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DRUMMOND, LEWIS HENRY (baptisé Louis-Henri-Alphonse, il signait Louis dans ses lettres à ses supérieurs francophones), prêtre catholique, jésuite, éducateur, rédacteur en chef, conférencier, auteur et traducteur, né le 19 octobre 1848 à Montréal, quatrième enfant de Lewis Thomas Drummond*, solliciteur général du Bas-Canada, et d’Elmire Debartzch, fille de Pierre-Dominique Debartzch* ; décédé le 28 juillet 1929 à Guelph, Ontario.
Lewis Henry Drummond affirmait avoir des ancêtres irlandais et écossais du côté de son père et des ancêtres français et allemands du côté maternel, quoique les Debartzch soient venus de Dantzig (Gdańsk, Pologne). À l’aise en anglais et en français, il évolua au sein des deux groupes linguistiques à une époque de querelles sur la langue et la religion. Élève au collège Sainte-Marie à Montréal de 1857 à 1865, il termina ses études classiques avec des résultats remarquables en art oratoire et en art dramatique, deux domaines auxquels il s’intéresserait toute sa vie. Ensuite, il étudia la géologie et l’arpentage auprès de sir William Edmond Logan* durant environ deux ans et demi.
Le 29 janvier 1868, Drummond entra au noviciat des jésuites de Sault-au-Récollet (Montréal). De 1870 à 1872, il enseigna en quatrième et cinquième années du programme d’études classiques au collège Sainte-Marie. Épuisé après avoir composé et joué à plusieurs reprises une pièce en cinq actes à l’occasion du cinquantenaire de l’ordination de Mgr Ignace Bourget* – qui fut célébré du 27 au 30 octobre 1872 –, il montra des signes de tuberculose. Ses supérieurs l’envoyèrent se reposer chez les jésuites de Laval, en France, jusqu’en 1873. Drummond étudia la philosophie de 1873 à 1876 au Woodstock College de Woodstock, dans le Maryland, puis enseigna au St Francis Xavier College de New York en 1876–1877 et en 1879–1880, ainsi qu’au St John’s College de Fordham (New York) de 1877 à 1879. Il fit sa théologie au St Beuno’s College, au pays de Galles, de 1880 à 1884 et fut ordonné prêtre pendant son séjour là-bas, le 23 septembre 1883. Dans la même période, il fit partie de l’équipe de rédaction du Month de Londres.
Après une année de formation spirituelle à Roehampton (Londres), Drummond rentra au Canada. Affecté comme professeur au collège de Saint-Boniface, qui venait d’être pris en charge par les jésuites, il arriva dans cette ville du Manitoba le 7 août 1885. Il prononcerait les derniers vœux de son ordre le 15 août de l’année suivante. Le procès de Louis Riel*, qui avait pris fin dans la semaine précédant son arrivée, et la pendaison du chef métis le 16 novembre divisaient le pays. Ce contexte amena Drummond à s’engager sans délai dans les débats politiques de l’Ouest. Il se mit à intervenir, par la parole et l’écrit, au nom des Canadiens français et des catholiques en général. Sa formation en rhétorique et ses dons pour le théâtre lui permirent d’acquérir une renommée considérable en tant qu’orateur public. Drummond donnait des retraites dans tout l’Ouest ; ses sermons à Winnipeg et dans d’autres paroisses de l’archidiocèse de Saint-Boniface étaient très courus. Il était souvent l’orateur invité à des manifestations religieuses et profanes. Fidèle partisan de l’archevêque Alexandre-Antonin Taché*, il défendit la position ultramontaine dans la controverse sur l’Acte relatif au règlement de la question des biens des jésuites en 1889 [V. Honoré Mercier*]. Lorsque, à Brandon, il répliqua à D’Alton McCarthy*, qui avait dénoncé cette loi et les catholiques dans un discours prononcé au Manitoba le 5 août, il fallut faire venir l’armée pour éviter une émeute.
En 1890, Drummond devint directeur du collège Sainte-Marie ; il demeure le seul anglophone à avoir exercé cette fonction. Deux de ses pièces, The conversion of Ireland et Moïse en Égypte, furent jouées pendant son séjour au collège. Ses sermons à l’intention de la congrégation anglaise attiraient des foules au Gesù. En 1891, il présida le conseil d’administration des écoles du soir catholiques et protestantes de Montréal.
En 1886–1887, Drummond avait été l’un des deux représentants du collège de Saint-Boniface à la commission des études de l’université de Manitoba. Cette expérience et son directorat à Montréal contribuèrent à lui assurer un siège au conseil de cette université lorsqu’il retourna au collège de Saint-Boniface en 1892 en qualité de préfet des études. De plus, il fut nommé à nouveau à la commission des études de l’université. Il devint (sans être identifié comme tel) rédacteur en chef au journal anglophone de l’archidiocèse, la Northwest Review. En 1895, il publia à Montréal et à New York un ouvrage en deux volumes, Acadia, missing links of a lost chapter in American history, sa traduction d’un manuscrit d’Édouard Richard*. Il poursuivait ses activités de polémiste en traitant de questions éducatives, des relations entre francophones et anglophones, de la tempérance et même de soins médicaux. Cependant, en 1904, une infection des bronches l’obligea à ralentir le rythme, et sa charge d’enseignement passa de cinq à deux leçons par jour. La même année, il fut élu au conseil d’administration de la Dominion Educational Association.
Drummond s’était montré plus disposé que le successeur de Taché, l’archevêque Adélard Langevin*, à accepter le compromis offert par le gouvernement de Wilfrid Laurier* pour régler la question des écoles du Manitoba en 1896. Ses relations avec son supérieur avaient donc tourné à l’aigre. Drummond critiqua une déclaration faite par Langevin en 1900 parce qu’elle présentait la question de manière partiale, en attribuant toutes les vertus aux Canadiens français et tous les vices aux Canadiens anglais. Il se rapprochait de plus en plus des catholiques anglophones de Winnipeg, qui en 1906 firent parvenir à Langevin une pétition demandant de fonder une paroisse pour eux à Fort Rouge, dans la partie sud de la ville. Langevin blâma Drummond à cause de leurs interventions. Les pétitionnaires finirent par avoir gain de cause et, de février 1908 à l’automne de la même année, Drummond fut le premier titulaire de la paroisse St Ignatius.
Après un séjour de quelques mois à Guelph, Drummond s’installa à New York pour occuper le poste de rédacteur adjoint au nouveau périodique des jésuites, America. En 1910, il retourna à Montréal en qualité d’adjoint d’Edward James Devine, rédacteur en chef du Canadian Messenger of the Sacred Heart, et il prêcha de nouveau au Gesù. Deux ans plus tard, il retourna à Guelph comme vicaire. En 1913, il partit travailler à Edmonton dans un établissement ouvert peu de temps auparavant par les jésuites, le collège Saint-François-Xavier. Il y donna des leçons de théologie à des instituteurs laïques et y fut directeur spirituel jusqu’en 1919. Pour des raisons de santé, il retourna alors à Montréal, où il fut directeur spirituel au Loyola College et rédacteur en chef de la Loyola College Review.
À la suite de la subdivision de l’ordre des jésuites en provinces anglaise et française en 1924, Drummond s’installa tout naturellement dans la province du Haut-Canada. L’apparition de symptômes de la maladie d’Alzheimer obligea ses supérieurs à le placer en 1925 au noviciat St Stanislaus à Guelph. Les novices prenaient soin de lui à tour de rôle car, sans être confiné au lit, il avait constamment besoin d’aide dans les tâches de la vie courante. Cependant, il continua de s’intéresser à la rédaction et, jusqu’au jour de sa mort, il composa des commentaires sur les articles de revue que les novices lui remettaient.
Par son enseignement vivant et éloquent, Lewis Henry Drummond inspira les jeunes gens qui devinrent les avocats, juges et hommes d’affaires de Saint-Boniface (Winnipeg) au début du xxe siècle. Par son prestige de prêtre, d’orateur et de professeur anglophone, il contribua à sauvegarder les intérêts du collège de Saint-Boniface à l’université de Manitoba. Ses éditoriaux et sa participation à des débats publics façonnèrent le discours de langue anglaise dans tout l’Ouest canadien. En 1961, le Loyola College de Montréal baptisa Drummond Science Building un nouveau complexe scientifique en son honneur et en celui de sa famille.
Lewis Henry Drummond est l’auteur de « Manitoba : a letter from St Boniface College », Woodstock Letters (Woodstock, Md), 16 (1887) : 10–20, The French element in the Canadian northwest (Winnipeg, 1887), « The Church and the colony », dans Canada and its provinces ; a history of the Canadian people and their institutions [...], Adam Shortt et A. G. Doughty, édit. (23 vol., Toronto, 1913–1917), 2 : 379–444 ainsi que de nombreux articles et éditoriaux parus dans la Northwest Rev. (Winnipeg), 1885–1913. De plus, une série d’échanges qu’il eut avec le révérend Jesse J. Roy ont été publiés sous les titres The Jesuit order, or, An infallible pope [...] ([Winnipeg ?], 1889) et The Jesuits : a reply to the Rev. J. J. Roy [...] ([Ottawa ?, 1889 ?]). Le débat qui l’opposa au révérend Richard Frederick Littledale amena la publication de Controversy on the constitutions of the Jesuits [...] (Winnipeg, 1889).
Arch. de la Compagnie de Jésus, prov. du Canada français (Saint-Jérôme, Québec), BO-78-9-13-73 (lettres de Drummond à Désy).— Arch. de la Soc. hist. de Saint-Boniface (Winnipeg), Fonds de la Corporation archiépiscopale catholique romaine, sér. Langevin ; sér. Taché.— Soc. of Jesus, Upper Canada Prov. Arch., Regis College (Toronto), A-128 (L. H. Drummond files).— Northwest Rev., 23 janv., 19 nov., 3 déc. 1904, 2 févr. 1918.— Dictionary of Jesuit biography : ministry to English Canada, 1842–1987 (Toronto, 1991).— Gérard Jolicœur, les Jésuites dans la vie manitobaine (1 vol. paru, Saint-Boniface [Winnipeg], 1985– ).— Martha McCarthy, « St Ignatius parish, 1908–1929 », dans St Ignatius, a growing community (Winnipeg, 1983).
Martha McCarthy, « DRUMMOND, LEWIS HENRY (baptisé Louis-Henri-Alphonse) (Louis) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 20 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/drummond_lewis_henry_15F.html.
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Auteur de l'article: | Martha McCarthy |
Titre de l'article: | DRUMMOND, LEWIS HENRY (baptisé Louis-Henri-Alphonse) (Louis) |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 2005 |
Année de la révision: | 2005 |
Date de consultation: | 20 déc. 2024 |