HATHEWAY, GEORGE LUTHER, fermier, négociant, marchand de bois et homme politique, né à Musquash dans le comté de Sunbury, N.-B., le 4 août 1813, fils de Sarah et de Calvin Luther Hatheway* ; épousa, en juin 1840, Martha Slason de Fredericton, N.-B., dont il n’eut pas d’enfant, et décéda le 5 juillet 1872 à Fredericton.

George Luther Hatheway fréquenta l’école à Saint-Jean. Il s’installa à Durham Bridge dans le comté de York où il fut fermier et marchand de bois. Il alla plus tard à Saint Mary’s, de l’autre côté de la rivière Saint-Jean, en face de Fredericton. À sa mort, il possédait de vastes étendues de terres boisées.

Hatheway, homme politique né, se lança dans la politique en 1850, comme réformiste. Bruyant et tapageur, il était généreux mais pouvait être un adversaire redoutable dans n’importe quelle discussion. Il était le centre de toute réunion sociale à laquelle il assistait et il plaisait aux électeurs ruraux qui le reconnaissaient comme un des leurs. Il pouvait se permettre des choses qui auraient ruiné la carrière d’autres hommes politiques. Pendant ses campagnes électorales, il envoyait volontiers chercher à la taverne la plus proche de l’alcool qu’il buvait devant l’assistance. On raconte de lui l’anecdote suivante : surpris d’obtenir le vote d’un homme et de ses trois fils avec lesquels il s’était disputé, il offrit au père de famille de lui serrer la main en lui disant sa joie de voir leur différend apparemment réglé, mais l’homme refusa en lui répondant que, selon lui, Hatheway était fait pour deux places : l’enfer et l’Assemblée législative, et qu’il ferait tout son possible pour qu’il parvienne à l’une et l’autre.

Hatheway, partisan du gouvernement responsable, fut élu en 1850, en 1854 et en 1865. En 1851, il se fit le défenseur d’un projet de loi proposant de rendre le Conseil législatif électif. En 1856, il fit adopter la loi, peut-être la plus importante de l’année, permettant à l’exécutif de présenter des projets de loi concernant les dépenses gouvernementales. Il fut battu aux élections de 1857 mais, de retour à l’Assemblée en 1861, il devint commissaire principal des Travaux publics.

En 1865, Hatheway s’opposa aux conditions offertes au Nouveau-Brunswick pour faire partie de la Confédération. Ces conditions furent cependant acceptées à la majorité des voix par le gouvernement de Samuel Leonard Tilley*, et Hatheway fut le seul à démissionner. Ce geste, posé en janvier 1865, affaiblit le gouvernement. On a reproché à Hatheway son manque apparent de convictions politiques et son empressement à changer de côté dès qu’une affaire semblait vouée à l’échec ; cependant, en quittant le gouvernement Tilley en 1865, il semble véritablement avoir cru que les conditions discutées à la conférence de Québec de 1864 n’étaient pas avantageuses pour le Nouveau-Brunswick. Il prouva plus tard sa sincérité en combattant pour obtenir de meilleures conditions.

On a dit que pendant le débat sur la Confédération « la politique de parti fut complètement mise de côté [...] et [que] l’intérêt personnel dans le domaine public devint le principe directeur » des hommes politiques du Nouveau-Brunswick. Il en était peut-être ainsi mais, après la défaite du gouvernement aux élections de 1865, Hatheway, qui avait été réélu en tant qu’adversaire de la Confédération, refusa une occasion de former le nouveau gouvernement. Il fut le premier à être pressenti par le lieutenant-gouverneur Arthur Hamilton Gordon* en dépit du fait que celui-ci le trouvait « dépourvu de principes et d’éducation ». Hatheway préféra devenir commissaire principal des Travaux publics dans le gouvernement d’Albert James Smith*. Aux élections de 1866, Hatheway se retira de la lutte quelques jours avant la fin de la campagne, probablement parce qu’il pressentait des bouleversements importants dans le scrutin. Sa défection diminua les chances des adversaires de la Confédération de reprendre le pouvoir.

Hatheway fut réélu à l’Assemblée législative en 1870 et fut, en février 1871, l’un des responsables de la chute du gouvernement de George Edwin King*. King n’était pas un leader énergique et beaucoup considéraient son cabinet comme une créature d’Ottawa. On accusa encore Hatheway d’ambitionner un poste et, cette fois, l’accusation avait plus de vraisemblance. Il abandonna ceux qui l’avaient aidé à renverser King et forma un nouveau gouvernement comprenant King et certains des hommes les plus capables des deux partis.

Hatheway devint secrétaire de la province et premier ministre d’un gouvernement formé essentiellement pour adopter le projet de loi controversé sur les écoles, conçu par King. Sur la question de la réforme de l’éducation, Hatheway adopta une attitude logique. Dès 1852, il s’était montré partisan d’un impôt direct pour les besoins de l’enseignement, en faisant remarquer que les travailleurs de la forêt recevaient un meilleur salaire que les instituteurs. Il se rendait compte de l’impopularité d’un tel impôt mais il affirmait que « chaque enfant a droit à l’instruction ». Il appuya également la nomination d’un plus grand, nombre d’inspecteurs d’écoles et, en 1854, défendit King’s College (University of New Brunswick), contre les attaques d’Albert James Smith et de ceux qui voulaient sa fermeture. Aux élections de 1871, il déclara que l’avenir de son gouvernement dépendrait du sort que l’on ferait au projet de loi sur les écoles et au principe de l’impôt direct pour satisfaire aux besoins de l’enseignement. Il remporta la victoire aux élections et le projet de loi fut adopté.

La loi sur les écoles de 1871 réclamait des « écoles gratuites, non confessionnelles et entretenues par des impôts » ; elle fut combattue par ceux qui pensaient que l’impôt direct n’était pas nécessaire ainsi que par les membres du clergé et, en particulier, par les catholiques. Les adversaires de la loi portèrent la lutte devant la Cour suprême du Nouveau-Brunswick et au parlement du dominion ; le gouvernement de sir John A. Macdonald* renvoya la loi devant le comité judiciaire du Conseil privé. Toutes les tentatives pour abroger cette loi échouèrent et les hautes cours de justice la déclarèrent constitutionnelle et dans les limites de la juridiction provinciale. Cette loi dont une bonne part du mérite revient à Hatheway « jeta les bases de l’école gratuite » et lorsqu’elle entra en vigueur en janvier 1872, elle « marqua le progrès le plus important du xixe siècle dans le système d’éducation du Nouveau-Brunswick ».

Le 25 juin 1872, Hatheway se blessa grièvement à la main gauche en sautant d’un train en marche ; il mourut des suites de l’infection de sa blessure. Hatheway fut un homme politique capable et il avait de la personnalité malgré ses défauts. Il n’était pas qu’un « démagogue au verbe haut » ou un opportuniste sans principes : il travailla activement pour réformer le gouvernement et l’éducation et n’eut jamais peur d’exposer ses idées, même impopulaires, soit à la chambre, soit auprès des citoyens qu’il représentait.

W. A. Spray

N.B. Museum, Hatheway papers, F28, manuscrit d’une courte histoire de la famille Hatheway, par W. F. Hatheway ; G. H. Markham, New Brunswick biographies, 94s.— York County Court of Probate (Fredericton), IV (1866–1877) : 216–219.— Debates of the House of Assembly of New Brunswick, 1866, 91.— Fenety, Political notes and observations, 405, 474.— Saint John Daily Telegraph and Morning Journal, 6 juill. 1872.— Morning Freeman (Saint-Jean, N.-B.), 6 juill. 1872.— New Brunswick Reporter (Fredericton), 10 juill. 1872.— Saint John Daily News, 6 juill. 1872.— Telegraph Journal (Saint-Jean, N.-B.), 1er mars, 28 avril, 29 avril, 6 mai, 15 juin, 16 juin 1932.— Can. parl. comp., 1871, 258, 267.— Wallace, Macmillan dictionary, 305.— Creighton, Road to confederation, 200, 321.— Hannay, History of New Brunswick, II : 140, 178s., 234–237, 252s., 293–301 ; Wilmot and Tilley (Toronto, 1907), 228, 233, 250.— K. F. C. MacNaughton, The development of the theory and practice of education in New Brunswick, 1784–1900 : a study in historical background, A. G. Bailey, édit. (« U. of New Brunswick Hist. Studies », 1, Fredericton, 1947), 143–147, 155–263.— MacNutt, New Brunswick, 365, 427–432.— Waite, Life and times of confederation, 242, 245.— C. M. Wallace, The life and times of Sir Albert James Smith (thèse de m.a., University of New Brunswick, 1959), 111s., 122–131.— A. G. Bailey, The basis and persistence of opposition to confederation in New Brunswick, CHR, XXIII (1942) : 374–397.— James Hannay, The premiers of New Brunswick since confederation, Canadian Magazine (Toronto), IX (1897) : 213–221.

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W. A. Spray, « HATHEWAY, GEORGE LUTHER », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 10, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 21 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/hatheway_george_luther_10F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 10
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1972
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