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COOK, JOHN, ministre presbytérien, fonctionnaire et administrateur scolaire, né le 13 avril 1805 à Sanquhar, Écosse, fils aîné de John Cook, conseiller municipal, et de Marion Wilson ; avant 1837, il épousa Elizabeth Airth, et ils eurent quatre fils et trois filles ; décédé le 31 mars 1892 à Québec.
Esprit pénétrant, porté aux travaux d’érudition, John Cook fréquenta la University of Glasgow en 1820, puis la University of Edinburgh, où le célèbre Thomas Chalmers lui enseigna la théologie. En 1831 ou 1832, une fois autorisé à prêcher par l’Église d’Écosse, il fut nommé ministre adjoint à Cardross. En 1835, probablement sous l’influence de Chalmers, il renonça à regret aux très bonnes chances qu’il avait d’obtenir la charge d’une congrégation à Glasgow pour accepter une invitation de l’église St Andrew de Québec. Le consistoire de Dumbarton l’ordonna le 29 décembre.
Cook commença à exercer son ministère à St Andrew en avril 1836. Son temple était le refuge spirituel des régiments écossais en garnison à la citadelle et, à l’époque où Québec était la capitale du Bas-Canada, puis du Canada-Uni, de grands hommes politiques et d’importants fonctionnaires le fréquentaient. De plus, St Andrew était la congrégation à laquelle appartenaient la plupart des hommes d’affaires presbytériens de la ville. Cook, qui se fit connaître pour son sens des affaires, son hospitalité et son talent de fin causeur, s’y sentait parfaitement à l’aise. Il ne tarda pas à prendre une part active aux affaires de sa congrégation et de la ville. En 1837–1838, il fit construire un presbytère et, en 1845, il compta parmi les protestants anglophones qui demandèrent la constitution juridique de l’Association charitable du bois de chauffage de Québec, organisme qui achetait du bois de chauffage à bas prix en été pour le distribuer aux pauvres en hiver. La même année, il joua un rôle important dans le secours aux victimes des incendies qui avaient ravagé les faubourgs Saint-Roch et Saint-Jean ; il ferait de même quand le faubourg Saint-Sauveur connaîtrait un désastre semblable en 1866. En 1860, on le nomma l’un des commissaires chargés des enfants abandonnés et des malades indigents du district de Québec. En outre, il appartenait à l’Association de la bibliothèque de Québec, à la St Andrew’s Society et à la Quebec Bible Society.
En raison de ces diverses activités, Cook était populaire dans tous les milieux. Il croyait que la société continuerait d’être divisée en classes oisive et laborieuse, mais il n’admettait pas la perpétuation du paupérisme. « Il existe entre la justice économique et le respect de la morale et de la religion, dit-il à l’Institut des artisans de Québec en 1848, un lien plus étroit qu’on ne le suppose généralement. » La pauvreté menait au crime ; pour leur éviter de se trouver dans le besoin à la perte d’un emploi, il incitait les ouvriers à déposer dans des caisses d’épargne et à prendre des assurances sur la vie. Cependant, l’assurance sur la vie lui semblait préférable aux dépôts bancaires : elle supposait que l’on se prive pour le bien d’autrui au lieu d’accumuler des biens pour soi-même.
Malgré sa popularité générale, Cook pouvait prendre des positions controversées sur des questions d’intérêt local. Afin de maintenir les relations cordiales qui existaient traditionnellement entre sa congrégation et la population catholique de la ville, il refusa d’accueillir à l’église St Andrew Alessandro Gavazzi, révolutionnaire italien et ancien barnabite, lorsque celui-ci vint prononcer des conférences en juin 1853. Néanmoins, il alla l’entendre à l’église Chalmers Free et, lorsque des catholiques irlandais prirent l’église d’assaut et déclenchèrent une bagarre, il tenta vainement d’apaiser la foule : Quelques jours plus tard, il présidait un comité qui exigeait le châtiment des coupables et réclamait, des autorités civiles, une meilleure protection des droits religieux des protestants. Par contre, dans une lettre, anonyme il est vrai, au Morning Chronicle de Québec en 1878, il qualifia d’« injuste, insultante et maladroite » la réticence évidente du gouvernement provincial à investir dans une ligne de chemin de fer qui relierait Terrebonne à Sainte-Thérèse et permettrait à Québec d’avoir directement accès aux marchés de l’Ouest, aux dépens de Montréal. Affirmant que Montréal devenait « rapidement une grande ville anglaise et protestante » tandis que Québec « restera[it] probablement longtemps [...] française et catholique », il s’étonnait qu’une « Assemblée française » néglige la capitale et déplorait de voir « dépérir » sa ville d’adoption depuis plus de 40 ans. Il était sans doute aussi au courant du fait que le chemin de fer constituerait un avantage notable pour le milieu des affaires écossais de Québec.
Cook était aussi profondément engagé dans la promotion de l’éducation. En 1840, nommé directeur temporaire d’un collège presbytérien établi à Kingston, dans le Haut-Canada, il participa aux efforts qui visaient à le financer [V. William Rintoul*] et à lui faire octroyer une charte sous le nom de Queen’s College. À titre de membre du premier conseil d’administration, il favorisa d’abord l’influence du clergé sur la gestion du collège. Tout au long des années 1840 et 1850, il s’employa assidûment à maintenir la bonne situation financière du collège et, de 1857 à 1859, il y exerça, à contrecœur, les fonctions de directeur par intérim, tout en conservant sa charge à St Andrew. En 1877, en reconnaissance de sa contribution, le Queen’s College en fit le premier de ses chanceliers, poste qu’il accepta sans plaisir parce que, selon lui, on aurait dû confier cette charge à un laïque. Dans son discours d’acceptation, il avoua avoir l’impression que la fondation d’un collège presbytérien avait été une erreur. Pour éviter de compromettre le soutien public et pour atteindre l’excellence, il maintenait qu’un collège devait être chrétien, mais non confessionnel. Selon lui, le Queen’s College devait s’affilier aux autres établissements confessionnels de l’Ontario ainsi qu’à la University of Toronto, laïque, afin de former une université provinciale fédérée. En même temps, Cook déplorait la tendance athée qu’il percevait dans les universités chez les hommes de science, tout en affirmant, avec un brin de malice, sa confiance de voir le christianisme vaincre l’athéisme « en vertu de la loi de la sélection naturelle, selon laquelle c’est le plus fort qui survit ». De plus, il dénonçait l’indifférence que manifestait, à l’égard de l’enseignement universitaire, le milieu des affaires canadien, « prompt à déprécier tout effort qui ne produit pas immédiatement un avantage matériel ». Cook avait reçu en 1838 un doctorat honorifique en théologie de la University of Glasgow et, en 1880, le Queen’s College lui en décerna un autre en droit.
Cook souhaitait aussi faire avancer l’instruction protestante dans sa propre province. Il estimait nécessaire de la développer pour préserver la présence britannico-protestante, convertir des catholiques et desservir les protestants canadiens-français. Nommé administrateur de l’Institution royale pour l’avancement des sciences en 1836, il devint membre du Bureau des commissaires des écoles protestantes de la cité de Québec dix ans plus tard et entra au conseil de l’Instruction publique en 1859. Il joua un rôle important dans la fondation de la High School de Québec en 1842 ou 1843 ; au moment de la constitution juridique de cette école, en 1845, il était membre du conseil d’administration. Lorsque le docteur Joseph Morrin* dota et ouvrit en 1862, à Québec, une école privée appelée Morrin College, il en confia la direction à Cook, qui assuma cette fonction jusqu’à son décès. L’établissement relevait du McGill College de Montréal pour les cours d’humanités et de sciences, et de l’Élise presbytérienne du Canada, affiliée à l’Église d’Écosse, pour l’enseignement de la théologie. Le conseil d’administration du Morrin College était exclusivement presbytérien, mais le personnel enseignant et les élèves étaient de diverses confessions. Conçu pour compléter la formation classique de niveau secondaire, le programme offrait une base générale en vue d’une spécialisation universitaire. Cook entendait y former une élite qui guiderait l’opinion publique avec sagesse, selon les principes de la raison et de la justice, en cette « époque où tout tend[ait] vers le pouvoir populaire ». En 1882, le collège comptait 20 étudiants à temps plein, 31 à temps partiel en arts, et 5 en théologie. En outre, Cook était membre du conseil d’administration du McGill College ; vers 1875, dans un discours prononcé à la collation des diplômes, il affirma : « la capacité de progresser est le principal attribut de l’homme [...] Et elle pourra toujours s’exercer, dans une connaissance encore plus parfaite des œuvres et des desseins de Dieu. » Sur les rapports entre la science et la religion, il était en général d’accord avec le directeur du McGill College, John William Dawson, géologue renommé et fervent presbytérien.
Depuis son arrivée à Québec en 1836, Cook s’était dépensé inlassablement pour l’Église presbytérienne. En 1838, on l’élut modérateur de l’Église presbytérienne du Canada, affiliée à l’Église d’Écosse. Il s’opposa par la suite aux partisans canadiens du mouvement scissionniste de l’Église libre qui secoua l’Écosse en 1843–1844, et tenta vainement d’empêcher qu’un schisme semblable ait lieu dans les colonies. Demeuré au sein de l’Église d’Écosse malgré la défection en faveur de l’Église libre de la plupart de ses parents écossais et celle de son mentor, Chalmers, il fut réélu modérateur en 1844, à la place du scissionniste Mark Young Stark*. Trois ans plus tard, il était l’un des administrateurs du Fonds des veuves et orphelins des ministres du synode de l’Église presbytérienne du Canada ; en 1858, il entra au, bureau d’administration des biens temporels de l’Église presbytérienne du Canada, affiliée à l’Église d’Écosse, constitué cette année-là. Protagoniste actif de la réunification des organismes presbytériens du Canada, il devint en 1870 président du comité mixte de fusion. En 1875, la formation de l’Église presbytérienne en Canada combla ses espoirs ; en récompense dé son dévouement et de son travail, on l’élut premier modérateur du presbytérianisme nouvellement unifié.
Cook alla cependant plus loin et plaida finalement pour une union au delà des frontières confessionnelles. « Peut-être, disait-il, avons-nous donné à notre presbytérianisme [...] une teinte trop exclusivement écossaise » ; « il n’est pas un regroupement de chrétiens, qu’il s’agisse de l’Église de Rome ou du récent rassemblement des Frères de Plymouth, d’où [notre Église] ne puisse tirer quelque bonne leçon ». Il se méfiait néanmoins de la Haute Église d’Angleterre qui lui paraissait « fondamentalement papiste » et « d’inspiration moyenâgeuse ».
Cook estimait en outre que l’Église devait s’ouvrir aux nouvelles connaissances scientifiques et s’en servir pour mieux comprendre les enseignements fondamentaux de la Bible. Il approuvait la critique biblique et, sans jamais être un leader du mouvement, donna un appui prestigieux à la nouvelle théologie libérale. En outre, il exigeait que l’Église travaille à l’amélioration de la condition sociale des pauvres et à l’intégration de la religion à la vie quotidienne. Cook n’était guère écrivain ni pamphlétaire, et il œuvrait dans la structure administrative régulière sans faire d’éclat. Cependant, des amis le convainquirent de publier, en 1888, un recueil de sermons, que les critiques trouvèrent posé et raisonnable, ni intensément évangélique, ni vaguement libéral. Les sermons de Cook avaient toujours un solide fondement moral. Ils visaient à l’amélioration de la conduite individuelle par la croyance et la pensée justes, et par conséquent à l’amélioration de la société en général. Ils ne révèlent cependant pas un grand souci de réforme sociale.
John Cook avait pris sa retraite de l’église St Andrew et du ministère en 1883, mais il continua d’exercer ses fonctions à temps plein jusqu’à l’arrivée de son successeur, à l’automne de 1884. Par la suite, il servit à titre de ministre émérite jusqu’à sa mort en mars 1892. Ses funérailles eurent lieu en l’église St Andrew, en présence notamment de l’évêque anglican James William Williams, d’Henri-Gustave Joly* de Lotbinière et de Thomas Chase Casgrain*. Regretté par les presbytériens pour qui il avait été un pasteur, un éducateur et un chef national, Cook fut loué par la presse francophone qui salua en lui un « ennemi de tout fanatisme » et un homme qui avait veillé à « entretenir entre les deux nationalités cet esprit de bonne entente qui distingue la population de Québec ».
John Cook est l’auteur de : The advantages of life assurance to the working classes [...] (Montréal, 1848) ; Early moral and religious education ; a lecture (Québec, 1849) ; A sermon preached on the occasion of the death of the Rev. Robert McGill, D.D., minister of St. Paul’s Church, Montreal (Montréal, 1856), et de Sermons preached in St Andrew’s Church, Quebec (Montréal, 1888). Un portrait de Cook, au Agnes Etherington Art Centre, Queen’s Univ., Kingston, Ontario, a été reproduit dans Frost, McGill Univ., 1, et dans H. [M.] Neatby et F. W. Gibson, Queen’s University, F. W. Gibson et Roger Graham, édit. (2 vol., Kingston et Montréal, 1978–1983), 1. Un timbre a été émis en son honneur en 1975.
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Elizabeth Ann Kerr McDougall et Neil Semple, « COOK, JOHN », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 10 oct. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/cook_john_12F.html.
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Auteur de l'article: | Elizabeth Ann Kerr McDougall et Neil Semple |
Titre de l'article: | COOK, JOHN |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1990 |
Année de la révision: | 1990 |
Date de consultation: | 10 oct. 2024 |