MACAULAY, JOHN SIMCOE, officier dans l’armée et dans la milice, auteur, homme d’affaires et homme politique, né le 13 octobre 1791 en Angleterre, aîné des enfants de James Macaulay* et d’Elizabeth Tuck Hayter ; le 2 juillet 1825, il épousa à Croydon (Londres) Anne Gee Elmsley ; décédé le 20 décembre 1855 près de Strood, Angleterre.
Comme l’indiquent les prénoms qu’il donna à son fils, James Macaulay bénéficia de la faveur du lieutenant-gouverneur John Graves Simcoe* avant même de quitter l’Angleterre pour le Haut-Canada en 1792. Chirurgien dans l’armée britannique, il monta en grade jusqu’à devenir inspecteur général adjoint des hôpitaux une fois rendu dans la colonie. La famille Macaulay s’installa successivement dans les centres administratifs de Newark (Niagara-on-the-Lake) et d’York (Toronto). Le jeune John Simcoe Macaulay fréquenta l’école primaire de William Cooper* à York et l’école du révérend John Strachan* à Cornwall, avant de se rendre en Angleterre, vers 1805, pour s’inscrire à la Royal Military Academy de Woolwich (Londres). Il reçut une commission de lieutenant en second dans le génie royal en juillet 1809, fut promu capitaine en second en janvier 1815, puis capitaine en octobre 1829. Pendant les guerres napoléoniennes, il servit dans la péninsule Ibérique de 1810 à 1813, puis passa un bref laps de temps à Gênes (Italie) en 1814. Il fut en garnison à Gibraltar de 1813 à 1819, année au cours de laquelle il fut mis à la demi-solde par suite de la réduction des effectifs de son corps d’armée. Il rentra ensuite chez lui, dans le Haut-Canada, où il vécut jusqu’en 1821.
À partir de 1825, Macaulay toucha de nouveau sa pleine solde ; il servit en Irlande et travailla au Trigonometrical Survey, en Angleterre. En décembre 1827, il devint instructeur de fortification de campagne au Royal Engineers Establishment de Chatham et, 12 mois plus tard, il fut nommé professeur de fortification à son ancien collège, à Woolwich, poste qu’il occupa jusqu’à sa démission au début de 1835. Pendant qu’il enseignait à ce dernier endroit, il écrivit son propre manuel, A treatise on field fortification [...]. Malgré la faveur prolongée que connut son livre, qui atteignit sa sixième édition en 1869, et en dépit du fait qu’il prétendait avoir fait progresser l’enseignement de cette matière, ses supérieurs refusèrent de lui accorder le grade honoraire de major qu’il demanda après avoir démissionné. En effet, une commission d’enquête du collège recommanda le retour au sommaire du cours sur les fortifications qui avait été utilisé avant 1829.
Le père de Macaulay était mort depuis longtemps lorsque ce dernier vint s’installer à Toronto en 1835 afin de gérer son héritage. Simcoe avait concédé au docteur Macaulay le lot 9 situé à la campagne, près de la capitale du Haut-Canada, et au juge en chef John Elmsley*, le lot 10 qui était adjacent. La concession de Macaulay occupait le coin nord-ouest de l’intersection très passante des rues Yonge et Lot (rue Queen). Au moment où John Simcoe Macaulay avait épousé la fille aînée d’Elmsley, en 1825, les deux propriétés avaient été repartagées de telle sorte que Macaulay avait obtenu la partie de chacun des lots qui se trouvait en bordure de la rue Lot. Un quartier populeux et surtout ouvrier, connu sous le nom de Macaulay Town, se développa dans ses terres, derrière le corridor d’urbanisation qui avait poussé à l’intersection des deux grandes routes et qui rapportait beaucoup d’argent. À la fin des années 1830, Macaulay alla habiter Elmsley Villa, ancienne résidence de son beau-frère John Elmsley*, qui se trouvait dans la subdivision. De plus, en 1835, Macaulay acheta de John Solomon Cartwright*, de Kingston, un autre de ses beaux-frères, des terres réparties dans neuf cantons différents et, au cours des années suivantes, il acquit d’autres propriétés situées ça et là dans le Haut-Canada.
En janvier 1836, quelques mois après le retour de Macaulay à Toronto, sir Francis Bond Head* arriva dans le Haut-Canada comme lieutenant-gouverneur. Quatre semaines plus tard, il annonça ses premières nominations officielles : un nouveau Conseil exécutif, dont faisait partie le réformiste Robert Baldwin, et un nouvel arpenteur général, John Simcoe Macaulay, pour succéder à Samuel Proudfoot Hurd. L’arpenteur général et son bureau avaient beaucoup de pouvoir effectif, car ils participaient à toutes les décisions par lesquelles des terres de la couronne devenaient propriété privée ; les colons étaient donc extrêmement intéressés de savoir qui occuperait le poste d’arpenteur général. Même si Head et Macaulay, tous deux membres du génie royal, étaient sortis de Woolwich à un an d’intervalle seulement, le lieutenant-gouverneur déclara en février que, lorsqu’il était arrivé dans le Haut-Canada, il n’avait pas revu Macaulay depuis au moins un quart de siècle. Il affirma que ce n’était pas son amitié pour Macaulay qui qualifiait ce dernier pour le poste, mais son expérience professionnelle, le prestige de sa famille (il cita le frère de son candidat, le juge James Buchanan Macaulay), et ses intérêts considérables dans la province. Un autre candidat, John Radenhurst, greffier en chef du bureau de l’arpenteur général, ne pouvait accéder à ce poste, de l’avis de Head, parce qu’il avait profité de sa situation pour se faire des petits à-côtés en dirigeant une agence immobilière privée. Mais Radenhurst aussi avait des relations importantes. Par son mariage avec une des filles de Thomas Ridout*, ancien arpenteur général, il pouvait faire valoir ses liens de parenté avec plusieurs familles bien en vue de Toronto. Pour appuyer la cause de Radenhurst, une pétition circula dans toute la ville en très peu de temps, avec en tête de liste la signature de l’archidiacre John Strachan, suivie de celles de tories et de réformistes. Devant un mouvement de protestation publique aussi vaste, Macaulay offrit sa démission le 22 février, seulement deux jours après la publication de sa nomination.
L’affaire n’en resta pas là ; Head ne devait pas abandonner aussi facilement. La question de la nomination de l’arpenteur général se trouvait englobée dans une crise constitutionnelle beaucoup plus étendue, au cœur de laquelle figurait la démission collective du nouveau Conseil exécutif dirigé par Baldwin. Ce conseil prétendait que Head avait toujours agi sans tenir compte de son avis. La majorité des membres du Conseil législatif et de la chambre d’Assemblée désapprouvait, entre autres choses, la candidature de Macaulay, l’accusant de ne pas être un, véritable résident de la province parce qu’il était encore inscrit sur les rôles de l’armée active. Les réformistes ajoutaient qu’il s’agissait une fois de plus d’une nomination réservée au family compact. Head rétorqua que la longue absence de Macaulay du Canada l’avait libéré de tous liens avec des partis. Il recommanda à Macaulay de présenter sa démission directement à lord Glenelg, secrétaire d’État aux Colonies, croyant naïvement que ce dernier appuierait son lieutenant-gouverneur et refuserait poliment d’accepter cette démission, mais, à la consternation des deux hommes, Glenelg l’accepta. Cette décision embarrassa particulièrement Macaulay, qui avait renoncé à sa commission dans le génie royal pour pouvoir être admissible à un poste dans la colonie. John Macaulay, de Kingston, fut nommé arpenteur général en octobre 1836 et, plus tard à l’automne, John Simcoe Macaulay fit appel, personnellement, de la décision de Glenelg en Angleterre, mais sans succès.
Après la rébellion conduite par William Lyon Mackenzie* en décembre 1837, Macaulay devint commandant de la milice de Toronto, avec le grade de colonel, ce qui lui permit de donner libre cours à son aversion déclarée pour les démocrates, les républicains et les Américains. Il fit pression pour que des sorties préventives soient menées aux États-Unis et donna des conseils sur la fortification du Haut-Canada, soulignant l’importance stratégique du canal Welland et du chemin de fer qui était proposé pour relier Toronto au lac Huron. À l’époque, il était vice-président de la City of Toronto and Lake Huron Rail Road Company, qui connut une existence éphémère, et siégeait au conseil d’administration de la Welland Canal Company comme personne désignée par le gouvernement. Peu de temps après, il fut élu président de cette dernière compagnie, dont le conseil d’administration était formé de trois représentants du gouvernement et de deux représentants des actionnaires. Les membres nommés par le gouvernement avaient donc la majorité mais, en 1840, l’un deux, John Willson, accorda son vote pour la présidence à un représentant des actionnaires, William Hamilton Merritt* qui, par conséquent, fut élu. Le nouveau lieutenant-gouverneur, sir George Arthur, démit Willson de ses fonctions, mais le gouverneur Charles Edward Poulett Thomson*, futur lord Sydenham, qui cherchait des appuis pour son gouvernement, applaudit à la victoire de Merritt et empêcha toute annulation du vote. Plus tard cette année-là, Macaulay, membre du conseil d’administration de la Bank of Upper Canada de 1836 à 1842, tenta d’accéder à la présidence de cette banque, poste qu’occupait William Proudfoot*, mais il n’y réussit pas.
En 1839, Arthur nomma Macaulay au Conseil législatif, comme Head l’avait recommandé deux ans plus tôt, mais, en 1841, Sydenham ne le choisit pas pour siéger à la Chambre haute de la province du Canada. À la place, Macaulay se porta candidat à l’Assemblée législative lors des élections générales qui se tinrent la même année. Il disputa le siège de la circonscription de 3rd York, située en face de Toronto, de l’autre côté de la rivière Don, où le candidat de Sydenham était James Edward Small*. Arthur informa Sydenham que Macaulay n’était populaire « auprès d’aucun groupe », et Small l’emporta après que l’armée eut été envoyée sur les lieux pour assurer sa victoire. Macaulay perdit de nouveau contre Small au cours d’une élection partielle tenue en 1842.
En novembre 1841, Macaulay s’était fait élire au conseil municipal de Toronto comme échevin du quartier St Patrick, dont faisait partie Macaulay Town. À la réunion du conseil de janvier 1842 où l’on devait choisir un maire, son nom fut le premier à être proposé. Il avait été amené à croire qu’il serait élu à l’unanimité, mais on lui préféra Henry Sherwood par 15 voix contre 5. Humilié, il donna sa démission après avoir occupé son poste d’échevin pendant sept semaines seulement. Aux élections générales de 1841, Sherwood et George Monro* avaient été battus comme candidats tories dans Toronto ; deux membres du family compact de l’endroit, le shérif William Botsford Jarvis* et Clarke Gamble, avaient été forcés par la faction tory qui dominait le conseil municipal de retirer leur candidature pour laisser la place à Sherwood et à Monro. À l’élection partielle de Toronto tenue en mars 1843, Sherwood était le candidat du gouvernement. Cependant, Jarvis et Gamble proposèrent Macaulay comme adversaire de Sherwood, apparemment dans le but d’opposer un fidèle tory à un opportuniste et à un quémandeur de places. Quelques leaders réformistes furent tentés d’appuyer Macaulay, parce qu’il serait un adversaire moins redoutable que Sherwood au Parlement, mais ils en furent dissuadés par les déclarations des partisans de Macaulay affirmant que celui-ci adhérerait aux principes tories intransigeants de sir Francis Bond Head. Un journal cita même une déclaration qu’aurait faite Macaulay : « Je suis un honnête gentleman anglais et j’en suis fier. » Sherwood l’emporta facilement.
Ce fut la dernière des nombreuses rebuffades que Macaulay eut à subir de la part de ceux qui tiraient les ficelles du pouvoir. Il entreprit immédiatement de vendre une bonne partie de ce qu’il possédait à Toronto et, en quelques mois, il avait retiré £21 000 de la vente de propriétés situées à Macaulay Town et dans les environs. En 1845, il était retourné de l’autre côté de l’Atlantique pour vivre la vie d’un honnête gentleman anglais. Il révisa plusieurs fois son ouvrage, A Treatise on field fortification, pour les rééditions. À la demande de l’évêque Strachan, il parvint à une entente, à la fin de 1845, avec le principal acquéreur de ses propriétés de Macaulay Town pour qu’un espace soit réservé « au milieu de la place » en vue de permettre la construction d’une église pour les pauvres (Holy Trinity). Le reste de ses terres, qui aujourd’hui seraient bornées approximativement par les rues College, Yonge et Wellesley, et par Queen’s Park, incluaient le parc d’Elmsley Villa (cette demeure servit de résidence au gouverneur en chef de 1849 à 1851 environ). Macaulay projetait de morceler ce parc en lots de choix pour la construction de villas mais, en 1854, son représentant avait vendu toute la propriété au docteur A. M. Clark, qui entreprit la subdivision.
John Simcoe Macaulay broyait peut-être du noir en Angleterre en pensant aux déconvenues qu’il avait subies au Canada, mais il pouvait aussi se remémorer la protection que lui avaient accordée les lieutenants-gouverneurs Head et Arthur, et surtout celui à qui il devait ses prénoms, John Graves Simcoe. En effet, ce sont les terres que ce dernier avait concédées à son père et à son beau-père qui lui permirent, en définitive, de se retirer à l’endroit de son choix. Macaulay mourut d’« apoplexie » le 20 décembre 1855 dans sa demeure, Rede Court ; sa femme, ses quatre fils et quatre de ses cinq filles lui survécurent.
John Simcoe Macaulay est l’auteur de : A treatise on defilement : containing the problems relating to that subject, with their application to field works : also, the practical methods of defilading field works (Londres, 1830) ; Description of Chasseloup de Laubat’s system of fortification as executed at Alessandria, by an officer of the Corps of Royal Engineers (Londres, 1833 ; 2e éd., 1851) ; et de A treatise on field fortification, and other subjects connected with the duties of the field engineer (Londres, 1834 ; 2e éd., 1847 ; 3e éd., 1850 ; 4e éd., 1856 ; 5e éd., 1860 ; 6e éd., 1869).
AO, MS 525, J. S. Macaulay papers ; RG 22, sér. 155, testament et codicilles de J. B. Macaulay ; sér. 305, Anne Gee Macaulay.— APC, RG 1, L3, 342 : M12/409 ; RG 5, A1 : 88683–88687, 93145–93147, 107726–107729, 121594–121599.— Croydon Parish Church (Londres), Reg. of marriages, 2 juill. 1825.— CTA, RG 1, B, J. S. Macaulay au maire [John Powell], 1er mars 1838 ; Macaulay au maire [Henry Sherwood], 13 janv. 1842.— GRO (Londres), Death certificate, J. S. Macaulay, 20 déc. 1855.— Institution of Royal Engineers, Corps Library (Chatham, Angl.), Connolly papers, « Notitia historica of the Corps of Royal Engineers », T. W. J. Connolly, compil. (17 vol.).— MTL, William Allan papers, City of Toronto and Lake Huron Rail Road Company papers ; Robert Baldwin papers, corr. de H. J. Boulton, Alexander Grant, George Ridout et J. E. Small à Baldwin, févr.–mars 1843 ; S. P. Jarvis papers, misc. corr., févr. 1843 ; « Memoranda re the crown grants of park lots in the city of Toronto based on the records in the registry office », T. A. Reed, compil. (ms., 1926).— PRO, CO 42/429 : 243–251, 258 ; 42/430 : 46 ; 42/431 : 96–101 ; 42/434 : 75 ; 42/435 : 129–134 ; 42/436 : 270–271 (mfm aux APC).— Arthur papers (Sanderson), 1 : 31, 68–69, 125, 236–237, 321, 353, 450–452 ; 3 : 32, 341, 374, 377, 382.— G.-B., Colonial Office, Lord Glenelg’s despatches to Sir F. B. Head, bart., during his administration of the government of Upper Canada [...] (Londres, 1839).— H.-C., House of Assembly, Journal, 1836 : 198, 291, 293, 303.— Records of the Royal Military Academy, 1741–1892, H. D. Buchanan-Dunlop, édit. (2e éd., Woolwich, Angl., [1895]).— Town of York, 1793–1815 (Firth), 193, 222 ; 1815–34 (Firth), lxxxi.— Examiner (Toronto), 3 juin 1840, 17 nov. 1841, 19 janv., 15, 22 févr., 1er–15 mars 1843.— Rochester Gazette (Rochester, Angl.), 25 déc. 1855.— Toronto Mirror, 21 janv. 1842, 10–24 févr. 1843.— Toronto Patriot, 26 nov. 1841, 14 janv. 1842, 10, 14 févr., 2 juin 1843.— Armstrong, Handbook of Upper Canadian chronology, 25, 31, 35.— G.-B., WO, Army list, 1810–1835.— Canniff, Medical profession in U.C., 480–489.— William Dendy, Lost Toronto (Toronto, 1978), 148.— Middleton, Municipality of Toronto, 2 : 793.— Whitworth Porter et al., History of the Corps of Royal Engineers (9 vol. parus, Londres et Chatham, 1889– ; réimpr. des vol. 1–3, Chatham, 1951–1954), 1 : 270, 272.— Scadding, Toronto of old (Armstrong ; 1966), 288.
Barrie Dyster, « MACAULAY, JOHN SIMCOE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 2 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/macaulay_john_simcoe_8F.html.
Permalien: | https://www.biographi.ca/fr/bio/macaulay_john_simcoe_8F.html |
Auteur de l'article: | Barrie Dyster |
Titre de l'article: | MACAULAY, JOHN SIMCOE |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1985 |
Année de la révision: | 1985 |
Date de consultation: | 2 nov. 2024 |