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Belcourt, NapolÉon-Antoine (baptisé Louis-Antoine-Ferdinand), avocat et homme politique, né le 15 septembre 1860 à Toronto, fils de Ferdinand-Napoléon Belcourt et de Marie-Anne (Marie-Anna) Clair ; le 29 janvier 1889, il épousa à Québec Hectorine Shehyn (décédée en 1901), fille de Joseph Shehyn*, et ils eurent trois filles, puis le 19 janvier 1903, à Ottawa, Mary Margaret Haycock, et de ce second mariage naquirent trois fils, ainsi qu’une fille qui mourut en bas âge ; décédé le 7 août 1932 à sa maison de campagne au lac Blue Sea, Québec, et inhumé au cimetière Notre-Dame, à Ottawa.

Napoléon-Antoine Belcourt naquit à l’été de 1860, époque où ses parents vivaient à Toronto. Son père s’y était rendu pour occuper un poste de secrétaire-trésorier à la Compagnie de transport, de navigation et de chemin de fer du Nord-Ouest [V. Allan Macdonell*] et était plus tard entré dans la fonction publique de la province du Canada. Belcourt fréquenta le séminaire de Saint-Joseph des Trois-Rivières et l’école de droit de l’université Laval à Montréal, et obtint son diplôme avec grande distinction en 1882. Admis au Barreau de la province de Québec, il revint dans sa province natale et fut aussi admis au Barreau de l’Ontario en 1884. Au cours de la même année, il créa un cabinet à Ottawa, où il exercerait le droit le reste de sa vie. L’un des premiers partisans du chef fédéral libéral Wilfrid Laurier*, Belcourt présenta sa candidature à la Chambre des communes en 1891 dans la circonscription d’Ottawa City, mais fut défait. En 1894, il fonda à Ottawa un petit journal, le Temps, dont il demeura propriétaire et rédacteur en chef pendant quelques années. Il fut élu à la Chambre des communes à sa deuxième tentative, en 1896, et fut réélu en 1900 et en 1904. On le nomma président de la Chambre pour la dernière (quatrième) session de la neuvième législature en 1904. Vers la fin de cette année-là, après l’élection pour la dixième législature, on choisit un nouveau président. En 1907, Laurier le nomma au Sénat.

Selon son ami Charles Bruce Sissons*, Belcourt était « grand et sec, et possédait la dignité qui sied à un ancien président ». C’était aussi un homme austère et discret. « Il fut souffrant toute sa vie […] des hémorragies l’obligèrent à garder le lit, et il affronta souvent la mort », se souvint un autre ami, Raoul Dandurand*. Toujours préoccupé par des questions d’unité nationale, il incarna le libéral traditionnel du xixe siècle. « Le meilleur gouvernement est celui qui gouverne le moins possible », soutenait-il en soulignant « le besoin d’individualisme plus prononcé, d’un plus grand esprit d’initiative privée ».

Bilingue, Belcourt fut un infatigable promoteur de la coopération entre groupes religieux et linguistiques. Deux combats mettraient sa bonne volonté à l’épreuve : la question des écoles de langue française en Ontario et la participation canadienne à la Première Guerre mondiale. En 1908, conscient de l’importance croissante de la communauté franco-ontarienne dans la vallée de l’Outaouais, Robert Allan Pyne, ministre de l’Éducation du gouvernement provincial conservateur de James Pliny Whitney*, demanda à Francis Walter Merchant, l’inspecteur en chef des écoles publiques et séparées, de faire un rapport sur la qualité de l’éducation dans les écoles de langue française de la région (dites écoles bilingues ou anglo-francophones parce que l’anglais y occupait une place importante). Merchant conclut au début de 1909 que la qualité de l’enseignement y était médiocre. La réaction des francophones à Ottawa fut prompte : ils prirent immédiatement des mesures pour organiser un congrès, qui se tint en janvier 1910, et à l’issue duquel l’Association canadienne-française d’éducation d’Ontario (ACFEO), englobant toute la province, fut créée pour défendre les droits des Canadiens français et améliorer les écoles bilingues [V. Ovide-Arthur Rocque*]. Belcourt, élu président de cet organisme, fut le premier à occuper ce poste et le garda pendant deux ans. En 1912, poussé par les plaintes formulées par des notables catholiques irlandais, dont Michael Francis Fallon, évêque de London, le gouvernement Whitney émit le Règlement 17, qui limitait l’utilisation du français comme langue d’enseignement dans les écoles franco-ontariennes. Le conseil des écoles séparées d’Ottawa ayant refusé d’appliquer la directive, en octobre 1914, le gouvernement subséquent de William Howard Hearst* le plaça dans les faits sous tutelle, avec l’intention de le remplacer en 1915 par une commission [V. Samuel McCallum Genest ; Charles Hugh Gauthier*].

Quelques mois auparavant, la question des écoles s’était rendue à la Cour suprême de l’Ontario avec l’affaire Mackell c. Ottawa Separate School Trustees (Robert Mackell poursuivait le conseil pour non-respect de la loi provinciale). Défendant ce dernier, Belcourt profita de l’occasion pour demander réparation du tort causé par le Règlement 17. En substance, il s’opposait à la directive sur trois points. Premièrement, il soutenait que la mesure supprimait des prérogatives accordées par la réglementation scolaire établie avant 1867 au Haut-Canada. Deuxièmement, il affirmait que le droit de parler français et, par voie de conséquence, le droit d’être instruit en français, était un droit naturel. Il souligna que le Règlement 17 « constitu[ait] la seule tentative jamais faite dans l’Empire britannique de priver des sujets britanniques de l’usage de leur langue maternelle ». Finalement, Belcourt disait que le règlement était, « d’un point de vue éducatif, une absurdité », et décrivait sa portée comme « une hérésie pédagogique manifeste » et « une complète idiotie », puisqu’il faudrait enseigner aux élèves dans une langue qu’ils ne pouvaient pas comprendre. La position de la cour ne changea pas et celle-ci, en novembre 1914, déclara le conseil scolaire coupable d’avoir désobéi aux lois de la province. Belcourt appela rapidement de la décision à la division des appels, mais la Cour d’appel se prononça également contre le conseil en juillet 1915. Mécontent de ces deux revers, Belcourt décida de porter sa cause devant le comité judiciaire du Conseil privé, à Londres.

Belcourt suscita aussi l’agitation publique. Au début de 1916, il entreprit une campagne visant à encourager les francophones à ne pas payer les taxes scolaires. Ses efforts furent appuyés en février par une grève des enseignants bilingues et par une marche de 5 000 Canadiens français jusqu’à la colline parlementaire pour demander l’intervention du gouvernement fédéral. (Lionel Groulx* s’inspira très certainement des efforts de Belcourt pour écrire l’Appel de la race, roman fondé sur la défense des droits des Franco-Ontariens.) En juin, accompagné en Angleterre par le sénateur Philippe Landry*, Belcourt plaida son affaire devant le comité judiciaire du Conseil privé ; il répéta plusieurs des arguments qu’il avait utilisés auparavant, et en ajouta deux nouveaux : l’article 133 de l’Acte de l’Amérique du Nord britannique supposait le droit d’enseigner en français là où les francophones le demandaient ; le règlement scolaire portait atteinte aux libertés religieuses. À la mi-novembre 1916, le comité judiciaire du Conseil privé jugea que le Règlement 17 respectait les pouvoirs accordés, mais déclara que l’éviction du conseil des écoles séparées d’Ottawa constituait un abus de pouvoir. Pour Belcourt, cette décision commençait enfin à montrer le bien-fondé du recours. En concluant que la province n’avait pas le pouvoir d’assumer elle-même la direction des écoles, le Conseil privé donnait en fait les moyens au conseil scolaire de poursuivre sa lutte.

Préoccupé par la question de l’unité nationale, Belcourt avait montré de l’exaspération devant le conflit portant sur le rôle que devait remplir le Canada dans la Première Guerre mondiale. Il fut l’un des premiers Canadiens français éminents à approuver l’enrôlement (à l’occasion d’un grand rassemblement public, en octobre 1914), il appuya le Fonds patriotique canadien et défia ceux qui, parmi les nationalistes d’Henri Bourassa*, au Québec, soutenaient que le pays ne devait pas participer au conflit. Belcourt découvrirait la situation au front en personne, au cours d’une mission d’information menée par les membres de l’Empire Parliamentary Association en juillet 1916. Le point culminant de la visite fut pour lui un discours qu’il prononça à Paris, au nom de la délégation, en réponse au mot de bienvenue du président français. En 1924, à Londres, il servirait de ministre plénipotentiaire du Canada à l’Inter-allied Conference on Reparations and Inter-allied Debts.

Après la guerre, Belcourt s’efforça d’harmoniser les voix incompatibles dans le monde politique du Canada. Nommé pour un second mandat à titre de président de l’ACFEO, en 1921, il cofonda cette même année la Unity League of Ontario, regroupant des anglophones progressistes, presque tous protestants, qui étaient favorables aux aspirations des Franco-Ontariens. Il travailla également en étroite collaboration avec des leaders irlandais catholiques de l’Ontario afin de cicatriser les plaies laissées par la question de l’éducation. Après que l’ACFEO eut exercé d’autres pressions sur le gouvernement provincial, Belcourt éprouva la satisfaction en 1927 de voir le gouvernement conservateur de George Howard Ferguson* adopter une politique plus tolérante à l’égard des écoles bilingues. Belcourt eut finalement gain de cause. Il quitta le poste de président de l’ACFEO en 1930.

Dans cette période d’après-guerre, Napoléon-Antoine Belcourt avait poursuivi le dialogue avec les nationalistes, qui lui avaient décerné le 24 mai 1924 le Grand Prix d’Action française, le seul jamais remis. En acceptant le prix, il déclara avec sa modestie habituelle : « C’est à la minorité en Ontario que vos félicitations sont principalement adressées. » L’école secondaire Belcourt à Ottawa, française et catholique, lui rendrait hommage de 1971 à 1983. En 1958, on nomma en son honneur la ville de Belcourt, en Abitibi, au Québec.

Patrice A. Dutil

Napoléon-Antoine Belcourt a écrit nombre de brochures, discours et articles, dont la plupart traitent des droits et du bilinguisme franco-ontariens, ainsi que de l’unité nationale au Canada. Parmi ces publications figure Regulation 17 ultra vires : argument of Hon. N. A. Belcourt before the Supreme Court of Ontario, November 2nd, 1914 ([Ottawa], 1914). Un portrait de Belcourt, peint par Charles Gill* vers 1905, est accroché dans l’édifice central du Parlement d’Ottawa.

Marilyn Barber, « The Ontario bilingual schools issue : sources of conflict », CHR, 47 (1966) : 227–248.— Michel Bock, Quand la nation débordait les frontières : les minorités françaises dans la pensée de Lionel Groulx (Montréal, 2004).— Robert Choquette, Langue et Religion : histoire des conflits anglo-français en Ontario (2e éd., Ottawa, 1980).— P. A. Dutil, « Against isolationism : Napoléon Belcourt, French Canada, and “la Grande Guerre” », dans Canada and the First World War : essays in honour of Robert Craig Brown, David MacKenzie, édit. (Toronto, 2005), 96–137.— Gaétan Gervais, « le Règlement XVII (1912–1927) », Rev. du Nouvel-Ontario (Sudbury, Ontario), 18 (1996) : 123–192.— Arthur Godbout, Nos écoles franco-ontariennes : histoire des écoles de langue française dans l’Ontario des origines du système scolaire (1841) jusqu’à nos jours (Ottawa, 1980).— Lionel Groulx, l’Appel de la race (Montréal, 1956) ; l’Enseignement français au Canada (2 vol., Montréal, 1931–1933), 2.— Mackell c. Ottawa Separate School Trustees (1914), Ontario Law Reports (Toronto), 32 : 245–270.— Nelson Michaud, « les Écoles d’Ontario ou le Dilemme des conservateurs québécois : confrontation des principes nationalistes et de la réalité politique », RHAF (Montréal), 49 (1995–1996) : 395–417.— Rumilly, Hist. de la prov. de Québec, vol. 18.— C. B. Sissons, Bi-lingual schools in Canada, introd. par J. S. Woodsworth (Londres et Toronto, 1917).— Pellegrino Stagni, The view from Rome : Archbishop Stagni’s 1915 reports on the Ontario bilingual schools questions, introd. par John Zucchi, trad. (Montréal et Kingston, Ontario, 2002).— G. M. Weir, The separate school question in Canada (Toronto, 1934).

Bibliographie générale

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Patrice A. Dutil, « BELCOURT, NAPOLÉON-ANTOINE (baptisé Louis-Antoine-Ferdinand) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 16, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 18 mars 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/belcourt_napoleon_antoine_16F.html.

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Auteur de l'article:    Patrice A. Dutil
Titre de l'article:    BELCOURT, NAPOLÉON-ANTOINE (baptisé Louis-Antoine-Ferdinand)
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 16
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    2016
Année de la révision:    2016
Date de consultation:    18 mars 2024