit comme « un homme d’allure splendide portant, outre sa toge et sa toque carrée, son étole et son chaperon écarlate de docteur en droit du Trinity College, à Dublin ». Wilson nota également qu’il était « un peu gendarme pour tout ce qui concern[ait] la discipline du collège. C’[était] un grand crime et un délit que de se montrer au collège sans être vêtu de la toge et de la toque durant les heures d’enseignement. » McCaul se faisait particulièrement valoir au cours des collations annuelles de diplômes, qui devinrent des événements marquants à Toronto, en raison de sa noble prestance, de sa grande éloquence et de son habileté à citer opportunément les classiques grecs et latins. On lui confiait toujours la tâche de préparer les documents universitaires et de concevoir les devises pertinentes.
McCaul n’innova pas de façon notable dans le domaine de l’éducation – d’ailleurs, les conditions de l’époque ne s’y prêtaient probablement pas – mais il contribua à l’introduction de deux changements de grande importance. Jusque-là, les étudiants du King’s College et de l’University College, comme ceux de la plupart des institutions collégiales et universitaires, avaient suivi un programme d’études qui leur était imposé et qui comportait peu ou pas du tout de matières au choix. Dans les années 1850, les étudiants de l’University College reçurent l’autorisation de choisir des cours parmi diverses options après avoir satisfait aux exigences fondamentales ; ils avaient ainsi le loisir de se spécialiser jusqu’à un certain point dans les domaines qu’ils préféraient. Ce nouveau régime, qui correspondait à des changements amorcés dans certains autres collèges et universités, fut vivement combattu, notamment par Egerton Ryerson, mais il fut maintenu. Il allait déboucher, à l’University of Toronto, sur le système des études spécialisées (honour courses) et générales (pass courses) qui caractérisa durant plus de 75 ans le programme de la faculté des arts. En second lieu, en dépit du fait que McCaul avait reçu une formation d’humaniste, il contribua à l’élargissement du programme d’études de l’University College, au moment où l’institution ouvrit ses portes en 1853 ; il aida au recrutement de nouveaux professeurs, dont deux en sciences, Edward John Chapman* et William Hincks*, un en anglais et en histoire, Daniel Wilson, et un en langues modernes, James Forneri.
McCaul participa également à la vie culturelle de Toronto et du Canada. Il agit un certain temps à titre de président du Canadian Institute (devenu par la suite le Royal Canadian Institute). Il dirigea la publication du Maple Leaf ; or Canadian Annual, a Literary Souvenir et rédigea des articles et des comptes rendus pour divers périodiques. Il prit part, avec John Ellis*, à la mise sur pied de la Philharmonic Society de Toronto dont il fut président dans les années 1840, puis dans les années 1870, au moment où James Paton Clarke* dirigeait l’orchestre ; il composa aussi plusieurs motets et des œuvres de musique vocale.
En raison de ses fonctions de président de l’University College, McCaul disposait de peu de temps pour la recherche, mais il n’en continua pas moins de satisfaire l’intérêt qu’il avait acquis à Dublin pour l’épigraphie. En 1863, il fit paraître un ouvrage intitulé Britanno-Roman inscriptions, with critical notes, et un second, en 1869, sur les épitaphes chrétiennes des six premiers siècles.
Malgré le déclin sensible de ses facultés même avant sa retraite, McCaul joua un rôle de premier plan à l’University of Toronto pendant une période critique. Durant presque tout le temps où il fut en poste, celle-ci et l’University College furent l’objet de controverses et d’attaques dures, souvent acerbes. McCaul, n’étant pas combatif de nature, ne se mêla guère aux débats d’une manière directe et publique comme le fit, par exemple, Daniel Wilson, mais il n’hésita jamais à défendre le principe d’une seule université provinciale forte. En outre, c’était un précieux avantage pour l’institution que d’avoir à sa tête un homme d’une vaste érudition, constamment en quête d’excellence en matière d’éducation. Certaines personnes, telles Wilson, Edward Blake* et Adam Crooks, permirent à l’University of Toronto de survivre durant cette période difficile ; McCaul, pour sa part, y contribua en conservant un certain niveau de distinction.
John McCaul est l’auteur de Britanno-Roman inscriptions, with critical notes (Toronto et Londres, 1863) ; Christian epitaphs of the first six centuries (Toronto et Londres, 1869) ; Emigration to a better country : a sermon, preached in the cathedral church of St. James, Toronto, on Saint Patrick’s day, 1842, before the societies of St. George, St. Patrick, & St. Andrew (Toronto, 1842) ; et « Love of God and of our neighbour » : a sermon, preached in the cathedral church of St. James, Toronto, on Tuesday, March 17, 1840, before the societies of St. George, St. Patrick, & St. Andrew (Toronto, 1840). Sous le pseudonyme A Graduate, il écrivit The university question considered (Toronto, 1845), et il est coauteur de Letters on King’s College (Toronto, 1848) avec John Macara. Une liste des écrits de McCaul se trouve dans Morgan, Bibliotheca Canadensis, 254s., et d’autres ouvrages sont répertoriés dans le British Museum general catalogue.
UTA, Daniel Wilson, Journal.— Toronto Daily Mail, 18 avril 1887.— A history of Upper Canada College, 1829–1892 ; with contributions by old Upper Canada College boys, lists of head-boys, exhibitioners, university scholars and medallists, and a roll of the school, George Dickson et G. M. Adam, compil. (Toronto, 1893).— John King, McCaul, Croft, Forneri : personalities of early university days (Toronto, 1914).— University College : a portrait, 1853–1953, C. T. Bissell, édit. (Toronto, 1953).— The University of Toronto and its colleges, 1827–1906, [W. J. Alexander, édit.] (Toronto, 1906).— Wallace, Hist. of Univ. of Toronto.— T. A. Reed, « President McCaul’s inscriptions », Univ. of Toronto Monthly (Toronto), 27 (1926–1927) : 61s., 114s., 158s.— William Wedd, « The Rev. John McCaul, LL.D. », Univ. of Toronto Monthly, 2 (1901–1902) : 2–5.
G. M. Craig, « McCAUL, JOHN », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 21 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/mccaul_john_11F.html.
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Auteur de l'article: | G. M. Craig |
Titre de l'article: | McCAUL, JOHN |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1982 |
Année de la révision: | 1982 |
Date de consultation: | 21 déc. 2024 |