ROY, ROUËR (baptisé Joseph-Rouaire-Audibert-François ; on trouve aussi Joseph-Rouer et Rouer-Joseph), avocat et fonctionnaire, né le 7 janvier 1821 à Montréal, fils de Joseph Roy* et d’Émélie-Sophie Lusignany (Lusignan) ; le 22 janvier 1857, il épousa en l’église Notre-Dame de Montréal Corinne-Herminie Beaudry, et ils eurent un fils et sept filles ; décédé le 27 juillet 1905 dans sa ville natale.
Le père de Rouër Roy fut un marchand prospère de la ville de Montréal. Sa mère, d’origine italienne, était alliée à la famille Rouer de Villeray, de la noblesse française. Rouër fit ses études classiques au petit séminaire de Montréal, puis, en 1838, opta pour une carrière en droit. Il commença son apprentissage auprès du solliciteur général du Bas-Canada Michael O’Sullivan*, qui fut nommé juge en chef de la Cour du banc du roi du district de Montréal en octobre 1838. Il poursuivit son stage de clerc sous la direction du nouveau solliciteur général, Andrew Stuart*. Il fut admis au barreau en février 1842, puis exerça à Montréal.
Roy joua un rôle très actif au sein de sa profession. Dès 1858, il fut l’un des examinateurs du Barreau du Bas-Canada, poste qu’il occupa aussi en 1861, 1866 et 1868. Syndic du barreau de 1866 à 1869, il fut élu membre du comité de la bibliothèque du Barreau de Montréal en 1864, et en assuma la présidence de 1881 à 1899. Bâtonnier du barreau de Montréal de 1887 à 1889, à la place d’Alexander Hutchison Lutin, qui avait décliné l’honneur, il fut également élu bâtonnier du Barreau de la province de Québec le 1er juin 1888, pour l’année 1888–1889. Il avait reçu sa nomination de conseiller de la reine le 12 février 1864.
Le 9 avril 1862, on nomma Roy avocat de la ville de Montréal, en compagnie de Henry Stuart, frère du juge puîné de la Cour supérieure du Bas-Canada, Andrew Stuart*, fils de son ancien mentor. Le 18 juin 1875, le conseil municipal de Montréal, sur la recommandation de la commission des finances, décida de former un service du contentieux qui aurait ses bureaux à l’hôtel de ville et que dirigerait un avocat en chef. Le 22 décembre 1875, Roy devint le premier chef de ce « département en Loi » avec un salaire annuel de 4 000 $. Dès lors, il consacra son temps au service de la municipalité. Sa carrière juridique fut riche de procès importants, et il plaida devant toutes les cours, y compris le comité judiciaire du Conseil privé, à Londres, pour défendre les intérêts de la ville de Montréal. En mai 1880, on lui adjoignit Léandre-Joseph Éthier, qui avait étudié auprès de lui et qui lui succéderait. Le 30 décembre 1897, Roy, âgé de presque 77 ans, avisa le conseil municipal de son intention de quitter ses fonctions le jour même. À partir du 7 janvier suivant, on retint néanmoins ses services à titre d’avocat-conseil, au salaire annuel de 2 000 $.
Roy eut également une vie personnelle bien remplie. Considéré comme un distingué latiniste, il possédait aussi une grande habileté en version grecque et il parlait couramment l’anglais. Il occupa le poste de vice-président de la Société de numismatique et d’archéologie de Montréal. De religion catholique, il fut marguillier de la fabrique de la paroisse Notre-Dame en 1870.
La femme de Roy avait hérité de son père, l’ancien maire de Montréal Jean-Louis Beaudry*, d’une résidence située rue Sherbrooke, à l’angle de la rue Sainte-Famille. Roy y habita avec sa famille jusqu’à sa mort survenue le 27 juillet 1905. Inhumé le 29 au cimetière Notre-Dame-des-Neiges, le premier chef du contentieux de la ville de Montréal eut droit à des obsèques imposantes, auxquelles assistèrent de nombreux représentants du barreau et de la ville. Le 14 août, le conseil municipal adopta une motion qui rendait hommage à la mémoire de Rouër Roy « après une longue, laborieuse et honorable carrière presque entièrement consacrée au service de la Cité, dont il a[vait] été, pendant 43 ans, l’avocat habile et dévoué et dont il a[vait] protégé et défendu les intérêts avec un zèle et un talent remarquables et une probité incontestable ».
AC, Montréal, État civil, Catholiques, Cimetière Notre-Dame-des-Neiges (Montréal), 29 juill. 1905.— ANQ-M, CE1-51, 23 févr. 1819, 7 janv. 1821, 22 janv. 1857.— AVM, Dossiers de personnel, J.-R. Roy ; Procès-verbal du conseil municipal de Montréal, 18 juin, 22 déc. 1875, 14 août 1905 (résolution no 59).— Barreau du Québec (Montréal), Tableau de l’ordre des avocats, 1904–1905.— BE, Montréal, Testaments, no 16925.— La Patrie, 29 juill. 1905 : 21.— Annuaire, Montréal, 1905.— Atherton, Montreal, 3 : 91.— Pierre Beullac et Édouard Fabre Surveyer, le Centenaire du barreau de Montréal, 1849–1949 (Montréal, 1949).— J. D. Borthwick, Hist. and biog. gazetteer, 171s. ; History of Montreal : including the streets of Montreal, their origin and history (Montréal, 1897), 68–70.— A. W. P. Buchanan, The bench and bar of Lower Canada down to 1850 (Montréal, 1925), 152.— Canadian men and women of the time (Morgan ; 1898).— Cyclopædia of Canadian biog. (Rose et Charlesworth), 2 : 667.— Lamothe, Hist. de Montréal, 424–431.— J.-J. Lefebvre, « Tableau alphabétique des avocats de la province de Québec, 1765–1849 », la Rev. du Barreau (Montréal), 17 (1957) : 291.— Maréchal Nantel, « Bâtonniers de Montréal », BRH, 39 (1933) : 223.
Dominique Marquis, « ROY, ROUËR (baptisé Joseph-Rouaire-Audibert-François ; Joseph-Rouer, Rouer-Joseph) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 2 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/roy_rouer_13F.html.
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Auteur de l'article: | Dominique Marquis |
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1994 |
Année de la révision: | 1994 |
Date de consultation: | 2 déc. 2024 |