MACLURE, SAMUEL, télégraphiste, peintre et architecte, né le 11 avril 1860 à Sapperton (New Westminster, Colombie-Britannique), fils de John Cunningham Maclure et de Martha McIntyre ; le 10 août 1889, il épousa Margaret Catherine (Daisy) Simpson, et ils eurent quatre filles, dont l’une mourut peu après la naissance ; décédé le 8 août 1929 à Victoria.

Samuel Maclure fut, dit-on, le premier enfant de race blanche à naître à New Westminster. Il était le fils aîné de John Cunningham Maclure, arpenteur écossais venu en Colombie-Britannique avec le génie royal [V. Richard Clement Moody*]. Élevé sur la concession statutaire de sa famille à Matsqui, il fréquenta des écoles de la région et l’école secondaire de Victoria. Son intention était de faire carrière dans les arts. En 1884–1885, après avoir travaillé quelque temps comme télégraphiste et agent gouvernemental, il étudia au Spring Garden Institute de Philadelphie, où il s’intéressa surtout à l’architecture. Cependant, des difficultés financières l’obligèrent à abréger son séjour et à regagner la Colombie-Britannique. Tout en gagnant sa vie comme télégraphiste à l’Esquimalt and Nanaimo Railway Company, il étudia l’architecture en autodidacte et exécuta des aquarelles en vue de les vendre. Pour lui, l’art était plus qu’un passe-temps : une fois architecte, il produirait de minutieux dessins de présentation et plans de jardin. Ses paysages, d’abord d’une linéarité sévère, se rapprocheraient de la manière impressionniste et reproduiraient avec maestria les reflets sur l’eau, la lumière réfractée et les effets de brume – tous des éléments qui, depuis, sont devenus des poncifs dans la tradition artistique britanno-colombienne.

En 1889, Maclure s’associa à l’architecte Charles Henry Clow à New Westminster. Deux ans plus tard, il conclut avec Richard P. Sharp une association qui durerait peu. Ce qui subsiste des commandes résidentielles exécutées par Maclure pendant cette période reflète les goûts prédominants à l’apogée de l’époque victorienne et s’inspire sans aucun doute de catalogues de modèles. Sa fugue et son mariage avec Daisy Simpson, à la maison de sa sœur Sara Anne à Vancouver, créèrent peut-être plus d’émoi que son architecture toute conventionnelle.

Maclure ouvrit un bureau à Victoria en 1892. Sa première grosse commande, le Temple Building pour le marchand Robert Ward (1893), est dans le style de l’école de Chicago. Toutefois, les édifices commerciaux ne constitueraient pas l’essentiel de la production de ses premières années. Parmi ses plans les plus prisés figuraient des variantes du chalet suisse dans lesquelles il adapta la tendance arts et métiers aux pentes escarpées du quartier Rockland à Victoria. Une rigoureuse symétrie caractérisait ces bungalows à toit en bardeaux, notamment celui qu’il se fit construire en 1899. La demeure qu’il conçut en 1900 pour Robin Dunsmuir, fils de James Dunsmuir*, lui permit de gagner la faveur de l’élite commerçante et politique de Victoria. Il obtint ensuite de multiples commandes lucratives, entre autres la résidence du lieutenant-gouverneur (1901–1903), qu’il réalisa avec le principal praticien d’architecture publique de Victoria, Francis Mawson Rattenbury*, et la demeure de James Dunsmuir à Hatley Park (1907–1908). Il collaborerait encore avec Rattenbury en dessinant, pour la Banque de Montréal, des édifices à bâtir dans des localités qui poussaient dans l’arrière-pays.

Les années 1900 à 1914 furent les plus fructueuses de la carrière de Maclure. Outre ses constructions d’envergure, il exécuta beaucoup de commandes plus modestes dans le secteur résidentiel. Pour les petits cottages, il utilisait des parements en planches verticales avec couvre-joints ou, quelquefois, des dosses de sapin non écorcées. Ses maisons de plus grandes dimensions présentaient des escaliers et des halls splendides, éclairés à contre-jour par des rangées de vitraux. Maclure avait du mal à trouver des entrepreneurs capables d’exécuter ses plans méticuleux, car il tenait à avoir des matériaux et de l’ouvrage de première qualité et surveillait les travaux de près. Il choisissait les emplacements avec soin et savait faire preuve d’un tact remarquable dans ses pourparlers avec des clients exigeants. Bien que ses réalisations témoignent de l’influence des praticiens du style arts et métiers et du style à bardeaux – ses matériaux et ses plans axiaux révèlent une affinité avec Wilson Eyre, dont il avait peut-être connu le cercle à Philadelphie –, il se pliait de plus en plus au goût de sa clientèle pour le style néo-anglais. C’est ce qui explique pourquoi il se mit à intégrer à ses maisons, en les adaptant à la robuste manière locale, des éléments du style Queen Anne : surfaces à colombages, hautes cheminées, toits aux lignes complexes. On peut citer en exemple les maisons bâties à Victoria pour le grossiste Biggerstaff Wilson (1905) et pour Charles Fox Todd (1907), fils du conserveur de saumon Jacob Hunter Todd*.

En 1903, Maclure avait engagé comme dessinateur Cecil Croker Fox, ancien élève du plus éminent architecte britannique du mouvement arts et métiers, Charles Francis Annesley Voysey. Dès 1905, pour répondre aux commandes qui se multipliaient à Vancouver, il avait pris Fox comme associé et les deux hommes y avaient ouvert un bureau que Fox dirigea jusqu’à son départ pour la guerre en 1915. Après sa mort l’année suivante – cette perte dévasta Maclure –, le bureau ferma ses portes. Pendant leurs années de collaboration, beaucoup d’éléments empruntés à Voysey avaient fait leur apparition dans les ouvrages de Maclure. On le voyait particulièrement dans les petites maisons mais aussi, de manière tout à fait manifeste, dans les commandes exécutées par le bureau vancouvérois, qui comprenaient bon nombre de maisons cossues pour les prestigieux quartiers de Shaughnessy Heights et de Point Grey, souvent réalisées en collaboration avec des architectes paysagistes tel Thomas Hayton Mawson.

Pendant le conflit mondial, Maclure manqua de travail, ce qui le plaça dans une situation financière assez difficile. Selon un employé, il vendait à l’occasion des tableaux de sa main. Par la suite, à cause du déclin du prestige et de la richesse à Victoria, les grosses commandes se raréfièrent. Maclure put tout de même rouvrir son bureau de Vancouver en 1920. De plus en plus, il pratiqua la manière néo-georgienne. Sa commande la plus flamboyante dans ce style – une maison pour le magnat du bois Robert William Gibson dans la chic baie Oak à Victoria – avait été commencée par Rattenbury et achevée en 1919. Parmi les quelques autres constructions dignes de mention réalisées par Maclure dans les années d’après-guerre, on peut citer la maison de style rustique bâtie pour le magnat de la presse Walter Cameron Nichol à Sidney (1925). À l’époque, les aménagements paysagers de Maclure étaient réputés ; il produisait notamment bon nombre de plans pour le fameux jardin public de Jennie Foster Butchart près de Victoria. Il mourut en 1929 après une opération à la prostate ; ses cendres furent transportées à Matsqui. Son bureau à Victoria fut liquidé, mais celui de Vancouver continua sous la direction de son associé dans cette ville, Ross Anthony Lort.

Sans être grand voyageur, Maclure avait toujours gardé le contact avec le monde extérieur. De temps à autre, il allait à San Francisco. Il avait à Spokane, dans l’État de Washington, un grand ami architecte, Kirtland Kelsey Cutter. Aux frais des Dunsmuir, il fit un voyage en Angleterre avec sa femme Daisy afin de choisir des meubles pour la maison de Hatley Park. Très attaché à sa famille, cet anglican avait la réputation d’être extrêmement généreux, aimable, cultivé et très versé en musique et en littérature. Sa femme était une pianiste accomplie et peignait des portraits. Tous deux participèrent en 1909 à la fondation de la Vancouver Island Arts and Crafts Society. Il publia des travaux dans des périodiques où il puisait souvent des idées neuves : le Canadian Architect and Builder de Toronto, le Crafstman d’Eastwood, dans l’État de New York, de même que le Studio de Londres et le Country Life de New York. On dit qu’il correspondit avec l’architecte moderniste Frank Lloyd Wright. Ses toits à large saillie ainsi que ses surfaces murales d’une géométrie étudiée rappellent indéniablement Wright.

Samuel Maclure est probablement le plus notable des architectes de Victoria à cause de la qualité, de l’originalité et de la quantité de ses ouvrages – plus de 350 commandes documentées. Son influence était telle que nombre d’écoles et autres édifices publics construits en Colombie-Britannique dans les années 1930 portent son empreinte, mélange de style à bardeaux et de pittoresque anglais. Son œuvre, et particulièrement son recours aux pans de bois, donne encore le ton dans les quartiers de Rockland et d’Uplands Estates à Victoria et dans ceux de Shaughnessy Heights et de Point Grey à Vancouver.

Martin Segger

On trouve des peintures de Samuel Maclure à l’Art Gallery of Greater Victoria, aux BCA et au Maltwood Art Museum and Gallery, Univ. of Victoria. L’ensemble de ses plans et dessins architecturaux sont conservés aux Univ. of Victoria Arch. and Special Coll., SC075 (Samuel Maclure fonds). Des détails sur cette collection sont donnés dans D. R. Chamberlin, Samuel Maclure : architectural drawings in the University of Victoria Archives ; a catalogue, introd. par Martin Segger (Victoria, 1995).

BCA, CM-B308 ; CM-B944, sh.1–sh.4 ; CM-B1641, sh.1 et sh.2 ; PDP00153–55, PDP00161-66, PDP01844, PDP03218, PDP03629–30, PDP03773 ; VF87, frames 0389, 0404, 0415, 0418.— City of Vancouver Arch., Add. mss 301 (Historic sites project) ; Add. mss 314 (Janet Bingham coll.) ; Add. mss 713 (Richard B. Gilman coll.) ; Add. mss 1015 (R. A. Lort architect fonds) ; CVA 106-1 (photographie de Samuel Maclure) ; J. S. Matthews news clippings coll., M6015 (Maclure, Samuel) ; Port P984 N449 (photographie de groupe des familles Maclure, McColl et McLagan, 1900).— City of Victoria Arch., 98403-31 (Bakshish Gill, « A partial inventory of the buildings erected between 1918 & 1939 », mars 1983) ; Demolished building plans, 2-0685, 0733, 0763–0764 ; PR 127 (R. A. Lort fonds).— Daily Colonist (Victoria), 9, 25 août 1929.— R. A. Lort, « Castle in the country », Daily Colonist, 6 mars 1960.— Janet Bingham, Samuel Maclure, architect (Ganges, C. B., 1985).— « A house in Vancouver that shows English traditions blended with the frank expression of western life », Craftsman (New York), 13 (oct. 1907–mars 1908) : 675–681.— R. [A.] Lort, « Samuel Maclure, mraic, 1860–1929 », Royal Architectural Institute of Canada, Journal (Toronto), 35 (1958) : 114s.— P. E. Nobbs, « Some developments in Canadian architecture », Country Life (New York), 43 (1922–1923), nº 3 : 35–41.— « Recent designs in domestic architecture », International Studio (New York), 36 (nov. 1908–févr. 1909) : 124–126.— E. O. S. Scholefield et F. W. Howay, British Columbia from the earliest times to the present (4 vol., Vancouver, 1914), 4 : 1063s.— Martin Segger, The buildings of Samuel Maclure : in search of appropriate form (Victoria, 1986).— Martin Segger et Douglas Franklin, Exploring Victoria’s architecture (Victoria, 1996).— Carolyn Smyly, « The Maclure tradition », Western Living (Vancouver), 8 (1978), nº 6.

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Martin Segger, « MACLURE, SAMUEL », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 22 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/maclure_samuel_15F.html.

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Auteur de l'article:    Martin Segger
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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    2005
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