HOUDET, ANTOINE-JACQUES, prêtre, sulpicien et professeur, né le 1er décembre 1763 à Château-Gontier, France, fils d’Antoine Houdet, serrurier, et de Jacquine Houdet ; décédé le 7 avril 1826 à Montréal.
C’est en 1783 qu’Antoine-Jacques Houdet, issu d’un milieu modeste, commença ses études au séminaire d’Angers où il fit sa philosophie et quatre années de théologie. Ordonné prêtre le 27 septembre 1788, il fut nommé professeur de philosophie à Angers, fit son année de solitude (noviciat) en 1789 à Issy-les-Moulineaux, près de Paris, et fut reçu sulpicien. Il devint professeur de dogme au séminaire de Nantes en 1790. Ayant refusé comme tous les autres sulpiciens de prêter le serment de fidélité à la Constitution civile du clergé, il quitta Nantes le 15 septembre 1792 pour Bilbao, en Espagne. Il passa trois ans dans ce pays, au début à Estella et plus tard dans le diocèse d’Orense. En septembre 1795, il quitta Astorga pour Londres et, muni d’une recommandation du duc de Portland, il s’embarqua pour New York où il arriva le 31 décembre. Il gagna Montréal le 19 janvier 1796 après un voyage rendu difficile par la rigueur de l’hiver.
En octobre, Houdet fut nommé professeur au collège Saint-Raphaël. Il y commença sa carrière au moment du départ de Jean-Baptiste Marchand, directeur de l’établissement. Jean-Baptiste-Jacques Chicoisneau*, nouveau directeur, et les autres sulpiciens français, Claude Rivière, Jacques-Guillaume Roque* et Houdet, apportèrent de nouvelles traditions et des exigences plus strictes qui établirent la valeur du collège. De 1796 à sa mort, Houdet, qui ne se sentait pas attiré par le ministère pastoral et qui ne prononçait que quelques sermons chaque année à la paroisse, se consacra entièrement à l’enseignement. Il professa le latin, le français, les mathématiques, les sciences, l’astronomie et la philosophie. Avec Rivière, il prépara des cours et publia des manuels, tout en aidant à l’économat et à la bibliothèque.
Au séminaire de Saint-Sulpice, Houdet était un conseiller fort écouté et on sollicitait ses avis sur les questions controversées. Le séminaire était alors en conflit avec l’évêque de Québec, Mgr Joseph-Octave Plessis, et, après 1820, avec Mgr Jean-Jacques Lartigue*, évêque de Telmesse et auxiliaire de l’ar-chevêque de Québec à Montréal. Mgr Plessis ayant demandé aux sulpiciens d’établir un séminaire pour former des clercs à Montréal, Houdet, dans un mémoire, se prononça contre ce projet. D’une part, il pensait que pour le moment le séminaire de Saint-Sulpice ne pouvait faire plus que de former des régents au collège. D’autre part, il faisait remarquer que le nombre de candidats à la prêtrise était restreint. En 1821, Houdet justifia l’attitude que le séminaire avait eue au moment de l’arrivée de Mgr Lartigue à Montréal. Il expliqua le refus du séminaire de loger l’évêque dans la communauté et de lui rendre des honneurs qui n’étaient dus qu’à un évêque résidant. Les discussions continuèrent et s’envenimèrent [V. Augustin Chaboillez]. En juin 1824, le sulpicien Jean-Charles Bédard, favorable à Lartigue, écrivit un mémoire qui fut envoyé à Rome. Houdet rédigea une réponse dans laquelle il faisait d’abord le résumé des litiges entre le séminaire de Saint-Sulpice et Plessis, Lartigue et le coadjuteur Bernard-Claude Panet, puis réfutait point par point les arguments de Bédard. Ce texte de 130 pages reflète l’influence de la formation théologique et sociale de Houdet. C’était un prêtre issu de l’Ancien Régime, tout imprégné de l’importance des droits et des privilèges reconnus de l’Église de France, et pour qui la stricte application de ces droits et privilèges assurait la grandeur et la stabilité de cette institution divine reconnue et appuyée par l’État. À certains moments, les remarques de Houdet portent sur de pures vétilles, ce qui n’aide en rien la force de son argumentation. Il n’y a pas de doute que Houdet s’engagea à fond dans cette querelle et qu’il résuma la pensée de la majorité des membres du séminaire de Saint-Sulpice à Montréal, qui était d’origine française.
La santé relativement robuste d’Antoine-Jacques Houdet se détériora subitement en 1825 ; il fut frappé de deux attaques de paralysie et ne s’en remit que partiellement. Il mourut foudroyé par une troisième attaque le 7 avril 1826 et fut inhumé trois jours plus tard sous le chœur de l’église Notre-Dame.
Antoine-Jacques Houdet est l’auteur de : Cours abrégé de rhétorique à l’usage du collège de Montréal (Montréal, 1835) ; et Cours abrégé de belles-lettres à l’usage du collège de Montréal (Montréal, 1840). En collaboration avec son confrère Claude Rivière, il a écrit deux ouvrages intitulés Grammaire françoise pour servir d’introduction à la grammaire latine, publiés à Montréal en 1811. Les ASSM con-servent deux dictionnaires inédits de Houdet, l’un français-latin de 133 pages, l’autre latin-français de 198 pages.
AAQ, 71–31 CD, II : 39a, 40.—ACAM, 465.101, 816–1, 818–1, 829–3.— ANQ-M, CE1-51, 10 avril 1826.— Arch. de la Compagnie de Saint-Sulpice (Paris), Dossier 102, nº 4.— ASSM, 11 ; 21 ; 24 ; 27.— Allaire, Dictionnaire, 1 : 271.— [L.-A. Huguet-Latour], Annuaire de Ville-Marie, origine, utilité et progrès des institutions catholiques de Montréal [...] (2 vol., Montréal, 1863–1882).— Louis Bertrand, Bibliothèque sulpicienne ou Histoire littéraire de la Compagnie de Saint-Sulpice (3 vol., Paris, 1900), 2 : 65–66.— [Pierre] Boisard, la Compagnie de Saint-Sulpice ; trois siècles d’histoire (s.l.n.d.).— Dionne, les Ecclésiastiques et les Royalistes français.— Maurault, le Collège de Montréal (Dansereau ; 1967).
Bruno Harel, « HOUDET, ANTOINE-JACQUES », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 6, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 24 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/houdet_antoine_jacques_6F.html.
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Auteur de l'article: | Bruno Harel |
Titre de l'article: | HOUDET, ANTOINE-JACQUES |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 6 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1987 |
Année de la révision: | 1987 |
Date de consultation: | 24 nov. 2024 |