SIMPSON, ÆMILIUS, hydrographe, arpenteur, trafiquant de fourrures et capitaine de navire, né le 27 juillet 1792 à Dingwall, Écosse, fils d’Alexander Simpson et d’Emilia MacIntosh ; décédé célibataire le 2 septembre 1831 au fort Simpson, sur la rivière Nass (Colombie-Britannique).
Le père d’Æmilius Simpson occupait le poste d’instituteur à l’école paroissiale de Dingwall, et sa mère, qui mourut peu après lui avoir donné naissance, était la fille d’un fermier. Æmilius Simpson était à la fois un confrère de classe et un parent par alliance de George Simpson*, car la tante de ce dernier, Mary Simpson, allait devenir sa belle-mère en 1807. Le 13 avril 1806, Simpson entra dans la marine royale à titre de volontaire de première classe. Il servit durant toutes les guerres napoléoniennes, et reçut sa commission de lieutenant le 2 mars 1815. La réduction du personnel après la guerre interrompit sa carrière : il fut mis à la demi-solde le 5 décembre 1816 et retourna à Dingwall où, pendant dix ans, il rongea son frein à cause de son « exclusion [...] du service actif [...] [qu’]il adorait ». Son jeune demi-frère, Alexander Simpson*, se rappelait de lui comme d’un homme « d’un naturel irascible », mais doté aussi « d’une tendre affection ». Simpson eut une liaison avec Margaret McLennan et, en 1821, ils eurent un fils. L’enfant, qui fut baptisé Horatio Nelson, est le seul bénéficiaire dont le nom apparaît sur le testament de Simpson.
Au début de 1826, George Simpson, devenu gouverneur des territoires de la Hudson’s Bay Company en Amérique du Nord, offrit à Æmilius Simpson un poste d’hydrographe et d’arpenteur. L’Amirauté accorda à ce dernier un congé de trois ans et l’engagement se fit le 1er mars 1826. Quatre jours plus tard, les deux Simpson quittaient Liverpool pour New York et, de là, pour Upper Fort Garry (Winnipeg) en passant par Montréal. Le premier devoir d’Æmilius fut de vérifier la délimitation de la frontière au 49e parallèle, à Pembina (Dakota du Nord), de manière à empêcher les trafiquants de fourrures de la Hudson’s Bay Company de pénétrer sur le territoire américain. Il confirma les levés faits en 1823 par le major Stephen Harriman Long pour le département américain de la guerre.
Le 25 juin 1826, Simpson fut nommé hydrographe et commis dans le district de la Colombie. Il avait pour tâche précise d’assurer le commandement du vaisseau venu d’Angleterre pour servir au commerce côtier, que le gouverneur avait décidé de développer. Il quitta York Factory (Manitoba) le 14 juillet 1826 et accompagna le convoi d’automne. Il fit un relevé détaillé de la route et atteignit le fort Vancouver (Vancouver, Washington) le 2 novembre. Il surveilla alors les travaux de construction de deux navires déjà en chantier sur le Columbia et traça la carte du fleuve à partir du cap Disappointment jusqu’au fort Vancouver. Le 8 juin 1827, il prit le commandement du Cadboro, nouvellement arrivé. Au cours de ce même été, tout en assurant la protection et le transport de l’équipe qui travaillait à l’établissement du fort Langley (Fort Langley, Colombie-Britannique) [V. James McMillan*], il traça la première carte hydrographique du cours inférieur du Fraser.
Pendant plusieurs années, Simpson fit du commerce le long de la côte, de Sitka (Alaska) à Monterey (Californie), et dans les îles Sandwich (Hawaï). En octobre 1829, il fut nommé surintendant du département de la marine de la Hudson’s Bay Company et occupa ainsi le poste que le gouverneur Simpson qualifia plus tard de « plus dangereux du service ». En août 1830, il choisit l’emplacement d’un fort sur la rivière Nass, « le grand marché de la côte pour la loutre marine et les fourrures d’animaux terrestres ». Il s’agissait d’une entreprise hasardeuse que le gouverneur jugeait « nécessaire pour assurer la survie de [leur] commerce intérieur dans le cas où [leurs trafiquants] ser[aient] exclus du Colombia ». Promu chef de poste et ayant reçu le commandement du Dryad, Simpson passa l’été de 1831 à aider le chef de poste Peter Skene Ogden* à établir le fort de la rivière Nass. Il partit de là vers le nord pour une expédition commerciale par voie d’eau, qui s’avéra « très fructueuse ». La maladie le força cependant à regagner le fort (qui porta son nom), et il y mourut le 2 septembre 1831, vaincu par « son vieil ennemi, une affection du foie ». Il fut inhumé à l’extérieur de la palissade, et lorsque le fort fut relocalisé dans un emplacement plus avantageux (l’actuel Port Simpson, Colombie-Britannique), ses restes y furent transférés.
Durant les quatre années qu’il passa sur la côte du Pacifique au service de la Hudson’s Bay Company, Æmilius Simpson ne fut pas « très populaire » ; il devait son emploi au gouverneur, faisait de son mieux pour imposer dans les postes éloignés la « discipline rigoureuse » qui règne sur les navires de guerre britanniques et, contrairement à d’autres capitaines de la Hudson’s Bay Company, il apparaissait comme « le vrai gentleman ». On ne douta jamais de son courage et de son efficacité en tant que marin et trafiquant de fourrures. Le gouverneur Simpson eut toujours pour lui « beaucoup de respect en tant que personne et une haute opinion de sa valeur ». Il le qualifiait en privé de « meilleur petit gars qui ait vécu », et le tenait pour « honorable, régulier et direct ». « Il est possible, ajoutait-il, que [Simpson ait été] trop strict en matière de discipline mais cela s’imposait avec les vagabonds auxquels il avait affaire. Le misérable ivrogne qu’était Sinclair [Thomas Sinclair, second sur le Cadboro] ne pouvait lui apporter aucun support (et] il était donc dans l’obligation de s’acquitter lui-même du pénible devoir de gifler et de frapper. »
Une tradition régionale bien établie, que les documents confirment en grande partie, soutient que la culture des pommes et de la vigne dans la vallée du Columbia doit ses débuts à Æmilius Simpson, cet Écossais exilé et détaché de la marine royale, qui sut gagner le « respect et l’estime » de l’agent principal John McLoughlin* par sa « conduite de gentleman et le zèle qu’il a mis à s’acquitter de son devoir ».
General Reg. Office (Édimbourg), Dingwall, reg. of births and baptisms, 22 oct. 1821.— PABC, AB20, L2.— PAM, HBCA, A.36/12 : fos 35, 35d.— PRO, ADM 1/3155 : 24 ; 9/174/5056.— HBRS, 3 (Fleming) ; 4 (Rich).— Alexander Simpson, The life and travels of Thomas Simpson, the Arctic discoverer (Londres, 1845).— George Simpson, « The « Character book » of Governor George Simpson, 1832 », HBRS, 30 (Williams), 151–236.— Walbran, B.C. coast names.— G. P. V. et H. B. Akrigg, British Columbia chronicle, 1778–1846 : adventures by sea and land (Vancouver, 1975).— H. H. Bancroft, History of British Columbia, 1792–1887 (San Francisco, 1887).— J. A. Hussey, The history of Fort Vancouver and its physical structure (Tacoma, Wash., 1957).— Wash. Hist. Quarterly (Seattle),. 1 (1906) : 265 ; 2 (1907) : 42–43.
Dorothy Blakey Smith, « SIMPSON, ÆMILIUS », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 6, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 16 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/simpson_aemilius_6F.html.
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Auteur de l'article: | Dorothy Blakey Smith |
Titre de l'article: | SIMPSON, ÆMILIUS |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 6 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1987 |
Année de la révision: | 1987 |
Date de consultation: | 16 nov. 2024 |