SMALL, JOHN, fonctionnaire, juge de paix et officier de milice, baptisé le 27 août 1746 à Cirencester, Angleterre, fils aîné de Joseph Small, mercier, et de Mary Atwell ; il épousa Elizabeth Goldsmith, et ils eurent cinq fils ; décédé le 18 juillet 1831 à York (Toronto).

Grâce à l’influence du secrétaire d’État à l’Intérieur, Henry Dundas, John Small fut nommé greffier du Conseil exécutif du Haut-Canada le 12 septembre 1792 ; il fut assermenté à Newark (Niagara-on-the-Lake) le 18 mai 1793. Le lieutenant-gouverneur, John Graves Simcoe*, qui n’avait pourtant pas été consulté au sujet de la nomination de Small, le décrivait comme « un gentleman qui poss[édait] à juste titre [sa] confiance absolue ». Ce fut à peu près le seul compliment que Small reçut. Il accusa bientôt un retard important dans son travail et le nouveau lieutenant-gouverneur, Peter Hunter*, le critiqua sévèrement pour son inefficacité. Small conserva néanmoins son poste jusqu’à sa mort et il obtint par surcroît une commission de juge de paix à York en 1796, le grade de lieutenant-colonel de la York Militia en 1798 et la charge de greffier de la couronne et des plaids communs, qu’il occupa du 12 mars 1806 au 10 août 1825.

Small est surtout connu pour son duel du 3 janvier 1800, combat au cours duquel il blessa mortellement le procureur général John White*. Mme Small avait publiquement humilié Mme White, qui était connue pour sa nature querelleuse. White réagit en mettant en doute, dans une lettre qu’il adressa à David William Smith*, la légalité du mariage de Small et la moralité de sa femme. La missive fut transmise au juge en chef John Elmsley*, et la haute société d’York y ajouta foi. Small exigea réparation immédiate sans toutefois déterminer quelle part des racontars était réellement attribuable à White. Accusé de meurtre, Small fut acquitté à la suite d’un bref procès malgré l’inimitié que lui portait le juge Henry Allcock*, qui présidait la cause.

Cet incident ruina la réputation de la femme de Small et les relations que ce dernier avait établies avec les Russell, les Macaulay et les Macdonell of Collachie. Peter Russell* qui, en mai 1795 à Newark, avait pris la défense de Small alors victime d’un libelle anonyme, était l’ami et l’exécuteur testamentaire de White. Small fut défait aux élections législatives de juillet 1800. Un an plus tard, il se présenta de nouveau lors d’une élection partielle, mais Angus Macdonell* (Collachie) remporta la victoire par 112 voix contre 32. Joseph Willcocks* et Robert Baldwin père furent les seuls de ses anciens amis à voter pour lui. Le 1er janvier 1806, Elizabeth Russell ne le saluait que d’une « hautaine révérence ». Deux ans plus tard, l’invitation de Mme Small à une réception du gouverneur provoquait encore du ressentiment.

En qualité de greffier du Conseil exécutif, Small recevait £100 par an, soit moins qu’un manœuvre et juste un peu plus que le premier de ses deux commis ; toutefois, il lui revenait aussi environ un quinzième des droits sur les titres fonciers. Avant la fin de l’année 1795, il vendit les quelques biens dont il avait hérité dans le Gloucestershire. En 1797, il lui fut interdit de percevoir des droits des loyalistes, et ses requêtes pour faire augmenter ses émoluments furent vaines. Mais il put établir sa famille en faisant de la spéculation foncière à York. Il fut l’un des premiers fonctionnaires à acheter une maison à York en août 1795 et, quand il commença à vendre des lots en 1797, il avait accumulé plus de 2 500 acres de terre ; par la suite, il poursuivit ses transactions. Dès les années 1820, la hausse que connaissaient les prix des terres à York lui avait permis de faire fortune.

John Small parvint également à se refaire une place dans la société d’York. Homme d’Église engagé – son frère était doyen de la cathédrale de Bristol –, il était déjà commissaire de la grammar school du district d’York en 1811 et, peu après, il trouva un protecteur en la personne de John Strachan*. Il réussit même à exercer une certaine influence politique au cours du mandat de l’administrateur Samuel Smith ; Strachan le considérait d’ailleurs comme « un grand conseiller » de Smith. Il lança un de ses fils, James Edward*, dans une brillante carrière d’avocat et d’homme politique réformiste ; le cadet, Charles Coxwell, lui succéda au poste de greffier de la couronne et des plaids communs ainsi que dans sa fonction d’officier de milice. Sa maison à York, élégamment reconstruite par Charles Coxwell, a été conservée jusqu’en 1925.

S. R. Mealing

Les références les plus intéressantes concernant John Small se trouvent dans les William Dummer Powell papers (AO, MTL et APC), les Russell papers (AO et MTL), et les diverses collections de Simcoe papers (voir la bibliographie de la biographie de Simcoe, DCB, 5), et dans Strachan, Letter book (Spragge). On trouve à la Gloucestershire Court, Record Office (Gloucester, Angl.), le testament de son oncle John de même que les actes de baptêmes, mariages, et les registres de taxes foncières de la famille. Voir aussi E. S. Caswell, « A sketch of Major John Small », York Pioneer and Hist. Soc., Report (Toronto), 1933 : 22–23 ; W. R. Riddell, « The duel in early Upper Canada », Canadian Law Times (Toronto), 35 (1915) : 726–738 ; et Robertson’s landmarks of Toronto, 1.  [s. r. m.]

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S. R. Mealing, « SMALL, JOHN », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 6, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 20 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/small_john_6F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 6
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1987
Année de la révision:    1987
Date de consultation:    20 nov. 2024