MARTEL, PIERRE-MICHEL (on trouve parfois Philippe ou Philippe-Michel mais il signait ordinairement Pierre-Michel), commissaire de la Marine, né à Québec le 2 mai 1719, fils de Jean Martel* de Magos et de Marie-Anne Robinau ; il épousa, en 1751, Marie-Agathe Baudoin ; décédé à Tours, France, le 29 septembre 1789.
La famille Martel semble avoir atteint un rang social assez élevé, ce qui peut expliquer que Pierre-Michel put jouir dès sa jeunesse de la protection des principaux personnages de la colonie. Il eut comme parrain François-Pierre de Rigaud de Vaudreuil et, comme marraine, Jeanne-Élisabeth Bégon, fille de l’intendant. Il était le frère de Jean-Urbain Martel* de Belleville, directeur des forges du Saint-Maurice de 1742 à 1750. Dès 1738, Martel était au service de l’intendant Hocquart puisque, cette année-là, le président du Conseil de Marine s’informait auprès de ce dernier des capacités du jeune homme qui sollicitait une place d’écrivain du roi. Hocquart fit l’éloge de son subordonné et reçut l’assurance que Martel serait nommé écrivain aussitôt que l’occasion se présenterait, ce qui ne survint que le 12 avril 1742. À cette époque, et jusqu’en 1749, il habitait avec sa mère rue Saint-Nicolas, à Québec, tout près de l’intendance.
Lorsque Bigot succéda à Hocquart, en 1748, il prit Martel sous sa protection et le recommanda à plusieurs reprises au ministre et au Conseil de Marine. Jusqu’en 1754, Pierre-Michel Martel fut écrivain principal de la Marine, « ayant le détail de la construction des vaisseaux de Sa Majesté ». En 1755, il reçut une commission de l’intendant pour exercer les fonctions de contrôleur de la Marine en l’absence de Jacques-Michel Bréard et, le 10 août 1757, Bigot le nomma commissaire de la Marine à Montréal, à la place de Jean-Victor Varin de La Marre, qui avait obtenu son congé en avril. Martel avait enfin la charge qu’il ambitionnait mais il aurait désiré que la commission provienne directement du roi. Malgré les nombreuses interventions du chevalier de Lévis, du gouverneur Pierre de Rigaud de Vaudreuil, de Bigot et de son frère jésuite, Joseph-Nicolas Martel, alors à Moulins, France, il dut se contenter d’une simple commission, avec promesse du ministre de lui accorder la place demandée dès que possible. La Conquête devait anéantir ses ambitions.
Vers 1757, Martel s’était associé à Michel-Jean-Hugues Péan, Bigot, Pierre-Arnaud de Laporte, Jean Corpron*, François Maurin* et Louis Pennisseault dans la Grande Société [V. Péan]. Aussi, lorsque le 30 janvier 1761 il fut nommé en France pour aider Charles-François Pichot de Querdisien Trémais à régler les comptes du Canada, il se montra peu intéressé à participer à une enquête sur ses associés et ses protecteurs. Il trouva le moyen de demeurer dans la colonie, se soustrayant ainsi à cette tâche. Il fut appelé au nombre des accusés, comme son frère Jean-Baptiste-Grégoire Martel de Saint-Antoine, qui avait été garde-magasin à Montréal.
En 1764, croyant pouvoir s’en tirer à bon compte, Martel se décida à passer en France où il se livra aux autorités. Il fut incarcéré à la Bastille et, en avril 1765, après ce que Pierre-Georges Roy* appelle « un semblant de procès » devant le Châtelet, il fut déchargé de toute accusation. Il rejoignit alors sa famille à Tours, dans la paroisse Saint-Vincent, et y demeura jusqu’à sa mort.
AN, Col., C11A, 100, f.128 ; 103, ff.23, 256.-ANQ-Q, AP-P-1 395 ; Greffe de P.-A.-F. Lanoullier Des Granges, 15 mars 1755 ; NF 2, 40, 20 sept. 1752 ; 42, 23 oct. 1755, 10 août 1757.— Les malignités du sieur de Courville, BRH, L (1944) : 114.— Recensement de Québec, 1744, 48.— Gustave Lanctot, L’affaire du Canada ; bibliographie du procès Bigot, BRH, XXXVIII (1932) : 8–17.— Le Jeune, Dictionnaire.— P.-G. Roy, Inv. coll. pièces jud. et not., I : 123, 163 ; II : 362 ; Inv. concessions, II : 157, 160 ; IV : 131 ; Inv. jug. et délib., 1717-1760, VI : 92, 110 ; Inv. ord. int.— Tanguay, Dictionnaire, V : 533.— Frégault, François Bigot.— P.-G. Roy, Bigot et sa bande ; La famille Martel de Magesse (Lévis, Québec, 1934).— Guy Frégault, La guerre de Sept Ans et la civilisation canadienne, RHAF, VII (1953–1954) : 198.— Antoine Roy, Jean Martel, BRH, VI (1900) : 21–24.— P.-G. Roy, Les commissaires ordinaires de la Marine en la Nouvelle-France, BRH, XXIV (1918) : 54.
Michel Roberge, « MARTEL, PIERRE-MICHEL (Philippe, Philippe-Michel) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 18 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/martel_pierre_michel_4F.html.
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Auteur de l'article: | Michel Roberge |
Titre de l'article: | MARTEL, PIERRE-MICHEL (Philippe, Philippe-Michel) |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1980 |
Année de la révision: | 1980 |
Date de consultation: | 18 déc. 2024 |