Titre original :  Archives of Manitoba, McGregor, J. D. 1.

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McGREGOR, JAMES DUNCAN, homme d’affaires, éleveur de bétail, propriétaire de ranch et fonctionnaire, né le 29 août 1860 à Amherstburg, Haut-Canada, fils de David McGregor, propriétaire d’écurie de louage, et d’Annie Smith ; le 10 avril 1883, il épousa à North Cypress, Manitoba, Elizabeth (Lizzy) Murphy (décédée en 1902), et ils eurent trois fils, dont un qui mourut avant lui, et une fille ; décédé le 15 mars 1935 à Winnipeg.

James Duncan McGregor étudia à Windsor, dans le Haut-Canada, avant de quitter l’école à 15 ans. Au printemps de 1877, il s’installa avec ses parents et sa fratrie à Winnipeg, où son père et son oncle ouvrirent une entreprise de vente à la commission de chevaux, bœufs, nourriture pour animaux, harnais, chariots, bogheis et charrettes. Deux ans plus tard, McGregor s’établit comme commerçant dans la colonie frontalière de Portage-la-Prairie. Il fut décidé en 1881 que le chemin de fer canadien du Pacifique passerait par Brandon ; McGregor s’y rendit avant la fin de la construction de la voie ferrée et se lança sans tarder en affaires, fournissant chevaux et bétail aux colons. Il créa en 1885 la J. D. McGregor and Company, qui vendait aux enchères des chevaux, du bétail et des moutons. Quatre ans plus tard, il cofonda avec Henry Toke Munn la Munn, McGregor and Company, dont le but premier consistait à acheter des chevaux de l’Ouest et à les domestiquer pour les vendre à des agriculteurs manitobains. Les deux hommes mirent fin à leur association en 1893, probablement à la demande de McGregor, parce qu’ils avaient du mal à se faire payer par les agriculteurs pauvres, qui achetaient pour la plupart à crédit. Cependant, la première entreprise de McGregor poursuivit avec succès ses activités au moins jusqu’en 1895. En 1889, il avait déjà construit pour sa famille une résidence « parmi les plus belles » de la ville, d’après l’édition du 15 août du Brandon Mail.

McGregor rêvait de trouver une espèce bovine qui permettrait de « produire du bœuf de qualité à moindre coût ». Il vit d’abord ce type de bétail à la ferme Hiram Walker and Sons [V. Hiram Walker*] à Walkerville (Windsor), en Ontario, puis d’autres bêtes semblables au Quorn Ranch [V. John Ware*], dans le district d’Alberta. En 1889, Walter Frederick Campbell Gordon-Cumming, actionnaire du Quorn, avait importé 40 génisses Aberdeen-Angus et trois taureaux de sa ferme en Écosse. Plus tard la même année, tandis qu’il amenait 2 000 animaux au Quorn Ranch pour les faire engraisser, McGregor remarqua le troupeau d’Aberdeen-Angus, qu’il acheta ensuite et transporta dans une de ses fermes au sud d’Oak Lake, au Manitoba. Sous la raison sociale Glencarnock Stock Farms, il établit plusieurs fermes au début des années 1890 ; les deux principales étaient Glencarnock Farm, à trois milles au sud de Brandon, et Griswold (Deer) Farm, à 35 milles à l’ouest de la ville, auxquelles s’ajoutait Gwenmar Farm, près de la communauté de Kemnay. À la même époque, il fit l’acquisition de pouliches de Californie et d’étalons primés, de moutons Shropshire et de porcs Tamworth d’Angleterre, soit pour les vendre au Canada ou améliorer son propre cheptel.

À la création du district judiciaire du Yukon, le 16 août 1897, McGregor fut nommé à un des deux postes d’inspecteur des mines, avec un salaire annuel de 1 500 $, par son grand ami Clifford Sifton*, ministre fédéral de l’Intérieur. Il partit peu après pour Dawson. Il avait alors 37 ans. McGregor, qui mesurait 6 pieds, arborait de larges épaules et pesait plus de 200 livres, était bien bâti et courageux, capable d’affronter les rigueurs du voyage jusqu’au Yukon et de vivre parmi les mineurs. Leader naturel, il aborda de front des situations difficiles et acquit une réputation d’homme honnête, franc et juste.

Néanmoins, le mandat de McGregor suscita quelques controverses. En 1899, il fut acquitté d’accusations d’avoir accepté des pots-de-vin et utilisé illégalement des renseignements officiels. La même année, il quitta son poste d’inspecteur minier, quand Sifton le nomma commissaire du Yukon aux boissons alcoolisées. En tout, il resterait environ huit ans au Yukon, pendant lesquels il retournerait régulièrement à Brandon et à ses fermes.

En 1901, McGregor obtint une location de plus de 47 600 acres de terre près de la jonction des rivières Bow et Oldman, à l’ouest de Medicine Hat (Alberta). Arthur Hitchcock, banquier de Moose Jaw (Saskatchewan), loua une terre légèrement plus grande attenante à celle de McGregor. Pour gérer les propriétés de la rivière Bow, ils constituèrent juridiquement la Grand Forks Cattle Company le 28 août 1903, avec l’aide d’autres investisseurs. L’entreprise fructifia et, en 1906, elle comptait près de 6 000 têtes de bétail de pâturage, 875 bovins de race pure et 951 chevaux. McGregor, Hitchcock et leurs associés britanniques entreprirent un gigantesque projet d’irrigation. Ils fondèrent la Robins Irrigation Company dans le but d’acquérir des terres avoisinantes supplémentaires. À l’automne de 1906, la propriété du bétail et des sociétés d’irrigation fut transférée à la Southern Alberta Land Company, financée par la Canadian Agency, entreprise d’investissement britannique. McGregor en devint le gérant et supervisa la dérivation des eaux de la rivière Bow vers un réservoir artificiel (aujourd’hui le lac McGregor) et la construction de canaux, de barrages et de chenaux pour irriguer plus de 95 000 acres. La construction commença en 1909, mais, trois ans plus tard, après l’échec des travaux de diversion, l’ingénieur en chef Arthur Grace démissionna et McGregor perdit son poste de gérant. Il continuerait de conseiller l’entreprise sur ses opérations agricoles.

La qualité des animaux élevés par les Glencarnock Stock Farms, que McGregor n’avait pas cessé de superviser malgré ses absences, connut une nette amélioration en 1902, lorsque McGregor et James Bowman de Guelph, en Ontario, célèbre éleveur de doddies, comme on surnommait les bovins sans corne Aberdeen-Angus, importèrent d’Écosse un remarquable taureau nommé Prince of Benton. En 1909, et encore trois ans plus tard, McGregor organisa d’importantes importations de bovins d’Écosse. Ainsi furent posées les fondations d’un programme d’élevage dont émanerait un des meilleurs troupeaux d’Aberdeen-Angus en Amérique du Nord. Entre 1908 et 1925, McGregor présenta son bétail partout en Amérique du Nord et, durant cette période, son troupeau reçut « plus de prix que tout [autre] au [Canada] ». Le 2 décembre 1912, son bœuf Aberdeen-Angus Glencarnock Victor remporta le grand championnat à la Chicago International Livestock Exposition pour le meilleur animal gras. L’année suivante, McGregor gagna le même concours avec Glencarnock Victor II. Son succès à Chicago attira surtout l’attention d’éleveurs canadiens sur la valeur de cette race de bovins. En 1923, McGregor remporta un troisième grand championnat, cette fois avec Blackcap Revolution, un des plus grands taureaux reproducteurs de son époque. L’éleveur comptait sur la prépotence du taureau Aberdeen-Angus « pour l’amélioration du bétail commun au pays ».

Selon McGregor, les expositions et les foires « fixer[aient] les normes [d’une] production et [d’une] mise en marché intelligentes [et serviraient de] moyen publicitaire pour les producteurs du Canada ». Cette conviction le poussa à fonder, en 1907, la Brandon Winter Fair and Livestock Association, qui deviendrait la Manitoba Winter Fair and Fat Stock Association. Cette foire, que McGregor présiderait durant 15 ans, eut lieu pour la première fois en 1908 ; elle devint le principal terrain d’essai au Canada pour la race Aberdeen-Angus et ses croisements.

McGregor obtint la célébrité dans l’industrie du bœuf en développant une technique de reproduction innovatrice : au lieu d’utiliser des bovins de race pour la reproduction, il sélectionnait des taureaux pour la reproduction en fonction de leurs caractéristiques individuelles, choisissant ceux dont l’ensemble des traits distinctifs correspondaient à ceux des vaches souches. Progressivement, il convainquit les agriculteurs des Prairies de l’importance d’élever du bétail de qualité. En 1929, le magazine Maclean’s loua sa méthode : « Les peaux hirsutes et rêches devinrent lisses et brillantes. L’ancienne viande à conserves fut transformée en bœuf de premier choix. »

En ayant fortement incité les agriculteurs manitobains à ne plus dépendre uniquement du blé, et ceux de la Saskatchewan et de l’Alberta à cesser de se concentrer sur le bétail, McGregor avait aussi contribué à diversifier les monocultures de l’Ouest canadien. Il fut un pionnier de la culture de la luzerne partout dans cette région, et aida à établir celle du mélilot et de plantes fourragères au Manitoba. Pour son apport au « développement de la pensée et des pratiques agricoles, et en reconnaissance de ses efforts comme éleveur et exposant de bovins Aberdeen-Angus », l’Agricultural College of Manitoba lui remit un diplôme honorifique le 3 avril 1925. Le 2 décembre 1928, on accrocha son portrait au Saddle and Sirloin Club of Chicago, le plus grand honneur conféré par les éleveurs. Le 25 janvier 1929, il succéda à Theodore Arthur Burrows* à titre de lieutenant-gouverneur du Manitoba, poste qu’il accepta avec réticence « comme un compliment à l’ensemble de l’industrie agricole » et qu’il utiliserait pour promouvoir les intérêts agricoles du Canada. Son ancien associé en affaires Munn le décrivit comme « un homme [doté] d’une volonté et d’une énergie énormes, et [d’]une imagination et [d’]une vision remarquables en ce qui concerne le développement de l’Ouest canadien ». Avec, comme l’écrivit le Winnipeg Evening Tribune le 31 janvier 1929, « un mélange d’affabilité et d’autorité calme », McGregor se servit de sa position pour promouvoir sa vision de l’avenir du Canada, qui comprenait la construction de chemins de fer et de routes pour exploiter les importantes ressources minérales du Nord.

McGregor vendit tout son troupeau de bovins en octobre 1930. Ses fils et d’autres personnes avaient repris les Glencarnock Stock Farms, juridiquement constituées un an et demi avant leur vente, mais l’entreprise cessa de croître après le départ du patriarche. En 1935, la famille s’était déjà départie de toutes ses actions dans la société.

Personnalité influente dans le développement de l’industrie de l’élevage au Canada, McGregor fut membre de la Canadian Aberdeen Angus Association, qu’il présida de 1911 à 1921, organisateur et président de la Manitoba Stock Association, et membre de la Western Canada Live-stock Union. En 1918, on le nomma directeur de la main-d’œuvre agricole au sein de la Commission canadienne du ravitaillement. En 1929, il devint le président fondateur du Canadian Council of Beef Producers et, en 1930, le Nor’-West Farmer lui décerna la médaille Master Farmer. En outre, il dirigea la Dominion Agricultural Credit Company Limited, fondée en 1931 pour aider les agriculteurs à diversifier leur production en élevant du bétail ; il démissionna en 1934 en raison d’ennuis de santé.

Figure audacieuse et dynamique de l’industrie bovine dans l’Ouest canadien et de l’agriculture en général, James Duncan McGregor fut internationalement connu pour ses méthodes d’élevage innovatrices. Peu après avoir quitté sa fonction de lieutenant-gouverneur, il mourut à sa résidence de Winnipeg le 15 mars 1935. On l’enterra dans le cimetière de Brandon quatre jours plus tard, le jour de l’ouverture de la vingt-huitième foire d’hiver de la ville. En 1979, il fut intronisé au Manitoba Agricultural Hall of Fame.

Peter Hanlon

AM, CCA (Companies office corporation docs.) 0059, GR6427, file 425g, Glucarnock Stock Farms, Q 24620.— BAC, R190-138-X, dossiers 419067, 429492 ; R7693-0-0.— Brandon Univ., S. J. McKee Arch. (Manitoba), RG 5, James Duncan McGregor fonds.— GA, M 2389/627 ; M 2389/1055.— Manitoba, Ministère de la Justice, Bureau de l’état civil (Winnipeg), no 1883-001263.— Manitoba Free Press, 3 déc. 1912, 3 déc. 1913, 5 déc. 1923, 4 déc. 1928, 16 mars 1935.— Nor’-West Farmer (Winnipeg), 5 mai, 20 oct, 30 nov. 1930.— Shath Square, « Lieutenant-governors of Manitoba : part eleven », Winnipeg Free Press, 10 juill. 1971, New Leisure, p.22.— Winnipeg Free Press, 16 mars 1935.— Edward Brado, Cattle kingdom : early ranching in Alberta (Vancouver, 1984).— Kenneth Coates et Fred McGuiness, Pride of the land : an affectionate history of Brandon’s agricultural exhibitions (Winnipeg, 1985).— Macdonald Coleman, The face of yesterday : the story of Brandon, Manitoba (Brandon, [1957]).— Cornwallis Centennial Committee, Municipal memories ([Cornwallis, Manitoba, 1984 ?]).— F. W. Crawford, Aberdeen-Angus cattle in Canada (Winnipeg, 1944).— J. F. Gilpin, Prairie promises : history of the Bow River irrigation district (Vauxhall, Alberta, 1996).— Griswold United Church Women, Bridging the years : Griswold centennial booklet, 1867–1967 ([Griswold, Manitoba, 1967]).— John Hurley, « From sombrero to cocked hat », Maclean’s, 1er nov. 1929 : 11.— H. T. Munn, Prairie trails and Arctic by-ways (Londres, 1932).— A. H. Sanders, A history of Aberdeen-Angus cattle [...] (Chicago, 1928).— F. H. Schofield, The story of Manitoba (3 vol., Winnipeg, 1913).

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Peter Hanlon, « MCGREGOR, JAMES DUNCAN », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 16, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 22 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/mcgregor_james_duncan_16F.html.

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Auteur de l'article:    Peter Hanlon
Titre de l'article:    MCGREGOR, JAMES DUNCAN
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 16
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    2019
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Date de consultation:    22 nov. 2024