SIMPSON, ALEXANDER, trafiquant de fourrures et auteur, né le 14 janvier 1811 à Dingwall, Écosse ; décédé après 1845, probablement en Écosse.

Alexander Simpson était le fils de l’instituteur Alexander Simpson et de sa deuxième femme, Mary Simpson. Tous les jeunes de la famille se laissèrent tenter par la traite des fourrures et travaillèrent pour la Hudson’s Bay Company : Thomas, frère d’Alexander, dans le département du Nord, et leur demi-frère Æmilius* au service maritime. Quant à leur cousin George* (fils du frère aîné de leur mère), il devint gouverneur de la compagnie en Amérique du Nord en 1826. Lors d’une visite de celui-ci à la famille, en 1825, Alexander s’était dit « si captivé par les pittoresques descriptions des aventures que l’on [pouvait] vivre et des richesses que l’on [pouvait] asser » qu’il signa un contrat avec la compagnie en 1827 et traversa l’Atlantique l’année suivante.

On affecta d’abord Simpson, en qualité de commis débutant, au bureau de la Hudson’s Bay Company à Lachine, dans le Bas-Canada, où en 1830 il fut chargé de la comptabilité. Satisfait de son rendement, George Simpson notait en 1832 qu’il était « instruit, attentif à son travail [...] correct dans sa conduite et son attitude personnelle » et qu’il pouvait s’avérer très utile à ses employeurs. Toutefois, c’était un jeune homme vif, et il se querellait souvent avec James Keith*, surintendant à Lachine. En 1834, au terme d’une dispute apparemment due au fait qu’Alexander avait « posé de tendres regards sur l’une des servantes », Keith en eut assez et décida de l’envoyer à Moose Factory (Ontario). Mécontent, Alexander persuada l’agent principal John George McTavish de le laisser se rendre par canot allégé à la rivière Rouge (Manitoba) afin de plaider sa cause auprès de George Simpson. Celui-ci, quoique assez touché par le malheur de son cousin, fut contrarié par cette perte de temps et d’énergie et lui ordonna de retourner à pied à Moose Factory, « pour se calmer les esprits », et d’y rester en qualité de comptable. En mars 1835, Alexander retourna donc à son poste. Mais tenir les livres, faire d’autres besognes du même genre et passer de temps à autre des commandes privées pour des fonctionnaires et des employés ne ressemblaient guère à la vie aventureuse dont il avait rêvé.

Enfin, après quatre ans, sir George Simpson lui assigna des fonctions plus passionnantes au fort Vancouver (Vancouver, Washington). La Hudson’s Bay Company avait convenu, avec la Russian American Company, d’un partage du commerce côtier dans le Nord-Ouest, et le comité de Londres préparait une réorganisation des affaires de la compagnie dans le Pacifique. On ouvrirait des magasins en Californie et aux îles Sandwich (Hawaï) ; une société appelée Puget’s Sound Agricultural Company produirait de la laine, du cuir, du suif et d’autres produits pour les marchés de l’Angleterre et du Pacifique [V. William Fraser Tolmie*]. Alexander devait aider l’agent principal John McLoughlin* à réaliser divers aspects de ces projets. À l’automne de 1839, il se rendit donc dans les îles Sandwich afin d’y sonder les possibilités commerciales ; en 1840, il retourna au fort Vancouver par Monterey (Californie) et San Francisco, où il acheta des moutons pour la compagnie agricole et se renseigna sur le commerce, les prix et les ressources de la Californie. McLoughlin fut si content de son travail qu’il le réaffecta aux îles Sandwich à titre d’adjoint de George Pelly, administrateur de la Hudson’s Bay Company à Honolulu. Arrivé là-bas en janvier 1841, Simpson fut promu chef de poste deux mois plus tard.

Peu après avoir débarqué dans l’île d’Hawaï, Simpson apprit la mort de son frère Thomas qui, tout en s’étant distingué dans l’exploration de l’Arctique, avait suscité des antipathies par son mauvais caractère et son aversion pour les sang-mêlé. Alexander se rendit en Angleterre pour aider sa famille endeuillée et éclaircir les circonstances mystérieuses de cette mort, qui semblait résulter d’un meurtre ou d’un suicide. À son retour à Hawaï, en 1842, il découvrit que sir George prévoyait le muter au département du Nord. Encore troublé par la mort de son frère, il ne voulait pas s’installer dans une région qui la lui rappelait. Aussi fit-il part à sir George de son intention de démissionner après avoir pris un congé pour l’année de traite 1842–1843. Sir George se montra d’abord réfractaire à sa démission, mais Alexander fut bientôt mêlé à une affaire qui poussa le gouverneur à changer de sentiment.

Alexander était convaincu que la Grande-Bretagne aurait avantage à annexer les îles Sandwich, mais ni la Hudson’s Bay Company ni le gouvernement britannique n’étaient particulièrement favorables à cette idée : vu les intérêts français et américains dans le Pacifique, l’annexion risquait de déclencher un conflit international. En revanche, le consul de Grande-Bretagne à Hawaï était d’accord et, lorsqu’il décida, en septembre 1842, d’aller faire pression en Angleterre, il nomma Alexander « consul intérimaire ». Continuant de promouvoir l’annexion, celui-ci se trouva vite au centre d’un différend international qui faillit tourner très mal, puisque des bâtiments de guerre britanniques et américains se postèrent au large d’Oahu. Finalement, il quitta les îles en mars 1843, après leur occupation par les Britanniques, et la Hudson’s Bay Company accepta avec soulagement sa démission, en vigueur le 1er juin.

De retour en Écosse, Alexander Simpson se consacra à la défense de plusieurs causes. En 1843, il publia un livre qui plaidait en faveur de l’annexion des îles Sandwich par la Grande-Bretagne et fit paraître un ouvrage de son frère Thomas, Narrative of the discoveries on the north coast of America [...]. Pendant deux ans, il correspondit avec le comité de Londres dans l’espoir de rétablir la mémoire de son frère et d’obtenir, en considération des services qu’il avait rendus, une pension pour sa mère. The life and travels of Thomas Simpson, the Arctic discoverer [...], qu’il publia en 1845 pour gagner la sympathie du public, demeure un intéressant compte rendu d’exploration nordique. On ne sait guère ce que Simpson fit par la suite. Apparemment, il se fixa en Écosse, s’y maria et y mourut, peut-être au début des années 1870. Alexander Caulfield Anderson*, trafiquant de fourrures à la retraite, écrivait en 1878, dans un manuscrit intitulé « History of the northwest coast », qu’il était mort « depuis quelques années ».

Kerry Abel

Alexander Simpson est l’auteur de : The Sandwich Islands : progress of events since their discovery by Captain Cook ; their occupation by Lord George Paulet ; their value and importance (Londres, 1843) ; The life and travels of Thomas Simpson, the Arctic discoverer [...] (Londres, 1845 ; réimpr. avec introd. de John Gellner, Toronto, 1963) ; et The Oregon territory ; claims thereto of England and America considered ; its conditions and prospects (Londres, 1846).

Bancroft Library, Univ. of California (Berkeley), A. C. Anderson, « History of the northwest coast » (copie dactylographiée aux PABC).— GRO (Édimbourg), Dingwall, reg. of births and baptisms, 26 janv. 1811.— PAM, HBCA, A.1/56 ; A.10/17–18 ; B.135/a/139–143 ; B.135/c/2 ; D.5/4–5 ; 7 ; Alexander Simpson file.— Hargrave, Hargrave corr. (Glazebrook).— HBRS, 6 (Rich) ; 19 (Rich et Johnson) ; 30 (Williams).— Rich, Hist. of HBC (1958–1959), 2.

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Kerry Abel, « SIMPSON, ALEXANDER », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 20 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/simpson_alexander_7F.html.

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Auteur de l'article:    Kerry Abel
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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1988
Année de la révision:    1988
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