HOWISON, JOHN, médecin et auteur, né le 10 mai 1797 à Édimbourg, fils de William Howison, écrivain, et de Janet Bogle ; décédé le 8 février 1859 à Brompton (Londres).
John Howison semble avoir reçu une certaine formation en médecine ; ses écrits révèlent qu’il s’intéressait à « la recherche en chimie, en minéralogie et en zoologie ». Il arriva au Bas-Canada en 1818 et fit le voyage de Montréal à York (Toronto) en s’arrêtant en cours de route dans le comté de Glengarry, à Prescott et à Kingston, dans le Haut-Canada. Il ouvrit un cabinet de médecin dans le Shipman’s Hotel, à St Catharines, où il entretenait des relations amicales avec la famille de William Hamilton Merritt*, laquelle lui donna une « hospitalité sans borne ». Au cours des deux ans et demi qu’il passa dans les Canadas, il se lia avec Robert Gourlay* et assista à l’une de ses premières assemblées. Plus tard, influencé par des amis du district de Niagara, Howison se retourna contre la politique radicale de son ardent compatriote écossais. Il fit la connaissance de John Norton*, qu’il décrivit comme « le Blanc qui sembl[ait] avoir le plus d’influence auprès des Indiens », et il fut un observateur intéressé de tout ce qui concernait les aborigènes. Howison voyagea également à travers le district de Niagara et le long de la rive nord du lac Érié, de Niagara (Niagara-on-the-Lake) jusqu’à l’établissement de Thomas Talbot, et même au delà, jusqu’à Amherstburg, où Charles Stuart*, fonctionnaire à la retraite de l’East India Company, exerçait les fonctions de juge de paix. Au cours de ce voyage, où il poussa une pointe vers l’ouest, il reçut une commission d’aide-chirurgien dans le service militaire de l’East India Company, et, au milieu de juin 1820, il « fit ses adieux » à la province du Haut-Canada.
À son retour en Écosse, via les États-Unis, les Antilles et Cuba, Howison se prépara à publier Sketches of Upper Canada, domestic, local, and characteristic : to which are added, practical details for the information of emigrants of every class [...], qui fut imprimé en 1821 à Édimbourg ; de mai 1821 à juillet 1822, une série d’essais parurent dans le Blackwood’s Edinburgh Magazine. Sketches, dont John Galt* et beaucoup d’autres firent une critique élogieuse, atteignit rapidement trois éditions ; le livre fut traduit en allemand et devint un ouvrage de référence essentiel sur les conditions de vie dans les Canadas. Il surpassa des ouvrages publiés à la même époque, tels que ceux de Charles Stuart et celui de John Strachan*.
Parmi les quelque 20 récits sur le Haut-Canada publiés dans les années 1820, le livre de Howison demeure l’un des plus intéressants. Même si les comptes rendus de Gourlay, d’Edward Allen Talbot* et de John Mactaggart* ont aussi une grande valeur, la critique particulièrement élogieuse de l’ouvrage de Howison parue dans le Blackwood’s Edinburgh Magazine s’explique probablement par les relations qui existaient entre l’écrivain et le magazine d’Édimbourg. Celui-ci décrivit l’ouvrage comme « de loin le meilleur livre jamais écrit par un voyageur britannique au sujet de l’Amérique du Nord » et fit l’éloge de son exposé sobre et modéré sur « les manières, les occupations, les épreuves et le bien-être [des colons], [...] rédigé également dans un langage simple et agréable, [...] et totalement exempt [...] de tout préjugé, sauf quelques-uns, dont [les rédacteurs du journal] espér[aient] que les gentlemen anglais ne se débarrasseraient jamais tout à fait ». Dans la Monthly Review de Londres, un autre critique alla jusqu’à écrire : « Dans sa description des chutes du Niagara, il a vraiment dépassé la mesure et battu les Bombastes Furioso sur leur propre terrain. »
Howison invita les futurs voyageurs à voir d’une nouvelle façon ce grand spectacle : « L’obscurité commençait à m’encercler ; d’un côté, la noire falaise se déployait en une voûte gigantesque très haut au-dessus de ma tête, et, de l’autre, la chute d’eau, dense et bruyante, formait un épais rideau d’écume, qui fit qu’en un instant je fus trempé. » Son plus grand intérêt, cependant, allait moins aux scènes pittoresques qu’à celles de la vie ordinaire du Haut-Canada ; en effet, la colonie, bien que « plutôt dépourvue de variété et d’intérêt », avait l’avantage d’offrir des perspectives d’avenir aux immigrants. On trouve dans Sketches des illustrations de scènes de la vie dans les villes de Québec, Montréal, Prescott, Brockville, Glengarry et York, et dans l’établissement de Talbot.
À la fin de 1821, Howison fut affecté à Bombay, où il travailla pendant 20 ans. Il profita de ses congés de l’armée pour voyager à travers l’Inde et l’Afrique, et pour écrire plusieurs livres sur les conditions de voyage dans les pays visités, ainsi que sur leurs peuples autochtones, leur vie politique et les soins médicaux qui y étaient dispensés. À partir de ces expériences, il rédigea trois autres livres : Foreign scenes and travelling recreations (1825), Tales of the colonies (1830) et European colonies [...] (1834).
Howison toucha une pension de retraite de l’East India Company à compter du 1er octobre 1842. De plus, la compagnie lui versa une rente de 1851 jusqu’à sa mort. En 1858, l’année où il autorisa le Blackwood’s Edinburgh Magazine à publier de nouveau ses premiers récits, son œuvre fut également réimprimée dans Nimmo’s popular tales [...]. Il mourut le 8 février 1859 à Brompton, laissant une succession qui valait moins de £8 000.
Les commentaires de Howison sur la vie qu’il observa dans les Canadas entre 1818 et 1820 sont directs et très expressifs. Les Canadiens, disait-il, « sont hospitaliers, joviaux [...] mais ils ont peu de vivacité d’esprit, et leurs manières sont assez brusques, violentes et peu conciliantes ». Le jeune docteur, qui n’était pas particulièrement conciliant lui non plus, fit des remarques sur l’indolence et l’ignorance des fermiers des régions éloignées, et sur les prétentions à l’élégance des jeunes femmes canadiennes ; il a inséré dans son récit des anecdotes, telles que l’histoire d’un médecin d’une région éloignée à qui un fermier, dont la femme souffrait de, rhumatisme aigu, demanda : « Maintenant, monsieur, pouvez-vous mettre sur pied la femme que voici ? » Le médecin laissa quelque chose à faire infuser dans une chopine de whisky et à prendre trois fois par jour. « Je crois que je ferais mieux d’en prendre quatre fois par jour », dit la patiente, et le médecin s’en alla, avec la promesse d’être payé non pas en argent, mais avec « une grande quantité de bon sarrasin ». En fait, Howison n’avoue jamais dans Sketches qu’il est médecin.
Dans European colonies, publié 14 ans après son séjour dans les Canadas et à la suite de ses nombreux et longs voyages en Inde, en Afrique et dans l’Arctique, John Howison donnait encore le même conseil aux émigrants : le Haut-Canada était le meilleur choix pour les agriculteurs. Il n’avait pas changé d’opinion sur la population cependant : la majorité était composée de « personnes des classes inférieures, qui [avaient] igré d’Europe ». La conclusion d’European colonies présente une vision glaciale de l’Amérique du Nord britannique : « des paysages sauvages, stériles et empreints de solitude s’étendent vers l’ouest, sans interruption jusqu’à l’océan Pacifique, et vers le nord, jusqu’aux régions glacées du pôle ».
John Howison est l’auteur de : Sketches of Upper Canada, domestic, local, and characteristic : to which are added, practical details for the information of emigrants of every class ; and some recollections of the United States of America (Édimbourg, 1821 ; 2e éd., 1822 ; 3e éd., 1825) ; l’édition de 1821 a été réimprimée deux fois ([East Ardsley, Angl., et New York], 1965, et Toronto, 1970). L’ouvrage fut traduit en allemand sous le titre de Skizzen von Ober-Canada [...] (Jena, République démocratique allemande, 1822). Ses autres récits de voyage comprennent Foreign scenes and travelling recreations (2 vol., 1re et 2e éd., Édimbourg, 1825 ; 3e éd., 1834) ; Tales of the colonies (2 vol., Londres, 1830) ; et European colonies, in various parts of the world, viewed in their social, moral, and physical condition (2 vol., Londres, 1834).
Howison a également écrit les histoires suivantes publiées dans le Blackwood’s Edinburgh Magazine (Édimbourg et Londres) : « Vanderdecken’s message home ; or, the tenacity of natural affection », 9 (avril–août 1821) : 125–131 ; « Adventure in Havana » : 305–312 ; « The fatal repast » : 407–414 ; et « The Florida pirate » : 516–531 ; « Adventure in the North-West Territory », 10 (août–déc. 1821) : 137–144 ; « The floating beacon » : 270–281 ; « Vanderbrummer ; or, the Spinosist » : 501–508 ; et « The nocturnal separation », 12 (juill–déc. 1822) : 17–25. Deux de ces histoires ont été réimprimées par la suite dans Nimmo’s popular tales [...] (12 vol., Édimbourg, [1866–1867]) : « The nocturnal separation » parut sous le titre de « My trip to St Thomas’s », 2 : 184–205 et « An adventure in Havana », 5 : 210–229.
British Library (Londres), India Office Library and Records, [East India House Arch.], IOR, L/AG/21/15/5–7 (Medical service pensions, 1825–1859) ; L/AG/23/10/1, no 261 (fos 82 vo–83) (Madras Military Fund subscribers, 1808–1862) ; L/MIL/9/261 : fo 40 (Cadet reg., 1819–1820).— GRO (Édimbourg), High Church, Édimbourg, reg. of births and baptisms, 20 mars 1793, 1er nov. 1796, 31 mai 1797 ; reg. of marriages, 19 mars 1792.— NLS, Dept. of
Elizabeth Waterston et James John Talman, « HOWISON, JOHN », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 22 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/howison_john_8F.html.
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Auteur de l'article: | Elizabeth Waterston et James John Talman |
Titre de l'article: | HOWISON, JOHN |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1985 |
Année de la révision: | 1985 |
Date de consultation: | 22 nov. 2024 |