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WELLS, JOSEPH, officier, homme politique et administrateur d’université, né le 19 juin 1773 dans la paroisse St Martin Ludgate, Londres, fils de Joseph Wells, marchand de soierie, et d’une prénommée Mary ; le 10 juin 1813, il épousa Harriett King, de la paroisse St Botolph, Aldersgate, Londres, et ils eurent huit fils et deux filles ; décédé le 4 février 1853 à Toronto.

Joseph Wells commença sa carrière dans l’armée en 1798 après avoir servi en qualité de lieutenant dans les Sheffield Volunteers, unité recrutée dans sa région. En janvier, il acheta une commission d’enseigne et, au mois de mai suivant, il fut promu lieutenant dans le 43e d’infanterie. En 1799, il alla rejoindre un détachement de son régiment à la Martinique. Nommé adjudant en 1800, il acheta une commission de capitaine en 1804. Promu au grade de major sept ans plus tard, il devint lieutenant-colonel du 2e bataillon en 1814. Avec son régiment, Wells avait pris part à quelques-unes des plus dures batailles des guerres napoléoniennes. Après avoir participé à l’expédition de Copenhague, au Danemark, en 1807, il avait été muté dans la péninsule Ibérique, où il avait combattu sous les ordres de sir John Moore pendant la campagne et la retraite de ce dernier en 1808 et 1809. Après la prise d’assaut de Badajoz en avril 1812, il s’était retrouvé l’officier survivant le plus haut gradé du 1er bataillon, mais, comme il était lui-même grièvement blessé, il n’avait pu prendre le commandement de son unité. Pour sa bravoure au cours de cet engagement, on lui décerna des médailles d’or et d’argent ; il reçut en outre des médailles d’argent pour sa conduite dans deux autres batailles.

Au retour de la paix, en 1815, il fut question d’une réduction imminente et importante des effectifs, et Wells, comme d’autres officiers, dut affronter la perspective d’être mis à la demi-solde. Au début, il sembla avoir échappé à ce sort, puisqu’il réussit à obtenir le poste d’officier supérieur de visite de la milice dans le Haut-Canada en novembre 1815. Peu après sa nomination, il arriva en Amérique du Nord avec sa femme et deux enfants en bas âge. Mais, « à sa grande déconvenue », le poste fut aboli peu de temps après son arrivée. En 1817, il fut mis à la demi-solde et le demeura jusqu’à ce qu’il vende sa commission pour la somme de £4 000 en 1827.

L’espoir de poursuivre sa carrière militaire avait amené Wells dans le Haut-Canada, à York (Toronto), modeste capitale, où il semble s’être adapté très rapidement à son nouveau milieu. Le cercle des gouvernants de la province, lesquels étaient étroitement liés, accueillit cordialement ce bel officier qui détenait un grade relativement élevé et qui s’était distingué au service du roi et de l’Empire. Wells eut tôt fait de se tailler une place importante au sein de la communauté. On lui avait concédé 1 200 acres de terre en 1817 et, en outre, il pouvait acquérir des terrains à bas prix. En 1821, il acheta de la famille McGill un domaine de 200 acres appelé Davenport et situé à quelque cinq milles au nord d’York. C’est à cet endroit que lui-même et ses descendants allaient vivre pendant un demi-siècle et davantage. Il fit partie du premier conseil d’administration de la Bank of Upper Canada [V. William Allan] en 1822, et, trois ans plus tard, devint l’un des premiers membres du conseil d’administration de la Welland Canal Company. En 1820, Wells avait été nommé au Conseil législatif ; c’était un poste à vie et une preuve indéniable de la haute estime que lui avaient témoignée très tôt le lieutenant-gouverneur sir Peregrine Maitland et l’entourage de ce dernier. La même année, il fut nommé membre du conseil d’administration de l’Upper Canada Central School, à York. Cette maison d’enseignement, qui jouissait de la bienveillance des membres du gouvernement, était dirigée par Joseph Spragge* selon la doctrine de l’Église d’Angleterre. Puis, en 1823, Maitland nomma Wells membre du Bureau de surveillance générale de l’éducation, et ce dernier devint trésorier de cet organisme présidé par le révérend John Strachan*. Ce poste et cette association allaient lui causer plus tard bien des déboires.

Wells eut bientôt d’autres marques de l’estime dont il jouissait dans son milieu. Ainsi, après que Strachan eut obtenu une charte pour le King’s College de Toronto en 1827, Wells fut nommé économe de cet établissement au salaire annuel de £150, probablement en raison de son expérience acquise au sein du Bureau de surveillance générale de l’éducation. À ce titre, il devait administrer une fondation très importante qui avait été accordée au collège et qui était constituée aussi bien de terres que d’argent. « N’étant pas un comptable de profession », Wells n’était guère préparé à remplir efficacement les devoirs de sa charge. Malgré tout, il continua à accepter d’autres responsabilités. Lorsque le nouveau lieutenant-gouverneur, sir John Colborne*, décida qu’il serait prématuré d’ouvrir le King’s College et que la province avait plutôt besoin d’une bonne école préparatoire, la voie se trouvait ouverte à l’établissement, en 1829–1830, de l’Upper Canada College. L’argent nécessaire à la mise sur pied de cette maison d’enseignement allait, pour une part, provenir de la fondation attribuée au King’s College. Comme il fallait s’y attendre, il parut approprié de nommer l’économe du King’s College trésorier de l’Upper Canada College. Il était manifeste que le lieutenant-gouverneur Colborne avait toute confiance en Wells, puisqu’il le nomma au Conseil exécutif en 1830 et, trois ans plus tard, secrétaire-archiviste du King’s College. La considération dont jouissait Wells dans son milieu apparut lors de la création de la St George’s Society : son nom figurait en tête de la liste des fondateurs de la société, et, en 1836, il fut élu premier président de cette association.

Rien n’indique que Wells ait joué un rôle déterminant dans l’histoire politique du Haut-Canada, bien que deux événements survenus en 1836 lui aient valu une certaine notoriété. Tout d’abord, Colborne, accomplissant le dernier acte important de son gouvernement, signa les lettres patentes attribuant des fonds à quelque 44 rectories anglicans. Il est évident qu’à titre de conseiller exécutif Wells approuva cette mesure malgré le tollé général qu’elle souleva dans la province. Peu après, son comportement fut jusqu’à un certain point plus équivoque. Le nouveau lieutenant-gouverneur, sir Francis Bond Head*, élargit le conseil en nommant deux réformistes, Robert Baldwin et John Rolph*, ainsi que John Henry Dunn, fonctionnaire du gouvernement qui ne faisait pas partie du family compact. Après quelques semaines – peut-être était-ce inévitable – le lieutenant-gouverneur et les réformistes se brouillèrent et le conseil fut dissous. Inexplicablement, en quelque sorte, Wells et les autres conseillers conservateurs, George Herchmer Markland* et Peter Robinson*, se joignirent aux réformistes et à Dunn pour signer une protestation contre la façon dont Head dirigeait le gouvernement, et, le 12 mars 1836, le Conseil exécutif démissionna en bloc. Peut-être Wells n’avait-il pas l’intention de flirter avec la cause des réformistes, mais son geste permit à Head d’écrire plus tard dans un mémoire intitulé A narrative [...] qu’en paraissant approuver le principe du gouvernement responsable, les conseillers conservateurs avaient « aussitôt discrédité la ligne de conduite et la règle de toute leur vie ». Cependant, Head se radoucit presque immédiatement : dans une note, il écrivit en parlant de Wells « qu’il n’exist[ait] pas dans le Haut-Canada un homme plus loyal ».

Même si Wells jouissait d’une solide réputation de loyauté et d’une haute considération en tant qu’officier, il allait se sentir gêné et même humilié en 1839. Au mois de mars de cette année-là, la chambre d’Assemblée voulut se renseigner sur les finances du King’s College et de l’Upper Canada College. Le lieutenant-gouverneur d’alors, sir George Arthur, demanda à Wells de lui soumettre un rapport, à la suite duquel il découvrit, comme il le nota plus tard, qu’il était « impossible de concevoir une chose plus négligée que les affaires de l’université ». Devant l’insistance d’Arthur, le conseil du King’s College créa un comité spécial d’enquête dont les travaux aboutirent à la découverte d’une triste histoire. Il apparut que Wells avait été personnellement consciencieux et honnête, mais que, manifestement, sa pratique des affaires avait été désespérément médiocre, qu’il n’existait pas de registres en bonne et due forme et que Wells n’avait pas tenu de comptabilité distincte pour les finances du collège et pour ses propres affaires. En outre, l’enquête révéla qu’il avait prêté plus de £5 000 au président du King’s College, John Strachan, sans exiger de garantie, et qu’il avait aussi fait d’autres prêts sans caution. À la suite de ces découvertes, Wells envoya le 8 juillet 1839 une lettre d’excuses plutôt pitoyable au conseil du King’s College dans laquelle il faisait allusion « à sa conduite qu’il reconnaissait avoir été blâmable » et à sa « négligence inexplicable » dans sa façon de tenir la comptabilité. Il ajouta, cependant, que même s’il avait bien tenu ses livres de comptes il n’aurait pu les produire, parce qu’il avait détruit « une masse de documents » au moment où ses biens et sa personne avaient été menacés pendant la rébellion de 1837–1838. Afin de restituer une somme de plus de £13 000 qu’il devait à l’université, il céda au conseil des hypothèques et d’autres titres valant plus que la moitié du montant dû, et il proposa de payer le reliquat au cours des mois et des années à venir. Quelques jours plus tard, le conseil décida de se dispenser « de ses services ultérieurs comme économe et secrétaire-archiviste ». C’est ainsi que le 27 juillet Henry Boys* fut nommé pour le remplacer.

On était peu disposé, du moins dans les milieux officiels, à blâmer sévèrement Wells. Ainsi, le lieutenant-gouverneur Arthur écrivit : « Le pauvre homme mérite beaucoup de compassion, car si le conseil du collège avait fait son devoir, il [Wells] n’aurait pu négliger ses responsabilités à ce point et s’embourber dans de telles difficultés. » Quant au juge en chef John Beverly Robinson*, il trouva « difficile de croire qu’il avait fait quelque chose de malhonnête ». Ces appréciations étaient autant de preuves de l’estime dont jouissait Wells au sein du family compact qui était en train de se désagréger. De plus, une autre enquête, menée par Robert Easton Burns*, John Wetenhall et Joseph Workman* sur les finances de l’université et terminée en 1852, révéla que les « déboursements » effectués de 1829 à 1839 n’avaient pas été « extravagants » ; en fait, ils avaient été « modérés » si on les comparait à ceux de la décennie suivante. Néanmoins, cet incident démontrait aussi la nécessité de meilleures méthodes administratives, telles que celles qui avaient été mises en vigueur par Arthur et son successeur, lord Sydenham [Thomson*].

Durant les quelque 12 dernières années de sa vie, Joseph Wells mena l’existence d’un gentleman-farmer dans son grand domaine situé au nord de la ville. Dans l’oraison funèbre prononcée aux funérailles de Harriett Wells, décédée deux ans avant son mari, le révérend John George Dolhoste MacKenzie* parla de Wells comme d’un « honnête patriarche ».

G. M. Craig

APC, MG 25, 97.— Guildhall Library (Londres), ms 3857/3 (St Botolph Aldersgate, Londres, Reg. of baptisms, marriages, and burials), 10 juin 1813 ; ms 10214 (St Martin Ludgate, Londres, Reg. of baptisms, marriages, and burials), 16 juill. 1773.— Arthur papers (Sanderson).— J. C. Dent, The story of the Upper Canadian rebellion ; largely derived from original sources and documents (2 vol., Toronto, 1885).— Gentleman’s Magazine, janv.–juin 1853 : 448.— H.-C., House of Assembly, App. to the journal, 1839, 2 : 408–428.— F. B. Head, A narrative, with notes by William Lyon Mackenzie, introd. de S. F. Wise, édit. (Toronto et Montréal, 1969).— J. G. D. McKenzie, A sermon, on occasion of the death of Clarence Yonge Wells, preached October 20th, 1850, at St. Paul’s Church, Toronto (Weymouth, Angl., 1852).— Univ. of Toronto, Commission of Inquiry into the Affairs of King’s College Univ. and Upper Canada College, Final report (Québec, 1852).— Doc. hist. of education in U.C. (Hodgins), 1–3.— G.-B., WO, Army list, 1799–1828.— R. G. A. Levinge, Historical records of the Forty-Third regiment, Monmouthshire Light Infantry, with a roll of the officers and their services from the period of embodiment to the close of 1867 (Londres, 1868).— Morgan, Sketches of celebrated Canadians.— Lucy Booth Martyn, Toronto : 100 years of grandeur ; the inside stories of Toronto’s great homes and the people who lived there (Toronto, 1978).— Robertson’s landmarks of Toronto, 3.— A. S. Thompson, Spadina : a story of old Toronto (Toronto, 1975).

Bibliographie générale

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G. M. Craig, « WELLS, JOSEPH », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 19 mars 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/wells_joseph_8F.html.

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Auteur de l'article:    G. M. Craig
Titre de l'article:    WELLS, JOSEPH
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1985
Année de la révision:    1985
Date de consultation:    19 mars 2024