Titre original :  Samuel Strickland. Image courtesy of the Atwood family fonds, Trent University Archives, Peterborough, Ontario.

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STRICKLAND, SAMUEL, propriétaire foncier, fonctionnaire de la Canada Company et écrivain, né le 6 novembre 1804 à Stow House, Bungay, Suffolk, Angleterre, l’un des huit enfants (deux garçons et six filles) de Thomas Strickland et d’Elizabeth Homer, décédé le 3 janvier 1867 à Lakefield, Haut-Canada.

Thomas Strickland et sa femme avaient tous deux des idées pratiques et d’avant-garde sur l’éducation. Leurs enfants, y compris Samuel, Susanna* et Catharine*, furent élevés à la maison où leurs parents surveillèrent leurs études dans les moindres détails. Lorsqu’elle raconta plus tard leurs années d’enfance, Catharine évoqua l’éducation extrêmement sévère mais très ouverte qu’ils avaient reçue, en insistant sur l’apprentissage de certaines techniques qui leur servirent énormément quand ils émigrèrent plus tard au Canada.

En 1818, Thomas Strickland essuya un désastre financier et mourut peu de temps après. Un ami de la famille, le colonel Black, qui avait émigré au Haut-Canada, offrit de prendre Samuel en charge et de l’initier à la vie des pionniers. Strickland accepta l’offre avec empressement, s’embarqua sur un navire à destination du Canada en 1825 et rejoignit la famille Black à Darlington (comté de Durham). Après quelques mois d’apprentissage de la vie de colon, Strickland épousa la fille de son tuteur, Emma.

Comme il avait une femme, et une famille en perspective, Strickland se mit en quête d’une terre. En mai 1826, il acheta 200 acres dans le canton de Douro, près de Peterborough, où Thomas Alexander Stewart* et Robert Reid avaient installé leurs familles. Avant la fin de l’été, Emma devait trouver la mort en mettant au monde un fils qui mourut à l’âge de trois ans. Samuel resta chez les Reid tout en continuant à défricher et à cultiver sa terre, et en 1827 il épousa la fille de Robert Reid, Mary.

En 1828, John Galt* employa Strickland comme « ingénieur » à la Canada Company, et le fit participer au développement de Guelph, où il devint directeur des magasins de la compagnie, tint à jour les listes des employés et surveilla la construction des routes et des ponts. Strickland, William Dunlop*et Charles Prior appuyèrent la politique de Galt concernant la Huron Tract, mais, après le renvoi de Galt en 1829, Strickland ne bénéficia pas particulièrement de la faveur du nouvel administrateur, Thomas Mercer Jones. Strickland travailla activement à la construction de Goderich, ville principale de la Huron Tract, et fut le promoteur enthousiaste de la colonisation du district tout entier, mais il était évident qu’il n’avait pas d’avenir comme fonctionnaire à la Canada Company et en 1832 il retourna dans le canton de Douro. Avec le petit capital qu’il s’était mis de côté, il s’acheta une terre à huit milles plus au nord dans le bois que ne l’était sa première ferme. Ses sœurs Catharine Parr Traill et Susanna Moodie qui avaient également émigré d’Angleterre s’installèrent au même endroit au début des années 30.

Pendant les deux décennies qui suivirent, Strickland se consacra à toutes les activités d’un fermier travailleur, d’un sportif enthousiaste et d’un citoyen influent de la communauté grandissante de Lakefield. Il fut juge de paix, président de la Cour des requêtes et capitaine du 4e bataillon de milice de Northumberland. Il appuya la construction du premier moulin de Lakefield, du pont sur la rivière Otonabee et de la première route praticable. Il fonda également une école d’agriculture, où, moyennant des frais de scolarité, les jeunes gens étaient initiés aux techniques de la gestion et de l’exploitation agricole dans le Haut-Canada.

En 1852 Mary Strickland mourut en mettant au monde son 13e enfant, et Samuel partit voir ses sœurs en Angleterre avec une de ses filles. Agnes, qui était devenue un écrivain célèbre pour ses romans historiques et ses biographies, persuada son frère d’écrire l’histoire de sa vie et des conditions d’existence au Canada, qui devint Twenty-seven years in Canada West (1853). Ce livre est remarquable pour la sincérité et le sens pratique qui s’en dégagent. Comme le fait remarquer Strickland dans la préface, il était passé par « toutes les étapes de la vie coloniale » qu’un gentleman-farmer tel que lui était susceptible de vivre au Canada. Avec des arguments pleins d’optimisme, Strickland essaie de convaincre les immigrants de toute classe de s’installer au Canada et de leur prouver qu’avec de la force et de l’énergie, le désir de s’adapter et surtout de travailler fort, ils réussiraient. Il écrit dans un style clair et simple, agençant harmonieusement l’anecdote aux faits précis, sans verser dans le style larmoyant ou romanesque. Son livre est le complément masculin de ceux de sa sœur Catharine, The backwoods of Canada [...], publié à Londres en 1836, et The Canadian settler’s guide, publié en 1855 à Toronto.

Pendant son séjour en Angleterre, Strickland se fiança avec Katherine Rackham qu’il épousa en 1855. Ils retournèrent au Canada où son énergie et son optimisme, son paternalisme bienveillant de propriétaire foncier et son caractère légèrement excentrique firent de lui une figure légendaire dans le district de Lakefield. Durant son âge mûr et sa vieillesse il avait une taille, une corpulence et des cheveux blancs qui lui donnaient une noble prestance et inspiraient le respect. Le voyageur Charles Weld fait un portrait avenant de Strickland, dans son école, au milieu de sa nombreuse progéniture et des jeunes apprentis fermiers en chemise rouge. Même si certains sceptiques prétendirent que l’école était un peu une « fumisterie » et que les élèves en apprenaient plus sur la chasse, la pêche et la façon de boire en gentleman que sur l’agriculture, il n’en reste pas moins qu’ils se sont imprégnés de la générosité et de l’enthousiasme débordant de leur professeur.

Le livre de Samuel Strickland reste un document sur la vie d’un pionnier pendant près de trois décennies, et le témoignage d’une vie vécue et retracée avec une énergie constante et certaine, comme une aventure difficile, pleine de risques, mais finalement très satisfaisante.

Clara McCandless Thomas

Samuel Strickland, Twenty-seven years in Canada West (Londres, 1853 ; réimpr., Edmonton, 1970).

Ipswich and East Suffolk Record Office (Ipswich, Angl.), Bungay St Mary baptismal register.— DNB.— A. Y. Morris, Gentle pioneers ; five nineteenth-century Canadians (Toronto et Londres, 1968).— U. C. Pope-Hennessy, Agnes Strickland, biographer of the queens of England, 1796–1874 (Londres, 1940).— C. P. [Strickland] Traill, Pearls and pebbles [...] (Victoria, 1894).— J. M. Strickland, Life of Agnes Strickland (Édimbourg, 1887).

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Clara McCandless Thomas, « STRICKLAND, SAMUEL », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 17 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/strickland_samuel_9F.html.

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Auteur de l'article:    Clara McCandless Thomas
Titre de l'article:    STRICKLAND, SAMUEL
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1977
Année de la révision:    1977
Date de consultation:    17 déc. 2024