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SNODGRASS, WILLIAM, ministre presbytérien et éducateur, né le 4 septembre 1827 à Cardonald Mills, près de Paisley, Écosse, fils de John Snodgrass et d’Agnes Millar ; décédé le 22 juillet 1906 à Kilmacolm, Écosse.
William Snodgrass fréquenta l’école de son village et la grammar school de Renfrew situé non loin de chez lui. Après un court séjour à la University of Aberdeen, il passa à la University of Glasgow où, de 1844 à 1852, il termina ses études en arts et en théologie. Le 18 août 1852, le consistoire d’Uist l’autorisa à prêcher. Le même mois, le Colonial Committee de l’Église d’Écosse le nomma missionnaire à l’Île-du-Prince-Édouard. En septembre, le consistoire de Glasgow l’ordonna ministre. Le 29, Snodgrass épousa à Govan Jessie Calder Pollok ; le couple aurait trois fils et cinq filles, dont deux mourraient en bas âge.
Snodgrass débarqua à Charlottetown dans les derniers mois de 1852 et prit la charge de ministre de l’église St James. Au bout de trois ans, l’assemblée des fidèles exprima le désir qu’il reste ; le 14 novembre 1855, il fut installé dans ses fonctions. En 1856, il publia un discours qu’il avait prononcé à l’inauguration de la section locale de la Young Men’s Christian Association. On dut entendre parler de ses talents de prédicateur en dehors de l’île, car, la même année, on lui offrit de succéder à Robert McGill* à la prestigieuse fonction de ministre de l’église St Paul à Montréal. Parti de l’Île-du-Prince-Édouard en juillet, il fut installé en l’église St Paul le 4 novembre. Pendant ses sept années de pastorat à Montréal, sa renommée de prédicateur grandit, et il se signala dans les affaires ecclésiastiques. De 1857 à 1864, il fut greffier du synode de l’Église presbytérienne du Canada, affiliée à l’Église d’Écosse. De 1863 à 1865, il occupa le poste de rédacteur en chef du Presbyterian. En outre, il fit partie du premier bureau d’administration des biens temporels, constitué juridiquement en 1858 pour gérer les sommes reçues par l’Église après la sécularisation des réserves du clergé en 1854. Pendant qu’il était à Montréal, Snodgrass publia au moins six sermons et discours. Lorsque, en août 1864, le Queen’s College de Kingston, dans le Haut-Canada, le nomma directeur et « premier professeur de théologie », il fit paraître à l’intention de ses fidèles A minister’s farewell [...], dans lequel il exprimait son regret de partir, mais expliquait que le devoir lui dictait d’accepter sa nomination.
Snodgrass succédait à William Leitch*, qui s’était littéralement tué à la tâche en mai 1864, et devenait le cinquième directeur du Queen’s College. En reconnaissance du prestige et des devoirs de sa nouvelle charge, la University of Glasgow lui conféra un doctorat en théologie en février 1865. Déjà, à cette date, la direction du collège affectait sa santé. Incapable d’enseigner pendant une partie du trimestre d’hiver, il réclama de l’aide et offrit de payer une part de 400 $ sur le salaire d’un professeur adjoint de théologie.
Dissensions, scandales, conflits de personnalité avaient perturbé le Queen’s College sous la direction de Leitch. En plus, à l’arrivée de Snodgrass, les immeubles du collège étaient dans un piètre état. En 1865, il n’y avait plus que 34 étudiants en arts, et seulement 15 d’entre eux se destinaient à des études de théologie. La faculté de théologie elle-même ne comptait que 16 étudiants. Avec ceux de médecine, l’effectif n’atteignait que 112 étudiants. En outre, de tous les étudiants qui avaient fréquenté l’établissement de 1844 à 1866, seulement 36 % appartenaient à l’Église d’Écosse et seulement 46 % étaient presbytériens. En 1864, la faculté de droit avait été démantelée. En 1866, malgré des négociations entreprises par Snodgrass, la faculté de médecine se sépara de l’université pour contourner un règlement qui exigeait que les professeurs signent la Confession de Westminster, et fonda le Royal College of Physicians and Surgeons of Kingston [V. John Robinson Dickson*]. Cependant, le collège de médecine était affilié à Queen’s, qui attribuait les diplômes.
En 1867, la faillite de la Commercial Bank of Canada fit perdre au Queen’s College environ les deux tiers de son fonds de dotation. Le collège était à la fois actionnaire et déposant de cette banque, dont le siège était à Kingston. Par surcroît, à la fin de l’année, le gouvernement de John Sandfield Macdonald* annonça que les universités ne recevraient plus de subventions annuelles. Ces deux coups durs firent passer le revenu annuel du Queen’s College de 13 700 $ à 7 700 $. Déterminé à s’opposer à la décision gouvernementale, Snodgrass invita le collège méthodiste de Cobourg, Victoria, et le collège catholique de Kingston, Regiopolis, à faire front commun avec le Queen’s College, et conféra avec Egerton Ryerson* et l’évêque de Kingston, Edward John Horan*. En avril, au cours d’une réunion à Toronto, Snodgrass et le directeur du Victoria College, Samuel Sobieski Nelles*, proposèrent la création d’une « université de l’Ontario » à laquelle seraient affiliés les collèges confessionnels. Les trois collèges envoyèrent au gouvernement fédéral une lettre de protestation dans laquelle ils lui demandaient d’intervenir pour que soit appliquée la loi de 1853 sur l’université. Leurs démarches restèrent sans résultat.
En 1869, le Queen’s College n’avait, en arts, que deux finissants et six étudiants d’avant-dernière année. Ses recettes étaient toujours de 7 700 $, mais ses dépenses s’élevaient à 11 000 $. Pour résoudre la crise financière, faire grimper les inscriptions, et ainsi sauver l’établissement, le conseil d’administration proposa de constituer un fonds de dotation de 100 000 $. Snodgrass et John Hugh MacKerras, professeur d’humanités, défendirent le projet devant le synode, puis firent appel personnellement à la générosité de près des deux tiers des 137 congrégations de l’Église d’Écosse en Ontario et dans la province de Québec. Ils n’avaient amassé qu’environ 87 000 $ lorsque la campagne prit fin officiellement, en 1872, mais d’autres dons arrivèrent, et le total passa à 114 000 $. Grâce à ses quelque 5 800 bienfaiteurs, le Queen’s College était hors de danger.
Par ses qualités et son dévouement, Snodgrass gagna aussi bien l’appui du personnel enseignant du collège que celui du synode. Il réussit à attirer de jeunes intellectuels pleins d’avenir, dont MacKerras, Nathan Fellowes Dupuis*, engagé en 1868 comme professeur de chimie et d’histoire naturelle, et John Watson*, engagé en 1872 pour enseigner la philosophie. À compter de 1870, les femmes furent admises comme auditrices libres à des cours spéciaux d’anglais qui se donnaient l’après-midi. Cependant, elles ne purent s’inscrire à des programmes donnant droit à un diplôme qu’une dizaine d’années plus tard. Des admirateurs ont dit de Snodgrass qu’il était « un costaud Lowlander dont tous connaissaient l’esprit pratique mêlé d’humour ». Il avait si bien su mettre fin à la sombre période qu’avait traversée son établissement que, dès février 1867, il pouvait déclarer : « Une paix parfaite règne dans nos murs. »
Avant d’être nommé au Queen’s College, Snodgrass avait travaillé en vue de l’unification de toutes les Églises presbytériennes du Canada. À l’été de 1863, le synode canadien les avait chargés, lui et Leitch, de discuter de la question avec le synode de l’Église d’Écosse en Nouvelle-Écosse et à l’Île-du-Prince-Édouard et avec celui du Nouveau-Brunswick. En 1870, Snodgrass fut délégué par son synode au comité mixte de fusion des quatre Églises presbytériennes des provinces du Centre et de l’Atlantique, comité présidé par John Cook*, le directeur du Morrin College de Québec. L’avenir des collèges confessionnels fut la question qui donna lieu aux discussions les plus vives. La tradition de l’Église d’Écosse voulait que l’on enseigne les arts et la théologie dans un même établissement, comme cela se faisait au Queen’s College. Par contre, selon la philosophie de l’Église libre, appliquée au Knox College de Toronto, les collèges confessionnels ne devaient enseigner que la théologie, et la formation en arts devait être donnée par l’État. Après s’être opposé à ce qu’on élimine la théologie du programme des deux collèges de l’Église d’Écosse, le Queen’s College et le Morrin College, Snodgrass appuya un compromis qui permettait à tous les collèges des Églises participant à la fusion de continuer à faire comme avant. Par la suite cependant, l’Église presbytérienne au Canada, issue des négociations en 1875, n’accorderait aucune aide financière à la faculté des arts du Queen’s College et verserait près de six fois plus d’argent à la faculté de théologie du Knox College qu’à celle du Queen’s College.
En 1866 et dans les deux dernières années qui précédèrent la fusion de 1875, Snodgrass fut élu à la plus haute fonction de son Église, celle de modérateur. À l’assemblée générale de la nouvelle Église, il aida beaucoup son ami Daniel James Macdonnell* à se défendre contre les accusations d’hérésie qui furent portées contre lui en 1875 et, par deux fois, il se dissocia des actions prises contre Macdonnell par l’assemblée. En défendant Macdonnell, Snodgrass défendait aussi le Queen’s College, car les tenants de l’Église libre doutaient de l’orthodoxie de l’enseignement théologique que cet établissement donnait. Néanmoins, en 1876 et en 1877, Snodgrass fut nommé au conseil du Knox College. En avril 1879, Macdonnell entra au conseil du Queen’s College.
Épuisé de lutter depuis 13 ans pour sauver le Queen’s College, William Snodgrass accepta en 1877 une nomination à la congrégation de l’Église d’Écosse à Canonbie, en Écosse. Il démissionna du Queen’s College en août et insista pour que George Monro Grant, qui l’avait soutenu pendant le procès de Macdonnell, lui succède. Le 23 novembre 1877, le consistoire de Langholm l’installa dans ses fonctions à Canonbie. Snodgrass revint au Canada en 1892 pour assister à titre de délégué, à Toronto, à une assemblée de l’Alliance of Reformed Churches holding the Presbyterian System. Quatre ans plus tard, il se retira à Kilmacolm, où il mourut le 22 juillet 1906. Il laissait dans le deuil un fils et une fille.
William Snodgrass a publié sept sermons et allocutions entre 1856 et 1864 ; tous ces textes figurent dans le Répertoire de l’ICMH et on peut les consulter sur microfiches.
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John S. Moir et Shirley Spragge, « SNODGRASS, WILLIAM », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 22 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/snodgrass_william_13F.html.
Permalien: | https://www.biographi.ca/fr/bio/snodgrass_william_13F.html |
Auteur de l'article: | John S. Moir et Shirley Spragge |
Titre de l'article: | SNODGRASS, WILLIAM |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1994 |
Année de la révision: | 1994 |
Date de consultation: | 22 déc. 2024 |