BYSSOT (Bissot) DE LA RIVIÈRE, FRANÇOIS, originaire de Pont-Audemer, dans l’Eure, en Normandie, né en 1612 ou 1613 de Jean Byssot Du Hommée, bourgeois, et de Marie Assour, mort à Québec en 1673.

Sa présence dans la colonie est signalée pour la première fois à la prise de possession de l’île aux Ruaux par les Jésuites le 2 juillet 1639.

Établi par la suite à la Pointe-Lévy, sur la côte de Lauson, Byssot s’associa à Guillaume Couture*, dont il devint le voisin. Ce dernier, en 1647, défricha un terrain et construisit un corps de logis tandis que Byssot fournissait l’argent et les matériaux. Cette propriété avait 40 arpents de profondeur sur 5, en bordure du Saint-Laurent. Le 15 octobre 1648, Jean de Lauson (père) signa, à Paris, un titre régulier à ses deux premiers censitaires, Byssot et Couture. À Québec, dix jours plus tard, Byssot, âgé de 34 ans, épousait Marie Couillard, cinquième enfant de Guillaume Couillard et de Guillemette Hébert.

Le 9 août 1653, il fut nommé adjoint dans le corps des syndics de Québec pour y représenter la côte de Lauson. En 1655, il fit construire un moulin pour les colons à la Pointe-Lévy. Prenant part à l’organisation de la justice seigneuriale, il devint procureur fiscal de la terre et seigneurie de Lauson le 19 avril 1650, et succéda à Charles Sevestre comme juge prévôt, après la mort de ce dernier en 1657. Membre de la Communauté des Habitants, Byssot s’occupa aussi de pêche et du commerce des fourrures. En 1650, il entra en société avec plusieurs personnes, dont Charles Legardeur de Tilly et Jean-Paul Godefroy, pour la pêche au phoque dans la région de Tadoussac.

Pour fins de chasse et de pêche, le 25 février 1661, Byssot reçut de la Compagnie des Cent-Associés le titre de la première concession accordée sur la côte nord du Saint-Laurent : « L’Isle aux Œufs [...] jusqu’aux Sept Isles et dans la Grande Anse, vers les Esquimaux où les Espagnols font ordinairement la pesche ». C’est à la suite de cette concession que Byssot installa un poste à Mingan, sur la côte du Labrador. Profita-t-il jamais de cette concession ? Malgré les affirmations de J.-E. Roy, on peut en douter, car aucun document ne le prouve. Le 4 mars 1663, Byssot et 17 membres de la Communauté obtinrent de Pierre Dubois Davaugour la « Traicte de Tadoussacq » pour deux ans, mais le nouveau gouverneur, Saffray de Mézy, cassa dès le 4 octobre le bail établi par son prédécesseur.

Le 8 mars 1664, d’après J.-E. Roy, Lauson donna à Byssot une nouvelle concession pour services rendus ; ce domaine avait une superficie de 400 arpents. Au départ de Charles de Lauson, de concert avec Eustache Lambert, Byssot prit la seigneurie à ferme. À la Pointe-Lévy, il construisit, en 1668, la première tannerie de la colonie, sur le terrain qu’il avait reçu en 1648. On construisit une écluse dans le ruisseau séparant son domaine de celui de Couture : un canal de bois conduisait l’eau dans les cuves à tanin. L’intendant Talon avança 3 268# pour l’entreprise, tandis que la Compagnie des Indes occidentales en allouait 1 500. On se spécialisa dans le tannage des peaux de vaches, de veaux, de marsouins, qui servaient à la confection de souliers, de bottines, de manchons et de housses pour coffres et malles. Fait à signaler, à l’inventaire de ses biens, dressé après sa mort, on ne trouve pas une seule peau de phoque.

En 1671, Byssot s’adressa à Talon et obtint, de concert avec Nicolas Juchereau de Saint-Denis, « des concessions pour la pesche de molues et de loups marins, et pour les huisles », mais ses succès dans le domaine des pêcheries demeurent inconnus.

Le 3 novembre 1672, il reçut en concession la seigneurie de Vincennes, domaine de 70 arpents par une lieue, qu’il enregistra au nom de ses fils Charles-François et Jean-Baptiste*. Le fils de ce dernier, François-Marie*, fut le fondateur du poste de Vincennes, dans l’Indiana. Byssot eut 12 enfants ; une de ses filles, Claire-Françoise, épousa Louis Jolliet. Il mourut à Québec le 26 juillet 1673.

Sa veuve, Marie Couillard, se remaria en 1675 avec Jacques de Lalande de Gayon. En octobre 1690, elle fut faite prisonnière par les Anglais et gardée sur le vaisseau amiral de Phips. Celui-ci la renvoya à Québec à la veille de son départ pour proposer un échange des prisonniers entre les deux camps.

Régis de Roquefeuil

ASQ, Documents Faribault, 21, 78, 80 ; Polygraphie XVI : 26.— Coll. de manuscrits relatifs à la Nouv.-France, I : 213s.— Great Britain, Privy Council, Judicial Committee, In the matter of the boundary between the Dominion of Canada and the Colony of Newfoundland in the Labrador Peninsula, between the Dominion of Canada of the one part and the Colony of Newfoundland of the other part (12 vol., London, 1927), VII : 3511–3527.— JR (Thwaites).— Jug. et délib., I-III ; V ; VI : 10–12.— Papier terrier de la Cie des I. O. (P.-G. Roy), 41–44, 202, 262–264.— P.-G. Roy, Inventaire de pièces sur la côte de Labrador conservées aux Archives de la Province de Québec (2 vol., Québec, 1940–42), I : 3 ; Inv. concessions, I, III.— Godbout, Nos ancêtres, RAPQ, 1957–59 : 383s.— J.-E.Roy, François Bissot, sieur de La Rivière, MSRC, X (1892), sect. : 29–40 ; Histoire seign. Lauzon : I : passim.— Émile Vaillancourt, La Conquête du Canada par les Normands (Montréal, 1933), 46.

Bibliographie de la version révisée :
Bibliothèque et Arch. nationales du Québec, Centre d’arch. de Québec, CE301-S1, 25 oct. 1648.

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Régis de Roquefeuil, « BYSSOT (Bissot) DE LA RIVIÈRE, FRANÇOIS », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 1, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 21 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/byssot_de_la_riviere_francois_1F.html.

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Auteur de l'article:    Régis de Roquefeuil
Titre de l'article:    BYSSOT (Bissot) DE LA RIVIÈRE, FRANÇOIS
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 1
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1966
Année de la révision:    2015
Date de consultation:    21 déc. 2024