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UNIACKE, JAMES BOYLE, avocat, homme politique, fonctionnaire et amateur de course, né probablement en 1799 et baptisé le 19 janvier 1800 à Halifax, fils du procureur général Richard John Uniacke* et de Martha Maria Delesdernier ; le 18 décembre 1832, il y épousa Rosina Jane Black, et ils eurent plusieurs enfants ; décédé le 26 mars 1858 au même endroit.
Dès 1810, le père de James Boyle Uniacke s’était hissé au premier rang de la société de Halifax. Homme rigide, qui attendait de ses fils des réalisations dignes de ce qu’il avait accompli, il exerça cependant toute son influence pour favoriser leurs intérêts et personne n’aurait pu les aider davantage qu’il le fit dans leurs moments difficiles. Après avoir obtenu son diplôme du King’s College à Windsor en 1818, James Boyle fit son stage de clerc dans le cabinet de son père et fut reçu attorney et barrister le 5 avril 1823. Plus tard cette année-là, il partit pour Londres via Boston et New York, afin de poursuivre ses études de droit à l’Inner Temple. À Londres, il dut s’occuper de trouver une foule de choses pour un père exigeant – bétail, rouets, gravures, livres –, mais ce que l’auteur de ses jours voulait avant tout de son fils, c’était qu’il « revienne non corrompu par un monde nouveau pour [lui] ». Ses craintes étaient peut-être fondées car, contrairement à la vie active de son père, James Boyle, une fois revenu à Halifax, mena une existence confortable et plutôt insouciante.
Selon un contemporain, Uniacke « avait l’allure d’un aristocrate [...] grand, élégant, et d’un « prince parmi les hommes » [...] toujours vêtu à la dernière mode de Londres ». Un autre laisse entendre qu’« à une époque où l’on s’empiffrait et buvait ferme, [il] ne chercha pas à dissimuler qu’il aimait bien prendre un verre pendant qu’il faisait courir [...] ses chevaux rapides aux Halifax Commons. Il recherchait la compagnie de ses semblables et celle des bons vivants. » Actif au sein du monde du turf, il maintint une écurie de courses, une des deux qui existaient dans la province. À l’époque où il siégeait à l’Assemblée, il lui arriva de faire un parallèle sarcastique entre ses chevaux de course et les chevaux de trait de John Young*, mais mal lui en prit. Faisant allusion à Rosina Jane Black, la fille peu attrayante du riche marchand John Black* que Uniacke avait épousée en 1832, Young répliqua simplement que les Écossais comme lui choisissaient leurs chevaux « de la même façon que certains gentlemen choisiss[aient] leur femme – non pas pour leur beauté mais pour leur valeur ». C’est grâce aux héritages que sa femme et lui-même reçurent que Uniacke put mener durant les années 1830 une vie facile, jugée répréhensible par certains observateurs. Un poète de l’époque, Andrew Shiels*, le traita de « petit prétentieux qui finirait comme les autres ». Il semble que le comportement qu’affichait Uniacke et certains traits de son caractère aient caché à Shiels les talents du plus compétent des fils de Richard John Uniacke.
On sait peu de chose de la carrière d’avocat de Uniacke. D’autre part, sa saisie d’une hypothèque en 1848 donna lieu à une cause célèbre l’opposant à un dénommé Dickson, cause que ses avocats gagnèrent en soutenant avec succès que le droit écrit anglais n’était pas en vigueur en Nouvelle-Écosse, « sauf les parties manifestement applicables et nécessaires ». Dans les années 1830 et au cours de la décennie qui suivit, il participa à la mise sur pied de nouvelles entreprises à Halifax. En 1832, il fut l’un des signataires lors de la reconnaissance juridique de la Banque de Nouvelle-Écosse et l’un de ses premiers administrateurs. Sept ou huit ans plus tard, il aida à former la Halifax Gas Light and Water Company et devint bientôt son président.
Uniacke fit ses débuts en politique en 1830 lorsqu’il fut élu à la chambre d’Assemblée comme représentant de la circonscription de Cap-Breton, mais son élection fut annulée parce qu’il ne remplissait pas les conditions requises en matière de propriété. Réélu, il occupa son siège en janvier 1832 et demeura à l’Assemblée jusqu’en 1854. Les élections de 1836 divisèrent les membres de l’Assemblée en deux groupes, les tories et les réformistes, et Uniacke eut l’occasion d’exprimer pleinement ses convictions tories à la session de 1837. Il s’opposa énergiquement aux Douze Résolutions de Joseph Howe*, surtout à la dixième qui dénonçait la tendance des conseillers à « protéger leurs propres intérêts et émoluments aux dépens de la population », et fit naturellement des gorges chaudes lorsque Howe retira ces résolutions pour des raisons de tactique.
Avant que l’Assemblée ne reprenne ses activités en 1838, Uniacke était devenu membre du Conseil exécutif nouvellement créé, même s’il refusait d’admettre que cet organisme avait un quelconque degré de responsabilité. La lutte reprit entre Uniacke et Howe sur une grande variété de sujets. En principe, le premier ne s’opposait pas à l’érection de Halifax en municipalité, mais il dénonça un projet de loi qui, contrairement à la charte de Londres, « plaçait les citoyens respectables de la ville sous l’autorité d’autres personnes qui ne devraient pas détenir ce pouvoir ». Puisque ce projet de loi visait à admettre au suffrage les seuls francs-tenanciers qui votaient aux élections provinciales, Howe conclut que Uniacke et les tories de la Nouvelle-Écosse « cro[yaient] ou feign[aient] de croire que la simple mention de la liberté britannique constitu[ait] un danger ». Quand Uniacke demanda à l’Assemblée d’approuver un manifeste de l’Association constitutionnelle de Montréal, Howe s’opposa à toute reconnaissance des ultra-loyalistes des Canadas qui, en essayant de maintenir un système truffé d’abus, avaient contribué à susciter la rébellion.
Cependant, les différences dues aux antécédents des deux antagonistes se révélèrent encore plus marquées lors du débat sur l’organisation judiciaire. En 1837, Howe n’avait pas répondu aux boutades de Uniacke, mais en 1838 il laissa savoir que si « la plaisanterie, l’anecdote et la raillerie » devaient remplacer les arguments, il allait montrer qu’il était lui aussi doué d’« une certaine imagination ». L’occasion lui fut donnée lorsque Uniacke laissa entendre que les propositions de Howe visant à réduire les dépenses signifiaient qu’il mettait la magistrature en vente afin que l’administration de la justice coûte le moins cher possible : « Quoi ! £450 par année à un juge qui fait la tournée ? Eh bien, Tim O’Shaughnessy ! Tim Shea ! ou Con Lahy ! feraient le travail pour la moitié de cette somme. » Ennuyé des plaisanteries de Uniacke, Howe rétorqua qu’il aimerait recevoir £450, le traitement d’un seul juge, et les distribuer aux résidents nécessiteux de l’est du comté de Halifax qu’il venait de visiter. Selon lui, Uniacke serait toujours un hôte honoré dans les demeures des juges et des hauts fonctionnaires où on le recevrait à dîner aux frais de la population, mais Howe, lui, souhaitait autre chose : « donnez-moi un siège dans la maison d’un pauvre – un peu de sa nourriture frugale – laissez-moi [...] l’impression que je suis accueilli en ami, et je ne désire pas de plus haute distinction ». Les réformistes, qui avaient vivement ressenti pendant deux sessions le mépris et les railleries de Uniacke, goûtèrent chaque instant de cette rebuffade.
De nouveau en 1839, les deux principaux protagonistes furent Howe et Uniacke, et leurs échanges se classent parmi les meilleurs assauts d’éloquence que connut la chambre d’Assemblée de la Nouvelle-Écosse. Uniacke compara Howe au roi babylonien qui érigea une statue en or et fit jeter dans une fournaise de feu ardent ceux qui refusaient de l’adorer. « Il peut chauffer la fournaise sept fois plus et m’y précipiter, mais j’ai confiance que je sortirai des flammes aussi indemne que Sidrach, Misach et Abdénago. » Lorsque Howe traita tous ses adversaires d’antiréformistes, Uniacke répliqua : « Moi aussi je suis réformiste, nous sommes tous réformistes. » Il ne fit que s’attirer un commentaire dédaigneux de Howe qui répondit que les tories tentaient de guérir la Nouvelle-Écosse en appliquant le nouveau traitement médical connu sous le nom d’homéopathie : « Ils administreraient le millionième d’un grain de réforme à chaque session et cela devrait satisfaire tout le monde ! » Cependant, si féroces qu’aient été leurs altercations, ils éprouvaient malgré eux une admiration réciproque. Si Uniacke était réformiste, disait Howe, « [il] serai[t] fier de le suivre ». Il en résulta que le réformiste William Young* écrivit avec tristesse à son frère George Renny : « Uniacke et moi avons eu une prise de bec et sommes en lutte ouverte – Howe et Doyle [Laurence O’Connor Doyle*] cultivent ses bonnes grâces plutôt que les miennes. »
Essentiellement, Uniacke et Howe différaient d’opinion sur la nature même du gouvernement colonial. Howe en était venu à croire que si les Néo-Écossais devaient demeurer dans l’Empire britannique, il leur fallait être sujets britanniques dans « toute l’étendue de la liberté constitutionnelle britannique ». Quant à Uniacke, il était d’avis que les propositions des réformistes feraient du gouverneur une personne inutile et conduiraient à la séparation de la colonie : un gouverneur colonial ne pouvait absolument pas être simultanément responsable envers un pouvoir exécutif colonial et un secrétaire d’État aux Colonies occupé à sauvegarder l’unité de l’Empire.
Puis, presque comme un coup de foudre, Uniacke – qui acceptait toujours sans discussion ce qu’il considérait être les intentions du gouvernement britannique – changea d’attitude à la suite d’une dépêche datée du 16 octobre 1839, dans laquelle le secrétaire d’État aux Colonies, lord John Russell, déclarait que les conseillers exécutifs pourraient devoir se retirer « aussi souvent que des motifs d’intérêt public valables » l’exigeraient. Même si le lieutenant-gouverneur du Nouveau-Brunswick, sir John Harvey, était d’opinion que la dépêche accordait « aux colonies une constitution nouvelle [...] et améliorée », sir Colin Campbell*, son homologue en Nouvelle-Écosse, n’était pas de cet avis. Il s’avéra que Campbell avait raison et que Uniacke et Harvey avaient tort, puisque Russell ne songeait qu’au déplacement occasionnel d’un seul conseiller en cas de besoin évident, et non pas à la révocation de tous les conseillers du gouverneur. Néanmoins, lorsque Howe fit adopter en février 1840 une motion de défiance à l’égard du Conseil exécutif dans une proportion de trois contre un, Uniacke démissionna du conseil. Il accomplit ce geste en partie parce qu’il « devait à la chambre » de quitter un organisme « censuré par une majorité aussi écrasante ». Cependant, la principale raison de sa démission c’est qu’il croyait que la dépêche de Russell avait octroyé de nouvelles constitutions aux colonies et, comme sa première règle en politique était de ne jamais « retirer [son] humble appui à la mère patrie », il ne pouvait s’opposer au projet du secrétaire d’État aux Colonies. Même s’il craignait encore que le nouveau régime enlève le pouvoir au gouvernement pour le confier à quelques dirigeants populaires, il était « disposé à faire l’expérience » parce que telles étaient les instructions du gouvernement britannique. Selon lui, cependant, ce régime aurait eu plus de chance de fonctionner dans une Amérique du Nord britannique unifiée où le Conseil exécutif aurait été converti en un véritable ministère. Uniacke était devenu réformiste dans une certaine mesure, non pas par conviction personnelle, mais parce que sa compréhension de la dépêche différait sensiblement de l’intention du secrétaire d’État aux Colonies. Singulièrement, il échappa en grande partie aux critiques acerbes de ses anciens collègues, traitement que devaient subir habituellement les vire-capots de l’époque.
Dans le gouvernement de coalition constitué par le nouveau lieutenant-gouverneur, lord Falkland [Cary*], en octobre 1840, Uniacke était encore conseiller exécutif, et aussi, après avril 1841, solliciteur général. Howe, James McNab et le chef tory James William Johnston* faisaient également partie du gouvernement. En 1841, Uniacke disputa à Howe le poste de président de la nouvelle chambre d’Assemblée, mais il fut battu par 26 voix contre 22, même si tous les tories avaient appuyé sa candidature. En décembre 1843, après que Falkland eut prétendument fait faux bond aux réformistes en nommant le tory Mather Byles Almon* au conseil, Uniacke, Howe et McNab démissionnèrent. Falkland invita Uniacke à revenir en juillet 1844, mais ce dernier refusa parce qu’il croyait que « l’opinion de l’Assemblée [était] que le représentant de la reine [devait être] entouré de conseillers de l’exécutif appuyés par une majorité représentative ».
La situation de Uniacke au sein du parti réformiste fut pleinement reconnue lorsqu’en février 1845 au moment où Falkland fit publier sa dépêche du 2 août 1844, dans laquelle il insinuait que les réformistes avaient l’intention d’exclure Howe du conseil, ce que Uniacke et d’autres nièrent catégoriquement. Lui qui n’avait toujours parlé qu’avec vénération de la couronne et de son représentant accabla de son mépris le lieutenant-gouverneur qui pouvait en arriver à « oublier sa haute charge de représentant de la royauté » pour rejeter un seul individu. S’il pouvait « proscrire un homme parce qu’il n’aim[ait] pas ses opinions politiques, il pourrait en exclure un autre parce qu’il n’aim[ait] pas son visage ou parce qu’il n’a[vait] pas frayé avec le beau monde [...] ; dans quelques années le pays regorgera[it] de conseillers proscrits [...] la coupe d’un habit, les moustaches en crocs, des jambes scrofuleuses ou des principes athés [pouvaient], au gré d’un caprice de cet homme au pouvoir, constituer des raisons suffisantes pour une mise hors la loi ». La dépêche de Falkland visait aussi à noircir les réformistes en général, en faisant observer qu’ils n’avaient « pas de chef reconnu ». Cette remarque était à peine portée à la connaissance du public que Howe déclarait : « Que l’on ne se trompe pas sur ce point dorénavant, car l’opposition « reconnaît » [... Uniacke] comme son leader. » Bien entendu, Howe acceptait le fait qu’il avait compromis irrémédiablement ses propres chances en ridiculisant et en traitant durement le lieutenant-gouverneur.
Dans la dernière moitié de 1846, le successeur de Falkland, sir John Harvey, qui n’aimait pas lui non plus l’idée d’un gouvernement basé sur le système des partis, chercha à rétablir la coalition, mais Howe et les principaux réformistes refusèrent d’y participer. Heureusement pour eux, Uniacke se trouvait alors en Angleterre et ce n’est que par les lettres de Howe qu’il apprenait les événements qui se déroulaient en Nouvelle-Écosse. Dans une réponse qui jette beaucoup de lumière sur cet homme qui avait été attiré presque malgré lui dans le parti réformiste, Uniacke se demandait, étant donné que Harvey ne voulait pas d’un gouvernement d’un seul parti, si le lieutenant-gouverneur « devait [...] être harcelé sur [un] point qui exigerait beaucoup de temps avant de devenir acceptable à la population ». Ne suffirait-il pas d’humilier Johnston en le faisant siéger avec Howe, qui avait démissionné en 1843 en partie à cause de lui ? Manifestement, Uniacke doutait encore qu’un gouvernement basé sur le système des partis puisse fonctionner dans une petite colonie comme la Nouvelle-Écosse. Pourtant, presque du même souffle, il admettait ne pas tenir tellement à cet aspect de la question, promettait de « garder ces sentiments pour lui-même » et ne souhaitait que triompher du parti qui avait « machiné et tenté de perpétrer la sale intrigue de 1843 ». Sans aucun doute, il se rendait compte qu’il était un chef de parti de nom avant tout et que la décision ne lui revenait pas.
Plus d’une fois entre 1845 et 1847 Howe exprima dans l’intimité sa contrariété de voir qu’on l’aidait peu à élaborer la stratégie du parti et à améliorer son organisation en vue des prochaines élections. Celles-ci se tinrent au mois d’août 1847, et Howe fit campagne dans les régions clés, tandis que Uniacke ne se préoccupa guère plus que de se faire élire. Même après la victoire des réformistes, on sembla entretenir certains doutes au sujet de Uniacke. Aussi, lorsque le Times de Halifax parut inviter Uniacke à trahir et à démembrer le parti qu’il dirigeait, Howe jugea la situation assez grave pour demander à son ami William Grigor de le pressentir. Grigor rapporta que Uniacke restait loyal à la cause réformiste et qu’il insistait sur le fait que « la première initiative d’une politique libérale » devait être de « se saisir du pouvoir, puis de dicter des conditions [...] et de ne se laisser arrêter par aucune considération, mais de faire un nettoyage complet ».
Uniacke retrouva presque son ancienne forme comme orateur lorsqu’en janvier 1848 il présenta une motion de défiance à l’égard du gouvernement tory de Johnston. Le 2 février, il était de retour au Conseil exécutif et chef (le titre de premier ministre était encore peu utilisé à l’époque en Nouvelle-Écosse) du premier gouvernement entièrement « responsable » dans les pays d’outre-mer de l’Empire britannique. La semaine suivante, il était nommé procureur général. Uniacke ne se distingua guère durant ses six années à la tête du gouvernement. À cette époque, la collégialité était, bien entendu, le mode de fonctionnement du Conseil exécutif, et le chef n’était tout au plus que le premier parmi ses pairs. En outre, Uniacke, qui ne donnait sa pleine mesure que lorsqu’il était inspiré, ne pouvait se sentir tout à fait à l’aise dans un ministère dominé par les idées et l’énergie de Howe. Cependant, il prit une part active à tous les débats sur les questions politiques importantes entre 1848 et 1851, et particulièrement à l’adaptation des institutions provinciales aux exigences d’un gouvernement responsable, ainsi qu’à la préparation des premières lois révisées de la province. Ses dernières interventions décisives eurent lieu en 1851, au moment où Howe se trouvait en Angleterre où il cherchait à obtenir une garantie pour le chemin de fer intercolonial. Comme les défenseurs de l’European and North American Railway, de Halifax à Portland, dans le Maine, menaçaient d’entreprendre des démarches susceptibles de neutraliser les efforts de Howe, Uniacke retrouva son ancienne éloquence pour les attaquer : « Était-il juste de le [Howe] poignarder dans le dos ? Vous pouvez essayer [...] ais si vous le faites, le poignard vous tombera des mains avant que vous ne puissiez frapper. » Plus tard, lorsque Howe obtint la garantie recherchée et que Uniacke ne réussit pas à la faire approuver parce que George Renny Young la trouvait « mesquine », Uniacke affirma que Young ou lui-même devait quitter le cabinet.
Uniacke resta, mais sa participation aux travaux parlementaires diminua graduellement après 1851 en raison de sa santé défaillante. Selon son neveu, « les sept dernières années de sa vie, il fut plus ou moins paralysé ». En outre, au cours de la session de 1854, un membre du parti réformiste rapporta que Uniacke était « passablement usé et totalement incapable de s’occuper d’affaires publiques ». Il n’avait persisté qu’en raison de besoins financiers, car il avait apparemment perdu la majeure partie de son capital et de celui de sa femme à la suite de mauvais placements dans les chemins de fer britanniques. Enfin, en avril 1854, ses collègues le poussèrent doucement en dehors du Conseil exécutif et le nommèrent commissaire des Terres de la couronne à la place de John Spry Morris, en congé en Grande-Bretagne. Même s’il n’avait pas la compétence pour remplir les devoirs de sa charge, il conserva son poste aussi longtemps que les libéraux furent au pouvoir. Toutefois, après avoir succédé à ces derniers en février 1857, les conservateurs ne montrèrent pas la même compassion et le remercièrent de ses services à la fin de l’année. Au début de 1858, Uniacke demanda dans une pétition à l’Assemblée de lui verser une pension ou une indemnité de départ, et un député libéral présenta un projet de loi à cette fin. Cependant, Uniacke mourut avant que ce projet de loi franchisse la deuxième lecture.
James Boyle Uniacke fut un mélange de contrastes, sinon de contradictions. Aristocrate d’allure et de tempérament, il noua des amitiés solides et durables avec Howe et Doyle, deux hommes près du peuple. Orateur presque inégalé, il n’interrompit qu’occasionnellement une existence confortable pour exploiter pleinement ses talents oratoires. Réformiste ambigu, il se trouva projeté à la tête d’un parti qui voulait une transformation profonde des institutions politiques de la province. Prodigue dans sa jeunesse, il finit dans la situation plutôt pitoyable d’un quémandeur de l’aide gouvernementale. Mais quelles qu’aient été ses contradictions, on ne saurait lui refuser le titre de chef du premier véritable gouvernement responsable dans les colonies.
Un portrait à l’huile représentant James Boyle Uniacke se trouve à la Uniacke House (Mount Uniacke, N.-É.).
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J. Murray Beck, « UNIACKE, JAMES BOYLE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 20 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/uniacke_james_boyle_8F.html.
Permalien: | https://www.biographi.ca/fr/bio/uniacke_james_boyle_8F.html |
Auteur de l'article: | J. Murray Beck |
Titre de l'article: | UNIACKE, JAMES BOYLE |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1985 |
Année de la révision: | 1985 |
Date de consultation: | 20 nov. 2024 |