CHICOISNEAU, JEAN-BAPTISTE-JACQUES, prêtre, sulpicien, professeur et directeur du collège Saint-Raphaël à Montréal, né le 17 mars 1737 à Meung, France, fils de Guillaume Chicoisneau et d’Hélène Gaulthier ; décédé le 28 février 1818 à Montréal.

Jean-Baptiste-Jacques Chicoisneau, déjà tonsuré, entre au séminaire d’Orléans, en France, le 1er novembre 1756. Il y est ordonné prêtre le 16 mai 1761 et y enseigne jusqu’en 1765. Cette année-là, il devient supérieur de la communauté des philosophes au séminaire Saint-Irénée de Lyon. Il revient au séminaire d’Orléans en 1782 pour occuper le même poste qu’à Lyon.

Lors de la Révolution française, les sulpiciens, prêtres séculiers qui n’ont pas charge de ministère dans les paroisses, sont chassés des séminaires. Comme bien d’autres, Chicoisneau émigre. En 1792, il fait partie du deuxième groupe de sulpiciens qui se rend à Baltimore, au Maryland, où le séminaire de Saint-Sulpice de Paris avait fondé un établissement l’année précédente. Arrivé le 29 mars, il est nommé économe par le supérieur du séminaire de Baltimore, François-Charles Nagot. En mai 1796, probablement à cause de son incapacité d’apprendre l’anglais, Chicoisneau quitte Baltimore pour le Bas-Canada, muni d’une chaleureuse lettre de recommandation de Mgr John Carroll, évêque de Baltimore, et d’une autre du duc de Portland, secrétaire d’État à l’Intérieur. Le gouverneur, lord Dorchester [Guy Carleton], l’autorise à entrer au Bas-Canada.

Chicoisneau est agrégé au séminaire de Saint-Sulpice de Montréal le 1er juillet 1796. Cette même année, compte tenu de son expérience de professeur, il est désigné pour succéder à Jean-Baptiste Marchand* au poste de directeur du collège Saint-Raphaël (connu familièrement sous le nom de collège de Montréal), où il cumule en plus les fonctions d’économe et de professeur de physique. Logé au château de Vaudreuil, le collège est un établissement d’enseignement secondaire où l’on donne aussi la philosophie, ainsi que deux classes de niveau primaire, l’une anglaise et l’autre française. Le collège dispense son enseignement à un peu plus de 100 élèves, dont la moitié est formée de pensionnaires. Ces derniers sont soumis au régime en vigueur dans les petits séminaires. Les élèves, levés à cinq heures trente, consacrent quatre heures et demie à l’étude, quatre heures aux classes, trois heures et demie à la récréation et, à quatre reprises, ils sont invités à la messe et à la prière. Les dimanches et les jours de fête, ils vont à l’église paroissiale sise à la place d’Armes. Les élèves prennent un congé hebdomadaire d’une demi-journée en hiver et d’une journée en été. Pour leurs études, les pensionnaires doivent débourser annuellement 360# ; il en coûte la moitié aux demi-pensionnaires et 48# aux externes.

Au collège, Chicoisneau enseigne la physique ; il refait les expériences classiques de l’électrostatique et étudie l’air en employant les termes de l’époque. Par exemple, il termine son court traité de l’air en citant la théorie contestée, selon lui, du chimiste français Lavoisier suivant laquelle l’eau, corps simple, serait composée d’air déphlogistiqué et de gaz inflammable. Comme économe, Chicoisneau administre le budget du collège et accuse des surplus grâce à de généreuses contributions du séminaire de Saint-Sulpice de Montréal. Le 3 juin 1803, une conflagration, dans l’est de Montréal, n’épargne pas le collège, où les dégâts s’avèrent considérables. L’institution doit alors emménager au séminaire où elle restera trois ans, jusqu’à l’ouverture, en 1806, du nouveau petit séminaire.

En octobre 1806, Chicoisneau, remplacé au poste de directeur par Jacques-Guillaume Roque*, devient assistant de Claude Poncin, un collègue, aumônier de l’Hôpital Général de Montréal, à qui il succédera en 1811. Pendant 12 ans, Chicoisneau se dévoue au service des religieuses et des déshérités. Les annales des sœurs grises lui attribuent même la guérison subite, en 1817, d’une personne possédée du démon. Outre cette activité pastorale, Chicoisneau dirige, de 1805 à 1814, la Congrégation des hommes de Ville-Marie, confrérie consacrée à la Sainte Vierge.

Jean-Baptiste-Jacques Chicoisneau mourrut subitement à 80 ans, le 28 février 1818, au moment où il prenait part à la prière de la communauté. Il fut inhumé sous le chœur de l’église Notre-Dame de Montréal le 2 mars suivant. Jean-Henri-Auguste Roux*, supérieur du séminaire de Saint-Sulpice, lui rendit cet hommage : « Il a donné des preuves constamment de sa parfaite et inviolable régularité ainsi que de sa charité pour ses frères. »

Bruno Harel

, Loiret (Orléans), État civil, Meung, 17 mars 1731.— ANQ-M, CE1-51, 2 mars 1818.— Arch. du collège de Montréal, Cahiers de l’administration, Cahiers manuscrits de préparation de cours de J.-B.-J. Chicoisneau.— ASSM, 11, 47–49 ; 24, Dossier 6 ; 25, Dossier 1 ; 49.— Olivier Maurault, « Galerie de portraits des supérieurs du collège de Montréal », Cahiers des Dix, 25 (1960) : 191–217.— N.-E. Dionne, Les ecclésiastiques et les royalistes français réfugiés au Canada à l’époque de la révolution, 1791–1802 (Québec, 1905).— [É.-M. Faillon], Vie de Mme d’Youville, fondatrice des Sœurs de la charité de Villemarie dans l’île de Montréal, en Canada (Villemarie [Montréal], 1852).— J. W. Ruane, The beginnings of the Society of StSulpice in the United States (1791–1829) (Baltimore, Md., 1935).

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Bruno Harel, « CHICOISNEAU, JEAN-BAPTISTE-JACQUES », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 5, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 17 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/chicoisneau_jean_baptiste_jacques_5F.html.

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Auteur de l'article:    Bruno Harel
Titre de l'article:    CHICOISNEAU, JEAN-BAPTISTE-JACQUES
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 5
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1983
Année de la révision:    1983
Date de consultation:    17 déc. 2024