POWER, PATRICK, marchand et homme politique, né le 17 mars 1815 à Kilmacthomas, comté de Waterford (République d’Irlande), fils de Lawrence et Katherine Power ; en 1840, il épousa Ellen Gaul, et ils eurent cinq fils et trois filles ; décédé le 23 février 1881 à Halifax.

Patrick Power immigra en Nouvelle-Écosse avec ses parents en 1823 et fit ses premières études à Halifax et à Antigonish. En 1832, il ouvrit avec un beau-frère un commerce de détail à Halifax. L’association fut bientôt dissoute et Power mit sur pied son propre commerce de « marchandises sèches », la Patrick Power and Company, qui finalement s’avéra prospère. La firme possédait un quai à Halifax ainsi que des navires engagés dans le commerce côtier. Power devint membre du conseil d’administration de la People’s Bank of Halifax et prit personnellement part au travail de diverses œuvres de bienfaisance. Tout au long des années 1840, il appuya Joseph Howe* et les réformistes dans leur lutte pour obtenir le gouvernement responsable et, en 1848, le premier gouvernement réformiste, dirigé par James Boyle Uniacke*, le nomma juge de paix. Élu conseiller à Halifax en octobre 1851, il occupa ce poste jusqu’en 1854. Commissaire des pauvres de 1857 à 1874, il était aussi un membre en vue de la Charitable Irish Society.

De 1860 à 1869, Power fut un des trois membres catholiques nommés au Halifax Board of School Commissioners. Avec Michael Hannan, il fut mêlé aux délicates négociations entre l’archevêque Thomas Louis Connolly* et le gouvernement de Charles Tupper* concernant la loi présentée par ce dernier en 1865, instaurant un système d’écoles publiques non confessionnelles. Connolly craignait la mainmise du gouvernement sur les écoles et n’accepta qu’à contrecœur les réformes proposées, devant le refus de Tupper de créer des écoles catholiques « séparées ». Néanmoins, les écoles, qui jusque-là avaient été financées uniquement par des fonds appartenant à l’Église, recevraient désormais des subventions publiques administrées par le conseil de l’Instruction publique. Un accord non officiel fut conclu autorisant l’établissement d’écoles dont les instituteurs et les élèves seraient exclusivement catholiques, partout en Nouvelle-Écosse.

De même qu’il avait été mêlé de près à la question controversée de l’éducation, de même Power était au cœur de la lutte concernant l’entrée de la Nouvelle-Écosse dans la confédération. Marchand influent, il croyait que l’union avec le Canada marquerait la fin de l’important commerce qui s’était développé entre la Nouvelle-Écosse et les états de la Nouvelle-Angleterre depuis l’entrée en vigueur du traité de réciprocité de 1854. Selon lui, au sein de la confédération, ce commerce serait sacrifié à la protection des marchés intérieurs pour l’écoulement des produits du Haut-Canada. Malgré son opinion bien tranchée sur le sujet, il était réticent à accepter d’être candidat à la chambre des Communes. Cependant, le gouvernement de Tupper lui ayant offert, pour lui ou son fils, un siège au Conseil législatif de la Nouvelle-Écosse s’il ne se présentait pas, Power fut à ce point outré qu’il décida de revoir sa position. En conséquence, il devint un solide partisan des adversaires de la confédération dirigés par Joseph Howe et William Annand et se présenta à Halifax lors des élections fédérales de septembre 1867. Power et son cocandidat, Alfred Gilpin Jones*, firent la lutte aux partisans de la Confédération, Stephen Tobin et Steven Shannon, que l’archevêque Connolly avait publiquement proclamés candidats des catholiques de Halifax. Les électeurs de la ville, dont plus de la moitié étaient catholiques, votèrent pour les partisans de la Confédération appuyés par l’archevêque, mais Power et Jones furent élus grâce à l’appui considérable que leur accordèrent les électeurs dans le comté de Halifax.

Power refusa pendant un certain temps de siéger à la chambre des Communes mais, à la suite de l’échec, à la fin de 1868, des démarches de Howe et d’Annand pour obtenir du gouvernement britannique la révocation de la Confédération, il se rallia à regret à l’opposition libérale dirigée par Alexander Mackenzie*. En 1870, il rompit avec les libéraux et appuya le traité de Washington par lequel le Canada accordait aux pêcheurs des États-Unis un droit d’accès à ses pêches côtières. Power, qui aurait préféré un traité s’apparentant à l’ancien traité de réciprocité de 1854, estimait que le traité tel qu’il avait été négocié allait au moins rouvrir les marchés de la Nouvelle-Angleterre à la Nouvelle-Écosse.

Lors des élections générales de 1872, Power et Jones furent battus à Halifax par des partisans de la Confédération et du gouvernement de sir John Alexander Macdonald*. Toutefois, en 1874, à la suite de la démission du gouvernement de Macdonald, Power et Jones furent réélus. Power siégea aux Communes pendant les quatre années suivantes ; cette période fut pauvre en événements marquants pour lui. En 1876, il refusa l’offre que lui fit Mackenzie de remplacer l’inefficace Thomas Coffin au cabinet. En 1878, Power fut battu lors du balayage conservateur qui reporta Macdonald au pouvoir. Atteint par la maladie depuis 1877, il se retira complètement de la scène politique et mourut en 1881. Il fut au mieux un homme politique malgré lui ; néanmoins, le Morning Chronicle de Halifax déclarait à sa mort qu’il avait exercé « une influence considérable au sein des conseils du parti ». Ses rares interventions dans les débats dénotaient sa méfiance continuelle envers la Confédération et on a dit de lui qu’il n’a « jamais [été] ce qu’on appelle un partisan d’une fidélité à toute épreuve pour ses chefs ».

Power était très respecté par ses concitoyens et sa principale contribution à la vie publique a été sa participation à l’activité de nombreux organismes et son travail au sein de divers conseils et commissions qui s’occupaient d’éducation et du sort des pauvres et des déshérités. En reconnaissance de son dévouement, le pape Pie IX l’avait créé chevalier de l’ordre de Saint-Grégoire-le-Grand en 1870. Dans son testament, Power légua une somme d’argent pour l’établissement d’un orphelinat catholique et d’un foyer pour garçons à Halifax. Son fils, Lawrence Geoffrey, fut membre libéral du sénat de 1877 à 1921.

David B. Flemming

APC, MG 26, A, 116 ; F, 3–4 ; RG 31, A1, 1871, Nova Scotia.— PANS, RG 7, 66–69.— Parliamentary debates, Dominion of Canada [...] (3 vol., Ottawa, 1870–1872), III.— Evening Express (Halifax), sept. 1867.— Morning Chronicle (Halifax), févr. 1881.— Novascotian, oct. 1851.— Canadian directory of parl. (J. K. Johnson).— CPC, 1876.— Cyclopædia of Canadian biog. (Rose), I.— Dominion annual register, 1880–1881.— Standard dict. of Canadian biog. (Roberts et Tunnell), II : 357–359.— Wallace, Macmillan dict.— Heritage Trust of Nova Scotia, Seasoned timbers (2 vol., Halifax, 1972–1974), II.— Sister Maura [Mary Power], The Sisters of Charity, Halifax (Toronto, 1956).— Thomson, Alexander Mackenzie.— Waite, Life and times of confederation.— D. B. Flemming, « Archbishop Thomas L. Connolly, godfather of confederation », CCHA Study Sessions, 37 (1970) : 67–84.

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David B. Flemming, « POWER, PATRICK », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 20 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/power_patrick_11F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1982
Année de la révision:    1982
Date de consultation:    20 nov. 2024