ANDERSON, SAMUEL, membre du génie royal, arpenteur de frontières et cartographe, né le 15 novembre 1839 à Londres, fils de Samuel Anderson ; le 10 août 1876, il épousa Louisa Dorothea Brown ; décédé le 11 septembre 1881 à Bonnyrigg (région de Lothian, Écosse).

Samuel Anderson, père, était avoué (writer to the signet) et greffier des déclarations sous serment à la Cour de la chancellerie à Londres. Le jeune « Sam » fréquenta l’école dans cette ville et s’inscrivit plus tard à l’University of St Andrews et à l’Edinburgh Military Academy. Il entra à la Royal Military Academy à Woolwich (maintenant partie de Londres) le 11 août 1857, dans le premier groupe de cadets choisis à la suite d’un concours. Il mérita l’épée de la « conduite exemplaire » et reçut une commission de lieutenant dans le génie royal le 21 décembre 1858.

Après quelques mois de service en Angleterre, Anderson fut désigné comme membre de la commission de la frontière créée en vertu du traité de l’Oregon, signé le 15 juin 1846, pour faire l’arpentage du 49e parallèle et le marquer, du golfe de Géorgie (détroit de Géorgie) au sommet des montagnes Rocheuses. L’équipe américaine, sous la direction d’Archibald Campbell, y avait travaillé depuis 1857 et le groupe d’arpenteurs britanniques, dirigé par le colonel John Summerfield Hawkins, membre du génie royal, y œuvrait depuis juillet 1858. Après des cours intensifs d’astronomie au bureau de l’Ordnance Survey, à Southampton, Anderson quitta l’Angleterre à destination de Victoria, Île-de-Vancouver, où il arriva le 2 décembre 1859. Il pénétra aussitôt dans les terres afin de rejoindre le secrétaire de la commission britannique, le lieutenant Charles William Wilson, du génie royal, avec qui il devait se lier d’une amitié durable. Puis s’écoulèrent deux années de travail ardu mais stimulant et de voyages pénibles. Dans les travaux de reconaissance du terrain, Anderson se fit remarquer en précédant les groupes de travailleurs britanniques dans les régions incultes et accidentées et en achevant de délimiter et de marquer les sections difficiles de la frontière. En 1860 et 1861, on lui confia la responsabilité du bureau d’arpentage pendant que le groupe prenait ses quartiers d’hiver au fort Colvile (Colville, Washington). En 1862, l’équipe britannique retourna en Angleterre, où Anderson, qui avait succédé à Wilson comme secrétaire, termina les cartes et les rapports en 1864. Après un délai de cinq ans, il accompagna Hawkins à Washington à la dernière réunion mixte de la commission de la frontière, et les deux gouvernements approuvèrent les cartes le 24 février 1870.

Entre-temps, Anderson travailla de novembre 1865 à juin 1866 avec Wilson, sous l’égide du Palestine Exploration Fund, puis il rentra de Terre sainte avec de la documentation pour tracer une carte détaillée de la Palestine occidentale. Du 19 novembre 1866 au 30 novembre 1871, il occupa le poste de directeur adjoint des écoles spéciales de télégraphie et de photographie à la School of Military Engineering de Chatham ; il y fit œuvre de pionnier en utilisant l’électricité à des fins militaires.

Pendant ce temps, une controverse au sujet de la latitude du poste de Pembina (West Lynne, Manitoba) de la Hudson’s Bay Company avait de nouveau soulevé la question de la section non délimitée de la frontière canado-américaine entre le point le plus au nord-ouest du lac des Bois et le sommet des Rocheuses. On fit appel à Hawkins, à Wilson et à Anderson pour établir ce qu’il en coûterait pour terminer l’arpentage selon un plan soigné. Une nouvelle commission mixte fut constituée et, en juin 1872, Anderson fut nommé astronome en chef de la commission britannique sous le commandement du capitaine Donald Roderick Cameron, membre de l’artillerie royale. Anderson était le seul membre de l’équipe britannique à avoir fait partie de la commission précédente. Tandis que Cameron et le lieutenant Arthur Clitheroe Ward, membre du génie royal et secrétaire de la commission britannique, se rendaient à Washington pour prendre avec Archibald Campbell, encore commissaire du groupe américain, toutes les dispositions nécessaires et qu’ils poursuivaient ensuite leur voyage à Ottawa, Anderson termina les préparatifs en Angleterre. Promu capitaine le 3 août 1872, il amena un groupe de membres du génie royal à Pembina pour accompagner Cameron ; ils arrivèrent le 18 septembre. Là, un certain nombre de gens nommés par le gouvernement canadien, dont George Mercer Dawson*, se joignirent au groupe.

Cameron et Anderson firent une visite officielle à Campbell. Ensuite, Anderson dut surtout « assumer la tâche de l’organisation ». Il s’avéra difficile de découvrir le point de départ du travail de la commission car on ne put trouver, au lac des Bois, le monument érigé par la commission mixte à l’œuvre de 1822 à 1826, jusqu’à ce que l’honorable James McKay* persuade les Indiens d’en indiquer l’emplacement. Un différend survint entre Cameron et Anderson au sujet du point de départ de l’arpentage et de la méthode à utiliser pour « tracer la ligne », Anderson partageant l’opinion des Américains. Le groupe britannique travailla pendant tout l’hiver de 1872–1873, malgré la rigueur de la saison, car on ne pouvait accéder aux marais à l’ouest du lac des Bois que lorsqu’ils étaient gelés. À Pembina, Anderson contribua à déterminer par télégraphe la longitude de ce poste, avec Lindsay Alexander Russell, arpenteur général adjoint du Canada, qui s’était rendu à l’observatoire de Chicago dans ce but. Anderson établit aussi des plans détaillés pour les courtes saisons d’été de 1873 et de 1874 où, aidé de 30 éclaireurs métis, il partit en reconnaissance dans le but de trouver d’éventuelles routes de transport et des emplacements pour le campement et les dépôts. Le travail de la commission britannique, qu’Anderson faisait progresser avec une énergie soutenue, fut terminé le 30 août 1874 ; on avait délimité et marqué 860 milles de frontière à l’ouest de Pembina. Anderson trouva au sommet des Rocheuses le repère qui permit de relier ses travaux à ceux de la commission précédente. Les plus graves difficultés avaient été le manque d’eau, de bois et d’herbe, les problèmes de transport sur des terrains accidentés et, surtout, les moustiques.

À Ottawa, la commission britannique travailla aux rapports et aux cartes, d’octobre 1874 à l’été de 1875, et fit une visite à Washington en janvier. De retour à Londres, Anderson termina le travail sur les cartes officielles de la commission et, le 29 mai 1876, les deux commissaires et les deux astronomes en chef signèrent les cartes, les rapports et le protocole d’entente. On rendit témoignage à Anderson pour ses services en le faisant compagnon de l’ordre de Saint-Michel et Saint-Georges en 1877. Il avait été élu fellow de la Royal Geographical Society en 1876.

Muté le 1er septembre 1876 au ministère de la Guerre à titre d’inspecteur adjoint des armes de défense sous-marine, Anderson devint inspecteur en juin 1881, et il se servit de ses connaissances particulières en électricité pour mettre au point des mines destinées à la défense. Promu major le 13 septembre 1879, il se vit confier deux autres missions spéciales : il fut le commissaire britannique responsable de la délimitation de la frontière serbe en 1879 et, en juillet 1880 ; il témoigna devant le conseil du ministère de la Guerre, présidé par lord Morley, sur la solde et les conditions de service des officiers de l’artillerie royale et du génie royal.

Anderson mourut à Dalhousie Grange, résidence de sa mère en Écosse. Anderson Peak, dans les Rocheuses, perpétue sa mémoire. Son ardeur, sa compétence remarquable, sa conscience au travail, son tact et sa bienveillance lui firent jouer un rôle de premier plan dans la tâche difficile et importante d’établir « la paix à la frontière et la stabilité » dans l’Ouest du Canada.

Irene M. Spry

Samuel Anderson, « The North-American boundary from the Lake of the Woods to the Rocky Mountains », Royal Geographical Soc. of London, Journal (Londres), 46 (1876) : 228–262.

APC, RG 48, 29–32.— Beinecke Rare Book and Manuscript Librarale Univ. (New Haven, Conn.), Samuel Anderson letters (mss de l’Ouest américain non catalogués).— PRO, FO 5/811 ; 5/814–815 ; 5/1 466–1 468 ; 5/1 474–1 477 ; 5/1 505–1 506 ; 5/1 532 ; 5/1 666–1 670 ; 925/1 566 (mfm aux APC).— Canada, Ministère de l’Intérieur, Certain correspondence of the Foreign Office and of the Hudson’s Bay Company copied from original documents, London, 1898, [O. J. Klotz, compil.] (Ottawa, 1899), part. iii–iv (copie aux APC).— [Albany] Featherstonhaugh, « Narrative of the operations of the British North American Boundary Commission, 1872–76 », Papers on Subjects Connected with the Duties of the Corps of Royal Engineers (Woolwich, Angl.), nouv. sér., 23 (1876) : 24–69.— G.-B., Parl., Command paper, 1875, LXXXII, [1 131] : 51–56, North America, no. 1 (1875: correspondence respecting the determination of the north-western boundary between Canada and the United States ; 1876, LXXXII, [1552] : 357–368, North America, no. 8 (1876: further correspondence respecting the determination of the boundary between Canada and the United States [...].— International Boundary Commission, Joint report upon the survey and demarcation of the boundary between the United States and Canada from the Gulf of Georgia to the northwesternmost point of Lake of the Woods [...] (Washington, 1937), 194–217.— Maps of the land boundary between the British possessions in North America and the United States, as established by the Treaty of Washington, 15 June, 1846, and surveyed and marked under the direction of the Joint Commission appointed to carry into effect the 1er article of the treaty (Southampton, Angl., 1869).— [Thomas Millman], « Impressions of the west in the early seventies, from the diary of the assistant surgeon of the B.N.A. Boundary Survey, Dr. Thomas Millman [...] », Women’s Canadian Hist. Soc. of Toronto, Annual Report and Trans., 26 (1927–1928) : 17–55.— North American Boundary Commission, 1872–1876, Joint maps of the northern boundary of the United States, from the Lake of the Woods to the summit of the Rocky Mountains [...] ([Washington, 1878]) ; Reports upon the survey of the boundary between the territory of the United States and the possessions of Great Britain from the Lake of the Woods to the summit of the Rocky Mountains [] (Washington, 1878).— Royal Engineers Journal (Brompton, Angl.), 11 (1881) : 227–229.— Royal Geographical Soc., Proc. (Londres), nouv. sér., 3 (1881) : 671.— [C. W. Wilson], Mapping the frontier : Charles Wilson’s diary of the survey of the 49th parallel, 1858–1862, while secretary of the British Boundary Commission, G. F. G. Stanley, édit. (Toronto, 1970).— Marcus Baker, Survey of the northwestern boundary of the United States, 1857–1861 (Washington, 1900).— J. E. Parsons, West on the 49th parallel : Red River to the Rockies, 1872–1876 (New York, 1963).— Whitworth Porter, History of the Corps of Royal Engineers (2 vol., Londres et New York, 1889), II : 255–268.— D. W. Thomson, Men and meridians ; the history of surveying and mapping in Canada (3 vol., Ottawa, 1966–1969), II : 162–176.

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Irene M. Spry, « ANDERSON, SAMUEL », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 15 oct. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/anderson_samuel_11F.html.

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Auteur de l'article:    Irene M. Spry
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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1982
Année de la révision:    1982
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