STUART, sir ANDREW, avocat, homme d’affaires et juge, né le 16 juin 1812 à Québec, fils d’Andrew Stuart* et de Marguerite Dumoulin ; le 8 juin 1842, il épousa au même endroit Charlotte-Elmire Aubert de Gaspé, fille de Philippe-Joseph Aubert* de Gaspé, et ils eurent dix enfants dont huit parvinrent à l’âge adulte ; décédé le 9 juin 1891 dans sa ville natale.

Andrew Stuart descend d’une famille loyaliste originaire de Pennsylvanie et établie à Kingston. Son grand-père, John Stuart*, ministre de l’Église d’Angleterre, avait été rector de Cataraqui (Kingston) et avait inculqué à ses enfants l’amour de l’instruction et la haine des « diaboliques principes d’égalité ». Son père, Andrew, fin lettré et avocat en vue de Québec, est, avec son oncle James*, la gloire du barreau.

Stuart fait ses études primaires à Québec, puis son père l’envoie à Chambly où Edward Parkin*, prêtre de l’Église d’Angleterre, a ouvert, en 1821, une école rattachée au réseau de l’Institution royale pour l’avancement des sciences [V. Joseph Langley Mills*]. De retour à Québec, il fait un stage de clerc en droit auprès de son oncle James, puis de Henry Black*, longtemps associé de son père dans un cabinet. On l’admet au barreau le 7 mai 1834. Il pratique d’abord en société avec Robert Hunter Gairdner jusqu’à ce que celui-ci soit nommé juge en 1844. Il s’associe ensuite à Frederick Vannovous de 1850 à 1869, puis avec David Alexander Ross jusqu’en 1885.

Stuart connaît un succès d’autant plus rapide qu’à la suite du décès de son père, le 21 février 1840, il hérite de sa clientèle. À 28 ans, déjà l’avocat des principaux marchands et financiers de Québec, il plaide la plupart des causes commerciales importantes. Son mariage en 1842 avec la fille d’un seigneur consacre sa rapide ascension sociale. Noblesse oblige, il acquiert en 1846 la seigneurie de La Martinière, qu’il administre avec soin.

En 1851, avec l’homme d’affaires John Porter, Stuart achète au coût de £16 559 les forges du Saint-Maurice, propriété de son frère, Henry Stuart. Ce dernier s’en était porté acquéreur en 1846 mais, faute de capitaux, avait dû les louer de 1847 à 1851 à l’homme d’affaires montréalais James Ferrier*, qui les avait exploitées sans se préoccuper de les entretenir. Les forges sont dans un état de délabrement avancé lorsque Porter et Stuart en deviennent propriétaires. Malgré l’aide du gouvernement et d’importants travaux de réfection, tel l’agrandissement du haut fourneau, Stuart et Porter doivent abandonner l’administration des forges en 1857 ou en 1858, à la suite d’un long procès avec d’ex-associés et des déboires financiers importants. Le gouvernement, qui agit comme le principal créancier dans cette affaire, reprend les forges et va les revendre à John McDougall* en 1862.

Stuart n’en poursuit pas moins la pratique du droit. En reconnaissance de son talent, on le nomme, en 1854, conseiller de la reine et membre de la commission chargée de la révision des lois de la province. Deux ans plus tard, il devient bâtonnier puis, en 1859, juge adjoint à la Cour supérieure du Bas-Canada. L’année suivante, on le nomme juge puîné au même tribunal. C’est le début d’une longue carrière de juge, dont le couronnement est sa nomination au poste de juge en chef de la Cour supérieure de la province de Québec le 9 mars 1885. À ce titre, il agit comme administrateur de la province de Québec à l’occasion de la maladie du lieutenant-gouverneur Louis-François-Rodrigue Masson*, du 8 février au 24 mars et du 7 septembre au 28 octobre 1887. Son tact, sa délicatesse et sa neutralité dans l’exercice de cette fonction provisoire lui valent le respect de tous les hommes politiques. La reine lui marque sa reconnaissance en le faisant chevalier le 9 mai de la même année.

Sir Andrew Stuart prend sa retraite le 23 novembre 1889. Il est alors tenu pour l’un des juristes canadiens les plus éminents. Trois de ses quatre fils ont choisi la carrière d’avocat et ont déjà pris la relève. Stuart meurt à Québec le 9 juin 1891. Comme il s’était converti au catholicisme l’année précédente, ses funérailles sont célébrées dans l’église St Patrick et sa dépouille est inhumée dans le cimetière Woodfield.

Céline Cyr

ANQ-Q, CE1-61, 8 juin 1842 ; P-294 ; ZQ6–120, 12 juin 1891.— Le Courrier du Canada, 10 juin 1891.— L’Événement, 10 juin 1891.— F.–J. Audet, les Juges en chef de la province de Québec, 1764–1924 (Québec, 1927).— Quebec directory, 1847–1887.— P.–G. Roy, les Avocats de la région de Québec ; les Juges de la prov. de Québec.— Michel Bédard, « la Privatisation des forges du Saint-Maurice, 1846–1883 : adaptation, spécialisation et fermeture » (thèse de m.a., univ. Laval, 1986).— P.–G. Roy, la Famille Aubert de Gaspé (Lévis, Québec, 1907).

Comment écrire la référence bibliographique de cette biographie

Céline Cyr, « STUART, sir ANDREW », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 2 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/stuart_andrew_12F.html.

Information à utiliser pour d'autres types de référence bibliographique


Permalien: https://www.biographi.ca/fr/bio/stuart_andrew_12F.html
Auteur de l'article:    Céline Cyr
Titre de l'article:    STUART, sir ANDREW
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1990
Année de la révision:    1990
Date de consultation:    2 déc. 2024