Titre original :  Painting, miniature Portrait of l'Abbé Joseph-Marie De La Corne de Chaptes (1714-1779) Anonyme - Anonymous 1750-1800, 18th century 4.7 x 3.9 cm Purchase from Mr. John L. Russell M22335 © McCord Museum Keywords:  male (26812) , Painting (2229) , painting (2226) , portrait (53878)

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LA CORNE DE CHAPTES, JOSEPH-MARIE (Jean-Marie) DE, prêtre, curé, conseiller clerc, doyen du chapitre et vicaire général ; né, semble-t-il, à Contrecœur (Québec), fils dé Jean-Louis de La Corne* de Chaptes et de Marie Pécaudy de Contrecœur, il aurait été baptisé à Verchères, le 2 novembre 1714 ; décédé à Maubec (Méobecq, dép. de l’Indre, France), le 7 décembre 1779.

Joseph-Marie de La Corne de Chaptes entre le 1er mai 1730 au séminaire de Québec. Le 6 mai 1735, il reçoit la tonsure des mains de Mgr Dosquet. Trois ans plus tard, l’évêque étant absent de la colonie, La Corne doit se rendre dans la métropole pour y être ordonné ; il est reçu prêtre à Rennes à l’automne de 1738. De retour dans la colonie l’année suivante, il est aussitôt nommé curé de Saint-Michel (Saint-Michel-de-Bellechasse) où, avec l’accord de ses paroissiens, il construit un presbytère en pierres.

En juillet 1747, Mgr de Pontbriand [Dubreil*] nomme La Corne chanoine et songe à lui pour remplacer le conseiller clerc François-Elzéar Vallier* au Conseil supérieur. Selon l’évêque de Québec, « il a de l’esprit et du talent et il est homme de condition ». Le chanoine est nommé au conseil, le 25 août 1749. Cette expérience des choses juridiques, alliée à celle de trésorier du chapitre, fonction qu’il occupa quelque temps, lui servira beaucoup par la suite. En effet, en 1750, il est délégué en France par ses collègues du chapitre pour défendre leurs intérêts dans le procès qu’ils intentent au séminaire au sujet de la cure de Québec et pour lequel le chanoine René-Jean AIlenou* de Lavillangevin joua un rôle primordial pour le chapitre [V. aussi Jean-Félix Récher*]. Ce long procès, qui ne prendra fin qu’après la Conquête, mobilisera toute l’ardeur et le talent du chanoine de La Corne.

À Paris, le chapitre de Québec est déjà représenté depuis plusieurs années par le chanoine Pierre Hazeur de L’Orme. La Corne croit que son séjour sera bref et espère qu’une fois l’affaire mise en route il pourra rentrer au Canada avant la fin de l’année 1751, laissant à de L’Orme le pouvoir d’agir comme procureur. Dès son arrivée, il consulte des avocats qui concluent au bien-fondé des requêtes du chapitre. Il assiège ensuite les bureaux de l’administration à Versailles et n’obtient finalement que très peu de chose. Cependant, croyant que sa présence n’est plus nécessaire à Paris, il décide de rentrer au Canada au printemps de 1751. Il passe par l’abbaye Saint-Pierre de Maubec, bénéfice du chapitre, pour juger de l’état des lieux. Il se rend ensuite à La Rochelle, où il apprend que le séminaire des Missions étrangères de Paris a entrepris de retarder le déroulement du procès en ne reconnaissant pas la procuration du chanoine de L’Orme. À son corps défendant, La Corne retourne dans la capitale où il recommence inutilement la ronde de ses démarches. Dans une lettre au chanoine de Lavillangevin le 19 juin 1751, il énumère ses relations et ses procédés visant à se concilier les faveurs des gens en place ; ces relations ne servent finalement à rien. Par ailleurs, le chanoine semble avoir usé modérément des sommes mises à sa disposition pour son entretien, mais les frais du procès qui s’enlise – notamment, en mai 1753, le rapporteur de la cause meurt de la petite vérole – seront lourds pour le chapitre de Québec. En raison de la mauvaise santé du chanoine Hazeur de L’Orme, La Corne s’occupe de l’administration de Maubec. Toutefois, il ne perd pas l’espoir de revenir au Canada, bien que du côté du séminaire de Paris on raconte qu’il prolonge le procès pour rester plus longtemps en France.

Dans une lettre datée du 26 février 1755, le chanoine de La Corne apprend à ses confrères qu’il a été nommé par le roi doyen du chapitre. L’année suivante, le chapitre lui confie officiellement l’administration de l’abbaye de Maubec et, en 1757, annule la procuration d’Hazeur de L’Orme en sa faveur. Le chanoine de L’Orme exprime quelques regrets au sujet de ces décisions : « je ne [le] crois pas encore aussi expérimenté que je le peux être ». Cependant, le chanoine de La Corne poursuit toujours la lutte, rédigeant mémoire sur mémoire. En 1759, le roi lui donne l’abbaye de l’Étoile, située dans le diocèse de Poitiers, à dix lieues de Maubec. À partir de cette année, marquée par le siège et la capitulation de Québec, La Corne tente dans la mesure du possible d’aider ses confrères de Québec ; il leur prête ses revenus de doyen et sa prébende de chanoine et il accepte qu’ils tirent sur lui une traite de 5 000#.

La perte du Canada donne une nouvelle orientation à la carrière du chanoine de La Corne, nommé vicaire général, le 30 septembre 1760. Jusque-là, l’hiver, il s’occupait à Paris du procès, et l’été, il faisait la navette entre ses abbayes. En 1762, il désirera être relevé de ses fonctions d’agent du chapitre ; deux chanoines de Québec réfugiés en France, à l’automne de 1759, Gilles-Louis Cugnet et Charles-Ange Collet*, seraient en mesure de lui succéder. Or, ses confrères de Québec, satisfaits de ses services, augmentent ses responsabilités. Ainsi, le 1er octobre 1761, le chapitre le nomme vicaire général pour la Louisiane et le Mississippi.

La mort de Mgr de Pontbriand, en juin 1760, survenue à un moment dramatique de l’histoire de l’Église canadienne, posait le problème de la succession épiscopale. Dès la signature du traité de Paris, en février 1763, le chanoine de La Corne se rend à Londres dans le but de solliciter le maintien de la religion catholique. Il rend d’abord visite à lord Shelburne, président du Board of Trade, et lui présente un mémoire dans lequel il conclut qu’un évêque élu parle chapitre serait la solution la plus acceptable pour le gouvernement britannique. Cette solution est adoptée en août 1763 ; dès lors, le chapitre de Québec s’empresse d’élire un évêque, le chanoine Étienne Montgolfier, et nomme le chanoine de La Corne son « procureur Spécial pour nottifier la susditte élection » à la cour de Londres. Au printemps de 1764, la Grande-Bretagne décide de fermer les yeux sur la nomination de Montgolfier à condition qu’il porte le titre de « Supérieur du Clergé ». Mais le gouverneur Murray refuse catégoriquement cette nomination et propose le chanoine Jean-Olivier Briand. En mars 1766, Mgr Briand est sacré au château de Suresnes (dép. des Hauts-de-Seine, France) ; la négociation du chanoine de La Corne est enfin couronnée de succès. Mgr Briand avait reconnu le grand rôle joué par le chanoine dans l’heureuse conclusion de cette affaire : « s’il y a un évêque c’est à luy qu’on en sera redevable ».

Dans une lettre datée du 29 mars 1766, le chanoine de La Corne annonce cette bonne nouvelle à ses confrères de Québec. Il leur apprend également que le roi de France leur enlève l’abbaye de Maubec pour la lui donner personnellement, à charge de payer à ses confrères qui se trouvent en France, les chanoines Hazeur de L’Orme, Jean-Pierre de Miniac, et Joseph-Ambroise Gaillard, une pension annuelle de 400 francs.

Cependant, le chanoine de La Corne continue de représenter le chapitre à Paris et s’occupe, en son nom, de diverses affaires financières. Le 21 septembre 1767, Mgr Briand le nomme vicaire général ; il le charge, en juillet 1770, de faire toutes les démarches nécessaires auprès du nonce papal à Paris afin d’obtenir des bulles pour Mgr Louis-Philippe Mariauchau d’Esgly, le nouveau coadjuteur, ce que La Corne fait même si, cette année-là, sa santé n’est pas très bonne. Dans une lettre du 15 mars 1770, il offre sa démission de doyen, demandant de rester membre ad honores car il ne veut pas se séparer du chapitre. Cette offre de démission est cependant refusée. Ses dernières années, marquées par la maladie et les infirmités, se passent surtout dans le Berry. Il meurt à l’abbaye de Maubec le 7 décembre 1779 d’une pneumonie.

Homme d’une grande énergie, au caractère pas toujours facile, le chanoine de La Corne fut un agent très efficace pour l’Église canadienne tant à Londres qu’à Paris et l’un de nos grands diplomates.

Jean-Guy Pelletier

AAQ, 12 A, B, 312 ; C, 56 ; 20 A, I : 43, 44, 103, 153 ; 22 A, II : 688 ; 10 B, 167v., 168, 193, 193v., 194, 200, 218, 218v., 219, 220, 222, 227, 241, 241v., 244, 248v., 250, 261 ; 11 B, II : 453 ; V : 99, 101, 112 ; VI : 59 ; VII : 1–77, 87 ; VIII : 37, 48 ; X : 28, 49, 53 ; 1 CB, VI : 18, 19 ; CD, Diocèse de Québec, I : 58, 59 ; 91 CM, I : 102 ; 60 CN, V : 19 ; VI : 18, 22.— AD, Indre (Châteauroux), Archives de l’abbaye de Méobecq, H281–H324 ; État civil, Méobecq, 7 déc. 1779.— ASQ, Chapitre, 50, 85, 132, 258 ; Évêques, nos 88, 138, 146, 147 ; Fonds Viger-Verreau, Sér.O, 035, p.18 ; Lettres, M, 121, 122, 122a, 129 ; P, 24 ; S, 48, 92, 169 ; mss, 13, 18 oct. 1779 ; Polygraphie, VII : 2, 3, 4, 9 ; XIII : 24 ; XVII : 4 ; Séminaire, 14/6, no 11 ; 14/7, nos 2, 3, 14 ; 75, no 58.— La Rue, Lettres et mémoires, ANQ Rapport, 1935–1936, 323, 331, 345, 388, 402 ; 1936–1937, 398, 414, 459 ; 1937–1938, 248–250. Allaire, Dictionnaire, I : 289. Caron, Inv. de la corr. de Mgr Briand, ANQ Rapport, 1929–1930, 47, 61, 63s., 71, 104, 106. Le Jeune, Dictionnaire, II : 18–21. P.-G. Roy, Inv. jug. et délib., 1717–1760, V :125 ; Inv. ord. int., II : 283. Henri Têtu, Notices biographiques : les évêques de Québec (Québec, 1889), 272, 359. A.-H. Gosselin, L’Église du Canada après la Conquête, I : 2, 64, 69, 72, 77, 79, 81, 83, 87, 95s., 115, 120s., 124, 127–132, 148, 151, 156, 158s., 194–196, 204, 208s., 403 ; II : 118, 246 ; L’Église dur Canada jusqu’à la Conquête, II : 159, 330 ; III : 76, 106s., 124s., 168, 248, 253, 271s., 280, 290–292, 297–304, 350, 462. Lemieux, L’établissement de la première prov. eccl., 3–9. M. Trudel, L’Église canadienne.— Lionel Groulx, Le conflit religieux au lendemain de 1760, SCHÉC Rapport, 7 (1939–1940) : 13, 18, 23. Arthur Maheux, Difficultés religieuses après la cession, SCHÉC Rapport, 14 (1946–1947) : 20. J.-E. Roy, Les conseillers au Conseil souverain de la Nouvelle-France, BRH, I (1895) : 182. P.-G. Roy, Les conseillers clercs au Conseil souverain de la Nouvelle-France, BRH, XXII (1916) : 352. Têtu, Le chapitre de la cathédrale, BRH, XIII-XVII.

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Jean-Guy Pelletier, « LA CORNE DE CHAPTES, JOSEPH-MARIE (Jean-Marie) DE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 17 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/la_corne_de_chaptes_joseph_marie_de_4F.html.

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Auteur de l'article:    Jean-Guy Pelletier
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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1980
Année de la révision:    1980
Date de consultation:    17 déc. 2024