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McDONALD (MacDonald, Macdonald), MARY, dite sœur Mary Francesca, enseignante et religieuse de la congrégation des Sisters of Charity of the Immaculate Conception, née le 2 février 1853 à Bouctouche, Nouveau-Brunswick, fille de John McDonald, agriculteur, et de Margaret Dineen ; décédée le 29 août 1935 à Saint-Jean.
On sait peu de chose sur les 18 premières années de la vie de Mary McDonald, sinon qu’elle était l’aînée d’une famille qui se composerait de six filles et un garçon. Malgré des débuts modestes, elle contribuerait à améliorer les perspectives d’éducation offertes aux femmes au Nouveau-Brunswick à la fin du xixe siècle et au début du xxe siècle.
La vie professionnelle de Mlle McDonald commença en octobre 1871, quand elle obtint un brevet d’enseignement de première classe lui permettant de travailler à Bouctouche. Au printemps de la même année, le gouvernement provincial de George Luther Hatheway* avait adopté le controversé Common Schools Act qui instaurait un système scolaire non confessionnel financé par les recettes fiscales, auquel les catholiques s’étaient farouchement opposés. Mlle McDonald entama donc sa carrière dans un climat de querelle confessionnelle ; cependant, en 1875, on parviendrait à un compromis qui permettrait aux écoles catholiques de se maintenir dans le système public tout en préservant leur orientation religieuse [V. George Edwin King* ; John Sweeny*]. À l’évidence, la profession que Mlle McDonald avait choisie lui convenait tout à fait : en 1884, l’inspecteur d’écoles de district Valentin Landry* affirma qu’elle était « une de [leurs] meilleures institutrices ». Son expérience pédagogique et sa connaissance de l’administration scolaire de l’époque constitueraient pour elle des atouts précieux après son entrée chez les Sisters of Charity of Saint John.
À l’instar d’autres jeunes institutrices célibataires, Mlle McDonald vivait en pension dans les localités où elle enseignait. À Bouctouche, elle logea chez l’éminente famille Dysart, probablement parce que sa propre famille habitait trop loin de l’école. À Tracadie, où elle travailla au milieu des années 1880, après un passage à Cocagne, elle demeura avec les Religieuses hospitalières de Saint-Joseph au lazaret où celles-ci soignaient les lépreux [V. Amanda Viger*]. Pendant qu’elle séjournait à Bouctouche, Mlle McDonald avait certainement remarqué la présence des Sisters of Charity of Saint John, qui y avaient fondé un couvent en 1880 ; sa rencontre avec les religieuses de l’endroit motiva vraisemblablement sa décision d’entrer dans leur communauté, le 23 janvier 1887, à Saint-Jean. La plupart étaient francophones ; quant à Mlle McDonald, elle lisait le français et le parlait aussi sans aucun doute.
Mlle McDonald figurait parmi les quelque 48 postulantes qui se joignirent à la congrégation dans les années 1880 et parmi les rares trentenaires. Fondée en 1854, la communauté demeurait minuscule trois décennies plus tard, et plusieurs de ses premières membres, y compris la fondatrice, mère Mary Vincent [Honoria Conway*], vivaient encore et restaient actives. Mlle McDonald prononcerait ses vœux perpétuels en 1889 sous le nom de sœur Mary Francesca. Enseigner à la St Peter’s Girls’ School à Portland (Saint-Jean) constitua l’une de ses premières tâches. Au début des années 1890, on l’avait déjà mutée à la St Vincent’s School, autre école pour filles, à Saint-Jean, qu’elle dirigea tout en enseignant aux élèves des neuvième et dixième années. Le conseil scolaire de Saint-Jean ne reconnaissait pas ces cours d’enseignement secondaire, puisque la loi de 1871 ne prévoyait qu’une seule école secondaire dans cette ville. Après quelques années, sœur Mary Francesca, dont la communauté religieuse admirait les facultés intellectuelles, invita le surintendant des écoles, Henry Seabury Bridges, à lire Virgile et Cicéron à ses classes. En 1902, Bridges, suffisamment impressionné par la qualité du travail entrepris par les élèves, recommanda au conseil scolaire de reconnaître les diplômes décernés par la St Vincent’s School ; l’école secondaire pour filles fut ainsi placée sous l’égide du conseil. Il avait déjà témoigné sa confiance à sœur Mary Francesca en lui proposant, en 1899, de se joindre au bureau des examinateurs de fin d’études secondaires. L’intérêt de cette dernière pour ses élèves s’étendait au delà de leur parcours scolaire : en 1902, elle fonda la St Vincent’s Alumnae Association, pour favoriser le développement continu des diplômées de l’école et leur offrir des installations comparables à celles accordées par des établissements de formation similaires.
Parallèlement à son travail pour le bien des élèves, sœur Mary Francesca tourna son attention vers les besoins des jeunes membres de sa communauté, composée, à la fin des années 1890, d’environ 100 religieuses réparties dans la province. Elle devint responsable du programme « Études » de la congrégation, qui permettait aux religieuses, à la suite de leur formation équivalente au programme provincial de la Normal School, d’apprendre des méthodes d’enseignement et de se perfectionner dans divers domaines.
En 1917, sœur Mary Francesca reçut une maîtrise honorifique du St Francis Xavier College à Antigonish, en Nouvelle-Écosse, pour les « services distingués de son ordre à la cause de l’éducation et de la charité chrétienne ». À cette époque, sa communauté avait reçu la reconnaissance pontificale et adopté le nom de Sisters of Charity of the Immaculate Conception. Deux ans plus tard, sœur Mary Francesca prit sa retraite de la St Vincent’s School et s’engagea dans la création d’un pensionnat catholique privé pour filles, la Mount Carmel Academy, à Saint-Jean, pour répondre aux besoins des jeunes femmes des régions éloignées qui n’avaient accès qu’à des études primaires. Financé par les frais de scolarité, cet établissement ne relèverait pas du conseil des écoles publiques. Sœur Mary Francesca participa à tous les aspects de sa fondation, y compris au dessin des plans, semble-t-il. L’école, qui offrait des cours de l’enseignement secondaire ainsi qu’un programme d’études commerciales, ouvrit ses portes dans les années 1920. Elle resterait en activité jusque dans les années 1960, lorsque le gouvernement de Louis-Joseph Robichaud* implanterait au Nouveau-Brunswick le Programme chances égales pour tous et mettrait sur pied des écoles secondaires partout dans la province, éliminant la nécessité d’un pensionnat.
Sœur Mary Francesca était déterminée à permettre aux jeunes filles de poursuivre des études secondaires et à ses collègues de développer leurs compétences en enseignement. En outre, son travail reflétait les efforts que fournirent de nombreuses catholiques en Amérique du Nord pendant l’entre-deux-guerres pour promouvoir un féminisme qui, tout en restant fidèle à l’Église, favorisait l’accès des femmes à une éducation libérale : elle insistait d’ailleurs beaucoup pour que ses consœurs fréquentent l’université. Une religieuse se souvint qu’elle « semblait savoir ce qu’on attendrait des sœurs dans un avenir éloigné, ou quelque peu éloigné ». Initialement, la supérieure générale de la congrégation, mère Mary Alphonsus (Joanna Carney), semble avoir contrarié les projets de sœur Mary Francesca, car, selon certaines sources, elle « ne voyait aucune nécessité » pour les femmes sous sa responsabilité de poursuivre des études postsecondaires. Sœur Mary Francesca persévéra néanmoins et, finalement, un certain nombre de religieuses fréquentèrent le Mount St Vincent College à Rockingham (Halifax). Sa volonté d’assurer une formation supérieure aux enseignantes de sa communauté ne se démentit pas. Dans les années 1920, elle écrivit au président de la University of New Brunswick à Fredericton, Cecil Charles Jones*, pour réclamer la venue de chargés d’enseignement à Saint-Jean en été ; en 1928, on y établit une école qui offrait des cours universitaires pendant la saison estivale.
Sœur Mary Francesca mourut en 1935, au milieu de la décennie où les Sisters of Charity of the Immaculate Conception accueillirent le plus grand nombre de postulantes de toute leur histoire. Dans les derniers jours de sa grave maladie, à la Mount Carmel Academy, elle reçut la visite du premier ministre du Nouveau-Brunswick, Albert Allison Dysart*. Quand elle avait logé dans la maison de sa famille, celui-ci était un petit garçon. Agenouillé près de son lit, il l’embrassa et dit : « Après ma mère, elle est [la personne qui m’est la plus chère]. » Une consœur se souviendrait que, quelques jours plus tard, le confesseur de la souffrante, le père Donald MacDougald, « l’accompagna par la prière jusqu’au paradis ». En 1961, la St Vincent’s Alumnae Association créerait la Sister M. Francesca Memorial Scholarship en son honneur.
Nous sommes très reconnaissante de l’aide que nous ont apportée les personnes suivantes : sœur Monica Plante, archiviste des Sisters of Charity of the Immaculate Conception (Saint-Jean) ; Robert Gilmore et Tom McCaffrey des APNB ; Mary McDevitt, archiviste du diocèse catholique de Saint-Jean ; Kathleen MacKenzie, archiviste de la St Francis Xavier Univ. (Antigonish, N.-É.) ; et M. C. Havey, archiviste de la Congrégation du Très-Saint-Rédempteur (Toronto).
APNB, RS115-13/8 (record of licensed teachers, 1842–1877).— Arch. of the Sisters of Charity of the Immaculate Conception, necrology records, p.4, no 111 ; new novitiate reg., p.4, no 11 ; Sr Mary Francesca file.— Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours, « New Brunswick provincial deaths, 1815–1938 » : https://familysearch.org/ark:/61903/1:1:XG8W-PDN (consulté le 3 janv. 2017).— Casket (Antigonish), 17 mai 1917 : 4.— E. W. McGahan, « Charity in the east : sectarianism, ethnicity and gender in Saint John, New Brunswick, schools », dans Changing habits : women’s religious orders in Canada, E. M. Smyth, édit. (Ottawa, 2007), 38–68 ; « The Sisters of Charity of the Immaculate Conception : a Canadian case study », SCHEC, Hist. studies, 61 (1995) : 99–133.— N.-B., Dept. of Education, Annual report of the schools of New Brunswick (Fredericton), 1884–1886.
Elizabeth W. McGahan, « McDONALD (MacDonald, Macdonald), MARY, dite sœur Mary Francesca », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 16, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 20 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/mcdonald_mary_16F.html.
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Auteur de l'article: | Elizabeth W. McGahan |
Titre de l'article: | McDONALD (MacDonald, Macdonald), MARY, dite sœur Mary Francesca |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 16 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 2020 |
Année de la révision: | 2020 |
Date de consultation: | 20 déc. 2024 |