RICHARDS, sir GEORGE HENRY, officier de marine, topographe, explorateur et hydrographe, baptisé le 27 février 1819 à Antony, Cornouailles, Angleterre, fils de George Spencer Richards, de la marine royale, et d’une prénommée Emma Jane ; le 1er mars 1847, il épousa Mary Young (morte en 1881), et ils eurent quatre fils et une fille, puis en 1882 Alice Mary Tabor ; décédé le 14 novembre 1896 à Bath, Angleterre.

George Henry Richards entra dans la marine royale en 1832 et servit d’abord dans les Antilles puis, sous le commandement du capitaine Edward Belcher*, dans le Pacifique. Loué pour sa bravoure pendant la guerre de l’Opium (1839–1842) contre la Chine, il fut promu lieutenant le 12 juillet 1842 et affecté aux levés hydrographiques des îles Falkland. Au cours des hostilités contre la république de Buenos Aires (Argentine), il obtint le grade de commandant et, de 1847 à 1851, il participa aux levés hydrographiques de la Nouvelle-Zélande. De 1852 à 1854, il fut commandant en second de Belcher sur le navire Assistance que l’on envoya à la recherche de sir John Franklin*, porté disparu depuis 1845 avec les membres de son expédition dans l’Arctique. À l’été de 1853, Richards se distingua de nouveau en effectuant cette fois plusieurs voyages en traîneau, parcourant environ 2 000 milles en sept mois. Au cours d’une tournée qui le mena du détroit de Northumberland (Territoires du Nord-Ouest) à l’île Dealy, il visita le Resolute, navire du capitaine Henry Kellett*. À son retour en Angleterre en 1854, on le promut capitaine.

En 1856, Richards reçut le commandement du Plumper, bâtiment hydrographique à hélice, que l’on envoya dans le nord-ouest du Pacifique pour aider la commission anglo-américaine de délimitation des frontières [V. Samuel Anderson*] et assurer une présence militaire britannique dans l’île de Vancouver [V. sir Robert Lambert Baynes*]. Le bateau parvint à Esquimalt le 10 novembre 1857, cinq mois après l’arrivée du commissaire britannique principal, le capitaine James Charles Prevost. À titre de commissaire britannique en second pour l’établissement de la frontière maritime, Richards devait exécuter un levé détaillé des eaux qui séparent l’île de Vancouver du territoire continental des États-Unis, afin d’établir l’emplacement de la frontière internationale dans l’archipel de San Juan. Les levés furent terminés en juin 1858 et, au cours des mois suivants, Richards rencontra les autres commissaires afin de tenter, sans succès, de déterminer la frontière. L’impasse allait persister jusqu’en 1872. La principale difficulté résidait dans la position inflexible du commissaire américain Archibald Campbell, que Richards décrivit à l’hydrographe de la marine en octobre comme « intraitable, à moins qu’on ne lui donne tout ce qu’il demande ». Richards avait déjà fait remarquer dans ses notes d’arpentage qu’il en avait « assez de toutes les commissions [qui n’étaient] rien que duperie et bêtise ».

Une autre tâche attendait Richards, car à la fin de juin 1858 plus de 14 000 chercheurs d’or californiens avaient débarqué à Victoria, impatients d’atteindre les terrains aurifères du Fraser. Il devenait urgent que les experts du Plumper étudient et balisent le cours inférieur du fleuve. Les autorités coloniales réclamèrent aussi l’aide de Richards et de son navire pour fournir le transport et la main-d’œuvre et même, à l’occasion, pour maintenir l’ordre parmi les mineurs. Dans une lettre datée du 21 décembre 1859, Richards notait qu’à cause de ces demandes imprévues « [le bateau] n’avait guère assumé jusque-là son rôle de navire hydrographique ». De plus, le Plumper, dont la vitesse n’excédait pas six nœuds et demi, se révélait inefficace dans une région où la marée, elle, pouvait atteindre huit nœuds. En attendant l’arrivée d’un bâtiment plus gros, Richards termina les levés du Fraser jusqu’au lac Harrison, de la côte de l’île de Vancouver, depuis Nanaimo jusqu’au cap Lazo plus au nord, et des ports de Victoria, de Nanaimo et de Cowichan.

Le 23 décembre 1860, le Hecate, un sloop à aubes, arriva à Esquimalt pour remplacer le Plumper qui retourna en Angleterre. La plupart des officiers de Richards choisirent de rester avec lui. Grâce à ce nouveau navire et à une flotte de sept petits bateaux qui pouvaient travailler indépendamment du Hecate durant des périodes allant jusqu’à deux semaines, l’équipe expérimentée de Richards put faire progresser de façon satisfaisante les levés des côtes escarpées de l’île de Vancouver et de la côte continentale de la Colombie-Britannique entre 1860 et 1862. Richards dut interrompre son travail à quelques reprises pour aller, à la demande du gouverneur James Douglas*, régler les conflits qui éclataient entre les Blancs et les Indiens de la côte. Des détachements de la marine devaient ainsi se rendre souvent dans les villages indiens éloignés pour enquêter sur des plaintes ou arrêter les suspects impliqués dans des incidents que Richards et d’autres imputaient surtout aux Blancs.

Richards expédiait sans relâche cartes, instructions de navigation et une vaste gamme d’observations en Angleterre, pressant l’Amirauté de publier sans délai les directives qu’il avait émises concernant la navigation dans les détroits de Juan de Fuca et de Géorgie, car de nombreux capitaines s’y engageaient « sans rien connaître de la navigation et cour[aient] des risques considérables ». Le Hydrographic Office de l’Amirauté publia donc, en 1861 et 1864, le Vancouver Island pilot, ouvrage en deux éditions compilé principalement d’après les levés de Richards. Lorsqu’en décembre 1862 ce dernier partit pour l’Angleterre à bord du Hecate par la route du cap de Bonne-Espérance, il laissa son principal adjoint, Daniel Pender, poursuivre le relevé du littoral de la Colombie-Britannique.

De retour en Angleterre en janvier 1864, Richards apprit qu’on l’avait nommé hydrographe de la marine. Il accomplit là aussi un travail remarquable. Topographe chevronné et administrateur doué, il s’employa également à promouvoir la recherche océanographique. Quand il prit sa retraite en 1874, il devint directeur général de la Telegraph Construction and Maintenance Company, qui installa sous sa direction des milliers de milles de câbles télégraphiques sous-marins. Membre de la Royal Society et de la Royal Geographical Society, Richards reçut le titre de chevalier en 1877 et parvint au grade d’amiral en 1884.

Il est heureux que l’on ait confié à un homme de la trempe de George Henry Richards la topographie de la côte de la Colombie-Britannique. Ses travaux hydrographiques sont de la plus haute qualité et font de lui un digne successeur de George Vancouver*, à qui il portait beaucoup d’admiration puisqu’il nomma l’un de ses fils en son honneur. La notice nécrologique des Proceedings de la Royal Society décrit Richards comme « un homme d’une grande compétence, d’un solide bon sens et d’une activité incessante, à qui sa bonne humeur intarissable, sa perspicacité et sa bienveillance envers les jeunes membres de la profession valurent l’affection et le respect de tous ».

Helen B. Akrigg

Les levés de l’île de Vancouver faits par sir George Henry Richards constituent la base des rapports du G.-B., Hydrographic Office, Vancouver Island pilot ; part I : sailing directions for the coasts of Vancouver Island and British Columbia, from the entrance of Juan de Fuca Strait to Burrard Inlet and Nanaimo Harbour (Londres, 1861), de son Supplement (1864), et d’une grande partie de The Vancouver Island pilot, containing sailing directions for the coasts of Vancouver Island, and part of British Columbia [...] (Londres, 1864). L’Hydrographic Office a aussi publié une traduction française en deux volumes de l’édition de 1864, Pilote de l’île Vancouver ; routes à suivre sur les côtes de l’île Vancouver et de la Colombie-Anglaise [...], M. Hocquart, trad. (Paris, 1867).

Le manuscrit du cahier de correspondance de Richards (1857–1862), son carnet d’arpentage (1858–1862) et son journal de bord du levé de l’île de Vancouver (1860–1862) sont chez des particuliers en Angleterre. L’auteur a pu consulter ces documents, mais il n’a pas la permission de dévoiler où ils se trouvent.

Une photographie de Richards qui se trouve aux PABC, Visual Records Division, est reproduite sur la couverture du British Columbia Hist. News (Vancouver), 19 (1986), n° 2.  [h. b. a.]

G.-B., Ministry of Defence, Hydrographic Dept. (Taunton, Angl.), Mise. papers, 20, folder 3, n° 2.— PRO, ADM 1/5699 ; 1/5736, part. ii, Y152.— Scott Polar Research Institute (Cambridge, Angl.), ms 768 (G. H. Richards, journal aboard H.M.S. Assistance, 1853–1854).— Geographical Journal (Londres), 9 (1897) : 97–98.— G.-B., Parl., Command paper, 1859 (2e session), 22, n° 2578 : 297–408, Papers relative to the affairs of British Columbia, part II [...], particulièrement 317–326.— Times (Londres), 17 nov. 1896.— Walbran, B. C. coast names.— Stanley Fillmore et R. W. Sandilands, The chartmakers : history of nautical surveying in Canada (Toronto, 1983).— J. C. McCabe, The San Juan water boundary question (Toronto, 1964).— Alec McEwen, « A guardian of the boundary », British Columbia Hist. News, 19, n° 2 : 5–8.

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Helen B. Akrigg, « RICHARDS, sir GEORGE HENRY », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 2 oct. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/richards_george_henry_12F.html.

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