BÉDARD, JEAN-CHARLES, prêtre et sulpicien, né le 4 novembre 1766 à Charlesbourg, Québec, fils de Pierre-Stanislas Bédard, cultivateur, et de Marie-Josephte Thibault ; décédé le 2 juillet 1825 à Montréal.
Quatrième d’une famille de 13 enfants, Jean-Charles Bédard appartenait à une famille honorable qui s’illustra dans la magistrature, dans l’Église et dans la vie politique [V. Pierre-Stanislas Bédard]. Après ses études à Québec, il fut ordonné prêtre le 19 décembre 1789. L’année suivante, sur le conseil de Joseph-Octave Plessis, alors secrétaire de l’évêque de Québec, il demanda à être admis au séminaire de Saint-Sulpice à Montréal. Agrégé à cette institution le 28 septembre 1792, il passa toute son existence au séminaire où il remplit les tâches d’assistant du procureur et de procureur. Nommé également vicaire et maître des cérémonies à la paroisse Notre-Dame, il prêcha régulièrement et travailla en étroite collaboration avec Claude Poncin*, dont il rédigea la biographie, demeurée inédite. En outre, il éprouva toujours un vif intérêt pour l’astronomie, la physique et les mathématiques.
Au cours des dernières années de sa vie, Bédard souffrit beaucoup de l’opposition qui subsistait entre ses confrères sulpiciens et Mgr Jean-Jacques Lartigue*, sulpicien canadien qui avait été nommé évêque auxiliaire à Montréal le 21 janvier 1821, sur la recommandation de Mgr Plessis, alors archevêque de Québec. Soucieux de conserver leur influence, les sulpiciens voyaient d’un très mauvais oeil l’arrivée d’un évêque auxiliaire. Bédard fut l’un des rares sulpiciens à rendre visite à Lartigue, réfugié à l’Hôtel-Dieu de Montréal, après que le séminaire l’eut expulsé en février 1821. Il chercha à s’interposer entre les deux partis, mais il ne fit qu’encourir la réprobation de ses supérieurs. En juin 1824, après beaucoup d’hésitations, il transmit à Jean-Henry-Auguste Roux, son supérieur, et à ses confrères un document intitulé « Déclaration et Observations [...] au sujet du gouvernement ecclésiastique du district de Montréal », dans lequel il se disait contre les mesures prises par le séminaire pour faire échec à l’établissement de Mgr Lartigue. Réfutant au passage les objections d’Augustin Chaboillez, à qui il avait fait parvenir deux lettres auparavant, il examinait tour à tour ce qui était « permis », « convenable » et « utile », relativement au gouvernement ecclésiastique du district de Montréal. Les sulpiciens réagirent vivement au mémoire de leur confrère tandis que Roux, affligé, protestait de ses bons sentiments à l’endroit de Lartigue et de Plessis. Ceux-ci approuvèrent la démarche de Bédard qui se sacrifiait « pour la bonne cause », qui s’exposait « à bien des avanies » et qui forçait « extraordinairement son caractère naturel de timidité en se montrant si ouvertement » pour eux. Plessis insista pour faire connaître aux autorités romaines cet excellent écrit. Bédard n’accepta qu’après en avoir informé Roux. Au séminaire de Saint-Sulpice à Paris, on jugea que Bédard avait commis « une faute qu’il [était] possible d’excuser ».
Bouleversé par tous ces événements et après avoir tenté en octobre 1824 un ultime rapprochement entre Lartigue et le séminaire, Jean-Charles Bédard mourut le 2 juillet 1825 « aussi saintement qu’il avait vécu », au dire de Mgr Lartigue.
Jean-Charles Bédard est l’auteur de : « Déclaration et Observations [...] au sujet du gouvernement ecclésiastique du district de Montréal ». Ce manuscrit est déposé aux ASSM, 27, Tiroir 90.
AAQ, 26 CP, VI : 109.— ACAM, 901.137.— ANQ-Q, CE1-7, 5 nov. 1766.— Arch. du séminaire de Saint-Sulpice (Paris), Circulaires des supérieurs, I, Garnier Mollevault, 19 mars 1826 ; Saint-Sulpice, dossier III, no 12.— ASSM, 24, dossier 2 ; dossier 3 ; 27 ; 49, dossier 25.— Allaire, Dictionnaire, 1 : 36.— [F.-M.] Bibaud, Dictionnaire historique des hommes illustres du Canada et de l’Amérique (Montréal, 1857).— Gauthier, Sulpitiana, 168.— Louis Bertrand, Bibliothèque sulpicienne ou Histoire littéraire de la Compagnie de Saint-Sulpice (3 vol., Paris, 1900), 2 : 62–63.— Lemieux, l’Établissement de la première prov. eccl., 179–183.— Édouard Fabre Surveyer, « Pierre-Stanislas Bédard (1734–1814) et sa famille », BRH, 59 (1953) : 153–156.— Léon Pouliot, « l’Abbé Jean-Baptiste-Charles Bédard, p.s.s. », BRH, 44 (1938) : 172–173.— P.-G. Roy, « les Sept Frères Bédard », BRH, 44 : 65–67.
Gilles Chaussé, « BÉDARD, JEAN-CHARLES », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 6, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 20 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/bedard_jean_charles_6F.html.
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Auteur de l'article: | Gilles Chaussé |
Titre de l'article: | BÉDARD, JEAN-CHARLES |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 6 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1987 |
Année de la révision: | 1987 |
Date de consultation: | 20 nov. 2024 |