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GAUTHIER, CHARLES HUGH, prêtre catholique, professeur et archevêque, né le 13 novembre 1843 à Alexandria, Haut-Canada, fils de Gabriel Gauthier, fermier, et de Mary McKinnon ; décédé le 19 janvier 1922 à Ottawa.

Charles Hugh Gauthier était d’ascendance canadienne-française et écossaise. D’abord élève chez les Frères des écoles chrétiennes à Alexandria, il étudia ensuite au Regiopolis College de Kingston, où il obtint en 1863 un diplôme avec grande distinction, puis fit sa théologie au grand séminaire de Montréal. Le 24 août 1867, en l’église St John the Baptist à Perth, en Ontario, l’évêque de Kingston, Edward John Horan*, l’ordonna prêtre. Jusqu’en 1869, Gauthier fut professeur de rhétorique au Regiopolis College et directeur de cet établissement, après quoi Horan lui confia la paroisse St John the Evangelist à Gananoque, qui englobait les missions de l’île Howe, de Lansdowne, de Jones Falls et de Brewers Mills. En 1875, il fut muté à Westport, puis, au moment de la nomination de l’évêque John O’Brien, à la paroisse St Mary à Williamstown. Au cours de ses 11 années à cet endroit, il ouvrit dans une localité voisine, Glen Nevis, une nouvelle paroisse (qu’il administrait lui-même), construisit un nouveau presbytère à Williamstown, bâtit des églises de mission à Lancaster (1885) et à Martintown (1886) et liquida la dette de St Mary. Muté à Brockville en 1886, il exerça la fonction de doyen régional et, à compter de 1891, de vicaire général de l’archidiocèse de Kingston. À l’aise en anglais, en français et en gaélique, il était en mesure de communiquer avec les principaux groupes linguistiques de ce territoire.

Gauthier était apprécié de ses confrères en raison de ses qualités pastorales, de son humeur agréable et de ses talents en matière de finances. Trente-sept membres du clergé se réunirent et déclarèrent – fait sans précédent – qu’ils souhaitaient le voir succéder à l’archevêque James Vincent Cleary*, décédé en février 1898. Ils appréhendaient que le Vatican confie la succession de Cleary, Irlandais de naissance, à l’évêque de Waterford et Lismore en Irlande, plutôt qu’à un Canadien qui comprenait le diocèse et ses besoins. Leur requête influa peut-être sur la recommandation des prélats canadiens au pape Léon XIII, qui nomma Gauthier archevêque le 29 juillet. Son sacre eut lieu à Kingston le 18 octobre.

À l’instar des prêtres qui le soutenaient, bon nombre de Kingstoniens considéraient Gauthier comme un homme aux positions et au tempérament modérés – tout le contraire de son prédécesseur. « Le choix de Mgr Gauthier a été acclamé dans tout le pays, comme une grâce spéciale de la divine Providence, s’exclama Joseph-Thomas Duhamel*, l’archevêque d’Ottawa. Pour moi je le considère comme une bénédiction. » Le nouvel archevêque continua de faire preuve d’autant de dynamisme que du temps où il était curé. Son diocèse, qui s’étendait à l’ouest à partir du comté de Dundas jusqu’à un peu au delà de la rivière Trent et du lac Ontario au parc Algonquin, comptait 41 384 catholiques, soit 16 % de la population de ce territoire. Comme il parcourait fréquemment ce secteur en plein essor et en connaissait bien les villes et villages, il pouvait sans difficulté approuver la construction ou la rénovation d’églises et de presbytères. Des travaux de ce genre eurent lieu notamment à Odessa en 1898, à Ormsby et à South Mountain en 1899, à Lombardy en 1900, à Frankford et à Lansdowne en 1901, à Merrickville en 1902, à Lanark en 1903, à Marmora en 1904, à Toledo en 1907 et à Enterprise en 1908. On doit signaler aussi la construction du St Francis’ Hospital à Smiths Falls, du St John’s Convent à Perth et du St Mary’s of the Lake Orphanage à Kingston, ainsi que la rénovation de l’Hôtel-Dieu de Kingston.

Pendant l’épiscopat de Gauthier, Kingston ne connut pas ces tensions interconfessionnelles qui avaient valu à la ville le surnom de Derry du Canada [V. John Gaskin*]. Par ses actes, l’archevêque catholique gagna le respect des protestants. Ainsi, lorsqu’un incendie endommagea la cathédrale St George en 1899, il fut l’un des premiers à offrir sympathie et aide financière à l’archevêque anglican John Travers Lewis*. Le fait qu’il contribuait au climat de tolérance et notait l’absence de prosélytisme protestant dans son diocèse ne l’empêchait pas de s’inquiéter de la menace que représentaient, pour ses ouailles, les mariages mixtes, l’augmentation des rapports sociaux avec les protestants et la fréquentation des écoles publiques par des catholiques. Pour lui, le plus sûr moyen de renforcer la minorité catholique dans une province à majorité protestante était d’ouvrir des écoles catholiques « partout [où c’était] possible ». En 1901, 4 000 des 6 000 enfants catholiques d’âge scolaire étaient inscrits dans les écoles séparées du diocèse. Les 2 000 autres, selon Gauthier, vivaient dans des régions dépourvues d’écoles catholiques. À la fin de son épiscopat, il y aurait des écoles de cette confession à Belleville, à Tweed et à Chesterville.

Gauthier ne s’intéressait pas uniquement aux écoles séparées de son diocèse. En matière de qualification des enseignants, de manuels et de réforme de la taxe scolaire, les autres évêques en vinrent rapidement à respecter son autorité. En 1904, le juge Hugh MacMahon statua que les religieux catholiques qui enseignaient en Ontario devaient se conformer aux normes provinciales. Cependant, les archevêques Gauthier, Duhamel et Denis O’Connor* de Toronto craignaient que bon nombre de sœurs et de frères ne quittent leurs postes d’instituteur au lieu d’aller suivre des cours dans l’atmosphère ” protestante » des écoles normales de la province. Convaincu que les membres des communautés religieuses étaient déjà qualifiés de par leur expérience et leur participation à des congrès pédagogiques, Gauthier et ses collègues en appelèrent – sans succès – du jugement de MacMahon devant la Cour suprême du Canada et le comité judiciaire du Conseil privé. Au début de 1907, John Seath*, le surintendant de l’Éducation en Ontario, présenta un projet de loi qui exigeait l’accréditation des religieuses et frères enseignants. Craignant la fermeture d’au moins quatre couvents de son diocèse et la disparition des écoles catholiques qui employaient des religieux, Gauthier s’opposa à ce projet de loi ” odieux et injuste » et s’adressa directement au premier ministre de la province, James Pliny Whitney*, dans l’espoir que les instituteurs seraient autorisés à recevoir un brevet sans suivre une formation supplémentaire. Après l’adoption de la loi le 20 avril 1907, Gauthier et ses collègues avouèrent leur défaite et commencèrent à œuvrer pour faciliter l’adaptation des religieux enseignants aux trois classes de brevet.

Gauthier coordonna les efforts déployés par les évêques ontariens en vue d’obtenir davantage de fonds publics pour les écoles catholiques ainsi que des améliorations aux livres de lecture catholiques publiés par la Copp, Clark Company Limited. Dès 1909, lui-même et son vieil ami Fergus Patrick McEvay*, archevêque de Toronto, entamaient des négociations discrètes en vue de convaincre l’État d’accorder aux écoles séparées une plus forte proportion des taxes d’affaires et des taxes d’entreprises et de subventionner aussi les classes supérieures des écoles secondaires catholiques. À une certaine étape des pourparlers, Gauthier et ses homologues envisagèrent sérieusement d’abandonner leurs revendications au sujet des manuels de la Copp, Clark, dont la révision aurait coûté très cher, pour obtenir les concessions financières souhaitées. Toutefois, des doutes surgirent quant à la sagesse d’une telle décision. Gauthier demanda à Whitney d’offrir aux écoles catholiques une plus grande proportion des taxes, en échange de quoi les évêques, après avoir retiré les ” éléments inacceptables » des manuels employés dans les écoles publiques, permettraient que ceux-ci soient utilisés en complément dans les écoles catholiques. Les négociations se poursuivirent, mais les espoirs des évêques furent bientôt anéantis. En 1910, le gouvernement mit de côté les projets de réforme des écoles catholiques en réaction aux revendications virulentes des Franco-Ontariens en faveur d’une extension de l’enseignement en français. Whitney appréhendait que, dans ce contexte, la moindre concession aux évêques n’irrite la faction orangiste de son gouvernement.

L’archevêque de Kingston avait d’autant plus d’influence en matière de politique ecclésiastique que le délégué apostolique du Vatican au Canada, monsignor Donato Sbarretti y Tazza, lui prêtait une oreille attentive. Leurs relations étroites – Sbarretti sollicita l’avis et l’assistance de Gauthier en plusieurs occasions – servaient les prélats anglophones, qui cherchaient alors à affirmer leur ascendant sur l’Église à l’ouest de la rivière des Outaouais. On connaissait l’opposition véhémente de Gauthier aux religieux nationalistes canadiens-français et à leur « ingérence impertinente dans les affaires des provinces de langue anglaise », selon les termes employés par l’évêque Thomas Joseph Dowling pour exposer la position de Gauthier à Rome. En vue d’accroître leur pouvoir, Gauthier et d’autres évêques de langue anglaise tentaient de faire nommer le candidat de leur choix chaque fois qu’un siège se libérait. De concert avec McEvay et l’archevêque de Halifax, Edward Joseph McCarthy, Gauthier engagea en 1909 le père Henry Joseph O’Leary* comme agent ou mandataire des évêques anglophones au Vatican. Forts de l’aide d’O’Leary et de la confiance de Sbarretti, Gauthier et son groupe obtinrent plusieurs des nominations qu’ils souhaitaient, notamment celle de Michael Francis Fallon* au siège de London en 1909. Gauthier admirait depuis longtemps ce prêtre controversé, qui était détesté des Franco-Ontariens, surtout dans le comté d’Essex, à cause de son opposition aux écoles bilingues.

Arriva un moment où le « faiseur d’évêques » fut victime de son propre succès. En août 1910, le Vatican nomma Gauthier archevêque d’Ottawa. Sa nomination à ce poste – vacant depuis la mort de Duhamel en juin 1909 – survint en dépit du fait que son nom ne figurait pas sur la première liste de candidats pour Ottawa et qu’il avait recommandé l’évêque Joseph-Médard Emard, homme à l’« esprit large ». L’archidiocèse d’Ottawa était une véritable poudrière. Seulement 30 des 266 prêtres et frères n’étaient pas de souche française. Les catholiques francophones et anglophones avaient passé une bonne partie de la décennie précédente à se disputer le contrôle de l’université d’Ottawa, bilingue, et du conseil des écoles séparées d’Ottawa. C’était des dissensions entre les membres de ce conseil scolaire au sujet de la qualification des enseignants et des dépenses qui avaient donné lieu aux poursuites judiciaires à l’issue desquelles Queen’s Park avait adopté la loi sur l’accréditation. En 1910, la polarisation des groupes linguistiques de l’Est ontarien s’accentuait encore à cause des revendications présentées par le Congrès d’éducation des Canadiens français de l’Ontario [V. Napoléon-Antoine Belcourt*] visant l’amélioration des écoles bilingues. À Ottawa, les protestants suivaient avec intérêt, sans s’en mêler, la guerre que les factions catholiques se livraient au conseil scolaire, dans la presse et du haut de la chaire.

Les collègues de Gauthier savaient fort bien ce qui l’attendait. Au moment où il entreprenait la tâche la plus ardue de son épiscopat, les autres évêques de l’Ontario adoptèrent à son intention une motion de « confiance et [de] bonne volonté ». Paul La Rocque, évêque de Sherbrooke dans la province de Québec, lui offrit ses « condoléances » en anglais. Le premier ministre sir Wilfrid Laurier* se dit préoccupé de voir son bon ami accablé d’un fardeau « écrasant » et désolé de constater que certains catholiques avaient critiqué le choix du Saint-Siège. Cette nomination alarmait les catholiques francophones de l’archidiocèse car, pour eux, Gauthier était un Anglais avec un nom français. Sbarretti avait prévu cette réaction. Les bulles papales autorisant la nomination lui étaient parvenues en août 1910 mais, pour éviter de trop attirer l’attention, il avait attendu après le Congrès eucharistique international, tenu à Montréal en septembre, pour annoncer la nouvelle. Le 19 juillet, en spéculant au sujet du choix du futur archevêque dans le Devoir de Montréal, Henri Bourassa* avait bien résumé l’opinion des nationalistes canadiens-français en disant que Gauthier était « français de nom, anglais de langue et d’éducation, et d’un âge assez avancé », et qu’on le désignerait seulement « pour rendre plus facile, dans un avenir prochain, la nomination définitive d’[un] évêque anglophone ». Bien que Fergus Patrick McEvay ait prédit en novembre que « cette opposition délirante » se dissiperait, la colère ne s’atténua pas. Le 21 février 1911, la Société Saint-Jean-Baptiste et l’Association canadienne-française d’éducation d’Ontario refusèrent d’assister à l’intronisation de Gauthier en la basilique Notre-Dame.

La question des écoles bilingues poursuivrait Gauthier jusqu’à la fin de ses jours. En 1912, après que le département de l’Éducation eut publié le Règlement 17, qui interdisait l’enseignement en français au delà de la deuxième année, Gauthier dut affronter un très grave conflit au conseil des écoles séparées d’Ottawa. Lui qui s’était opposé aux revendications présentées par les francophones en 1910 adopta une position plus modérée sur les écoles bilingues, dans l’espoir de réconcilier les factions. En 1912, il demanda à Whitney d’autoriser « l’enseignement d’une plus grande proportion de français » dans les écoles bilingues fréquentées exclusivement par des enfants canadiens-français. Le premier ministre refusa en affirmant qu’une telle mesure créerait un « troisième » réseau scolaire en Ontario.

En 1914, les choses allaient encore plus mal au conseil scolaire. Les conseillers de langue française défiaient le Règlement 17. En conséquence, leurs homologues de langue anglaise demandèrent une injonction pour interdire aux francophones d’émettre des obligations au profit des écoles indépendantes et de verser des salaires aux instituteurs sans brevet. En juin 1915, après des élections agitées et des affrontements virulents entre prêtres de la ville, le conseil ferma ses écoles. En septembre, elles rouvrirent leurs portes sur l’ordre de la Cour suprême de l’Ontario et le nouveau premier ministre, William Howard Hearst*, confia à une commission de trois membres le soin d’administrer le conseil scolaire et de veiller à ce qu’il respecte le règlement provincial. Le clergé et les laïques anglophones se rangèrent derrière la commission tandis que leurs coreligionnaires de langue française la condamnaient et que les prélats francophones demandaient à Benoît XV de défendre les droits à l’enseignement en français. En 1916, le pape répondit par l’encyclique Commisso divinitus, dans laquelle il enjoignait les ouailles de Gauthier de régler leurs différends par des moyens pacifiques et de ne pas mettre leurs écoles en péril. Ni cette intervention ni les efforts de médiation des archevêques Paul Bruchési* de Montréal et Neil McNeil* de Toronto ne mirent fin à la crise. Toujours en 1916, le comité judiciaire du Conseil privé maintint le Règlement 17, mais déclara illégale l’Ottawa School Commission, et des tentatives furent faites en vue de reconstituer le conseil original.

La crise avait creusé le fossé entre Gauthier et ses diocésains de langue française. Il n’assistait pas aux congrès biennaux de l’Association canadienne-française d’éducation d’Ontario, contrairement à d’autres évêques, et ses prêtres de langue française exprimaient leur dégoût devant son incapacité de réprimer les actions des catholiques anglophones. Il tentait de maintenir le juste milieu. Dans des termes sans équivoque, il commandait à son clergé de refuser tout débat public sur ces « questions controversées ». En 1917, à la suite de l’encyclique pontificale et de la confirmation de la validité du Règlement 17 par les tribunaux, lui-même et les autres évêques de l’Ontario publièrent ensemble une lettre pastorale dans laquelle ils pressaient les catholiques d’« obéir à toutes les lois et à tous les règlements justes édictés au besoin par les autorités civiles » et les catholiques de langue anglaise en particulier de considérer « avec sympathie » les « aspirations et requêtes » de leurs coreligionnaires canadiens-français. Les évêques reconnaissaient les ambiguïtés du Règlement 17, mais affirmaient sa légalité et faisaient écho au pape en demandant aux catholiques de faciliter « un enseignement équitable de la langue française en même temps que l’acquisition d’une connaissance approfondie de l’anglais ». Malgré ces exhortations, la tension régnait toujours au conseil scolaire d’Ottawa et les prêtres de cette ville continuaient de se plaindre des tactiques de « l’autre camp ».

Bien que la question scolaire lui ait pesé lourd au point de le démoraliser à certains moments, Gauthier réussissait à s’occuper de l’administration courante de manière efficace, comme il l’avait fait à Kingston. Il surveillait les rapports entre catholiques et protestants, notant l’augmentation des mariages mixtes, surtout dans les paroisses de langue anglaise. Pour répondre aux besoins de la population catholique, qui s’accroissait de part et d’autre de la rivière des Outaouais, il approuva la construction d’églises et érigea de nouvelles paroisses, notamment, du côté ontarien, Blessed Sacrament (1913) et Saint-Gérard-Majella (1916) à Ottawa, Saint-Bernardin (1912) et Vars (1915) et, du côté québécois, Boileau et Fieldville (1915) et, à Hull, Saint-Joseph (1913) et Notre-Dame-de-Lorette (1916). Le diocèse de Mont-Laurier fut créé en 1913 à même la portion est de son territoire au Québec, et il présida à la réorganisation de ses diocèses suffragants au nord-ouest d’Ottawa. En 1915, le vicariat de Témiscamingue devint le diocèse de Haileybury et quatre ans plus tard, la préfecture du Nord ontarien fut constituée à même la section nord-ouest de son archevêché. De plus, Gauthier appuya des collectes spéciales pour l’érection d’un séminaire diocésain (ce projet ne se réaliserait pas de son vivant) et pour des missions intérieures auprès des immigrants catholiques d’origine ukrainienne.

Les pressions de l’administration épiscopale et la crise linguistique usaient Gauthier. À compter de 1918, sa santé déclina et ses apparitions se firent moins fréquentes. En 1921, il publia sa dernière déclaration publique d’importance, une longue lettre pastorale sur les besoins des écoles séparées en Ontario. Encore une fois, il faisait appel à son éloquence pour inciter les catholiques à continuer leur lutte pour une juste part de l’assiette fiscale et pour le financement des classes supérieures des écoles secondaires. Il n’avait jamais abandonné l’espoir que l’on pourrait parvenir par la concertation au financement équitable, promis dans le Separate School Act de 1863 [V. sir Richard William Scott*]. Il n’assisterait pas à l’avènement du financement intégral.

Peu avant le jour de Noël 1921, Charles Hugh Gauthier fut transporté d’urgence à l’Hôpital Général d’Ottawa, où il mourut d’urémie à deux heures trente-cinq du matin le 19 janvier 1922. On l’inhuma dans la basilique Notre-Dame. Le premier ministre du Canada, William Lyon Mackenzie King*, des membres de son cabinet, de nombreux évêques, plus de 500 prêtres, religieuses et frères, une légion d’éminents laïques ainsi que son frère et ses deux sœurs assistaient aux funérailles. Dans les éloges publiés à la suite de son décès, certains de ceux qui s’étaient opposés à lui dans la controverse des écoles bilingues reconnaissaient qu’il avait été un « véritable ami des écoles séparées » tandis que des non-catholiques célébraient ce citoyen loyal qui avait réchauffé « l’esprit patriotique de ses paroissiens » pendant la Grande Guerre. Étant donné son immense contribution pastorale et les difficultés auxquelles il avait dû faire face, c’est l’hommage de l’Ottawa Citizen qui convenait le mieux. Mgr Gauthier, affirmait ce journal, avait vécu conformément à sa devise, In fide et lenitate. En effet, il avait été ferme dans sa foi et indulgent dans son administration.

Mark G. McGowan

AO, F 5 ; RG 80-8-0-863, nº 9268.— Arch. de l’archidiocèse d’Ottawa, Blessed Sacrament parish papers ; Gauthier papers ; Toronto corr.— Arch. of the Archdiocese of Kingston, Ontario, Gauthier papers.— Arch. of the Roman Cic Archdiocese of Toronto, ME (McEvay papers) ; O (O’Connor papers).— Archivio Segreto Vaticano (Rome), Delegazione apostolica del Canadà, 157.37 ; Secretaria di Stato.— BAC, RG 31, C1, 1871, Kenyon Township, Ontario, div. 2 : 31.— L’Action catholique (Québec), 19 janv. 1922.— Canadian Freeman (Kingston), 22 juin 1898.— Catholic Record (London, Ontario), 2 avril, 16 juill., 3 sept. 1898.— Catholic Register (Toronto), 26 oct. 1916, 26 janv. 1922.— Le Devoir, 19 juill. 1910, 22 févr. 1911.— Le Droit (Ottawa), 24 janv. 1922.— Ottawa Citizen, 19 janv. 1922.— Ottawa Evening Journal, 19 janv. 1922.— La Presse, 24 janv. 1922.— La Semaine religieuse de Montréal, 26 janv. 1922.— La Semaine religieuse de Québec, 2 févr. 1922.— Canadian men and women of the time (Morgan ; 1912).— Robert Choquette, l’Église catholique dans l’Ontario français du dix-neuvième siècle (Ottawa, 1984) ; la Foi : gardienne de la langue en Ontario, 1900–1950 (Montréal, 1987) ; Language and religion : a history of English-French conflict in Ontario (Ottawa, 1975).— Évêques catholiques du Canada, 1658–1979, André Chapeau et al., compil. (Ottawa, 1980).— L. J. Flynn, Built on a rock : the story of the Roman Catholic Church in Kingston, 1826–1976 (Kingston, 1976).— Hector Legros et sœur Paul-Émile [Louise Guay], le Diocèse d’Ottawa, 1847–1948 (Ottawa, [1949]).— M. G. McGowan, The waning of the green : Catholics, the Irish, and identity in Toronto, 1887–1922 (Montréal et Kingston, 1999).— Planted by flowing water : the diocese of Ottawa, 1847–1997, Pierre Hurtubise et al., édit. (Ottawa, 1998).

Bibliographie générale

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Mark G. McGowan, « GAUTHIER, CHARLES HUGH », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 19 mars 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/gauthier_charles_hugh_15F.html.

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Auteur de l'article:    Mark G. McGowan
Titre de l'article:    GAUTHIER, CHARLES HUGH
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    2005
Année de la révision:    2005
Date de consultation:    19 mars 2024