CASTANET, JEAN-BAPTISTE-MARIE, prêtre, récollet, né en 1766 dans le diocèse de Rodez en France, décédé le 26 août 1798 à Québec.

Nous savons peu de chose sur la jeunesse de Jean-Baptiste-Marie Castanet. Il fut ordonné prêtre chez les récollets vers 1790, et, pendant les deux années qui suivirent, il servit son ordre en France. Toutefois, le cours de la Révolution l’obligea à s’exiler, comme beaucoup de ses frères en religion ; il quitta sa patrie pour l’Angleterre à la fin de 1792 ou au début de 1793. Quelque temps après, l’évêque de Québec, Mgr Hubert, par l’entremise de Jean-François de La Marche, évêque de Saint-Pol-de-Léon, résidant alors à Londres, invita tous les membres du clergé français qui y étaient réfugiés à s’établir au Canada. Castanet fut parmi ceux qui acceptèrent. Environ 45 prêtres français en exil quittèrent l’Angleterre pour le Canada entre 1791 et 1802. Castanet arriva à Québec en juin 1794, en compagnie des abbés Louis-Joseph Desjardins*, dit Desplantes, Jean-Denis Daulé* et François-Gabriel Le Courtois*.

Castanet s’était fait une réputation en tant qu’érudit et enseignant, et c’est avec reconnaissance qu’il fut accepté comme professeur de philosophie au séminaire de Québec où le personnel était restreint. De santé médiocre, il trouva les contraintes de sa charge d’enseignant trop fortes et demanda à être transféré dans une des missions de la région de l’Atlantique. À l’été de 1795, Castanet, Desplantes et Philippe-Jean-Louis Desjardins* accompagnèrent Mgr Hubert lors de sa première visite pastorale en Acadie. Au départ de l’évêque pour Québec, Castanet s’établit à Caraquet tandis que Desplantes allait à Bonaventure, sur la côte de Gaspé. Comme successeur de Joseph-Mathurin Bourg, Castanet eut la charge des communautés acadiennes de la baie des Chaleurs, dispersées de Caraquet à Népisiguit (Bathurst) et le long de la rivière Népisiguit. Il célébra sa première messe à Caraquet le 28 août 1795. L’année suivante, la mission s’agrandit : elle comprenait désormais la région de la rivière Miramichi ainsi que des établissements aussi éloignés, au sud, que Richibouctou. En 1798, Castanet informa le gouverneur du Nouveau-Brunswick, Thomas Carleton*, que sa mission comptait 349 familles.

C’était une région pauvre dont la principale source de revenu était la pêche. Il semble que Castanet ait été le seul, parmi les missionnaires qui desservirent la région, à ne pas recevoir de pension, tout au moins nominale, de la part du gouvernement. Néanmoins, il persévéra. Il commença la construction d’une petite chapelle à Caraquet et tâcha d’offrir un enseignement de base aux Acadiens qui, pour la plupart, n’avaient guère fréquenté l’école. Il passa également une bonne partie de son temps chez les Micmacs et fit beaucoup pour apaiser les tensions croissantes entre Indiens et Blancs. Il négocia, dit-on, un accord avec le gouvernement de la colonie, qui concédait aux Indiens des terres et des droits exclusifs de pêche sur les différents cours d’eau dans le territoire de sa mission.

Castanet avait probablement compté sur un changement de climat et de responsabilités pour rétablir sa santé, mais celle-ci continua de décliner. Il accomplit son dernier acte sacerdotal dans la région de la rivière Miramichi le 29 octobre 1797 et à Caraquet le 6 mars 1798. Deux mois plus tard, il entrait à l’Hôpital Général de Québec, laissant sa mission entre les mains des abbés Desplantes et Jacques de La Vaivre, ce dernier ayant été envoyé en 1796 pour aider les deux missionnaires. Le 26 août 1798, Castanet mourait de tuberculose à l’âge de 32 ans, premier membre du clergé français en exil à succomber au Canada. Il fut enterré sous l’église de l’Hôpital Général.

À la mort de Castanet, le curé de Notre-Dame de Québec, Joseph-Octave Plessis*, écrivait : « Ce jeune prêtre était doué d’un remarquable esprit d’ordre et de régularité. » Ce fut l’abbé René-Pierre Joyer qui prit la succession de Castanet à Caraquet.

Della M. M. Stanley

APC, MG 9, A5, 3.— CÉA, Fonds Placide Gaudet, 1.52-2, Notes sur les missionnaires de la baie des Chaleurs.— Allaire, Dictionnaire, I.— Caron, Inv. de la corr. de Mgr Denaut, ANQ Rapport, 1931–1932, 129–242 ; Inv. de la corr. de Mgr Hubert et de Mgr Bailly de Messein, ANQ Rapport, 1930–1931, 199–351.— L.-C. Daigle, Les anciens missionnaires de l’Acadie ([Saint-Louis de Kent, N.-B., 1956]).— Tanguay, Répertoire.— Antoine Bernard, Le drame acadien depuis 1604 (Montréal, 1936).— Caraquet : quelques bribes de son histoire, 1967, année du centenaire, Corinne Albert-Blanchard, compil. ([Caraquet, N.-B., 1967]).— N.-E. Dionne, Les ecclésiastiques et les royalistes français réfugiés au Canada à l’époque de la révolution – 1791–1802 (Québec, 1905).— Robert Rumilly, Histoire des Acadiens (2 vol., Montréal, 1955), II.— M. Trudel, L’Église canadienne, I.

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Della M. M. Stanley, « CASTANET, JEAN-BAPTISTE-MARIE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 21 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/castanet_jean_baptiste_marie_4F.html.

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Titre de l'article:    CASTANET, JEAN-BAPTISTE-MARIE
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1980
Année de la révision:    1980
Date de consultation:    21 déc. 2024