McKENZIE, DONALD, trafiquant de fourrures et administrateur colonial, né le 16 juin 1783 près d’Inverness, Écosse, fils d’Alexander Mackenzie et d’une prénommée Catherine ; décédé le 20 janvier 1851 à Mayville, New York.

Donald McKenzie avait reçu une bonne instruction lorsque, à l’âge de 17 ans, il immigra aux Canadas pour s’engager, à la suite de ses frères Roderick*, Henry* et James*, dans le commerce des fourrures. En mars 1801, il devint commis de la North West Company. On ne sait pas grand-chose de ses activités au sein de cette compagnie, mais en 1809 il était insatisfait au point d’envisager de passer à la firme rivale, la Hudson’s Bay Company, et il semble qu’il collabora au projet conçu par l’ancien Nor’Wester Colin Robertson* de mener une expédition de la Hudson’s Bay Company dans la région de l’Athabasca. Ce projet ayant échoué, McKenzie fut attiré par la nouvelle entreprise de John Jacob Astor et, en même temps que Ramsay Crooks, Duncan McDougall*, Alexander MacKay*, Wilson Price Hunt et d’autres, il devint en 1810 l’un des premiers associés de la Pacific Fur Company. Cet été-là, ses grandes ressources de force, de courage et d’expérience furent sérieusement mises à l’épreuve lorsqu’il aida Hunt à conduire une expédition par voie de terre en direction de l’embouchure du fleuve Columbia. Les membres de l’expédition durent se séparer pour demeurer en vie et, selon Gabriel Franchère*, ce n’est qu’en janvier 1812 que McKenzie et ses hommes arrivèrent à bout de forces et « leurs habits tout déguenillé » au fort Astoria (Astoria, Oregon) nouvellement construit. Durant la saison suivante, McKenzie entreprit ses longs voyages de traite et d’exploration dans les régions intérieures. Son nom fut donné à l’un des principaux affluents de la rivière Willamette, et il affirma : « Les traces de mes pas se sont entrecroisées partout à l’ouest des montagnes. »

En 1813, lorsqu’il apprit que la guerre avait éclaté entre la Grande-Bretagne et les États-Unis, McKenzie contribua dans une large mesure à convaincre les autres associés de la Pacific Fur Company qu’il était préférable pour eux, étant donné leur situation précaire dans la région du Columbia, de vendre leur entreprise à la North West Company plutôt que de courir le risque d’être capturés. Une fois la transaction conclue et le fort Astoria remis officiellement aux Britanniques, McKenzie retourna dans l’Est avec le convoi de la North West Company au printemps de 1814, apportant à Astor, qui était à New York, les documents relatifs aux négociations qui avaient été menées dans la région du Columbia. Astor estima qu’il avait été trahi et ne voulut plus de McKenzie, mais la North West Company et la Hudson’s Bay Company essayèrent de l’attirer. Il semble que McKenzie avait un certain penchant pour la Hudson’s Bay Company et la colonie – en état de siège – de la Rivière-Rouge (Manitoba) dirigée par le gouverneur Miles Macdonell*, mais il tenta sa chance avec les Nor’Westers et, cette année-là, il s’associa à cette compagnie.

À l’automne de 1816, McKenzie retourna dans la région du Columbia et, pendant les cinq années qui suivirent, il dirigea avec succès le commerce de l’intérieur, s’occupant surtout d’organiser les difficiles expéditions dans le secteur de la rivière Snake. Il se fit une grande réputation pour le courage et la finesse qu’il montra dans ses rapports avec les tribus agitées de la région du haut Columbia et il érigea en 1818 le fort Nez Percés (Walla Walla, Washington). Lorsque la Hudson’s Bay Company et la North West Company fusionnèrent en 1821, il devint agent principal au service de la première compagnie. En se rendant à la réunion annuelle du conseil du département du Nord, à York Factory (Manitoba), l’année suivante, ce trafiquant d’expérience songea un moment à la retraite. Toutefois, à l’automne de 1822, avec John Rowand comme assistant, il se vit confier la tâche de mener une importante expédition en vue de déterminer s’il était avantageux d’étendre le commerce de la Hudson’s Bay Company vers le sud, dans les secteurs de la rivière Bow et de la Saskatchewan-du-Sud, pour neutraliser la concurrence américaine.

Même si l’expédition à la rivière Bow démontra que le commerce dans cette région ne serait pas profitable, McKenzie fit une telle impression sur le gouverneur George Simpson de la Hudson’s Bay Company que, à l’automne de 1823, il fut envoyé dans la colonie de la Rivière-Rouge, après la destitution de John Clarke, pour remettre de l’ordre dans les affaires de la compagnie. L’année suivante, Simpson le décrivit comme « l’homme le plus apte à [cette] tâche dans la région », parce qu’il était « un homme calme et résolu, aux manières apaisantes, économe, rangé et personnellement attaché à la colonie ». McKenzie subit de lourdes pertes financières à la suite de la faillite de la McGillivrays, Thain and Company [V. Thomas Thain*], et ce fut une des raisons qui l’incitèrent à demeurer à l’emploi de la Hudson’s Bay Company. De nouvelles responsabilités lui furent confiées en 1825, lorsqu’il devint gouverneur d’Assiniboia. Jusqu’à la fin des années 1820, McKenzie reçut des louanges pour sa façon d’administrer la colonie de la Rivière-Rouge. « La fermeté, le bon jugement et l’énergie » dont il fit preuve atténuèrent, estimait-on, les effets dévastateurs de l’inondation de 1826 et, en 1829, Simpson affirmait avec enthousiasme : « Il gouverne de la manière la plus simple au monde ; il règle les questions les plus épineuses en plaisantant et en riant, assis sur un mortier en face de la porte de son fort, et il est aimé et respecté de ses sujets plus que les mots ne sauraient le dire ; il n’est pas aussi corpulent qu’avant, mais en bien meilleure santé et il a l’air capable de vivre éternellement. »

Après avoir passé l’hiver de 1830–1831 dans la colonie, Simpson changea complètement d’opinion sur McKenzie. Dans « Character book », il fit de lui un portrait long et accablant, déclarant que sa vie tout entière était « une suite régulière d’artifices, de tromperies, de mensonges, d’intrigues, de suspicion, d’égoïsme et de vengeance ». McKenzie n’était peut-être plus utile en tant que gouverneur dans les années 1830, mais le portrait tracé par Simpson dans un accès d’humeur noire causé en partie par les problèmes matrimoniaux de son entourage ne constitue pas une juste évaluation de sa carrière dans la traite des fourrures. McKenzie avait dénoncé vivement l’insensibilité avec laquelle l’agent principal John George McTavish* avait rejeté en 1830 sa nièce Nancy McKenzie, qu’il avait épousée à la façon du pays, pour se marier avec une Écossaise. Avec John Stuart*, il avait fait obstacle aux efforts de Simpson qui tentait de régler discrètement les affaires de son ami McTavish. De son côté, Simpson avait critiqué les arrangements matrimoniaux de McKenzie. En s’établissant à la Rivière-Rouge, celui-ci s’était débarrassé de la femme qu’il avait épousée à la façon du pays, probablement Mary MacKay, fille d’Alexander MacKay, mais Simpson n’avait pas approuvé son mariage, le 18 août 1825, avec la gouvernante qu’il avait engagée pour s’occuper de ses trois enfants métis. Sa nouvelle femme était une fille de 18 ans, Adelgonde Humbert Droz, qui venait d’une famille pauvre de colons originaires de la Suisse. Treize enfants devaient naître de ce second mariage.

À l’automne de 1832, McKenzie fit un long voyage dans l’est des États-Unis et il choisit de prendre sa retraite à Mayville, dans l’état de New York. Il revint à la Rivière-Rouge pendant l’été de 1833 afin d’emmener sa famille ; il avait obtenu un congé de maladie valable jusqu’au moment de sa retraite officielle en 1835. À Mayville, il construisit une imposante maison de brique sur un terrain qui dominait le lac Chautauqua. McKenzie investit de fortes sommes dans les terres de la région avoisinante. Il mourut au début de 1851, plusieurs mois après qu’il fut tombé de cheval pendant un voyage d’affaires.

Au cours d’une carrière de grande envergure au service de trois compagnies différentes, Donald McKenzie se fit une réputation d’explorateur intrépide et de trafiquant audacieux. S’il avait des défauts, il est important de noter que McKenzie retrouva plus tard les bonnes grâces de Simpson et qu’une correspondance amicale s’établit entre les deux familles.

Sylvia Van Kirk

AYC, MU 19, A21, sér. 1 ; E2, 3.— Gabriel Franchère, Journal of a voyage on the north west coast of North America during the years 1811, 1812, 1813, and 1814, W. T. Lamb, trad., introd. de W. K. Lamb, édit. (Toronto, 1969).— HBRS, 2 (Rich et Fleming).— Alexander Ross, The fur hunters of the far west ; a narrative of adventures in the Oregon and Rocky mountains (2 vol., Londres, 1855).— Simpson, « Character book », HBRS, 30 (Williams), 151–236.— J. G. MacGregor, John Rowand, czar of the Prairies (Saskatoon, Saskatchewan, 1978).— C. W. Mackenzie, Donald Mackenzie : « king of the northwest » [...] (Los Angeles, 1937).— Ernest Cawcroft, « Donald Mackenzie : king of the northwest », Canadian Magazine, 50 (nov. 1917–avril 1918) : 342–349.

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Sylvia Van Kirk, « McKENZIE, DONALD », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 17 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/mckenzie_donald_8F.html.

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Auteur de l'article:    Sylvia Van Kirk
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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1985
Année de la révision:    1985
Date de consultation:    17 déc. 2024