IRVINE, JAMES, commerçant, juge de paix, officier de milice, fonctionnaire et homme politique, né en 1766 en Angleterre, fils d’Adam Irvine et d’Elizabeth Irvine ; le 13 juillet 1801, il épousa à Québec Ann Pyke, fille aînée de John George Pyke, de Halifax, et ils eurent deux fils dont l’un mourut en bas âge ; décédé le 27 septembre 1829 à Québec.
James Irvine appartenait à la petite colonie écossaise qui résidait à Québec à la fin du xviiie siècle. Son père était venu s’y installer peu après la Conquête et il mourut accidentellement en 1776. À l’instar de plusieurs compatriotes, James Irvine se lança dans les affaires et s’associa à John Munro pour faire le commerce de détail. La Munro and Irvine fut dissoute par consentement mutuel en octobre 1797 et, tandis que Munro poursuivait son activité commerciale, Irvine passa en Angleterre. C’est probablement après son retour à Québec, au printemps suivant, qu’il s’associa à John McNaught pour former l’Irvine, McNaught and Company, firme spécialisée dans le commerce d’import-export qui tenait ses bureaux rue Saint-Pierre, dans la basse ville. En 1809, James Leslie* devint associé dans cette compagnie.
L’Irvine, McNaught and Company compta parmi les pétitionnaires qui demandèrent l’abrogation de la fameuse loi prévoyant la construction d’une prison dans les districts de Québec et de Montréal en 1805. Cette opposition, symbole de la lutte pour la suprématie dans le Bas-Canada entre les deux groupes ethniques, confirmait l’existence d’une classe d’hommes d’affaires bien déterminée à prendre ses intérêts en main et à faire entendre ses revendications jusqu’en Angleterre. La création du Committee of Trade de Québec, en 1809, n’est pas étrangère à cet état d’esprit. Irvine fut président du comité de 1809 à 1822 et, tout comme les autres membres, il était lié à différents secteurs de l’économie bas-canadienne. Le Committee of Trade collaborait d’ailleurs avec plusieurs services gouvernementaux.
De 1805 à 1812, Irvine occupa le poste de gardien à la Maison de la Trinité de Québec. À ce titre, il devait veiller notamment au mouillage des bâtiments, à la construction des quais et des phares, ainsi qu’à l’entretien de la voie maritime. Il pouvait aussi faire des règlements concernant la sécurité navale et recommander l’admission des pilotes. Le 15 août 1808, le gouverneur sir James Henry Craig* recommanda Irvine au secrétaire d’État à la Guerre et aux Colonies, lord Castlereagh afin qu’il fasse partie du Conseil exécutif. Il voyait en lui un marchand de haute respectabilité, mais surtout un homme d’affaires averti. Irvine fut membre du 17 novembre 1808 jusqu’à ce qu’il démissionne en 1822. En juin 1809, il sollicita l’appui des électeurs de la circonscription de la Basse-Ville de Québec pour obtenir un siège de député à la chambre d’Assemblée. Après une élection vivement contestée, il fut défait par Pierre-Stanislas Bédard et John Jones*. Cependant, il brigua de nouveau les suffrages en 1810, cette fois dans la circonscription de la Haute-Ville, où il remporta la victoire ; il siégea jusqu’au 22 mars 1814. Il acheva sa carrière politique en tant que conseiller législatif, poste qu’il occupa du 20 février 1818 jusqu’à sa mort.
En 1797, Irvine fut membre du jury de la Cour du banc du roi de Québec qui prononça un verdict de culpabilité à l’endroit de David McLane*, accusé de complot révolutionnaire. Irvine gravita aussi dans le cercle étroit des bénéficiaires du favoritisme de l’État. Entre 1799 et 1828, il occupa les postes de juge de paix des districts de Québec, de Montréal, de Gaspé, de Trois-Rivières et de Saint-François. En 1809, il fut nommé commissaire chargé de faire prêter le serment aux députés. Neuf ans plus tard, il fit partie du conseil d’administration de l’Institution royale pour l’avancement des sciences. En 1822, en l’absence des juges en chef de Montréal et de Québec, il devint président de la Cour, qui était formée des membres du Conseil exécutif. Enfin, en 1824, il fut nommé arbitre du Bas-Canada pour régler les droits entre le Haut et le Bas-Canada.
Irvine fit aussi partie de la Société du feu de Québec dont il occupa la fonction de trésorier en 1800, puis celle de président en 1807. Membre de la Société d’agriculture du district de Québec, il en devint président en 1817. Irvine servit également dans la milice. De lieutenant qu’il était, il fut promu capitaine du 3e bataillon de milice de la ville de Québec le 18 mars 1812, puis muté dans le bataillon de milice de l’île d’Orléans en mars 1813. Il se retira en 1822 avec le grade de lieutenant-colonel.
Irvine possédait plusieurs terrains et propriétés tant dans la haute ville que dans la basse ville de Québec. Il était notamment propriétaire de plusieurs lots situés entre la rue Saint-Pierre et le fleuve, de terrains dans la rue Sainte-Ursule et d’une maison rue Saint-Louis. Il habitait un domaine à Sainte-Foy qu’il avait baptisé Belmont House.
James Irvine mourut le 27 septembre 1829. Sa veuve lui survécut jusqu’en juillet 1847. La carrière de son fils John George fut tout aussi bien remplie que la sienne.
ANQ-Q, CE1-61, 13 juill. 1801, 9 avril 1818, 1er oct. 1829.— APC, MG 30, D1, 16 : 342 ; RG 68, General index, 1651–1841.— La Gazette de Québec, 4 févr. 1790, 28 mars 1793, 3 août, 5, 12 oct. 1797, 10 avril 1800, 29 mars 1804, 12 déc. 1805, 5 févr. 1807, 6 avril, 18 mai, 8, 22 juin, 26 oct. 1809, 5, 26 avril, 3 mai 1810, 19 mars, 23 juill. 1812, 8 avril, 2 sept. 1813, 29 mai 1817, 12, 29 nov. 1818, 6 janv., 27 nov. 1820.— E. H. Dahl et al., la Ville de Québec, 1800–1850 : un inventaire de cartes et plans (Ottawa, 1975).— Desjardins, Guide parl.— P.-G. Roy, Fils de Québec ; les Juges de la prov. de Québec.— Turcotte, le Conseil législatif.— André Charbonneau et al., Québec ville fortifiée, du XVIIe au XIXe siècle (Québec, 1982).— George Gale, Historic tales of old Quebec (Québec, 1923).— J. M. LeMoine, Quebec past and present, a history of Quebec, 1608–1876 (Québec, 1876) ; Picturesque Quebec : a sequel to Quebec past and present (Montréal, 1882).— Fernand Ouellet, Histoire de la Chambre de commerce de Québec, 1809–1959 (Québec, 1959).— Wallot, Un Québec qui bougeait.
Ginette Bernatchez, « IRVINE, JAMES », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 6, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 20 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/irvine_james_6F.html.
Permalien: | https://www.biographi.ca/fr/bio/irvine_james_6F.html |
Auteur de l'article: | Ginette Bernatchez |
Titre de l'article: | IRVINE, JAMES |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 6 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1987 |
Année de la révision: | 1987 |
Date de consultation: | 20 nov. 2024 |