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CHABOILLEZ, CHARLES-JEAN-BAPTISTE (il signait Charles), trafiquant et marchand de fourrures, officier de milice, né le 9 juillet 1736 à Michillimakinac (Mackinaw City, Michigan), fils aîné de Charles Chaboillez, voyageur et trafiquant de fourrures, et de Marie-Anne Chevalier ; le 27 octobre 1769, il épousa à Montréal Marguerite Larcheveque, âgée de 20 ans, fille de Jacques Larchevêque, dit La Promenade, négociant, et de Jeanne Godet, et ils eurent neuf enfants dont cinq seulement lui survécurent ; décédé le 25 septembre 1808 à Montréal et inhumé deux jours plus tard dans la même ville.
Charles-Jean-Baptiste Chaboillez concentra son activité commerciale sur Michillimakinac, le sud du lac Supérieur et le Mississippi. Ses affaires connurent d’abord beaucoup de succès. Après la mort de son père en 1757, sa mère s’établit à Montréal, où, le 1er septembre 1763, elle acheta pour la somme de 9 000# une spacieuse maison située rue Saint-Paul. Pendant les deux décennies suivantes, Chaboillez et ses frères participèrent activement à la traite. Selon une quittance de 1768, Chaboillez avait expédié des pelleteries à sa mère et à son frère Pierre-Louis, à Montréal, en 1765. À part ce maigre indice, les documents consultés ne permettent pas d’établir clairement leurs relations commerciales.
Les affaires de Chaboillez étaient alors prospères. Lorsqu’il se maria en 1769, sa fortune déclarée au contrat s’élevait à 30 000# en argent comptant. Son épouse apportait à la communauté 40 000# en emplacement et maison, meubles, argenterie et argent comptant. L’année suivante, un investissement de £2 550 dans la traite le classa au premier rang des investisseurs canadiens.
Les déplacements de Chaboillez durant les 30 années suivantes ne peuvent tous être établis. Cependant, la documentation retrouvée permet d’en retracer les grandes lignes. Jusque vers 1780, il hivernait autour de Grand Portage (près de Grand Portage, Minnesota) et de la « Grande Riviere », puis passait l’été à Montréal. Par la suite, il semble que l’ordre soit inversé : l’hiver à Montréal, l’été en voyage de traite. En mai 1793, il fit de sa femme sa procuratrice, et, par la suite, on le retrouve de moins en moins à Montréal. Il était absent à la mort de sa femme, le 29 avril 1798, et durant la période du règlement de la succession. En 1802, il fut nommé garde-magasin pour le département des Affaires indiennes à l’île St Joseph, dans le Haut-Canada, où il se trouvait lorsque sa fille Marie-Charlotte-Domitille mourut en octobre 1805. John Askin fils le remplaça à l’été de 1807. Il revint alors à Montréal, où il mourut l’année suivante.
L’activité de Chaboillez jusqu’en 1802 n’est que partiellement connue. Il comptait parmi les clients de Jean Orillat*, marchand de Montréal. En 1778, après avoir passé l’hiver dans les environs de Grand Portage, il fut approvisionné par John Askin, de Michillimakinac, sous les directives de sa femme, son agent de Montréal. Il entretenait des relations commerciales avec Benjamin Frobisher* qui se porta caution pour lui en 1778, puis en 1783. Cette année-là, Frobisher et Chaboillez garantirent une expédition de £3 500 que Benjamin et son frère Joseph envoyèrent à Grand Portage. En 1785, Frobisher et Chaboillez financèrent l’envoi au lac Supérieur de deux canots équipés par ce dernier. C’est au cours de cette année qu’il s’associa à d’autres équipeurs de Montréal et à des trafiquants de Michillimakinac, dont Étienne-Charles Campion*, pour former la General Company of Lake Superior and the South. Le but de cette société, connue aussi sous le nom de General Society, était de faire, pendant trois ans, le commerce des fourrures dans la région du haut Mississippi. Au cours de l’hiver de 1792–1793, Chaboillez était associé à George Edme Young, et ils engagèrent 42 hommes pour Michillimakinac (Mackinac Island, Michigan) et le Mississippi. Il est possible que l’engagement de 29 hommes en 1791–1792, par Young, marque le début de cette association.
Les autres occupations de Chaboillez se partageaient entre Montréal et Michillimakinac. Il avait acquis des terres dans la région montréalaise, dont une sur la côte de Liesse, dans l’île de Montréal, et une autre dans la seigneurie de Châteauguay, toutes deux achetées en 1779. Il possédait aussi, en 1788, trois îles près du bout de l’île de Montréal ; dans l’une d’elles, l’île à l’Aigle, se trouvaient une ferme, des animaux et un équipement agricole de valeur. À Michillimakinac, en 1786, il signa une pétition adressée à Mgr Hubert*, évêque de Québec, demandant un missionnaire pour l’endroit. L’année suivante, il fut élu marguillier de la paroisse Sainte-Anne-de-Michillimakinac. En 1790, à Montréal, il signa une adresse appuyant Mgr Hubert dans le conflit qui opposait ce dernier à son coadjuteur, Charles-François Bailly* de Messein. Vers le même temps, Chaboillez fut nommé capitaine dans le 2e bataillon de milice de la ville de Montréal, puis fut promu major en 1799. Son nom n’apparaît plus sur la liste après 1802.
À la mort de Chaboillez, en 1808, sa fortune s’était évanouie : ses affaires semblent avoir périclité à partir des années 1790. En juin 1798, selon l’inventaire des biens de la communauté fait à la suite de la mort de sa femme, ses dettes atteignaient £11 435 dont £10 635 étaient dues à McTavish, Frobisher and Company et £420 à Simon McTavish lui-même. Les créances s’élevaient à £4 056 et les meubles furent vendus £658. Comme sa femme ne devait que £453, les héritiers renoncèrent à la communauté et s’en tinrent à la succession de leur mère. Lorsque McTavish, son gendre, mourut en 1804, il acquitta son beau-père de toutes dettes et lui accorda une rente annuelle de £150. Finalement, aucun testament ni inventaire des biens de Chaboillez n’ont été retrouvés, signe probable qu’il laissait peu de choses. Dans l’état actuel de la documentation, il est impossible d’expliquer cette régression. Tout au plus peut-on avancer que le point tournant se situe vers 1790.
Chaboillez occupait une place importante dans le commerce des fourrures. En 1778, dans une lettre à Benjamin Frobisher, John Askin père le disait solidement établi : « Je ne connais personne dans le commerce du nord qui soit aussi à l’aise que lui. » En avril 1786, Chaboillez signait avec McTavish, les frères Frobisher, James et Andrew McGill et les autres marchands intéressés au commerce de Michillimakinac, deux mémoires à sir John Johnson*, surintendant général des Affaires indiennes, le priant de participer à la pacification des nations amérindiennes du haut Mississippi.
Charles-Jean-Baptiste Chaboillez faisait partie de la bourgeoisie de la fourrure. Ses frères, marchands de fourrures, étaient alliés aux familles Chapoton, Nouchet et Baby-Chenneville. Sa mère était la fille du marchand de fourrures Jean-Baptiste Chevalier*. Chaboillez fut aussi membre fondateur du Beaver Club de Montréal. Son fils Charles, avec qui les historiens l’ont souvent confondu, fut le deuxième Canadien, sur quatre, à devenir partenaire de la North West Company. Ses filles Marie-Marguerite et Rachel épousèrent respectivement Simon McTavish et Roderick Mackenzie*, membres influents de cette compagnie. Une troisième, Adélaïde, se maria avec Joseph Bouchette*, arpenteur général des deux Canadas.
Il existe un portrait de Charles-Jean-Baptiste Chaboillez au musée McCord. Une reproduction photographique de ce tableau paraît dans l’ouvrage de David A. Armour et Keith R. Widder, At the crossroads : Michilimackinac during the American revolution (Mackinac Island, Mich., 1978), 75.
ANQ-M, CE1-51, 27 oct. 1769, 30 avril 1775, 13 sept. 1786, 4 juill. 1797, 2 mai 1798, 15 juill., 27 sept. 1808 ; CN1-29, 20, 25–27 juin, 24 déc. 1798 ; CN1-74, 31 mars, 8 nov. 1788, 29 janv. 1790, 29 déc. 1791, 27 déc. 1792, 4 mai, 21 oct. 1793, 5 août 1794, 15 sept. 1799 ; CN1-121, 1er oct. 1793 ; CN1-290, 31 mai 1768, 13 janv. 1770 ; CN1-308, 1er sept. 1763, 25 oct. 1769 ; CN1-309, répertoire.— ANQ-Q, CN1-230, 28 oct. 1805.— APC, MG 19, B3 : 4 (transcriptions) ; RG 4, B28, 115.— Docs. relating to NWC (Wallace), 134–143, 432.— John Askin papers (Quaife), 1 : 52, 55, 91, 94–96, 98, 112, 115, 118, 123, 128–130, 133s., 146s., 150s., 153s., 156s., 162 ; 2 : 398, 534, 545, 553s.— J.-B. Perrault, Jean-Baptiste Perrault, marchand voyageur parti de Montréal le 28e de mai 1783, L.-P. Cormier, édit. ([Montréal], 1978), 55s.— « Requête des voyageurs de Michillimakinac en 1786 », Henri Têtu, édit., BRH, 10 (1904) : 66–68.— John Tanner, A narrative of the captivity and adventures of John Tanner [...], Edwin James, édit. (Minneapolis, Minn., 1956), 19, 51.— Wis., State Hist. Soc., Coll., 12 (1892) : 76–82, 92 ; 18 (1908) : 254s., 486–488, 494, 500, 511 ; 19 (1910) : 4, 6s., 9, 11, 13, 17, 31, 34, 38, 154, 160s., 239s., 243–245.— La Gazette de Québec, 16 juin, 3 nov. 1785, 11 oct. 1787, 7 août 1788, 27 mai 1790.— Almanach de Québec, 1791 : 50 ; 1800 : 111 ; 1801 : 110 ; 1805 : 74s.— J.-J. Lefebvre, « Répertoire des engagements pour l’Ouest [...] », ANQ Rapport, 1946–1947 : 303–369.— Massicotte, « Répertoire des engagements pour l’Ouest », ANQ Rapport, 1932–1933 : 245–304 ; 1942–1943 : 261–397.— A.-G. Morice, Dictionnaire historique des Canadiens et des Métis français de l’Ouest (2e éd., Québec, 1912), 61s.— Wallace, Macmillan dict.— M. W. Campbell, NWC (1957), 20, 76s., 143.— Davidson, NWC, 14, 16, 23–25.— Innis, Fur trade in Canada (1956), 195s.— Miquelon, « Baby family », 182–195.— L. J. Burpee, « The Beaver Club », SHC Report, 1924 : 73–92.— J. E. Igartua, « The merchants of Montreal at the conquest : socio-economic profile », HS, 8 (1975) : 290.— É.-Z. Massicotte, « Le Beaver Club », BRH, 36 (1930) : 323–327 ; « Les Chaboillez », BRH, 28 (1922) : 184–188, 207–209, 241s., 274–276, 311–313, 325–332, 355–359.
Gratien Allaire, « CHABOILLEZ, CHARLES-JEAN-BAPTISTE (Charles) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 5, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 20 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/chaboillez_charles_jean_baptiste_5F.html.
Permalien: | https://www.biographi.ca/fr/bio/chaboillez_charles_jean_baptiste_5F.html |
Auteur de l'article: | Gratien Allaire |
Titre de l'article: | CHABOILLEZ, CHARLES-JEAN-BAPTISTE (Charles) |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 5 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1983 |
Année de la révision: | 2018 |
Date de consultation: | 20 déc. 2024 |