BADDELEY, FREDERICK HENRY, soldat et géologue, né à Londres le 4 décembre 1794, décédé le 4 mai 1879 au Havre des Pas, dans l’île de Jersey.

Le 1er janvier 1814, Frederick Henry Baddeley reçut de la Royal Military Academy, de Woolwich, un brevet de sous-lieutenant dans les Royal Engineers. Il servit en Europe pendant les guerres napoléoniennes et assista à la prise de Paris en 1815. Il fut affecté aux Antilles de 1817 à 1819 et, en 1821, à Québec, dans le Bas-Canada, où, le 9 mars 1822, il épousa Susan Green. Leurs six premiers enfants naquirent à Québec et le septième devait naître à Madras, aux Indes.

Baddeley fut un des premiers membres de la Société littéraire et historique de Québec, en 1824, et en fut le président en 1829. Il donna devant les membres de cette société plusieurs conférences dans lesquelles il parla de ses voyages d’exploration au Canada et fit part de ses observations sur la géologie du pays. En 1827, il remit au colonel Elias Walker Durnford*, commandant des Royal Engineers à Québec, un rapport signalant l’existence possible d’une « importante formation calcaire » dans la région de la rivière Saint-Maurice et indiquant que les lieux se prêtaient à l’exploitation d’une carrière. La même année il fut choisi pour participer à un voyage d’exploration dans la région des « postes du roi », située au nord de Québec et comprenant, entre autres, la source du Saguenay ainsi que le nord du lac Saint-Jean. Tandis que Joseph Bouchette* prenait la tête d’un groupe qui remontait le Saint-Maurice, Baddeley accompagnait Joseph Hamel et le commissaire en chef de l’expédition, Andrew Stuart*, à Tadoussac, puis de là au Saguenay, avant d’explorer les rives du lac Saint-Jean et ensuite les territoires situés derrière Baie-Saint-Paul. L’attention de Baddeley était surtout dirigée sur les « études minéralogiques » mais il écrivit également d’importants rapports sur la région de Baie-Saint-Paul et sur les possibilités qu’elle pouvait offrir par rapport à la colonisation.

En 1831, Baddeley explora les îles de la Madeleine « dans le but d’établir un rapport concernant les lieux, les ressources et les possibilités d’exploitation [...] », ainsi que l’importance stratégique de la région. Bien qu’il n’y eût séjourné que cinq jours, il présenta une longue communication sur les îles à la Société littéraire et historique de Québec. Deux ans après, il accompagna de nouveau Hamel dans un voyage d’exploration, à l’intérieur de la péninsule de Gaspé.

Baddeley fut promu capitaine le 25 juin 1835, peu de temps après avoir été désigné pour une autre expédition. Il s’agissait cette fois d’accompagner John Carthew dans une exploration de la région située au nord de la ligne séparant les districts de Home et de Newcastle dans le Haut-Canada, vers le lac Nipissing, et de rédiger un rapport sur la topographie du pays et sur la possibilité de l’ouvrir à la colonisation. C’est surtout en qualité de géologue qu’il participa à cette expédition – qualifiée par lui de « légèrement dangereuse » – dans le district de Muskoka, et il se trouve que le rapport qu’il en fit offre aussi de l’intérêt pour les naturalistes et pour les historiens. Il revint à Québec mais, en 1837, il fut affecté à Kingston, Haut-Canada. La même année, il fut nommé, en compagnie de John Macaulay* et de John Solomon Cartwright*, pour diriger une étude en vue d’établir une voie navigable commode entre la rivière Outaouais et le lac Huron. Dès le début, le projet lui donna des inquiétudes. Il démissionna à un certain moment, car il avait l’impression que ses autres travaux ne lui laisseraient pas suffisamment de temps pour assumer les fonctions de commissaire, mais, par la suite, il revint sur sa décision. Il regrettait également qu’on ait choisi David Thompson*, le premier Blanc à avoir descendu le fleuve Columbia, pour prendre la tête de l’un des trois groupes de l’exploration. « Le bruit court, prétendait-il, qu’on ne peut se fier à M. T., pour rapporter les faits ; je serais bien heureux si ce personnage avait une plus humble opinion de ses connaissances de la forêt. »

Baddeley fut envoyé à Toronto à la fin de 1837 et les séquelles de la rébellion l’amenèrent à faire une enquête sur les défenses de la colonie. Au cours des deux années qui suivirent, il passa la majeure partie de son temps à rédiger des rapports sur les installations militaires de Cornwall, de Kingston et de la péninsule du sud-ouest. Il commandait les Royal Engineers à Toronto lorsque sa carrière au Canada prit fin et qu’il s’embarqua pour l’Angleterre en septembre 1839.

Baddeley vécut quelque temps à Glasgow avant d’être affecté à Ceylan en 1842. Il servit en Nouvelle-Galles du Sud, de 1849 à 1851, et en Nouvelle-Zélande, de 1853 à 1856. Il fut promu major en 1846, et major général en 1856 ; c’est alors qu’il prit sa retraite et retourna en Angleterre. Il passa les dernières années de sa vie à Jersey. Baddeley avait été membre de la British Association for the Advancement of Science et de la Société géologique de France.

La géologie d’une grande partie du sud-est du Canada fut tout d’abord étudiée sur une grande échelle par des officiers britanniques. Baddeley, qui possédait une bonne formation et qui était un observateur méticuleux ainsi qu’un homme ambitieux, en fut l’un des pionniers ; la valeur de son œuvre fut d’ailleurs reconnue plus tard par des géologues de renom, comme William Edmond Logan. Richard Henry Bonnycastle* le considérait même comme « le meilleur et le plus actif des géologues de cette époque au Canada ».

Henri Pilon

F. H. Baddeley est l’auteur des articles suivants, publiés dans les Trans. of the Lit. and Hist. Soc. of Quebec : Additional notes on the geognosy of Saint Paul’s Bay, II (1830) : 76–94 ; An essay on the localities of metallic minerals in the Canadas, with some notices of their geological associations and situation [...], II (1830) : 332–426 ; A geological sketch of the most south-eastern portion of Lower Canada, III (1833) : 271–281 ; Geology of a portion of the Labrador coast, I (1824–1829) : 71–79 ; On the geognosy of a part of the Saguenay country, I (1824–1829) : 79–166 ; On the Magdalen Islands, being the substance of four reports, III (1833) : 128–190. Il a de plus écrit : Discovery of gold in Lower Canada et Waterline made from the rock of Quebec, American Journal of Science (New Haven, Conn.), XXVIII (1835) : 111–114, et On the geology and mineralogy of Canada, Report of the British Association for the Advancement of Science, X (1840), Notices and abstracts [...] : 114s.

APC, FM 24, F53 (Collection sir William Henry Clinton) ; FO 1, L3L, 27, 14 767–14 984 ; FO 4, B48 ; FO 8, I, A1, 370, 441–447, 601, 612–614, 1 406.— PAO, Macaulay family papers, 1837 ; Misc. 1835, F. H. Baddeley, Exploring report in Upper Canada in 1835 (north west of the Matchedash, in the direction of the French River) (publié dans Appendix to journal of the House of Assembly of Upper Canada, 1836–1837, app.37, Report of Lieut. Baddeley, R.E. [...], pp.8–42).— PRO, WO 25/3 913.— R. H. Bonnycastle, The Canadas in 1841 (2 vol., Londres, 1842), I : 58 ; II : 18s., 149s., 319.— Journal of the House of Assembly of Lower Canada, 1828–1829, app.V, Report of the commissioners for exploring the Saguenay.— Muskoka and Haliburton (Murray).— The centenary volume of the Literary and Historical Society of Quebec, 1824–1924, Henry Ievers, édit. (Québec, 1924), 18, 96, 104s.— Christie, History of Lower Canada, III : 202–205.

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Henri Pilon, « BADDELEY, FREDERICK HENRY », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 10, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 20 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/baddeley_frederick_henry_10F.html.

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Auteur de l'article:    Henri Pilon
Titre de l'article:    BADDELEY, FREDERICK HENRY
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 10
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1972
Année de la révision:    1972
Date de consultation:    20 déc. 2024