BISSOT DE VINSENNE (Vincennes), JEAN-BAPTISTE, sous-enseigne dans les troupes de la marine, agent de la Nouvelle-France auprès des Miamis, né le 19 janvier 1668 à Québec ; décédé probablement en 1719 chez les Miamis près de fort Wayne en Indiana.
Jean-Baptiste était un des 12 enfants de François Byssot* de La Rivière et de Marie Couillard ; il était filleul de l’intendant Jean Talon* et une de ses sœurs, Claire-Françoise, épousa Louis Jolliet*, explorateur du Mississippi. Il entra au séminaire de Québec en 1676, mais comme il n’était pas fait pour la vie religieuse il quitta l’institution en 1680. Le 20 octobre 1687, comme il se préparait à se rendre en France pour chercher un emploi, il demanda au Conseil souverain de lui accorder des lettres de majorité pour avoir le droit d’administrer ses biens.
Nous retrouvons Vinsenne ensuite en 1694. À cette époque il était revenu au Canada et avait apparemment décidé de se tailler une carrière dans l’Ouest. En 1694 et 1695 il vendit les propriétés qu’il possédait dans la colonie, soit la moitié de la seigneurie de Vincennes, des terres dans la seigneurie de Lauson et certains droits dans la seigneurie de Mingan sur la côte nord du Saint-Laurent. Vers 1695 il fut nommé sous-enseigne dans les troupes de la marine et l’année suivante le gouverneur Frontenac [Buade*] l’envoya prendre le commandement chez les Miamis qui habitaient les territoires au sud-est du lac Michigan. Il profita des conflits dans la région pour obtenir un jeune esclave, qui serait baptisé Jean-René, de la nation des Aiouez ; il fut ainsi l’un des premiers, en 1700, à ramener à Montréal un Autochtone de la vallée du Mississippi réduit à l’esclavage par les colons français. En 1704 le gouverneur Philippe de Rigaud de Vaudreuil informa la cour que Vinsenne jouissait d’une grande influence au sein des Miamis, alliés d’importance, et que la Nouvelle-France avait grand besoin de ses services.
Vinsenne ne dédaignait pas de faire lui-même la traite avec les Autochtones au cours de ses missions diplomatiques vers l’intérieur ; il s’y adonna en 1704 quand Vaudreuil l’envoya chez les Miamis avec mission de les exhorter à offrir une compensation aux Tsonnontouans (Sénécas) qu’ils avaient attaqués peu de temps auparavant. En faisant un si mauvais usage de sa commission, Vinsenne s’attira la colère de Pontchartrain, le ministre de la Marine, et c’est peut-être ce qui explique qu’il ne reçut jamais de promotion dans les troupes de la marine. Cependant, Vaudreuil ne perdait pas confiance en son agent ; il continua de le considérer comme celui qui, dans la colonie, connaissait le mieux les questions relatives aux Miamis et il eut plusieurs fois recours à ses services.
À partir de 1712 et jusqu’en 1719, Vinsenne semble avoir habité en permanence chez les Miamis, se faisant l’arbitre de leurs querelles avec les Illinois et les encourageant à faire la guerre aux Renards. Après 1715, une de ses principales tâches fut d’empêcher les Miamis de tomber sous l’autorité des Anglais. Dans ce but, Vaudreuil lui demanda de les convaincre de quitter les abords de la rivière Maumee où ils venaient de s’établir et de retourner dans leur ancien village situé près du fort Saint-Joseph à la pointe sud-est du lac Michigan. Quelques Miamis seulement ayant accédé à cette demande quand Vinsenne mourut en 1719, le gouverneur décida de consolider la mainmise des Français sur la région de la rivière Maumee en y envoyant en 1721 un homme d’expérience, Jacques-Charles Renaud Dubuisson, avec mission d’y établir un fort avec garnison.
Le 19 septembre 1696, à Montréal, Vinsenne avait épousé Marguerite Forestier, fille d’Antoine Forestier, chirurgien, et de Marie-Madeleine Le Cavelier. Ils eurent quatre filles et trois garçons, dont François-Marie.
AJM, Greffe d’Antoine Adhémar, 6 sept. 1696.— AJQ, Greffe de Louis Chambalon, 25 oct. 1694 ; 22 févr., 9 mars 1695 ; 21 mai 1703.— AN, Col., B, 27, 39 ; Col., C11A, 22, 24, 33, 34, 35, 40, 42, 124 ; Col., D2C, 47.— Correspondance de Vaudreuil, RAPQ, 1938–39 ; 1947–48.— Jug. et délib., II : 799, 834–835 ; III : 189s.— P.-G. Roy, Inv. concessions, III : 19 ; Le sieur de Vincennes, fondateur de l’Indiana et sa famille (Québec, 1919).
Bibliographie de la version modifiée :
Bibliothèque et Arch. nationales du Québec, Centre d’arch. de Québec, CE301-S1, 21 janv. 1668.— Brett Rushforth, « “A little flesh we offer you” : the origins of indian slavery in New France », The William and Mary Quarterly, 60 (2003), 777-808.
Yves F. Zoltvany, « BISSOT DE VINSENNE (Vincennes), JEAN-BAPTISTE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 2, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 17 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/bissot_de_vinsenne_jean_baptiste_2F.html.
Permalien: | https://www.biographi.ca/fr/bio/bissot_de_vinsenne_jean_baptiste_2F.html |
Auteur de l'article: | Yves F. Zoltvany |
Titre de l'article: | BISSOT DE VINSENNE (Vincennes), JEAN-BAPTISTE |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 2 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1969 |
Année de la révision: | 2023 |
Date de consultation: | 17 déc. 2024 |