McTAVISH (Mactavish), JOHN GEORGE, trafiquant de fourrures, né vers 1778, probablement à Dunardary, Argyll, Écosse, fils de Lachlan Mactavish, chef du clan Tavish ; décédé le 20 juillet 1847 à Lac-des-Deux-Montagnes (Oka, Québec).

Deuxième fils d’un homme appauvri qui était le dernier chef du clan Tavish, John George Mactavish entra au service de la North West Company en 1798 par l’entremise d’un parent éloigné, l’illustre Simon McTavish*, à la manière de qui il signa son nom de famille. Comme il avait de l’instruction, il passa apparemment ses premières années au siège administratif de la compagnie à Montréal, en qualité de commis, mais il assista en 1802 au rendez-vous d’été à Grand Portage (près de Grand Portage, Minnesota). Montréal n’offrait guère de possibilités d’aventure à l’époque ; il fut donc ravi de participer, en 1803, à l’expédition des Nor’Westers qui allaient tenter de défier directement le monopole de la Hudson’s Bay Company en construisant des postes à la baie James [V. Simon McTavish]. Parti de Québec en bateau et arrivé dans l’île Charlton (Territoires du Nord-Ouest) au début de septembre, McTavish se vit confier la gestion du fort St Andrews, entrepôt construit sur les lieux, mais il se rendit souvent au poste de l’île Hayes (Ontario), près de Moose Factory. Les relations avec les gens de la Hudson’s Bay Company étaient assez cordiales pour qu’il épouse à la façon du pays Charlotte Thomas, cille de John Thomas*, chef du poste de cette compagnie à Moose Factory, et d’une Indienne. Cependant, comme les Nor’Westers avaient renoncé à occuper la baie James, McTavish rentra à Québec dès l’automne de 1806, sans emmener Charlotte, qui en fut fort peinée.

Affecté ensuite à l’intérieur des terres, McTavish passa l’hiver de 1808–1809 au fort Dunvegan, sur la rivière de la Paix. On sait qu’il était à Montréal en 1810–1811, car il assista alors aux réunions du Beaver Club, mais dans les mois suivants il fut du convoi qui, sous la direction de John McDonald* of Garth, se rendit au delà des Rocheuses pour approvisionner David Thompson* dans le haut du fleuve Columbia. En 1812, après avoir passé l’hiver à Spokane House (près de Spokane, Washington), il raccompagna Thompson au fort William (Thunder Bay, Ontario). Ensuite, il allait jouer un rôle important dans l’heureuse offensive que lança la North West Company pour concurrencer la Pacific Fur Company sur le littoral. Avec son convoi, il parvint en avril 1813 au fort Astoria (Astoria, Oregon), qui appartenait à cette compagnie, et y attendit un navire ravitailleur de sa propre compagnie ; comme celui-ci n’arrivait pas, il retourna, avec ses hommes et des provisions fournies par ses rivaux, passer l’été aux postes de Spokane. À l’automne, il regagna le fort Astoria, avec une plus grosse flottille, pour annoncer que la Grande-Bretagne et les États-Unis étaient en guerre et que des navires s’apprêtaient à venir prendre le poste américain. Il entama alors des négociations avec la Pacific Fur Company pour qu’elle vende son actif à la North West Company. Il conclut l’entente le 16 octobre, mais on allait lui reprocher d’avoir accepté des conditions défavorables ; il avait cependant le soutien de William McGillivray*, le chef de sa compagnie. Il était devenu associé plus tôt dans l’année. C’est probablement pendant cette période qu’il prit une deuxième épouse à la façon du pays, une autre sang-mêlé appelée Nancy McKenzie*, qui avait été placée par son père, l’ancien Nor’Wester Roderick Mackenzie, sous la tutelle de John Stuart, trafiquant du district de New Caledonia (Colombie-Britannique).

Au fort Astoria, rebaptisé fort George, McTavish connut en 1813–1814 une saison de traite difficile en raison de conflits de gestion et de problèmes avec les Indiens. Au printemps de 1814, il remonta le Columbia avec des hommes en armes pour répliquer à la tribu qui avait attaqué et pillé deux canots de la North West Company aux Cascades (près de Cascade Locks, Oregon). Apparemment, il fut en congé l’année suivante, mais il retourna dans le département de la Colombie pour la saison de 1815–1816.

À compter de la saison de traite de 1816–1817, McTavish travailla, semble-t-il, à l’est des Rocheuses, où il se trouva mêlé aux dernières phases du conflit avec la Hudson’s Bay Company. En 1818, on l’envoya hiverner dans la région de l’Athabasca ; l’été suivant, sur le chemin du retour, il fut au nombre des associés que captura aux rapides Grand (Manitoba) le gouverneur de la Hudson’s Bay Company, William Williams. Emmené à York Factory puis envoyé en Angleterre pour y être traduit en justice, il rentra en Amérique du Nord en mars 1820 à bord du James Munroe, après que les poursuites judiciaires eurent avorté. À Montréal, il reçut l’ordre de retourner en toute hâte à l’intérieur des terres afin d’user de représailles. Il dirigea ensuite l’équipe qui arrêta Colin Robertson en juin aux rapides Grand. Dans la saison qui précéda la fusion des deux compagnies, on le plaça à la tête du fort William.

Promu agent principal au moment de la fusion, en 1821, McTavish se vit confier la direction d’York Factory, qui devint alors le principal dépôt de la Hudson’s Bay Company dans le département du Nord. C’est dire combien il était influent et estimé. Le gouverneur George Simpson*, qui en était venu à l’apprécier même s’il y avait eu rivalité entre eux à propos de la traite à leur première rencontre, sur le James Munroe, vantait ses talents en affaires et l’efficacité avec laquelle il administrait York Factory. En 1824, on établit que c’est McTavish qui présiderait le conseil en l’absence de Simpson. Durant les années 1820, sa famille grossit vite : avec Nancy McKenzie, considérée comme Mme McTavish chez les trafiquants de fourrures, il eut au moins cinq filles.

Pourtant, le 22 février 1830, pendant un congé en Écosse, McTavish épousa Catherine A. Turner, de Turner Hall, dans l’Aberdeenshire, répudiant ainsi sa femme sang-mêlé sans avoir pris aucune disposition pour assurer sa subsistance, ce qui ne s’était jamais vu. Simpson, qui l’appuya, fit de même deux jours plus tard. Les McTavish et les Simpson rentrèrent ensemble en Amérique du Nord au cours de l’année et firent le voyage en canot de Montréal à Michipicoten (Michipicoten River, Ontario), après quoi McTavish continua avec son épouse jusqu’à son nouveau poste, Moose Factory, siège du département du Sud. On l’avait aimé pour sa gentillesse et sa générosité mais, maintenant qu’il avait cruellement abandonné sa famille autochtone, McTavish subissait, surtout de la part de John Stuart et de Donald McKenzie*, de sévères critiques qui le blessaient profondément. Simpson, comme le révèle sa correspondance intime et remarquablement détaillée avec lui, le défendit fermement et arrangea un autre mariage pour Nancy McTavish. Néanmoins, il nota dans son « Character book » de 1832 que le mode de vie extravagant et les signes d’intempérance de son ami l’inquiétaient.

Au début des années 1830, McTavish était si corpulent qu’un ami déclarait n’avoir jamais vu « un homme aussi gros ». Après avoir pris congé en 1835–1836 pour raison de santé, il fut muté à un poste tranquille, celui du lac des Deux-Montagnes, près de Montréal. En 1837, il acheta la ferme dont la compagnie s’était départie au lac des Chats (près de Quyon, Québec). La mort de sa femme, en octobre 1841, le plongea dans le chagrin ; leur mariage avait été heureux et deux filles en étaient nées. McTavish trouvait le veuvage insupportable ; il épousa donc en mars 1843 une femme beaucoup plus jeune que lui, Elizabeth (Eppie) Cameron, nièce de l’agent principal Angus Cameron*. Deux autres filles naquirent de cette union.

John George McTavish mourut en 1847 après une brève maladie. Sa carrière dans la traite des fourrures avait duré près d’un demi-siècle. Dans son testament, il répartissait ses biens, évalués à quelque £6 000, entre les filles qu’il avait eues avec Catherine Turner, sa veuve ainsi que ses deux dernières filles.

Sylvia Van Kirk

Une lettre de John George McTavish a été publiée sous le titre de « The Nor’Westers invade the Bay », W. S. Wallace, édit., Beaver, outfit 277 (mars 1947) : 33–34.

ANQ-M, CE1-63, 11 oct. 1841 ; CM1, 1/12, 20 juill. 1847 (testament de J. G. McTavish, copie aux PAM, HBCA).— APC, MG 19, A21, sér. 1.— PAM, HBCA, B.4/b/1 : fo 15 ; B.135/a/91–94 ; B.135/c/2 ; D.4 ; D.5 ; E.4/la : 39, 44d, 61d ; E.24/4 ; F.3/2 ; J. G. McTavish file.— Gabriel Franchère, Journal of a voyage on the north west coast of North America during the years 1811, 1812, 1813, and 1814, W. T. Lamb, trad., introd. de W. K. Lamb, édit. (Toronto, 1969).— HBRS, 1 (Rich) ; 10 (Rich) ; 30 (Williams).— Letitia [Mactavish] Hargrave, The letters of Letitia Hargrave, Margaret Arrien MacLeod, édit. (Toronto, 1947).— Van Kirk, « Many tender ties ».

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Sylvia Van Kirk, « McTAVISH (Mactavish), JOHN GEORGE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 21 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/mctavish_john_george_7F.html.

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Titre de l'article:    McTAVISH (Mactavish), JOHN GEORGE
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1988
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