MACDONELL (Greenfield), ALEXANDER, trafiquant de fourrures, homme politique et fonctionnaire, né le 20 novembre 1782 à Greenfield (région de Highland, Écosse), fils d’Alexander Macdonell of Greenfield et de Janet Macdonell (Aberchalder) ; décédé le 23 février 1835 à Toronto.
Alexander Macdonell immigra dans le Haut-Canada avec sa famille en 1792. Son père, chef d’une branche cadette des Macdonell of Glengarry, était un Highlander militant, renommé pour sa courtoisie, ses costumes traditionnels et son habileté en forêt. D’après son propre témoignage, Alexander devint commis de la North West Company en 1803. Trois ans plus tard, il servait à titre de commis dans le département de Monontagué et, en septembre 1809, il était affecté au département de la rivière Rouge. Il y était toujours lorsque son cousin et beau-frère, Miles Macdonell, arriva en 1812 à la tête du premier groupe d’hommes venus faire des travaux en vue d’établir la colonie de lord Selkirk [Douglas*]. Il lui fit bon accueil, et les premiers contacts entre les deux cousins (et les intérêts opposés qu’ils représentaient) s’établirent sous le signe de l’amitié et de la coopération. Toutefois, dès avril 1813, Miles accusait son parent de s’être conduit de manière « insidieuse et perfide au cours de l’hiver en essayant de détourner [ses] colons de leur devoir », accusation qu’Alexander put assez facilement repousser comme non fondée.
En dépit de cet incident qui avait mis fin aux échanges cordiaux, il n’y eut aucune manifestation ouverte d’hostilité entre la colonie et la North West Company avant la fameuse proclamation de janvier 1814 – dans laquelle Miles Macdonell interdisait l’exportation hors des limites de la concession de toutes provisions, y compris le pemmican, nourriture de base des Nor’ Westers, – et l’imposition de mesures qui s’avérèrent efficaces pour maintenir cet embargo. Devant une telle situation, Alexander et ses collègues Duncan* et John Dugald* Cameron, qui avaient plus d’ancienneté que lui, ne firent preuve d’aucune initiative ni de fermeté et furent sévèrement blâmés par leurs supérieurs pour leur inaction. Même si ces reproches irritèrent Alexander, il fut obligé d’admettre qu’ils auraient dû opposer une résistance plus vive à l’embargo de son cousin. Lors de la réunion de 1814, Alexander devint associé de la North West Company et fut nommé responsable du département de la rivière Rouge avec Duncan Cameron, à condition, sans doute, de se montrer plus agressif à l’avenir. Par la suite, pendant plusieurs années, Cameron et lui organisèrent et dirigèrent la résistance des trafiquants indépendants, des sang-mêlé (en particulier des Métis) et des Indiens contre la colonie de la Rivière-Rouge. Certaines lettres interceptées ou saisies par la Hudson’s Bay Company expriment clairement les idées extrémistes de Macdonell au sujet du conflit qui opposait ces deux forces. Ses paroles et ses gestes incitèrent William Bacheler Coltman, dont le rapport de 1818 sur la guerre de la traite des fourrures dans le Nord-Ouest était dans l’ensemble scrupuleusement impartial, à l’accuser de « violence générale » dans sa conduite, tout en prenant bien soin de relever des témoignages contredisant la plupart des allégations spécifiques faites contre lui par lord Selkirk et la Hudson’s Bay Company.
Étant donné les témoignages contradictoires qui portent sur le conflit entre les deux compagnies rivales, il n’est pas possible de faire un compte rendu impartial des activités de Macdonell entre 1814 et 1816 et, encore bien moins, de mesurer son implication dans certains des épisodes les plus violents. De façon générale, on peut affirmer que Macdonell, de concert avec Duncan Cameron, encouragea chez les premiers habitants de la région la crainte de voir une colonie s’y établir, et qu’il les poussa à s’y opposer. Il favorisa probablement chez les Métis et les Indiens l’éveil de la notion de leurs droits en tant qu’aborigènes, mais il est plutôt douteux que ce soit Cameron et lui qui aient inventé ce concept, comme certains documents le laissent entendre. Il n’est pas plus sûr qu’il ait été directement responsable de la violence dont firent preuve les Métis, étant donné qu’il fut absent de la plupart des affrontements et qu’il exprima plusieurs fois son désir d’éviter « de faire couler le sang » si possible. Il est certain que c’était lui qui dirigeait les Métis lorsqu’ils attaquèrent la colonie pour la disperser à la fin du printemps de 1815 mais, malgré les nombreuses manœuvres d’intimidation, ils réussirent à atteindre leur objectif sans perte de vie.
Au cours de l’automne de 1815 et de l’hiver de 1816, Macdonell recruta une bonne partie des Métis que dirigeait Cuthbert Grant* et, exhibant avec ostentation son costume militaire, il les conduisit au fort Qu’Appelle (Fort Qu’Appelle, Saskatchewan). Même s’il était encore à cet endroit lors de la bataille de Seven Oaks (Winnipeg) le 19 juin 1816, les hommes de Grant qui participèrent à ce combat étaient toujours sous ses ordres. Cependant, il ne fut jamais prouvé qu’il y avait un lien direct entre ses ordres et la mort de Robert Semple*, gouverneur des territoires de la Hudson’s Bay Company, et celle d’une vingtaine d’hommes. Les documents dont on dispose suggèrent que Seven Oaks fut le lieu d’un affrontement survenu par inadvertance entre des adversaires devenus extrêmement méfiants les uns à l’égard des autres. On ne peut toutefois mettre en doute certains témoignages de l’époque qui rapportent que Macdonell s’était réjoui publiquement de cette issue sanglante. Accusé en septembre 1816 d’être un des responsables du meurtre d’Owen Keveny*, un employé de la Hudson’s Bay Company, il persista à soutenir que les vrais coupables, un Métis nommé Mainville et Charles de Reinhard, avaient agi de leur propre initiative.
Malgré tout ce qui se disait contre Macdonell, Coltman le laissa s’enfuir en 1817 ; il se dirigea vers l’ouest, et il n’eut jamais à répondre de ses actions devant une cour canadienne. En 1819 parut sous son nom à Londres un ouvrage intitulé A narrative of transactions […], qui tentait de démontrer la fausseté des « diffamations calomnieuses » lancées contre lui. L’ouvrage avait probablement été rédigé, au moins en partie, par Samuel Hull Wilcocke qui, à ce moment-là, était au service de la North West Company à titre de publiciste et qui avait écrit la préface sans toutefois la signer. Macdonell retourna dans le Haut-Canada en 1821 mais, sur les ordres explicites d’Andrew Colvile de la Hudson’s Bay Company, son nom fut rayé de la liste des hommes de la North West Company qui devaient rester en poste après la fusion des deux compagnies survenue cette année-là.
Alexander Macdonell suivit la tradition familiale en s’engageant dans la politique. Il fut élu député de Glengarry aux élections législatives du Haut-Canada en 1821 et conserva ce siège jusqu’en 1824. Ses frères John* et Donald* représentèrent également cette circonscription en différentes périodes entre 1812 et 1841. Aux élections de 1834, Macdonell se présenta sous la bannière tory dans la circonscription de Prescott et remporta la victoire. Atteint de consomption, il mourut en février 1835 à Toronto où il s’était rendu pour assister aux débats de la chambre d’Assemblée. Il était, en outre, shérif du district d’Ottawa depuis 1822.
Alexander Macdonell est l’auteur de : A narrative of transactions in the Red River country, from the commencement of the operations of the Earl of Selkirk, till the summer of the year 1816 (Londres, 1819) qu’il écrivit probablement avec l’aide de Samuel Hull Wilcocke.
APC, MG 19, E1.— PAM, HBCA, Nicholas Garry file.— W. B. Coltman, « Summary of the evidence in the controversy between the Hudson’s Bay Company and the North-West Company », N.Dak. State Hist. Soc., Coll. (Fargo), 4 (1913) : 451–653.— Docs. relating to NWC (Wallace).— G.-B., Colonial Office, Papers relating to the Red River settlement […] (Londres, 1819).— HBRS, 2 (Rich et Fleming).— Report of trials in the courts of Canada, relative to the destruction of the Earl of Selkirk’s settlement on the Red River ; with observations, Andrew Amos, édit. (Londres, 1820).— Correspondent and Advocate (Toronto), 15 mars 1835.— Patriot (Toronto), 13 mars 1835.— J. A. Macdonell, Sketches illustrating the early settlement and history of Glengarry in Canada, relating principally to the Revolutionary War of 1775–83, the War of 1812–14 and the rebellion of 1837–8 […] (Montréal, 1893).— M. A. MacLeod et W. L. Morton, Cuthbert Grant of Grantown ; warden of the plains of Red River (Toronto, 1974).— G. C. McMillan, « The struggle of the fur companies in the Red River region, 1811–1821 » (thèse de m.a., Univ. of Manitoba, Winnipeg, 1955).— C.[B.] Martin, Lord Selkirk’s work in Canada (Toronto, 1916).
J. M. Bumsted, « MACDONELL (Greenfield), ALEXANDER », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 6, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 29 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/macdonell_greenfield_alexander_6F.html.
Permalien: | https://www.biographi.ca/fr/bio/macdonell_greenfield_alexander_6F.html |
Auteur de l'article: | J. M. Bumsted |
Titre de l'article: | MACDONELL (Greenfield), ALEXANDER |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 6 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1987 |
Année de la révision: | 2016 |
Date de consultation: | 29 déc. 2024 |