DCB/DBC Mobile beta
+

Dans le cadre de l’accord de financement entre le Dictionnaire biographique du Canada et le Musée canadien de l’histoire, nous vous invitons à participer à un court sondage.

Je veux participer maintenant.

Je participerai plus tard.

Je ne veux pas participer.

J’ai déjà répondu au sondage

Nouvelles du DBC/DCB

Nouvelles biographies

Biographies modifiées

Biographie du jour

ROBINSON, ELIZA ARDEN – Volume XIII (1901-1910)

décédée le 19 mars 1906 à Victoria

La Confédération

Le gouvernement responsable

Sir John Alexander Macdonald

De la colonie de la Rivière-Rouge au Manitoba (1812–1870)

Sir Wilfrid Laurier

Sir George-Étienne Cartier

Sports et sportifs

Les fenians

Les femmes dans le DBC/DCB

Les conférences de Charlottetown et de Québec en 1864

Les textes introductifs du DBC/DCB

Les Acadiens

Module éducatif

La guerre de 1812

Les premiers ministres du Canada en temps de guerre

La Première Guerre mondiale

Titre original :  Henry de Grandsaignes d'Hauterives et son Historiographe | Pratiques orales cinématographiques

Provenance : Lien

GRANDSAIGNES D’HAUTERIVES, HENRY DE, vicomte de GRANDSAIGNES D’HAUTERIVES (à sa naissance, il reçut les prénoms d’Henri-Louis-Marie), projectionniste ambulant et exploitant de cinéma, né le 28 juillet 1869 à Pont-l’Abbé, France, fils de Gustave de Grandsaignes d’Hauterives, comte de Grandsaignes d’Hauterives, receveur des douanes, et de Marie Tréourret de Kerstrat ; en juin 1894, il épousa à Paris Charlotte Subé, et ils eurent un fils, Robert, trésorier de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord en 1950, puis en 1922, dans la même ville, Marguerite Holleville ; décédé le 26 septembre 1929 à Paris.

Henry de Grandsaignes d’Hauterives appartenait à deux grandes familles de la noblesse française. Par sa mère, il était le descendant du comte de Mirabeau, écrivain et grand tribun révolutionnaire ; par son père, il venait d’une prestigieuse lignée de militaires. Ces familles avaient été appauvries par la Révolution française et l’avènement de la république, mais la mère d’Henry, par d’habiles investissements et une gestion imaginative, rétablit la fortune et le prestige du clan en créant en Bretagne un des premiers sites commerciaux de villégiature. Devenu avoué à Paris après des études de droit à Poitiers, Henry s’endetta rapidement à cause d’un train de vie extravagant qui poussa sa femme vers la séparation en 1897. Il décida alors de partir pour l’Amérique avec la volonté de faire fortune par le cinéma naissant. Dans ce but, il s’associa à sa mère, qui devint la gérante de l’exploitation ambulante de cinéma appelée Historiographe Compagnie.

Le vicomte et la comtesse d’Hauterives, ainsi qu’ils furent connus au Canada, commencèrent à présenter des films à Montréal en octobre 1897. Ils étaient parmi les premiers à offrir un tel divertissement. Après quelques mois de spectacles lucratifs, ils entreprirent en 1898 une tournée des petites villes de la province de Québec ; ils attiraient le public en obtenant au préalable l’agrément des autorités civiles et religieuses. Ils visitèrent ensuite l’Ontario, puis poursuivirent leur périple sur la côte est des États-Unis en 1899 en visitant New York, Boston, Atlantic City, au New Jersey, et les petites villes environnantes. Leurs tournées s’étendirent bientôt jusqu’aux îles Bermudes, Saint-Pierre et Miquelon.

Jusqu’en 1906, le Québec fut le principal terrain d’activité de Grandsaignes d’Hauterives et de sa mère. Ils y revenaient chaque automne pour des tournées pendant lesquelles ils présentaient des dizaines de films – à l’époque, ceux-ci ne duraient que quelques minutes – dans les théâtres, les écoles et les salles paroissiales. Ils se servaient d’un projecteur baptisé Historiographe, actionné par une manivelle qui permettait de faire défiler la pellicule devant un objectif éclairé par une lampe à gaz. Les spectacles de l’Historiographe étaient reconnus et vantés pour leur qualité. On y retrouvait les films français les plus récents, surtout à caractère historique, achetés chez Charles Pathé et Georges Méliès, et coloriés à la main dans un atelier parisien. Grandsaignes d’Hauterives était renommé comme « bonimenteur », occupation aujourd’hui oubliée qui consistait à commenter verbalement les films muets. Les journalistes de l’époque vantaient presque unanimement son propos pertinent et volubile, autant en français qu’en anglais, durant les représentations.

Toutefois, la multiplication des salles de cinéma amena Grandsaignes d’Hauterives et sa mère à mettre fin à leurs tournées. Ils devinrent exploitants de salles à New York de 1906 à 1908, puis à Saint Louis, au Missouri, de 1908 à 1910 et enfin aux Bermudes et aux îles Saint-Pierre et Miquelon de 1910 à 1913. Leur activité fut finalement réduite puis enrayée par la monopolisation du cinéma américain, qui força les exploitants à s’intégrer à des réseaux auxquels ni le vicomte ni sa mère ne voulurent adhérer. Ils tenaient à rester indépendants et à exploiter leur cinéma de façon saisonnière, ce qui s’accordait fort mal avec les pratiques commerciales. Rentré en France en 1913, sans avoir fait fortune, Grandsaignes d’Hauterives occupa un poste de fonctionnaire à Rouen pendant la guerre et d’avoué à Paris de 1920 jusqu’à sa mort en 1929 (sa mère était morte en décembre 1920) ; il se fit alors plus connaître pour sa gaieté mondaine que pour son activité professionnelle.

Aristocrate insouciant et fonctionnaire sans importance en France, Henry de Grandsaignes d’Hauterives fut un audacieux pionnier de l’industrie cinématographique en Amérique du Nord, sillonnant le continent pour offrir un spectacle nouveau qu’il popularisa en ajoutant à l’intérêt des premiers films muets l’émotion d’une narration orale captivante. Durant ses années en Amérique du Nord, il persista à présenter des films français devant toutes les sortes de publics, en gardant la réputation d’un exploitant hors pair. Il lança dans la province de Québec une pratique qui subsisterait jusqu’en 1930 : le film muet avec boniment. Bien des gens firent connaissance avec le cinéma par son intermédiaire.

Germain Lacasse

Les informations contenues dans la biographie d’Henry de Grandsaignes d’Hauterives ont été tirées des chroniques de spectacles dans les journaux de l’époque et de la correspondance de la comtesse Marie de Grandsaignes d’Hauterives aux Arch. départementales du Finistère (Quimper, France), dossier 60 J 67.

Arch. départementales, Finistère, État civil, Pont-l’Abbé, 28 juill. 1869.— Arch. municipales, Paris, État civil, 28 sept. 1929.— Germain Lacasse et Serge Duigou, l’Historiographe (les débuts du spectacle cinématographique au Québec) (Montréal, 1985) ; Marie de Kerstrat, l’aristocrate du cinématographe (Quimper, 1987).

Bibliographie générale

Comment écrire la référence bibliographique de cette biographie

Germain Lacasse, « GRANDSAIGNES D’HAUTERIVES, HENRY DE, vicomte de GRANDSAIGNES D’HAUTERIVES », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 19 mars 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/grandsaignes_d_hauterives_henry_de_15F.html.

Information à utiliser pour d'autres types de référence bibliographique


Permalien: http://www.biographi.ca/fr/bio/grandsaignes_d_hauterives_henry_de_15F.html
Auteur de l'article:    Germain Lacasse
Titre de l'article:    GRANDSAIGNES D’HAUTERIVES, HENRY DE, vicomte de GRANDSAIGNES D’HAUTERIVES
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    2005
Année de la révision:    2005
Date de consultation:    19 mars 2024