MARTEL DE BELLEVILLE, JEAN-URBAIN, commis, négociant, directeur des forges du Saint-Maurice, né le 8 janvier 1708 à Québec, fils de Jean Martel* de Magos et de Marie-Anne Robinau ; il épousa à Québec le 3 août 1747 Élisabeth Gatin, qui mourut l’année suivante, peu après la naissance de leur unique enfant ; décédé à Saint-Domingue (île d’Haïti) au plus tard en 1764.

Jean-Urbain Martel de Belleville commença sa carrière de fonctionnaire – ce qu’il demeurera d’une façon ou d’une autre pour le reste de sa vie – sous la tutelle de l’intendant de la Nouvelle-France, Gilles Hocquart*. La date de son entrée au service de l’État reste imprécise, car certains de ses frères furent également fonctionnaires et rien n’indique clairement que le poste accordé au « Sieur Martel » en 1739 le concernait. Ce qui est plus sûr, c’est que tout en étant au service du gouvernement il se livrait au commerce pour son propre compte. De plus, il fut le procureur de Pierre Le Vieux, négociant de Rouen, dans plusieurs procès, en particulier lorsque l’affaire aboutissait devant le Conseil supérieur. En 1741, l’année où débute sa participation à l’histoire mouvementée des forges du Saint-Maurice, près de Trois-Rivières, il était encore désigné comme « négociant à Québec ».

Martel figure en qualité de commis dans un rapport sur les activités des forges couvrant la période du 1er octobre 1741 au 1er août 1742. II commence à toucher ses émoluments le 1er juillet 1742 et, à partir de ce moment-là, presque toute sa carrière en Nouvelle-France est étroitement liée à cette entreprise. Il y a eu confusion quant à son poste officiel. En 1741, il est commis et c’est Guillaume Estèbe* qui dirige les forges. En 1742, Claude Poulin de Courval Cressé est nommé maître de forges, et Hocquart, dans une lettre à Maurepas, ministre de la Marine, datée du 26 octobre 1742, mentionne Martel de Belleville sous le titre de « directeur de l’établissement » depuis le mois d’août de la même année. En réalité, Martel était le principal administrateur ou fonctionnaire, fonction assez distincte de celle de maître de forges. Comme à partir de l’automne de 1741 et jusqu’à la Conquête, c’est l’État qui assuma la direction de l’entreprise, cette division des tâches n’a rien de surprenant. On a prétendu que Martel continua d’occuper le poste après 1750, mais des preuves existent que cette année-là, René-Ovide Hertel* de Rouville le remplaça comme directeur. La signature de Martel ne figure plus sur les documents concernant les forges après 1750.

Durant son administration et celle de l’État, l’entreprise ne réalisa le plus souvent que des bénéfices annuels relativement minimes. Les pertes résultaient d’avaries dans l’équipement, de l’impossibilité de remplacer l’outillage et de la baisse inattendue de la température. Chose intéressante, les forges diversifièrent la production durant l’administration de Martel, fabriquant poêles, armes et munitions en plus du fer en barres et en feuilles plus communément fabriqué jusque-là.

On sait peu de chose sur la vie privée de Martel. II semble que Hocquart avait une bonne opinion de lui ; pourtant, François Bigot* le remplaça presque dès son arrivée dans la colonie en qualité d’intendant. Toutefois, cette décision de Bigot était peut-être due à son désir d’effectuer de vastes changements et non à l’incompétence de Martel de Belleville.

Il semble que ce soit seulement après la Conquête que Martel passa en France où il obtint le poste de commis du Conseil supérieur de Saint-Domingue. Cependant, il ne put occuper ce poste bien longtemps puisque, d’après un acte notarial, en 1764 il était décédé. Sa nomination à Saint-Domingue indique qu’il jouissait d’une certaine considération, mais après sa mort, sa fille, qui habitait en France, se vit refuser une pension du gouvernement français, les états de service de son père ne justifiant pas une telle faveur.

Cameron Nish et Claude Richard

AN, Col., B, 66, 68, 74, 81 ; Col., C11A, 80, 88, 96, 111, 112.— Dictionnaire national des Canadiens français (1608–1760) (2 vol., Montréal, 1958), II.— P.-G. Roy, Inv. jug. et délib., 1717–1760, III, IV, passim.— Tanguay, Dictionnaire (Tanguay fait erreur en écrivant que le mariage de Jean-Urbain Martel de Belleville et d’Élisabeth Gotin eut lieu le 7 août 1747  [c. n.]).— La famille Martel de Magesse, BRH, XL (1934) : 711–713.

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Cameron Nish et Claude Richard, « MARTEL DE BELLEVILLE, JEAN-URBAIN », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 20 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/martel_de_belleville_jean_urbain_3F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1974
Année de la révision:    1974
Date de consultation:    20 nov. 2024