Titre original :  Theodore Arthur Burrows. From: The Canadian album : men of Canada; or, Success by example, in religion, patriotism, business, law, medicine, education and agriculture; containing portraits of some of Canada's chief business men, statesmen, farmers, men of the learned professions, and others; also, an authentic sketch of their lives; object lessons for the present generation and examples to posterity. Vol. III.
edited by Rev. William Cochrane. Brantford, Ont. : Bradley, Garretson & Co., 1894. 
https://archive.org/details/canadianalbummen03cochuoft/page/290

Provenance : Lien

BURROWS, THEODORE ARTHUR, propriétaire de scieries, commissaire des terres pour une société ferroviaire, marchand de bois, homme politique et lieutenant-gouverneur, né le 15 août 1857 à Ottawa, fils de Henry John Burrows et de Sarah Sparks ; petit-fils de John Burrows* ; le 25 octobre 1899, il épousa à Owen Sound, Ontario, Georgina Kathleen Creasor, et ils eurent un fils et une fille ; décédé le 18 janvier 1929 à Winnipeg.

Orphelin de bonne heure, Theodore Arthur Burrows étudia dans des écoles publiques d’Ottawa et arriva à Winnipeg en 1875. Après avoir travaillé un moment pour son oncle William Ogilvie aux Services d’arpentage des terres fédérales, ce jeune homme instable se lança dans des études de droit, mais les abandonna et essaya de faire carrière dans l’immobilier. Puis il trouva sa voie. En 1878, il forma une société pour acheter une petite scierie à Fort Alexander. En 1883, il mit fin à cette association et fonda la Selkirk Lumber Company. Le bois d’œuvre était très en demande à l’époque. En l’espace de trois ans, l’entreprise de Burrows devint l’une des plus importantes de la province : sa production annuelle s’élevait à 4 millions de pieds-planches.

Dans le Canada du xixe siècle, bien des carrières lucratives se bâtirent sur les affaires et la politique. En 1890, au cours d’un fort ralentissement dans l’industrie du bois, Burrows construisit un chemin de colonisation jusque dans la région de Dauphin. En 1892, convaincu qu’il serait mieux à même d’exploiter les ressources forestières de cette nouvelle région pionnière s’il avait des relations avec des hommes politiques en vue, il brigua le siège de Dauphin à l’Assemblée législative sous l’étiquette (délibérément ambiguë) de libéral-conservateur. Il obtint une liaison ferroviaire pour sa circonscription. En 1896, les entrepreneurs du Lake Manitoba Railway, William Mackenzie et Donald Mann*, le nommèrent commissaire des terres. Cette fonction lui donnait accès à des renseignements sur les tracés futurs et lui permit d’acquérir des concessions forestières de grande valeur en bordure de la voie ferrée qui progressait vers le nord-ouest du Manitoba. Burrows possédait un autre atout : sa sœur Elizabeth Armanella (Arma) avait épousé en 1884 l’homme politique libéral Clifford Sifton. En 1896, l’accession de Sifton au poste de ministre fédéral de l’Intérieur, dont relevaient les richesses naturelles de l’Ouest, améliora encore les perspectives d’avenir de Burrows.

À peu près tout le monde savait que Burrows obtenait des concessions forestières dans la période où Sifton pouvait en accorder à sa discrétion et où, en plus, il était disposé à intervenir dans le système d’appels d’offres. Pour cette raison, l’opposition conservatrice talonna Sifton à la Chambre des communes de 1899 à 1906 – sans grand résultat finalement. Jusqu’à la démission du ministre en 1905, Burrows usa de ses relations avec lui pour promouvoir ses propres intérêts commerciaux. En 1908, il détenait, dans l’Ouest canadien, plus de concessions forestières que quiconque.

Burrows avait pu se lancer en politique parce qu’il était un homme d’affaires réputé, mais, en fin de compte, c’est ce qui causa sa perte. Il avait beau être l’un des gros employeurs du district de Dauphin, sa position de député n’était pas très sûre. Vainqueur par neuf voix seulement en 1892, il n’accrut sa majorité que de trois voix en 1896 ; en ces deux occasions, il battit Archibald Glenlyon Campbell*. Il continuait de se définir comme libéral-conservateur, mais appuyait le premier ministre libéral Thomas Greenway*. Député peu actif, il comptait beaucoup sur ses relations dans les chemins de fer et sur les possibilités qu’avait Sifton de distribuer des faveurs dans sa circonscription. Bien qu’il se soit intéressé uniquement au progrès économique de son district (donc à ce qui pouvait lui rapporter des bénéfices), il réussit à se faire élire pour un autre mandat en 1899. Il siégea alors avec les libéraux. Il ne se porta pas candidat en 1903. Sa carrière politique n’était cependant pas terminée.

L’année suivante, comme il faisait partie des lieutenants de Sifton au Manitoba, Burrows remporta l’investiture sans difficulté dans la nouvelle circonscription fédérale de Dauphin. Toutefois, la publication des avis d’élection fut retardée et le scrutin, reporté après les élections nationales du 3 novembre. Voyant que le Parti libéral de sir Wilfrid Laurier* détenait une confortable majorité, l’adversaire conservateur de Burrows se retira de la course, ce qui donna à ce dernier une victoire sans opposition. Aux Communes, Burrows concentra son attention sur le développement de l’Ouest, en particulier sur le Hudson Bay Railway et l’extension des frontières du Manitoba. L’opposition le harcelait à propos de ses entreprises de bois d’œuvre. De 1906 à 1908, les conservateurs, dirigés par Robert Laird Borden*, s’employèrent à discréditer le gouvernement par des accusations de corruption. Burrows était une cible toute désignée. Ils ne réussirent pas à déloger Laurier aux élections générales de 1908, mais leurs attaques se révélèrent fatales pour Burrows, qui subit une défaite assez cuisante.

Après, Burrows se consacra à la consolidation et à l’expansion de ses entreprises forestières. Au Manitoba, il avait deux grosses scieries, à Grandview et à Bowsman, et d’autres exploitations de moindre envergure sous diverses raisons sociales, ce qui le plaçait au premier rang des producteurs de bois d’œuvre de la province. Avec sir Daniel Hunter McMillan*, il était le principal actionnaire de la petite Imperial Pulp Company, dans le centre nord de l’Alberta. En 1911, afin de poursuivre ses activités dans cette région, il forma une entreprise plus imposante, la Phoenix Lumber Company. L’année suivante, il commença à mettre l’accent sur la vente au détail. La Northern Lumber Company, qui lui appartenait, allait bien ; au fil du temps, elle ouvrit une trentaine de points de vente dans les Prairies. Burrows avait participé en 1890 à la fondation de la Western Retail Lumbermen’s Association, dont la mission était de protéger ses membres en limitant l’accès à ce secteur de l’économie et en fixant les prix.

Même s’il ne brigua plus jamais les suffrages, Burrows s’intéressait toujours vivement au sort du Parti libéral. Mécontent de l’émergence du Parti progressiste après la Première Guerre mondiale, il collabora avec cette formation uniquement pour éviter que trois partis s’affrontent aux élections. La victoire des libéraux au scrutin de 1926 le remplit d’aise. Plus tard dans l’année, sir James Albert Manning Aikins abandonna le poste de lieutenant-gouverneur du Manitoba. Burrows figura parmi les candidats à sa succession, à la fois parce qu’il avait bien servi le Parti libéral et parce qu’il avait les moyens d’assumer les frais de représentation associés au titre. Il fut nommé en octobre grâce aux pressions exercées sur le premier ministre du pays, William Lyon Mackenzie King*, par Sifton et John Wesley Dafoe*, du Manitoba Free Press de Winnipeg. La fonction de lieutenant-gouverneur était devenue en grande partie honorifique et, de l’avis général, Burrows jouait bien son rôle, mais il ne resta pas longtemps en poste. Il mourut en janvier 1929 des complications d’une appendicite.

Theodore Arthur Burrows est représentatif de bon nombre d’entrepreneurs des régions pionnières. À une époque où les relations politiques et sociales servaient les ambitions personnelles et la réussite en affaires, cet homme tout de même compétent en usa pour se tailler une place importante dans les prairies de l’Ouest, où la colonisation battait son plein.

J. E. Rea

AM, MG 12, J.— BAC, MG 26, J ; MG 27, II, D15 ; RG 15.— Manitoba Culture, Heritage and Recreation, Hist. resources branch (Winnipeg), Lyle Dick, « T. A. Burrows, timber baron of the northwest » (recherche non publiée, 1976).— QUA, Thomas Alexander Crerar fonds.— Univ. of Manitoba Libraries, Dept. of Arch. and Special Coll. (Winnipeg), J. W. Dafoe fonds.— A. F. J. Artibise, Winnipeg : a social history of urban growth, 1874–1914 (Montréal et Londres, 1975).— R. C. Brown, « The politics of Billingsgate », dans The west and the nation ; essays in honour of W. L. Morton, Carl Berger et Ramsay Cook, édit. (Toronto, 1976) : 161–173.— J. M. S. Careless, « The development of the Winnipeg business community, 1870–1890 », SRC Mémoires, 4e sér., 8 (1970) : 239–254.— CPG, 1892–1908.— D. J. Hall, Clifford Sifton (2 vol., Vancouver et Londres, 1981–1985).— D. F. Parrot, « Grandview and Theodore A. Burrows », Manitoba Hist. (Winnipeg), no 21 (printemps 1991) : 22s.— T. D. Regehr, The Canadian Northern Railway, pioneer road of the northern prairies, 1895–1918 (Toronto, 1976).— Theodore Sparks, « The early lumber industry of Winnipeg », dans Northwest Review, 45th anniversary (Winnipeg, 1930).— Standard dict. of Canadian biog. (Roberts et Tunnell).— Deborah Welch, « T. A. Burrows, 1857–1929 : case study of a Manitoba businessman and politician » (mémoire de m.a., Univ. of Manitoba, 1983).

Comment écrire la référence bibliographique de cette biographie

J. E. Rea, « BURROWS, THEODORE ARTHUR », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 21 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/burrows_theodore_arthur_15F.html.

Information à utiliser pour d'autres types de référence bibliographique


Permalien: https://www.biographi.ca/fr/bio/burrows_theodore_arthur_15F.html
Auteur de l'article:    J. E. Rea
Titre de l'article:    BURROWS, THEODORE ARTHUR
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    2005
Année de la révision:    2005
Date de consultation:    21 nov. 2024