HOWSE, JOSEPH, trafiquant de fourrures, explorateur et linguiste, baptisé le 2 mars 1774 à Cirencester, Angleterre, fils de Thomas Howse et d’une prénommée Ann ; décédé au même endroit le 4 septembre 1852.
Après avoir fait la traite des fourrures pendant dix ans dans le district de la Saskatchewan, Joseph Howse prit part à l’exploration de l’ouest de l’Amérique du Nord, devenant le premier employé de la Hudson’s Bay Company à franchir les Rocheuses ; un col, un pic et une rivière portent son nom. Howse écrivit aussi la première grammaire de langue crise, classée par ses contemporains aux côtés des « travaux de [John] Eliot, Zeisberger [David Zeisberger*], Heckewelder [John Gottlieb Ernestus Hackenwelder], [Henry Rowe] Schoolcraft » et reconnue encore aujourd’hui comme un document remarquable sur cette langue indienne et sur les méthodes des grammairiens de l’époque.
Le nom de Howse a longtemps été courant dans la région de Cirencester. Même si son père y était chaudronnier, Howse est régulièrement décrit, après son retour d’Amérique du Nord, comme un gentleman ; la famille, originaire d’Ampney St Mary, près de Cirencester, appartenait à la classe des yeomen, petits propriétaires terriens. L’écriture apparaissant sur le contrat que Howse signa avec la Hudson’s Bay Company à l’âge de 21 ans révèle une assez grande maturité et diffère peu de celle de sa correspondance ultérieure. Selon une remarque qu’il fit en 1844, il avait « quelque connaissance du latin, du français et de l’italien, acquise avant de quitter l’Angleterre ». Mais on ne sait rien de plus sur sa jeunesse, sinon qu’il fut « d’abord apprenti chez un libraire papetier » de Cirencester.
Suivant l’exemple de Joseph Colen* qui, dix ans plus tôt, avait quitté Cirencester pour la baie d’Hudson, Howse et le neveu de Colen, Thomas, s’embarquèrent à Gravesend le 5 juin 1795. À bord du King George, navire de la Hudson’s Bay Company, se trouvaient deux autres « commis aux écritures », à part Howse et Colen. L’agent principal Joseph Colen, homme « instruit et éloquent » qui, semble-t-il, portait un intérêt particulier à Howse, présidait cette « société littéraire ». Quand, en 1811, un autre passager, William Hemmings Cook*, rapporterait à Joseph Colen (alors à la retraite à Cirencester) l’expédition de Howse à travers les Rocheuses, il emploierait l’expression « votre élève » pour le désigner.
Le 28 août 1795, le King George accosta à York Factory (Manitoba), où Howse demeura deux ans. Apparemment, il se mit sans tarder à l’apprentissage des langues : « Aussi longtemps que j’en eus besoin, j’eus l’assistance d’un interprète ; mais l’absolue nécessité de comprendre ceux parmi lesquels j’allais vivre et d’être compris d’eux me pressa de tenter d’apprendre leur langue. » Une des commandes qu’il passa en Angleterre fait allusion à un précepteur cri dont Howse se fit peut-être lui-même l’élève ; quant à sa commande de 1799, non seulement indique-t-elle qu’il menait une vie sédentaire, mais elle énumère en particulier plusieurs effets (telles « 6 verges de coton imprimé – motif gai ») apparemment destinés à une femme ; la mention de « 2 paires de chaussures rouges – pour un enfant d’un an » étaye l’hypothèse d’un ménage à la façon du pays. Même si on ne sait rien de plus de sa vie domestique à la baie d’Hudson, il est raisonnable de penser que Howse avait amplement l’occasion de parler la langue crise ; dès 1798, il est qualifié de « bon linguiste ». Comme le montrent ses commandes de livres, il ne négligeait pas non plus les autres langues et, en 1808, il demandait « une paire de lunettes simples à verres teintés – pour ne pas se fatiguer les yeux en lisant à la chandelle – et non à verres grossissants ».
Plus tard, en Angleterre, Howse passerait le plus clair de son temps à lire et à écrire mais, pendant la plus grande partie des 20 années qu’il vécut en Amérique du Nord, il dut faire passer ses activités intellectuelles au second plan, après la traite des fourrures qu’il devait faire à l’intérieur des terres.
La première étape de l’apprentissage de Howse prit fin lorsque, en décembre 1797, il quitta York Factory pour se rendre à Gordon House, sur la rivière Hayes, à titre de commis aux écritures et de comptable. Il y passa le reste de la saison de traite et ne rentra pas à York Factory avant le 4 juillet 1798. Chargé pendant la saison de traite de 1798–1799 d’« ouvrir un établissement au pays des Bungees [Sauteux], près de la rivière Poplar », Howse fut, à l’été de 1799, décrit par John Ballenden comme étant « en tous points qualifié et en général jugé [...] apte » à prendre la direction d’un poste dans les Prairies. Il se rendit à Cumberland House (Saskatchewan) avec James Bird et fut envoyé à Carlton House, sur la rivière Saskatchewan-du-Sud, pour la saison de traite de 1799–1800, avec mission de s’occuper aussi des affaires de Cumberland House. Devenu agent principal, Howse demeura à Carlton House un autre hiver, celui de 1800–1801. Bien que son affectation pour la saison de traite de 1801–1802 n’ait pu être établie avec certitude, le journal tenu par Peter Fidler* à Chesterfield House, sur la rivière Saskatchewan-du-Sud, permet de croire que Howse était en poste à la rivière Saskatchewan-du-Nord. Ses états financiers suggèrent qu’il passa l’hiver de 1802–1803 dans la même région, son salaire ayant été porté à £50, et quand il reprit Carlton House en charge, en 1803–1804, il était identifié comme « trafiquant ». Durant la saison de traite de 1804–1805, il fut agent principal à Chesterfield House ; à cet endroit, la langue crise n’était pas prédominante mais, en 1805–1806, il se rendit au nouveau Carlton House, sur la Saskatchewan-du-Sud, et y demeura (sauf durant les étés) jusqu’au printemps de 1809. Les lettres que Howse écrivit pendant les dix premières années qu’il passa dans le district de la Saskatchewan révèlent non seulement son style, épistolaire autant qu’administratif, mais aussi l’esprit d’initiative dont il faisait preuve dans les affaires de la compagnie.
Déterminée à disputer la place de la North West Company dans les Rocheuses, la Hudson’s Bay Company envoya Howse rejoindre Bird à Edmonton House (Edmonton) en 1809 ; il resta attaché à ce poste jusqu’en 1811. Ironie du sort, seuls les journaux de David Thompson, de la North West Company, restituent l’itinéraire de la première expédition de la Hudson’s Bay Company dans les Rocheuses. Partant respectivement d’Edmonton House et du fort Augustus (Edmonton), postes voisins, Howse et Thompson se mirent tous deux en route le 18 juillet 1809. L’équipe de la Hudson’s Bay Company, composée de Howse et de trois autres hommes, avait un objectif évident : selon les mots de Thompson, Howse « part[ait] pour les montagnes afin d’étudier le pays ». Quand, le 26 juillet, Thompson et son groupe, se préparant à hiverner dans les montagnes, donc encombrés de vivres et de marchandises d’échange, atteignirent Rocky Mountain House (Alberta), il semble que Howse avait plusieurs jours d’avance sur eux. Les deux groupes ne se rencontrèrent que le 9 août, aux sources de la rivière Saskatchewan-du-Nord, là où la navigation devient possible, au moment où « M. Howse et l’Indien qui l’accompagn[ait] » revenaient déjà des montagnes. Thompson remit à Howse une lettre pour James Hughes, du fort Augustus, ce qui indique clairement que Howse n’entendait pas alors poursuivre plus avant ses explorations. Au moment où il est de nouveau question de lui, le 23 septembre, il était de retour dans les Prairies.
Explorateur novice, Howse avait franchi sans retard la ligne de partage des eaux. Une dernière remarque du journal de Thompson suggère qu’il avait aussi exploré une partie du fleuve Columbia : le 19 août, les éléments d’avant-garde de Thompson rapportaient avoir vu « les traces de 2 cavaliers » à l’endroit de leur campement, juste au sud du lac appelé aujourd’hui Windermere (Colombie-Britannique). Une mention officielle de l’expédition apparaît dans le livre de comptes d’York Factory pour l’année 1810, vis-à-vis de l’indication du salaire de £65 que Howse recevait à l’époque : « espère que Vos Honneurs [les membres du comité de Londres] lui accorderont £80, la célérité avec laquelle ce gentleman a entrepris l’expédition à travers les montagnes Rocheuses mérite quelque reconnaissance ».
Howse retourna dans les Rocheuses en 1810 et il y resta toute une année. Le 19 juin 1810, un associé de la North West Company, Alexander Henry* le jeune, affecté à New White Earth House (Alberta), notait que, du poste voisin de la Hudson’s Bay Company, partaient « deux canots pour le Columbia, avec neuf hommes ». Il ajoutait : « Ils ont embarqué, entre autres, quatre rouleaux de tabac, deux tonnelets de bon vin, de la poudre, plusieurs sacs de balles, un sac de plombs, du pemmican. » Pour leur part, Howse et trois autres hommes entreprirent le voyage « par terre » ; comme Henry l’écrivait le 20 juin, ils étaient partis « avec quatre guides et chasseurs cris [...], l’expédition de la Hudson’s Bay Company vers le Columbia compt[ait] en tout 17 personnes ». Cette fois, de toute évidence, le groupe ferait de la traite aussi bien que de l’exploration. La North West Company prit le défi au sérieux : le 9 juillet, James McMillan partait « pour le Columbia afin de surveiller les déplacements de la Hudson’s Bay Company dans cette région ».
Les Peigans s’opposaient aux deux compagnies ; en guerre contre les Têtes-Plates, ils tentaient de bloquer toute traite qui aurait pu se faire dans les montagnes. Tandis que Thompson, voyageant en octobre, choisirait de chercher un passage plus au nord, par le col Athabasca (Colombie-Britannique), Howse atteignait le fleuve Cootana (fleuve Columbia) le 20 août. Il y demeura quelque temps « pour avoir une meilleure idée » de la menace que les Peigans pouvaient constituer à ce moment-là pour « lui ou tout homme blanc ». Selon un de ses guides cris, Howse était encore sur le Columbia le 1er septembre ; le 22 octobre, un autre guide, qui « venait juste de franchir les montagnes », précisait à Henry que Howse se trouvait à l’« ancien » Kootenay House (Colombie-Britannique), à la source du fleuve Columbia. Les Nor’Westers faisaient toujours le guet et McMillan ne partit pas avant le 12 décembre, date à laquelle Howse était déjà, semble-t-il, installé pour l’hiver au lac Flathead (Montana) ou tout près. Quand Howse retourna au lac Columbia (Colombie-Britannique), il croisa de nouveau la route de Thompson, qui fut informé de sa présence le 14 mai.
La seule description que Howse a faite de son expédition se trouve dans une lettre qu’il écrivit en 1843 à sir George Simpson, gouverneur de la Hudson’s Bay Company. Il esquisse ainsi son itinéraire : « je traversai les montagnes Rocheuses pendant l’été et l’automne de 1810 par l’embranchement nord de la rivière Saskatchewan – remontai le fleuve Kootoonay [fleuve Columbia] – empruntai la rivière Flat Bow [rivière Kootenay] – descendis par l’anse de celle-ci qui se trouve le plus au sud – franchis (le portage Poil de Custer) jusqu’à la rivière Flathead [...] où nous construisîmes ». Ensuite, il décrit une autre traversée de la ligne de partage des eaux, en décembre 1810 : « avec deux de mes hommes, j’accompagnai les Têtes-Plates jusqu’aux sources du Missouri – retournai à notre poste de traite – en février 1811 ».
Pendant ce temps, les Peigans continuaient d’imposer un blocus serré ; selon Bird, leurs chefs avaient déclaré que « s’ils rencontraient encore un homme blanc qui [allait] approvisionner leurs ennemis, non seulement le dépouilleraient-ils et le tueraient-ils, mais ils feraient de la viande séchée avec son cadavre ». C’est pourquoi Bird, vers la fin de mars, envoya deux hommes « avec des chevaux et du pemmican » pour rencontrer Howse au fleuve Columbia et laissa en mai cinq hommes à Acton House (Alberta) « pour se concilier l’esprit des Indiens et les disposer [...] à se montrer amicaux envers M. Howse et son groupe ».
C’est en grande partie grâce à la prévoyance de Bird que Howse atteignit Edmonton House à la mi juillet 1811. Il était le premier employé de la Hudson’s Bay Company à avoir suivi les Nor’Westers au delà des Rocheuses, et son voyage avait été un succès remarquable. L’expédition, qui avait coûté £576 en marchandises d’échange, approvisionnements et salaires, permit en effet de rapporter des fourrures estimées à £1 500. Néanmoins, en dépit des projets de Bird et de l’espoir que le comité de Londres de la Hudson’s Bay Company avait de poursuivre cette traite, l’hostilité déclarée des Peigans se révéla un frein efficace : la Hudson’s Bay Company n’entreprit aucune autre expédition au delà des Rocheuses avant d’avoir réalisé sa fusion avec la North West Company, en 1821. Toutefois, Howse, « aventureux, solide et intelligent », avait démontré, comme l’a écrit l’historien Edwin Ernest Rich, que la Hudson’s Bay Company comptait des hommes « tout aussi capables que les Nor’Westers de voyager, de faire la traite et de s’entendre avec les Indiens ».
Quand, à l’automne de 1811, William Hemmings Cook, fonctionnaire de la Hudson’s Bay Company qui était responsable d’York Factory, écrivit à Joseph Colen à Cirencester, il affirma que Howse avait « exploré une contrée que jamais aucun Européen n’a[vait] foulée ». Malheureusement, comme Colen le nota avec regret, Howse « n’était pourvu d’aucun instrument d’astronomie » de sorte que, même s’il avait « exploré cette contrée sur plusieurs milliers de milles », il n’avait pas « relevé sa route ».
Howse passa l’hiver de 1811–1812 à Paint Creek House (Alberta), sur la rivière Saskatchewan-du-Nord, et, en septembre 1812, après avoir exploré le fleuve Nelson depuis York Factory jusqu’au lac Split (Manitoba), il s’embarqua pour l’Angleterre à bord du King George. En plus de régler des affaires familiales, il rencontra le comité de Londres, dont les plans en vue d’une nouvelle expédition dans les Rocheuses étaient en bonne voie. Mais, quelles qu’aient été ses intentions, Howse n’entreprit pas d’autre voyage dans la région du fleuve Columbia. Il quitta Londres le 1er juin 1813 à bord du Prince of Wales, qui arriva à York Factory après s’être arrêté un mois à Churchill parce qu’une épidémie de typhus s’était déclarée parmi les passagers qu’Archibald McDonald conduisait à la colonie de la Rivière-Rouge (Manitoba).
Le 29 septembre 1813, Howse partit d’York Factory pour un voyage qui allait se révéler un tour de force : à partir du lac du Genou (lac Knee), le gel des rivières força ses hommes à se rendre en raquettes jusqu’à la rivière Vermilion (Alberta), « une distance d’un peu moins, sinon de 1 000 milles » ; de là, Howse continua jusqu’« à Edmonton [House] et en revint en traîneau à chiens », puis poursuivit sa route à cheval jusqu’à la colonie de la Rivière-Rouge, après quoi, en août 1814, il rentra à York Factory.
Pendant son séjour à la colonie de la Rivière-Rouge, au début de l’été de 1814, Howse se trouva mêlé aux affaires de la colonie. Ce n’était d’ailleurs pas la première fois : en septembre 1813, avec d’autres fonctionnaires de la Hudson’s Bay Company d’York Factory, il avait ouvert et lu des lettres que lord Selkirk [Douglas*] avait adressées au gouverneur de la colonie, Miles Macdonell*. Cette fois – en juin 1814 – Macdonell l’envoya avec d’autres hommes au fort La Souris, sur la rivière Assiniboine, pour saisir les réserves de pemmican que la North West Company y gardait. En rentrant à la colonie de la Rivière-Rouge, Howse fut capturé par les Nor’Westers et emmené au fort Gibraltar (Winnipeg) ; même si, finalement, il ne fut pas envoyé à Montréal afin d’être traduit en justice pour « vol qualifié », comme on avait menacé de le faire, Macdonell ne parvint pas à le faire libérer. Une entente survint seulement à l’arrivée de John McDonald* of Garth, Nor’Wester qui avait été le « voisin » de Howse pendant son séjour à Chesterfield House, en 1804–1805.
Les problèmes de Howse n’étaient pas terminés pour autant. À peine était-il de retour à York Factory, le 9 août 1814, qu’il se retrouvait « juste à la veille d’une autre expédition », puisqu’on l’envoyait à Île-à-la-Crosse (Saskatchewan) pour rétablir la présence de la Hudson’s Bay Company à l’entrée de la région de l’Athabasca. Il dut y affronter Samuel Black*, Nor’Wester réputé pour sa cruauté ; lors d’une rixe, le 14 février 1815, plusieurs hommes trouvèrent la mort. Au printemps, Howse quitta Île-à-la-Crosse ; on ne saurait déterminer si ce fut une retraite « honteuse », comme le dit Colin Robertson* deux ans plus tard, ou si elle fut prudente. Les événements de 1814–1815 persuadèrent peut-être Howse de quitter la baie d’Hudson. Sa nomination comme conseiller du gouverneur en chef de Rupert’s Land, Robert Semple*, en mai 1815, avec Thomas Thomas*, Bird et d’autres, était peut-être gratifiante, mais le 19 septembre 1815 il quitta définitivement York Factory.
La vie de Howse en Amérique du Nord n’avait guère été oisive. Pourtant, même au moment où, en 1813–1814, il avait dû traverser une partie du pays pour se rendre dans le district de la Saskatchewan et s’était trouvé mêlé aux problèmes de la colonie de la Rivière-Rouge, il avait réussi à consacrer quelque temps à ses recherches. De retour à Cirencester, il y mena la vie d’un gentleman et d’un érudit. Sa calme existence campagnarde était agrémentée par de fréquentes visites à Londres et par la correspondance qu’il entretenait avec « certains des hommes les plus éminents du continent, de Rome à Berlin, ainsi qu’avec la crème de[s] universités [anglaises] et même avec des ministres d[u...] gouvernement ». Aucune de ces lettres n’a été retrouvée et, de celles que Howse échangea avec ses anciens compagnons de la Rivière-Rouge, James Bird surtout, seuls des fragments subsistent.
Les avis de Howse étaient recherchés par la Royal Geographical Society, dont il était devenu membre avant 1837, et par la Church Missionary Society. Ces deux sociétés financèrent la publication de sa grammaire crise. Même si le manuscrit était presque terminé en 1832, l’addition d’exemples en sauteux, des révisions continuelles et des difficultés d’impression en retardèrent la parution jusqu’en 1844. Quand A grammar of the Cree language [...] parut enfin, l’ouvrage fut non seulement vanté mais utilisé et cité par des linguistes de partout. En 1865, il fallut le réimprimer. En mai 1849 puis en février 1850, Howse, alors âgé d’environ 75 ans, se rendit à Londres pour lire des communications devant la Philological Society, de fondation récente. Ces documents contiennent des éléments, notamment en koutanis et dans plusieurs langues salish, qu’il avait dû recueillir lors de son expédition de 1810–1811.
Le testament et l’acte de décès de Howse laissent supposer qu’il mourut célibataire. Mais, outre l’enfant dont l’existence est sous-entendue dans la commande passée en 1799 à York Factory, on trouve Jenny (probablement adolescente), baptisée dans la colonie de la Rivière-Rouge en 1824 comme « fille de Joseph Howes, supposé résider [en] Angleterre, et d’une Indienne », ainsi que Henry Howes (Howse), qui se maria à la Rivière-Rouge en 1830 et déclara, l’année suivante, être âgé de 23 ans. Plus tard, on trouvait des descendants de Howse dans des villages métis depuis la rivière Rouge jusqu’à la rivière Saskatchewan-du-Nord.
Joseph Howse vécut dans deux univers : les territoires éloignés, où l’exploitation et la concurrence commerciales s’ajoutaient aux rigueurs de la nature, et la campagne tranquille, qui pouvait abriter un gentleman britannique érudit du xixe siècle. Dans ces deux mondes, il laissa sa marque. Trafiquant de fourrures apprécié à juste titre pour son efficacité et son jugement, il fut le premier, à la Hudson’s Bay Company, à faire preuve dans ses explorations d’une énergie égale à celle des Nor’Westers. Quant à la première grammaire de langue crise, fruit de ses travaux d’érudition, elle perpétue sa mémoire.
Joseph Howse est l’auteur de : A grammar of the Cree language, with which is combined an analysis of the Chippeway dialect (Londres, 1844 ; réimpr., 1865) ; et de deux articles publiés dans les Proc. (Londres) de la Philological Soc. : « Vocabularies of certain North American Indian languages », 4 (1848–1850) : 102–122 ; « Vocabularies of certain North American languages » : 191–206. À part sa correspondance conservée dans plusieurs dépôts d’archives publiques, ces trois ouvrages semblent être les seuls écrits de Howse qui subsistent. Ses cartes dont beaucoup ont été envoyées à Aaron Arrowsmith, géographe britannique, n’ont jamais été retrouvées. Quelques-unes de ses lettres ont été publiées dans HBRS, 26 (Johnson), et d’autres lettres et documents le seront dans le volume à paraître « Joseph Howse : a linguist’s life » de H. Christoph Wolfart.
AO, MS 25, 10, no 23 ; MU 2982.— APC, MG 19, E1, sér. 1–3, 42 (copies).— British and Foreign Bible Soc Arch. (Londres), Foreign corr. inwards, 1832, no 3.— British Library (Londres), Add.
H. Christoph Wolfart, « HOWSE, JOSEPH », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 20 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/howse_joseph_8F.html.
Permalien: | https://www.biographi.ca/fr/bio/howse_joseph_8F.html |
Auteur de l'article: | H. Christoph Wolfart |
Titre de l'article: | HOWSE, JOSEPH |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1985 |
Année de la révision: | 1985 |
Date de consultation: | 20 déc. 2024 |