Droit de vote et revendications des femmes
À l’instar de plusieurs suffragistes impliquées dans le mouvement de tempérance, la médecin Amelia Le Sueur (Yeomans) était persuadée que l’obtention du droit de vote permettrait aux femmes d’influencer directement la législation sur l’alcool :
Amelia Yeomans reconnaissait que, de toutes les réformes nécessaires à l’émancipation des femmes, « le droit de vote a[vait] été et demeur[ait] la plus ardue [...] parce qu’il exige[ait] du désintéressement de la part des hommes qui l’approuv[aient] ». Pourtant, soutenait-elle, l’égalité en ce domaine s’inscrivait dans le plan social de Dieu. « Le Christ, quand [il était] sur terre, disait-elle, n’a nullement montré aux hommes à imposer le silence aux femmes ; bien des femmes ont suivi et aidé le Christ quand il était sur terre. » Avoir le droit de vote, c’était avoir une voix, pouvoir enfin aider à construire la société selon le plan divin. Et la tempérance faisait aussi partie de ce plan.
Dans l’esprit d’Amelia Yeomans, il y avait un lien étroit entre la tempérance et le droit de vote parce que les femmes, gardiennes de la morale, voteraient contre « le trafic de l’alcool ».
Plus largement, des suffragistes comme l'institutrice, auteure, députée et fonctionnaire Helen Letitia Mooney (McClung) ont cru que l’usage par les femmes de leur droit de vote serait la clé d’une amélioration de leurs rapports avec les hommes :
[Mme McClung] considérait que les privilèges masculins étaient au cœur de nombreux problèmes, tels que l'abandon de la famille, l'alcoolisme, l'appropriation des revenus des épouses, la violence familiale, les conflits entourant la garde des enfants et l'isolement des femmes en milieu rural.
Les biographies suivantes permettent d’en savoir davantage sur le lien que l’on percevait entre l’obtention du suffrage féminin et la concrétisation d’autres revendications.