CALDWELL, sir JOHN, avocat, homme politique, fonctionnaire, homme d’affaires et seigneur, baptisé le 25 février 1775 à Québec, fils unique de Henry Caldwell* et d’Ann Hamilton ; le 21 août 1800, il épousa à Québec Jane Davidson, et ils eurent deux fils et une fille ; décédé le 26 octobre 1842 à Boston.

C’est au manoir de Belmont, près de Québec, que John Caldwell passa son enfance. Ce domaine comptait parmi les propriétés que son père avait louées du lieutenant général James Murray* en 1774 et qu’il allait acheter en 1801. En plus de la gestion de ses nombreux fiefs, de ses activités commerciales et de son poste de conseiller législatif, Henry Caldwell remplissait depuis 1794 la charge de receveur général. Le 29 janvier 1799, il décida de donner procuration à son fils pour administrer tous ses biens et toutes ses affaires. Aussi John Caldwell n’exerça-t-il jamais la profession d’avocat, bien qu’il ait reçu sa commission le 20 juin 1798, après avoir bénéficié d’une éducation soignée sous l’égide d’Alexander Spark*.

En 1800, Caldwell fit son entrée en politique après que les habitants de la seigneurie de Lauzon, que son père avait également louée pour 99 ans, l’eurent incité à briguer un siège à la chambre d’Assemblée du Bas-Canada. Il se présenta cette année-là dans la circonscription de Dorchester et fut élu avec Jean-Thomas Taschereau*. Il demeura député jusqu’aux élections de 1809, au cours desquelles certaines irrégularités se produisirent à ses dépens. En effet, le directeur du scrutin, Jean-Baptiste Demers, qui sympathisait avec le parti canadien et les adversaires de Caldwell, déclara Taschereau et Pierre Langlois élus avant l’heure fixée pour la fermeture des bureaux de vote. Peu de temps après la reprise des débats en chambre en janvier 1810, Caldwell et ses partisans protestèrent contre la conduite de Demers et réclamèrent l’invalidation de l’élection. On rejeta d’abord cette requête, puis on la reconsidéra ; il fut résolu qu’on procéderait le 10 mars suivant à la vérification du mandat des députés élus. Mais le gouverneur sir James Henry Craig* prorogea le Parlement le 1er mars et de ce fait annula la prescription. Aux élections qui suivirent, Caldwell l’emporta sur Taschereau, mais par 51 voix seulement. Après une dizaine d’années passées à la chambre, il quitta son siège le 15 décembre 1811. Son rôle n’y avait pas été considérable : il s’était davantage fait remarquer par ses absences répétées que par ses interventions. Il donnait généralement son appui aux « partisans du château », mais n’en conservait pas moins une certaine indépendance d’esprit. Ainsi avait-il témoigné en faveur de l’inéligibilité des juges à devenir députés, en faisant ressortir les difficultés qui pouvaient surgir de l’exercice simultané de ces deux fonctions. Appelé au Conseil législatif en 1811, Caldwell y siégea jusqu’en 1838.

À la mort de son père, en mai 1810, Caldwell était entré en possession de tous les biens de ce dernier, sauf quelques exceptions comme la seigneurie de Lauzon, léguée à son fils Henry John. On n’avait alors trouvé qu’un testament olographe sans date ni signature, et le seul autre testament datait de 1799, au moment où la mère de Caldwell vivait encore. Comme son fils n’avait que neuf ans, Caldwell, déjà propriétaire de Belmont et titulaire des seigneuries de Gaspé et de Foucault, continua d’administrer la seigneurie de Lauzon. Il avait acquis en 1803 celle de Saint-Étienne.

Les descriptions des propriétés de Caldwell qu’a faites Joseph Bouchette dans son ouvrage paru en 1815 donnent une idée du stade de leur développement. Si l’arpenteur général s’attarde peu sur Foucault, Gaspé et Saint-Étienne, plus riches en bois qu’en hommes, il insiste par contre sur les avantages qu’offre la seigneurie de Lauzon. Située près de Québec, elle possède des sols de qualité et le bois de construction y est abondant. Traversée de nombreuses rivières, elle compte trois moulins à grain et plusieurs scieries. Favorisé par le contexte économique et fort d’un domaine aux ressources tout autant prisées que diversifiées, Caldwell n’avait pas attendu la mort de son père pour mettre en valeur et aménager la seigneurie dont il avait alors la gérance. Il avait mis à profit ses talents d’ingénieur et n’avait pas hésité à détourner quelques rivières afin d’améliorer le rendement des moulins. Son père avait acheté la seigneurie en 1801 et, quelques années plus tard, les deux hommes avaient institué de nouvelles normes de concession. Soucieux de rentabiliser et de préserver leurs avoirs, ils avaient augmenté les rentes et, plus encore, ajouté aux clauses des précédents contrats une série de restrictions concernant la construction des moulins. Ils n’avaient cependant pas agi différemment des autres seigneurs.

Tout en se réservant les meilleurs emplacements, Caldwell cherchait également à assurer l’approvisionnement de ses scieries. À titre d’exemple, en 1826, il accorda à Pierre Lambert l’arrière-fief Saint-Félix, dans la seigneurie de Gaspé, mais conserva tous les droits sur l’exploitation des bois de pin et d’épinette qui pouvaient s’y trouver. Dix ans auparavant, il avait présenté à lord Bathurst un mémoire dans lequel il demandait un changement de tenure pour les seigneuries de Gaspé et Saint-Étienne. Cette mesure devait favoriser la venue d’immigrants britanniques peu enclins à s’installer en territoire seigneurial. On avait finalement rejeté la requête mais, s’il en avait été autrement, Caldwell se serait retrouvé détenteur en toute propriété de 40 000 arpents dont 4 000 seulement étaient déboisés.

Il fallait davantage qu’un refus pour que Caldwell mette un frein à ses initiatives. Son père, en édifiant des moulins à farine et des scieries à l’embouchure de l’Etchemin, y avait en quelque sorte généré la formation d’un village. Cette réalisation séduisait John qui travaillait dans le même sens. Dès 1804, usant alors de son droit de retrait, il avait commencé d’acquérir des terrains sur la rive du fleuve, à l’emplacement de l’actuel quartier Notre-Dame, à Lévis. Il poursuivit ses transactions et, en 1818, en l’espace de deux mois, il obtint toute l’étendue qui domine la falaise. On nomma l’endroit ville d’Aubigny. Caldwell divisa ensuite ce magnifique domaine en lots à bâtir avec des terrains réservés à un marché public et à un parc, puis il fit construire un hôtel et un temple épiscopalien. Les résidants fortunés de Québec y avaient leur maison d’été. Néanmoins, l’agglomération ne crût jamais comme l’avait espéré Caldwell et, à l’époque de Bouchette, elle ne comptait qu’une quarantaine d’habitations. Selon l’arpenteur, le seigneur exigeait des redevances beaucoup trop élevées.

Le 19 novembre 1808, Caldwell avait été nommé receveur général intérimaire à la demande de son père qui délaissait de plus en plus ses activités, mais ce n’est que le 6 juin 1810 que le poste lui échut officiellement. À titre de receveur général, il ne gagnait que £400 par an, salaire bien insuffisant à ses yeux compte tenu de l’ampleur de sa charge. Ses projets et le train de vie qu’il menait nécessitaient des mises de fonds importantes. En 1817, Caldwell vendit donc son domaine de Belmont à James Irvine* pour la somme de £4 000, et partagea ensuite son temps entre sa résidence de Québec et son manoir seigneurial à Pointe-Lévy (Lauzon et Lévis).

Caldwell pouvait aussi compter sur les montants qu’il retirait du commerce du bois et de la farine. Il était associé à son beau-frère John Davidson qui depuis 1811 agissait à titre de chargé d’affaires et de procureur du seigneur de Lauzon. La maison Caldwell and Davidson se spécialisait dans la préparation du bois de construction. Caldwell s’approvisionnait dans le Haut-Canada, mais surtout à même les réserves dont il disposait dans ses seigneuries. Il engageait ses censitaires pour couper le bois et l’amener à ses moulins, où il était débité en planches. Toutes les installations nécessaires à l’embarquement de la marchandise se trouvaient à proximité.

À l’instar d’autres marchands de bois de Québec, Caldwell et Davidson se lancèrent dans la construction navale. Le 28 septembre 1816, ils formèrent une société avec Hiran Nicholas, négociant de Montréal, François Languedoc, John White et John Goudie*, de Québec, et Richard Lilliot, marchand de la Pointe-Lévy. La compagnie devait mettre en circulation entre les deux rives du fleuve un bateau à vapeur pour assurer le transport des personnes et des marchandises. Chaque associé avait droit à une action, et le rôle de Caldwell dans l’entreprise consistait à importer de Grande-Bretagne l’engin et tout l’appareillage nécessaire, puis à faire construire un quai d’embarquement. C’est en 1818 que le Lauzon entra en service. Le 28 septembre 1816, les deux hommes s’étaient associés également à Robert Armour*, George Davis (Davies) et James Macdowall, négociants de Montréal, et à White, Languedoc, Robert Melvin, François Bélanger et Goudie pour former la Quebec Steamboat Company, dont l’objectif était de faire naviguer un vapeur entre Québec et Montréal. Caldwell et Davidson détenaient conjointement l’une des sept actions, et le seigneur de Lauzon devait fournir le même gréement que dans le premier cas.

En 1820, désireux de préparer la relève, Caldwell et Davidson s’adjoignirent, par un acte de société passé le 27 octobre, leur fils respectif, Henry John et John, dans l’exploitation du moulin à farine de Saint-Nicolas. Mais les événements se chargèrent de contrecarrer ce projet. Caldwell avait beau tirer profit de l’exportation des farines et du négoce du bois, ses dépenses pour Aubigny, les moulins qu’il érigeait et les acquisitions de terrains qu’il ne cessait de faire surpassaient les revenus qu’il pouvait escompter. Sa position, comme celle de tous les marchands de bois, restait précaire et soumise aux jeux de la politique protectionniste de la métropole. Que le receveur général mène un si grand train de vie semait quelques doutes au sein de la chambre d’Assemblée quant à l’utilisation qu’il pouvait faire des fonds publics. À partir de 1815, l’Assemblée réclama de connaître ses comptes et la véritable situation financière de la province. Même si Caldwell jouissait d’amis sûrs au sein de l’administration, le scandale éclata en 1823.

Dans l’exercice de ses fonctions, le receveur général relevait directement du gouvernement impérial. Il avait le plein pouvoir de lever et de recevoir les droits, les impôts et autres revenus payables dans la province qui devaient servir aux dépenses de l’administration de la justice et au soutien du gouvernement civil. Ses appointements étaient minimes mais le receveur général pouvait disposer, à des fins personnelles, des fonds dont il se trouvait le dépositaire, à condition d’en rendre compte sur demande. Caldwell avait largement usé de ce privilège, à tel point qu’il ne put payer les dépenses prévues dans la liste civile le 1er mai 1822. Afin de couvrir son insolvabilité, lord Dalhousie [Ramsay] prit £30 000 à même la caisse militaire. Il voulut recouvrer son emprunt et, en janvier 1823, s’adressa à la chambre à cette fin. Celle-ci, puisqu’elle considérait qu’il s’agissait d’une faveur personnelle accordée à Caldwell et estimait qu’il devait avoir plus de £100 000 à sa disposition, ne donna pas suite à la réclamation du gouverneur et vota les subsides comme s’il n’y avait eu aucun déficit. La situation devenait embarrassante pour Dalhousie. Il soumit alors l’affaire au Conseil exécutif qui interrogea Caldwell. Pas plus que l’année précédente, ce dernier ne pouvait honorer ses obligations. Le conseil déclara donc qu’il fallait en référer aux ministres de Sa Majesté et que le mieux consistait à retarder le paiement des dépenses courantes jusqu’en juillet et celui des subsides jusqu’en novembre ou décembre. Ce délai donnait le temps de connaître la position de la couronne et peut-être permettrait-il à Caldwell de renflouer sa caisse.

Dalhousie dépêcha Davidson en Angleterre pour exposer les faits, défendre son attitude à titre de gouverneur ainsi que les prétentions de Caldwell. Celui-ci, pour sa part, essayait tant bien que mal d’obtenir quelques fonds en vue de rembourser ses dettes les plus pressantes. Afin d’y parvenir, il se départit des actions qu’il possédait dans le Lauzon et dans la Quebec Steamboat Company. Il engagea également tous les arrérages que devaient les censitaires de Lauzon et le prix de vente de l’hôtel Lauzon. Il signa une promesse de vente pour la seigneurie Foucault à Robert Christie* et reçut de ce dernier un acompte de £2 000.

Entre-temps, Dalhousie se préparait à affronter la chambre sur cet épineux dossier qui mettait en cause près de £100 000 et, plus encore, tout le fonctionnement de l’administration coloniale. Or, la chambre d’Assemblée s’était plainte à plus d’une reprise de ne pas exercer de contrôle suffisant sur les revenus publics. Cette affaire lui fournissait nombre d’arguments pour étayer son point de vue, à commencer par la connivence du gouverneur. Soutenu par l’exécutif et pressé d’agir, Dalhousie nomma d’abord deux contrôleurs pour assister Caldwell puis, quelques jours avant l’ouverture de la session le 25 novembre 1823, démit le receveur général de ses fonctions. Informée des faits, l’Assemblée, quant à elle, vota la formation d’un comité, présidé par Austin Cuvillier, pour étudier la situation. On convoqua Caldwell devant ce comité et on l’interrogea sur l’organisation du bureau du receveur général et sur les mesures qu’il entendait prendre pour éponger son déficit. Il proposa, entre autres, de vendre sa maison de la basse ville de Québec, les seigneuries de Gaspé, Saint-Étienne et Foucault, environ 50 acres de terre en banlieue de Québec et quelque 40 000 autres dans divers cantons. Dans son rapport, le comité s’attarda peu aux modalités qu’avait suggérées Caldwell mais insista davantage sur les doléances de la chambre face à l’administration coloniale. Dans le message envoyé à Londres, l’Assemblée, sous prétexte que le receveur général relevait directement de la métropole, se disait d’avis qu’il incombait à cette dernière de rembourser à la province les deniers qu’elle avait perdus.

Caldwell, de son côté, voulait à tout prix réintégrer son office. Davidson se rendit en Angleterre pour plaider encore une fois la cause de son associé et présenter aux lords de la Trésorerie les mesures que celui-ci envisageait de prendre pour effacer sa dette. On refusa la réintégration de Caldwell à son poste soi-disant parce qu’il ne présentait pas de garanties suffisantes. Les poursuites judiciaires débutèrent : le 13 juin 1825, deux plaintes furent portées devant la Cour du banc du roi à Québec. La première impliquait Caldwell personnellement et visait le recouvrement des sommes qu’il aurait dû payer le 17 novembre 1823, soit un peu plus de £219 000, avec les intérêts. La seconde le concernait à titre d’héritier de son père et portait sur un montant de près de £40 000 que devait ce dernier à sa mort. Caldwell s’opposa aux deux poursuites mais, le 20 octobre suivant, la cour le condamnait à payer plus de £96 000. Il proposa alors à Dalhousie un mode de remboursement semblable à celui qu’il avait exposé devant le comité de la chambre d’Assemblée. Il insista cependant pour demeurer propriétaire de Lauzon en échange du versement d’une rente annuelle de £2 000. Le gouverneur soumit ces propositions au Conseil exécutif, qui suggéra d’attendre les ordres de la Trésorerie. Tous ces atermoiements, l’attitude de Caldwell, qui tantôt se montrait conciliant, tantôt rejetait les accusations portées contre lui et refusait obstinément de se départir de la seigneurie de Lauzon, indisposaient grandement l’Assemblée. Celle-ci se rendait bien compte qu’il jouissait d’appuis de part et d’autre de l’Atlantique.

Malgré les relations de Caldwell et tous ses efforts, la seigneurie de Lauzon devait être mise en vente le 27 août 1826. Henry John Caldwell s’objecta à la vente sous prétexte que son grand-père lui avait légué cette seigneurie et qu’elle ne pouvait donc servir à éponger le déficit de son père. Mais le testament écrit de la main de Henry Caldwell n’était ni signé ni daté, et la Cour du banc du roi décréta en juin 1827 qu’il n’était pas valide. La cause fut donc portée en appel et, le 30 juillet 1828, un arrêt maintint le jugement. Henry John Caldwell décida d’en appeler au Conseil privé. En attendant l’ultime décision, son père demanda à la Trésorerie qu’on le considère comme locataire de Lauzon pour une période de cinq à sept ans et non plus sur une base annuelle, mais on rejeta sa requête.

Le 21 septembre 1829, on procéda à la vente des autres propriétés de Caldwell. Moses Hart* acheta la seigneurie de Gaspé, George Pozer celle de Saint-Étienne et John Anthony Donegani*, la seigneurie Foucault. Thomas Scott se porta acquéreur des terrains de Sainte-Foy, et la propriété de la basse ville revint à John Jones. Pendant ce temps, Caldwell ne resta pas inactif et continua, jusqu’en 1835, de concéder des terres. Dans sa situation, il se montrait très empressé à percevoir les rentes et les arrérages qui lui étaient dus. Afin de satisfaire ses créanciers, il cédait là un lopin de terre, ailleurs le droit de construire un moulin, toujours contre compensation financière. Toutefois, il prenait soin de concéder les plus beaux coins de la seigneurie de Lauzon à ses enfants. Pour protéger le plus possible ses sources de revenus, il loua même le moulin banal pour 20 ans à son beau-frère Davidson. Il continua aussi de s’adonner au commerce du bois. Au Conseil législatif, l’ancien receveur général, qui en 1830 avait hérité d’un cousin le titre de baronnet, bénéficiait toujours de la confiance de ses pairs, et lord Aylmer [Whitworth-Aylmer] n’hésita pas à le nommer président intérimaire en 1831.

En janvier 1834, comme le Conseil privé n’avait pas encore donné son avis, l’Assemblée voulut rouvrir le débat et savoir où en étaient les choses. On forma alors un comité de cinq membres, lequel présenta un bilan de la situation et en souligna les irrégularités. On se demandait, entre autres, pourquoi Caldwell n’aurait pas à payer d’intérêts sur le montant reconnu de sa défalcation ? Finalement, la chambre exigea soit le remboursement par la métropole des sommes dues à la province, soit la saisie des biens qui restaient au seigneur de Lauzon.

Ce fameux scandale trouva écho dans les Quatre-vingt-douze Résolutions, votées le 21 février 1834, d’abord à la trente-quatrième, où l’on retrouve un portrait de Caldwell, puis à la quatre-vingt-quatrième, qui donne comme l’un des griefs de l’Assemblée « le refus du gouvernement de Sa Majesté, de rembourser à la province, le montant de la défalcation du ci-devant receveur-général ». En juin de la même année, le Conseil privé confirmait le jugement de la Cour d’appel.

Dépité, Caldwell qui n’arrivait même pas à payer la rente exigée pour la seigneurie de Lauzon voulut, en 1836, démissionner de son poste de conseiller législatif. Il était alors retiré à Boston. Comme les membres du conseil étaient nommés à vie et qu’il n’y avait aucun précédent, on refusa sa démission. Cette année-là, la chambre ordonna la formation d’un nouveau comité chargé d’étudier les modalités de la vente de la seigneurie de Lauzon ainsi que la proposition de Caldwell de la céder au gouvernement en échange de l’extinction complète de sa dette, plutôt que de la mettre aux enchères. Toutefois, la majorité de l’Assemblée était d’avis qu’il s’avérait plus avantageux de procéder à une vente publique. Mais avec les événements de 1837–1838 le débat tourna court.

L’affaire Caldwell rebondit au Conseil spécial en 1840. L’ancien receveur général devait encore à la province quelque £78 675. Sir John Caldwell ne vécut pas assez longtemps pour apprendre la décision des autorités. Un projet de loi, adopté un an après sa mort, ordonna la vente de la seigneurie de Lauzon par le shérif du district de Québec. Le gouvernement s’en porta acquéreur le 17 mars 1845 au coût de £40 500. Il avait fallu plus de 20 ans de procès, de manœuvres, de délais et de débats passionnés avant que l’affaire connaisse son dénouement. Ces événements témoignent bien sûr de l’ambition d’un homme, John Caldwell, mais ils reflètent aussi toutes les tensions qui animèrent le Bas-Canada jusqu’à l’Union.

Andrée Héroux

ANQ-Q, CE1-61, 25 févr. 1775, 21 août 1800 ; CN1-49, 2 juill. 1824, 22 déc. 1830 ; CN1-116, 23 oct. 1818, 31 août 1826, 28–29 mai 1831, 30 mars, 1er août 1832 ; CN1-178, 2 févr. 1801, 10 mai 1814 ; CN1-208, 22 avril, 13 oct., 7 nov. 1823, 1er oct. 1824, 22 mars 1825, 11 avril 1827, 19 avril, 31 oct. 1829, 17 déc. 1830, 12 avril 1832, 12, 24 sept. 1834, 17 déc. 1836, 24 sept. 1840 ; CN1-230, 9 janv. 1817, 13 mars 1823 ; CN1-262, 29 janv. 1799, 9, 21 oct. 1811, 28 sept. 1816, 18–19, 31 août, 4, 8, 14, 17, 19 sept., 23 oct. 1818, 12 nov. 1825, 21 janv. 1828, 20 janv. 1843, 8 mai 1846.— B.-C., chambre d’Assemblée, Journaux, 1802 : 213 ; 1803 : 171, 173, 177 ; 1810 : 131, 151–157, 195 ; 1815 : 342, 344, 346, 434, 436, 494 ; 1820–1821 : 87, 107, 160–161, 280 ; 1823 : 45, app. H ; 1823–1824 : 23, 55, 107, 197, 230, app. E, L, S ; 1825, app. O ; 1826 : 25, 59, 78 ; 1827 : 23, 42, 95, 153, 187, 294 ; 1828–1829 : 212, 226, 320, 322, 346, 349–351 ; 1832–1833 : 191 ; 1834 : 26, 31, 147, 194, 264, 482, app. CC ; 1835–1836 : 366, 526–527, 604, 633, 645, 648 ; Conseil législatif, Journaux, 1835 : 22–23 ; 18351836 : 114, 216 ; Conseil spécial, Journaux, 1840–1841, app. A.— Canada, prov. du, Conseil législatif, Journaux, 1843 : 12, 29, 32–33, 62, 130 ; Statuts, 1843, chap. 26.— Doc. relatifs à l’hist. constitutionnelle, 1791–1818 (Doughty et McArthur), 495–506 ; 1819–1828 (Doughty et Story), 90–91, 188–203, 316, 324–339, 454–468, 482–486.— Quebec Gazette, 19 avril 1810, 1er avril 1813, 19 déc. 1825, 31 oct. 1842, 17 mars 1845.— Almanach de Québec, 1799 ; 1830 ; 1831. Bouchette, Description topographique du B.-C.— P.-G. Roy, les Avocats de la région de Québec ; Inv. concessions. Turcotte, le Conseil législatif. Christie, Hist. of L.C. (1866), 3. J.-E. Roy, Hist. de Lauzon, 3–5. D. T. Ruddell, « Quebec City, 1765–1831 : the evolution of a colonial town » (thèse de d. ès l., univ. Laval, 1981). P.-G. Roy, « le Testament de l’honorable Henry Caldwell », BRH, 29 (1923) : 202–204.

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Andrée Héroux, « CALDWELL, sir JOHN », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 21 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/caldwell_john_7F.html.

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Auteur de l'article:    Andrée Héroux
Titre de l'article:    CALDWELL, sir JOHN
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1988
Année de la révision:    1988
Date de consultation:    21 déc. 2024