Titre original :  All sizes | Colonel Richard Beasley 1761-1842 (Hamilton Gallery of Distinction) | Flickr - Photo Sharing!

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BEASLEY, RICHARD, trafiquant de fourrures, homme d’affaires, juge de paix, homme politique, officier de milice, agent de développement, fermier et juge, né le 21 juillet 1761 dans la colonie de New York, fils de Henry Beasley et de Maria Noble ; en 1791, il épousa Henrietta Springer, et ils eurent trois fils et cinq filles ; décédé le 16 février 1842 à Hamilton, Haut-Canada.

Richard Beasley était peut-être tombé aux mains des rebelles le 14 septembre 1777, pendant la Révolution américaine. D’après une requête datée de 1795, il était arrivé dans la province de Québec en 1777 et avait travaillé deux ans à titre de « commissaire intérimaire », présumément au fort Niagara (près de Youngstown, New York). C’est là qu’en 1781 il servit de témoin à la conclusion d’une association entre John Askin* et la compagnie de Robert Hamilton* et de Richard Cartwright*, son cousin. Il s’associa à Peter Smith* en 1783 pour faire la traite avec les Indiens, et tous deux construisirent des postes de traite à Toronto et à Pemitescutiang (Port Hope). Cinq ans plus tard, ils demandèrent des terres à ces endroits, mais le gouvernement opta pour d’autres emplacements. Par la suite, Beasley s’installa sur une terre du canton de Barton, à l’extrémité ouest du lac Ontario. Lors d’une visite en 1792, Patrick Campbell* observa qu’il tenait « un magasin [...] et fai[sait] beaucoup de traite de pelleteries avec les Indiens ». La même année, l’arpenteur général adjoint de la nouvelle province du Haut-Canada, David William Smith, notait que Beasley et James Wilson avaient une scierie et un moulin à farine dans le canton d’Ancaster, sur un ruisseau qui se jetait dans la baie de Burlington (port de Hamilton).

Au début des années 1790, Beasley s’installa à l’extrémité sud-est de Burlington Heights (alors dans le canton de Barton mais à présent dans Hamilton), où il construisit une maison, une écurie et une grange. En dépit de ces travaux, une famille de l’endroit, les Lottridge, lui contestait la propriété de la terre. Située entre la baie de Burlington et le marais qui s’étendait à l’ouest, Coote’s Paradise, cette terre assurait à son occupant la mainmise sur le transbordement qui se faisait là. Le 11 juin 1796, le lieutenant-gouverneur John Graves Simcoe* et sa femme, qui se trouvaient dans le voisinage, prirent un bateau pour se rendre chez Beasley. Elizabeth Posthuma Simcoe [Gwillim] dit de cet emplacement surélevé, qui offrait une vue superbe, qu’il était « plus propice au peuplement que toutes les parties de la province qu’[elle avait] vues ». Beasley profita de cette visite pour faire valoir au lieutenant-gouverneur son droit de propriété, et celui-ci se déclara prêt à l’appuyer s’il construisait un quai et un entrepôt. Beasley ne parvint à un règlement avec les Lottridge qu’en 1798, après que Simcoe eut quitté le Haut-Canada. Ensuite, dans une requête au Conseil exécutif, il réclama la confirmation officielle de son titre et nota que le quai et l’entrepôt qu’il entendait installer seraient « utiles à la population aussi bien qu’à [lui]-même ». Autorisé à les construire sur la plage qui bordait la propriété, il reçut son titre en 1799.

De tous les résidents de Head of the Lake (près du port actuel de Hamilton), Beasley était probablement le mieux en mesure de profiter de la croissance de la région. Non seulement c’était un homme d’affaires, mais il était devenu, en 1796, juge de paix et député de la circonscription de Durham, York, and 1st Lincoln. Officier dans la milice de Lincoln, il prit en 1798, dans la milice d’York, le commandement de la Company of the Burlington Circle. Ses débuts en politique n’eurent rien de remarquable ; en 1798, il accorda son suffrage à un projet de loi de Christopher Robinson* qui autorisait les immigrants à emmener des esclaves dans la province et, l’année suivante, avec la majorité, il rejeta un projet de loi qui aurait permis aux ministres méthodistes de célébrer des mariages. En juillet 1800, Beasley et Robert Nelles devinrent députés de la circonscription de West York, 1st Lincoln, and Haldimand. William Claus*, qui avait assisté au scrutin, trouva que « les gens de [l’endroit étaient] prévenus contre les fonctionnaires du gouvernement, et ce à cause de M. Beasley [...] grand fauteur de troubles ». Durant la troisième législature (1801–1804), Beasley se distingua surtout comme président de la chambre (1803–1804). Battu aux élections de 1804, il remporta la victoire dans York West en 1808, mais il y eut contestation sous le motif que le directeur du scrutin avait « mis fin prématurément au vote ». Malgré ses protestations, Beasley perdit son siège en février 1809 ; l’agrarien radical John Willson* lui succéda.

Sur le plan financier, Beasley n’eut pas plus de chance. Après avoir vendu sa part des moulins du canton d’Ancaster et 400 acres de terre à John Baptist Rousseaux* St John pour la somme de £1 200, il se servit en 1798 de cette rentrée de fonds, en dépit des avertissements de Cartwright sur les dangers de la spéculation foncière, pour acheter au prix de £8 887, avec James Wilson et Rousseaux (dont il racheta la part ensuite), le bloc 2 (canton de Waterloo) qui faisait partie des terres de la rivière Grand, propriété des Six-Nations. Contrairement à la plupart de ceux qui spéculaient sur ces terres, Beasley y fit venir quelques colons. Cependant, il n’arrivait pas à rembourser son hypothèque aux administrateurs des Indiens et, en 1800, Hamilton gagna contre lui un procès pour dettes. Afin de s’acquitter de diverses obligations, Beasley mit en vente sa « riche et agréable propriété » du canton de Barton, qui comprenait 976 acres de terre, dont 150 en culture, une maison, des écuries, un quai, un entrepôt et des stocks de bois. Toutefois, il parvint finalement à la conserver et vendit plutôt des terres du bloc 2 à des mennonites de Pennsylvanie [V. Samuel D. Betzner*], sans les mettre au courant de l’hypothèque. Il fallut plusieurs années avant de régler cette affaire confuse.

Beasley voyait s’écrouler tous les pans de son univers. Il avait abandonné imprudemment ses moulins pour la spéculation foncière et n’avait réussi qu’à tomber dans le guêpier du bloc 2. Le leadership commercial de Head of the Lake passait aux mains de Richard Hatt*, tandis qu’en politique c’est Willson qui dominait. Cependant, Beasley ne vivait pas pour autant dans la misère. Certes, il devait à présent assurer la subsistance de sa famille et de ses domestiques « à même le produit » de sa ferme, mais il habitait une belle villa en brique, de style néoclassique, construite avant la guerre de 1812 et qu’on allait décrire en 1833 en ces termes : « très spacieuse, de 50 pieds sur 40, avec deux ailes de 20 pieds carrés et une cuisine à charpente de bois de 18 pieds sur 30 ». Sa ferme comprenait un verger d’environ 200 pommiers, « plusieurs arbres fruitiers de choix et une pépinière de jeunes pommiers » ; dès les années 1830, on y trouvait aussi une vaste plantation de pêchers, « réputée la meilleure de la province ». En somme c’était là un domaine tout à fait convenable pour celui qui, depuis le 26 mai 1802, était lieutenant-colonel de la West Riding Militia of York.

La guerre et ses suites érodèrent aussi le prestige de Beasley. Après l’offensive des Américains le long de la presqu’île du Niagara, au printemps de 1813, et la défaite du major général Henry Procter* dans l’ouest de la province, à l’automne, les troupes britanniques en retraite et leurs alliés indiens se rassemblèrent au dépôt de Burlington Heights, près de la ferme de Beasley. De juin 1813 à septembre 1815, les soldats occupèrent sa maison aussi bien que ses bâtiments, parsemèrent sa ferme de batteries et de tranchées, rendirent « inutiles » ses vergers et ses champs, détruisirent son jardin, brûlèrent ses clôtures, coupèrent son bois, confisquèrent ses céréales et ravagèrent plusieurs de ses bâtiments. Les dommages excédaient les £3 000 ; par la suite, les commissaires chargés de rembourser les pertes de guerre lui versèrent un peu plus de £1 300.

Par ailleurs, et c’était pire, on prétendait que Beasley avait manqué de ferveur pendant les hostilités, et il aggrava son cas en participant, après la guerre, à l’agitation que déclencha Robert Gourlay*. Comme le rapportait en 1818 le journal de Hatt, dans le nouveau district de Gore « on défend[ait] ardemment la grande cause qu’[était] l’enquête sur l’état de la province ». En décembre 1817, Beasley avait présidé l’assemblée au cours de laquelle les habitants du canton de Barton avaient répondu aux questions de Gourlay. Élu, en 1818, à titre de représentant de son district au congrès provincial de Gourlay, il présida ce congrès, qui s’ouvrit à York le 6 juillet et qu’il inaugura « par un vigoureux discours dans lequel il s’éleva contre les insinuations et assertions fausses et malveillantes lancées devant la population quant aux opinions et aux intentions » des délégués. Plus tard dans le mois, John Strachan* le traita de « personnage désagréable, faible et mécontent », qui avait « mal agi pendant la guerre ».

En octobre, dans une adresse au lieutenant-gouverneur sir Peregrine Maitland*, Beasley, qu’on avait chargé à titre de commissaire, pendant la guerre, d’enquêter sur les cas de haute trahison, minimisa la nécessité de souligner l’évidente loyauté d’une population « qui, trois années durant, a[vait] résisté, dans le seul but de maintenir la souveraineté britannique, à tous les assauts d’un ennemi insidieux, audacieux et puissant ». Selon lui, il fallait plutôt mettre l’accent sur l’administration coloniale qui, pendant les 20 années précédentes, « sauf en de rares cas, n’a[vait] apporté que déception ». Il espérait « des temps meilleurs » ; toutefois, le mécontentement était réel, et « pareille agitation [devait] avoir des motifs sérieux ». Contrairement à la tradition, Beasley ne se contentait pas de réclamer un redressement des torts. Il voulait une enquête impériale sur la situation de la province, chose que l’Assemblée haut-canadienne « n’[était] pas, en fait, habilitée à entreprendre ». Jusque-là, la septième législature avait négligé des questions « d’une importance vitale ». Le prédécesseur de Maitland, Francis Gore*, avait, « par des gestes arbitraires, [...] fait obstacle aux lois du pays », si bien qu’on aurait été « justifié » de le « mettre en accusation ». Quoique « excellentes », la série de résolutions présentées par Robert Nichol* en 1817 contre le gouvernement de Gore étaient venues trop tard. La province pâtissait de la « mauvaise application de bonnes lois » ; on freinait sa prospérité ; « en dépit d’un climat des plus favorables et d’un sol des plus fertiles, le mécontentement et la pauvreté » y régnaient. Devant la crainte d’une reprise des hostilités avec les États-Unis et d’une éventuelle rupture avec la Grande-Bretagne, Beasley pressait Maitland de transmettre au prince régent l’adresse du congrès d’York. Cependant, les congressistes avaient dépassé les limites du raisonnable et, le 31 octobre, tous les députés sauf un votèrent en faveur d’un projet de loi qui visait à proscrire la tenue de réunions semblables.

Le gouvernement répliqua vite aux partisans de Gourlay. En 1819, on radia Beasley de la magistrature et il perdit le commandement du 2nd Regiment of Gore militia, qu’il exerçait depuis dix ans. À sa demande, il comparut au printemps devant un conseil d’enquête. L’adjudant général Nathaniel Coffin l’accusa alors de s’être retiré du combat à Lundy’s Lane en 1814 et de s’être rendu coupable de désobéissance, de négligence et de conduite malséante. L’audience ne fut qu’une parodie de justice : Beasley n’eut le droit ni de prendre la parole pour se défendre, ni d’appeler des témoins. « Cela, se plaignit-il, a davantage l’allure d’une inquisition [...] J’aurais pu aussi bien être dans le coin le plus reculé de l’Inde que présent à Grimsby. » Le conseil d’enquête confirma son renvoi. Beasley demanda alors de comparaître devant un conseil de guerre où il pourrait « [se] défendre, conformément au véritable esprit de la constitution britannique ». Réuni à Grimsby le 24 janvier 1820, ce conseil écarta toutes les accusations, sauf celle de négligence, et conclut dans ce cas à l’absence de préméditation. Beasley eut pour toute sentence une lettre de blâme dans laquelle Maitland, le 6 mars, l’informa que le gouvernement n’avait plus besoin de ses services et que cette décision, indépendante des conclusions du conseil de guerre, « s’appu[yait] uniquement sur le rôle [qu’il avait] joué dans les délibérations du récent congrès de délégués, rôle si contraire à [son] rang ». Beasley écrivit à un ami : « J’ai perdu la confiance du gouvernement et, par la suite, on m’a relevé de toutes les fonctions honorables – je ne dirai pas lucratives – que j’exerçais. » Il n’en demeurait pas moins convaincu que la situation de la province avait « exigé une enquête », et la suite des événements ne le fit pas changer d’avis.

Candidat dans la circonscription de Middlesex en 1820, Richard Beasley perdit la bataille contre Mahlon Burwell. Quatre ans plus tard, il remporta la victoire dans la circonscription de Halton. À cause de ses antécédents, George Tiffany, avocat d’Ancaster, le présenta à William Lyon Mackenzie* comme un « partisan » de la réforme et un candidat tout indiqué pour la présidence de la chambre. Cependant, ce poste alla plutôt à Willson, en janvier 1825. Beasley avait fait son temps. En 1827, il redevint juge de paix ; à compter de 1834, il siégea en qualité de juge assesseur aux assises du district. Aux prises avec des difficultés financières depuis l’épisode de Gourlay, il avait dû, en 1819, hypothéquer ses terres, soit 11 350 acres, au profit de la compagnie montréalaise de François Desrivières* et de Thomas Blackwood. Incapable de rembourser son hypothèque ou de continuer à verser les intérêts, il vendit sa propriété de Burlington Heights à Allan Napier MacNab* en 1832. Deux ans plus tard, tandis que MacNab se mettait à construire Dundurn, Beasley se débattait encore pour acquitter le solde de sa dette à Blackwood. En 1842, il possédait une maison et deux lots à Hamilton ; de plus, il représentait plusieurs compagnies dans cette localité.

Robert Lochiel Fraser

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Robert Lochiel Fraser, « BEASLEY, RICHARD », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 21 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/beasley_richard_7F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1988
Année de la révision:    1988
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